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geons (c) des Mûriers plantés fur les hauteurs; & n'épargnera dans les fonds & fur la plaine, que ceux qui auront été à couvert des plus grands coups de la bife. Ainfi il n'y a guere d'expofition qui garantiffe entièrement la feuille de Mûrier de la gelée

(c) Une petite gelée d'un ou de deux degrés au-deflus de zéro du Thermométre de Reaumur, jointe à la rofée qui eft plus abondante auprès des Rivières, tue les bourgeons des Mûriers ; le même degré de gelée ne leur nuit pas, fi elle eft féche: mais fi elle devient plus forte, ou de trois, ou quatre degrés au-deffous de o, comme nous l'avons vû cette année 1763, (ce qui eft cependant très rare au tems de la pouffe) elle brouira fans retour quoiqu'elle foit féche, les tendres bourgeons des Mûriers, qui manqueront d'un bon abri.

Il reste cependant alors une reffource dans des germes de bouton, tout pareils aux contre-coffons de la Vigne, qui a été exposée au, même accident; ces germes ne fe développent de même dans le Mûrier qu'au défaut du bourgeon principal. Ces boutons fecondaires, qui font fitués aux côtés de celui qui a péri n'en reparent qu'en partie la perte; la recolte de feuille eft & plus tardive & moins abondante.

que elle d'un terrein fec & à un bon abri.

Je remarquerai ici un autre inconvénient qui réfulte de certaines expofitions. Il n'y en a pas de plus propre pour faire étioler ou élancer les arbres, que le fond d'un vallon étroit, le pied d'une haute Colline efcarpée & tournée au Nord; ou bien une Čour, ou un Jardin refferrés par des Bâtimens, & & peu exposés au vent & au Soleil. Les Mûriers ne pouffant dans ces expofitions que des branches gréles & peu proportionnées à leur exceffive hauteur, il n'y auroit pas de sûreté pour les Cueilleurs d'y grimper; ils abandonnent en conféquence une partie de la feuille, où ils ne pourroient atteindre fans un peril manifeste.

Si l'on n'a pas d'expofition plus favorable, il faudroit espacer d'avantageles Mûriers qu'on y plante, ou éclaircir ceux qui le font déjà & ravaler, à une hauteur qui fût acceffible, les branches de ceux qu'on y laifferoit.

Le Mûrier reprend aifément dans toutes fortes de faifons; pourvû cepen

dant qu'on choiffiffe pour le planter, celle où il vient de quitter fes feuilles & qu'on prévienne le tems où il en reprendra de nouvelles. J'ai planté des Mûriers en féve qui avoient même déjà pouffé des bourgeons; ils reprirent bien; mais ils furent long-tems languiffans.

La vraie faifon du plantage eft la fin de l'Automne, ou le commencement de l'Hyver: quoique dans cette dernière faifon, la féve (d) foit engour

(d) Le corps du Mûrier contient deux fortes de fucs fenfibles; le premier qui a la blancheur & la confiftance du lait, paroît ne fortir que des couches corticales, d'où on le tire en tout tems, même pendant la gelée : il fe montre fur les entailles faites à l'écorce, en de petites gouttes fans fe répandre au-dehors. L'autre fuc, qui eft la féve proprement dite, est un fluide aqueux comme les pleurs de la Vigne; il coule abondamment au tems de la poufle; foit des playes qui pénétrent dans le corps ligneux des jeunes branches; foit de celles qui ne font qu'entamer l'écorce jufqu'à l'aubier. Ces deux fortes de fucs fe trouvent mêlés & confondus au bout du pédicule d'une feuille vigoureufe, qu'on a arrachée dans le tems de la pleine féve.

die dans la tige; la racine, placée dans une température plus douce, ne laiffe pas de reprendre & de fe nourrir, au moins dans l'intervalle des gelées; par-conféquent en la mettant en terre de bonne-heure, elle fe fortifie & fe met plus en état de fournir des fucs à la tige & de la faire pouffer au retour du Printems. Auffi les bons Agriculteurs qui ont des plantages confidérables à faire, s'y prennent affez à tems pour les finir, autant qu'ils peuvent, dans tout le mois de Décembre. On a dû ouvrir avant ce tems les trons de foffes ou les trous, qu'on a marqués Mûrier. & alignés d'avance dans le champ de la plantation Cette diligence est plus néceffaire, fi l'on a à planter dans des terreins incultes, d'une médiocre bonté, ou qu'on juge tels par leurs productions, qui font toujours la mesure de la fertilité d'un champ. La terre crue & ftérile du fond du trou étant le moyen de la fouille exposée à la gelée, à la pluye & aux autres influences de l'air, aura le tems de se diviser, de se fertiliser & de devenir pro

Des

par

pre au plant qui doit y croître.

Leur profon

La profondeur des trous doit être mefurée de façon que l'outil dont on fe deur. fervira pour fouiller ou façonner la terre du pié de l'arbre, atteigne jufqu'au près des racines, & effleure le deffus des plus hautes. Les arbres plantés trop bas, ne font pas à portée de tout le bienfait des labours, ou de la fraîcheur qu'ils procurent aux racines: i's languiffent en conféquence à moins qu'ils n'ayent quelqu'autre reffource.

C'est ce qu'ignorent fans doute ceux qui donnent aux trous, dont nous parlons, deux pans, ou un pié & demi de profondeur; en forte que les plus hautes racines du Mûrier qu'on y plante, font à treize ou quatorze pouces de la furface du terrein & qu'il s'en faut de cinq à fix pouces, que les labours ordinaires n'y atteignent. On fait très-bien de fouiller le trou à un pié & demi : mais il ne faudroit le creufer que de quatorze, ou quinze pouces, & en couvrir encore le fond, d'un ou deux pouces de bonne terre, avant d'y établir le jeune plant; afin que les plus hautes ra

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