Images de page
PDF
ePub

Manière

du, fillon où le Jardinier doit trouver un paffage, fans fouler le jeune plant qui fe trouveroit fur fes pas: car dans les planches fillonnées, il n'y a point de fentier marqué, pour aborder aux plantes où l'on auroit affaire.

En femant dans la raie, dont le de femer. fond eft plat, on répand la graine le plus uniformément qu'il eft poffible: fi la terre eft bien meuble ou bien brisée, on recouvrira fuffifamment la femence en y paffant le plat de la main à plufieurs reprises, ou un brin de balais, ou bien un petit rateau dont les dents menues & ferrées n'ayent pas plus d'un pouce de longueur; on en dirige le mouvement felon la longueur de le raie, afin que la graine ne s'écarte pas trop au-de-là.

Les Mûriers qu'on a femé dru comme du Chenevis, s'étiolent ou s'élancent de même, fans brancher le long de la tige: celle-ci, qui met prefque tout en hauteur & très-peu en épaiffeur, devroit prendre cependant la groffeur du doigt, ou environ avant d'être tirée du femis: il fau

[ocr errors]

droit pour cet effet que les plants fuffent espacés d'environ un travers de doigt, afin de pouvoir groffir & s'étendre fans être trop gênés. Ces menues attentions font néceffaires lorfqu'on a peu de graine & qu'on la veut mettre tout à profit: autrement il n'y a pas d'inconvénient à femer dru; pourvû que quinze jours, ou un mois après que la graine a levé, on épluche le femis, en arrachant ce qu'il y a de plus menu, ou de chetif; afin que le refte puiffe mieux profiter.

La graine féche d'une ou de deux années, ne leve que dans une douzaine de jours, plus ou moins, felon qu'elle est ancienne, & qu'on l'a faite tremper avant la femaille, ou qu'elle a été fervie enfuite par les chaleurs & les arrofemens: celle qui eft fraîche, leve dans fept-à-huit jours & plutôt encore, fi on l'a faite auparavant un peu fermenter dans la mûre.

Le plant qui en provient, appellé pouréte, refte deux ans dans le femis, où il prend la taille, & la groffeur requife pour être mis en Pépiniere.

B

Culture

de la

Le travail qu'il y a à faire dans cer pouréte, intervalle, c'eft d'arrofer fréquemment & plutôt le foir que le matin, dans les tems de chaleur ou de féchereffe, de farcler ou arracher les mauvaises herbes, & de ferfouir enfin trois ou quatre fois dans l'année, entre les rayons & tout près du plant; pourvû qu'on n'arrache pas celui-ci, il ne ne faut pas craindre d'ailleurs de couper, ou de déranger quelques racines, qui n'en prendront que plus de vigueur ; ou qui en poufferont de nouvelles.

Ce que nous difons ici des racines coupées, doit avoir lieu, à plus forte raifon, pour les labours plus en grand, qu'on donnera dans la fuite à la Pépiniere, & aux Mûriers plantés à de

meure.

La pouréte croît dans un an d'environ un pié : elle s'éleve de trois, ou quatre au bout de la feconde année, ou elle acquiert au bas de la tige la groffeur du pouce mais il a fallu pour cela l'avoir coupée rez-terre après la miere année : cette opération, qu'on fait vers le milieu, ou la fin de Fé

pre

vrier donne à la racine de nouvelles forces & fait pouffer des jets plus vigoureux mais il eft moins question du jet dans le femis, que de la racine, qui doit y groffir & s'y fortifier.

pouréte:

On arrache tout dans le femis, Arrachis après deux années; & on le fait fans de la autre inftrument que les mains, qu'on arme, s'il y a trop à faire, de gants ou d'un morceau de groffe toile, pour les garantir des ampoules, ou des écorchures, qu'on y occafionneroit en tirant & en empoignant le brin.

Il faut féparer la pouréte trop mẹnue, ou le fretin, qui n'auroit au bas de la tige, que la groffeur d'un tuyau de plume à écrire, ou au-deffous, pour le planter à part: ce qu'il y a de plus gros, eft réfervé pour la Pépiniere; mais en attendant que celle-ci foit prête, on enterre par paquets les racines de l'un & l'autre plant, pour les empêcher de s'éventer.

De la Pépiniere.

La Pépiniere qu'on appelle auffi bâtardiere, lorfqu'elle eft plantée d'ar

bres fruitiers ou de foreftiers, est un champ où la pouréte eft plus au large que dans le femis; & dans lequel elle reçoit les dernieres cultures qui doivent la rendre propre à être plantée à demeure.

On ne donne cependant aux plants de la Pépiniere, que l'espace néceffaire pour étendre leurs racines, dans un temsdéterminé;s'ils en avoient au-de-là; il en coûteroit d'avantage, foit pour les clorre & les mettre à l'abri de toute infulte, foit pour leur donner les différens labours qu'ils exigent.

Ces labours & les autres cultures de la Pépiniere, tendent à faire croître & groffir les jeunes plants, dans le plus court efpace poffible; & de les rendre fains, droits & de belle-venue. Les Mûriers qui dans trois, ou quatre années de féjour à la Pépiniere, n'ont pas pris l'embonpoint & la groffeur requife, faute de foin, ou d'un bon terroir, ne profitent jamais dans la fuite ce font des plants entichés qui ne font bons, tout au-plus, que pour être mis en buiffon, ou pour

« PrécédentContinuer »