former une haie autour d'un champ. Il faut choifir, autant qu'on le peut, pour la Pépiniere une expofition favorable; telle que celle du Midi, & une terre graffe & limoneuse, qu'on ait défoncée, ou fouillée par tianchées, (à vala) trois ou quatre mois d'avance, à un pié & demi de profondeur; & fur laquelle on répand encore, avant de planter, un pouce de bon fumier.

Le champ étant ainfi difpofé,les opérations à faire font: 1°.Aligner & tracer le terrein. 2°. Parer la pouréte. 3°. La planter. 4°. La réceper & l'ébourgeonner. 5°. L'émonder & enfin lui donner les façons convenables.

nement

rein.

1o. On peut fçavoir d'avance l'é- L'alig tendue que doit avoir la Pépiniere, en du ter la mefurant fur le nombre de piés de pouréte à planter, qu'on a coutume de mettre à deux pieds & demi ou tour au plus trois pieds de distance, en tout fens l'un de l'autre. Cet espace suffit aux racines & à la tige, pour les faire groffir comme il faut pendant le tems qu'il y a à paller dans la Pépiniere.

Apprêt

Pouréte.

pas

Pour obtenir aisément cette égalité de distances, d'une pouréte à l'autre;"& pour faciliter en même-tems aux ouvriers les labours, il faut tracer au cordeau des lignes, ou des raies efpacées de trois piés & paralleles : il n'est befoin de mailler ces raies, ou de les croiser par d'autres, qui les coupent aux mêmes distances à angles droits : on a plutôt fait, foit qu'on plante en échiquier, foit en quinconce, d'avoir un bâton coupé de mefure, qui fervira à marquer la diftance d'une parallele à l'autre & celles des piés de pouréte, plantés fur une même ligne.

2o. Il n'y a d'autre apprêt à faire à de la la Pouréte, que de la réduire à une feule fi elle en avoit plufieurs; d'accourcir le pivot de celles qui l'auroient plus long, que de fix à fept pouces audeffous du collet de la racine; & de couper de même le bout des autres racines pivotantes, quoique plus courtes; pour les obliger à pouffer des racines latérales, qui font plus à portée du bienfait des labours.

Si la pouréte venoit de loin, fans

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fe, & que

avoir été empaquetée dans de la mouf. la racine fût éventée, on coupe jufqu'au vif la partie des chevelus ou des racines qui feroit defféchée on les met enfuite tremper dans l'eau, quelques heures avant de les

mettre en terre.

Planta

3°. Le tems de planter les Pépinie- ge de la res, eft depuis environ le milieu de Pouréte. Février, jufqu'à la fin de Mars: & l'on prend dans cet intervalle un jour, où la terre foit plutôt féche, que trop humectée par les pluyes.

Il y a trois manieres de planter la Pouréte; l'une à tranchées; l'autre à la Beche (a); & la troisième au plantoir, ou à la cheville. Dans cette derniere façon, qui eft celle des Jardiniers, qui plantent des choux ou d'autres legumes, les racines des gros plants ne fe placent point avantageufement pour s'étendre; il vaut mieux plan

(a) Cet outil de Jardinage, eft une forte de pelle quarrée, qu'on pouffe en terre & qu'on fait mouvoir comme notre louchet; qui de tous les outils de labour ressemble e plus à la beche.

ter la Pouréte à la beche, ou au louchet; & l'on s'y prend de la façon sui

vante.

On enfonce l'outil dans l'endroit marqué; & l'on fouleve, ou l'on écarte la terre en avant; enforte que le fer de l'outil, laiffe derrière lui un vuide, de deux ou trois travers de doigts c'est là-dedans qu'il faut enfoncer la Pouréte, à la profondeur de huit à neuf pouces; de façon que le collet de la racine, foit deux ou trois pouces en terre: en retirant la Beche, la terre retombe à fa premiere place & la Pouréte eft plûtôt plantée que je ne mets de tems à le dire; il ne manque que d'y pouffer la terre d'un coup de pié & de voir auparavant, fi le plant eft aligné avec ceux de côté, ou de la même file; & s'il répond de même à ceux qui doivent être vis-à-vis, dans les files déjà plantées.

Cette façon de planter la Pouréte dans un champ déjà bien remué, est tout auffi expéditive, que celle qu'on fait à la cheville; & elle l'eft beaucoup plus, que celle qui fe fait par tran

chées ; elle a les avantages de celle-ci, fans avoir les inconvéniens de la prémiere.

Si l'on eft à portée d'arroser la Pépiniere à rayon, ou à rigole; il faut creufer un fillon au pié de chaque file, pour y amener l'eau, après qu'on aura planté : il fuffit dans la fuite de le faire de loin à loin & feulement dans la féchereffe: car il faut accoutumer le jeune plant, déjà sevré, à se passer d'un traitement plus délicat qu'il reçoit dans fon enfance, & qu'on ne pourra lui procurer, dans un âge plus avancé.

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4°. La Pouréte à déjà été coupée rez- Le ré terre, dans la premiere année du semis, cepage. on la récepe ici de nouveau, & de la même façon, après l'avoir plantée: les Cultivateurs ordinaires s'en tiennent à ce récepage, fans y revenir mais ceux qui font plus expérimentés, en font un troisième & coupent encore le nouveau jer, qui aura pouffé l'année d'après. On fait à chaque fois cette opération, vers la fin de Février, ou au commencement de Mars; & toujours avant l'arrivée de la féve.