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roit d'une, ou de deux années le tems qu'il y a à attendre, avant que le plant du femis foit venu, fi l'on formoit tout-à-coup les Pépinieres avec des boutures de mûrier: c'est même la pratique des Ifles de France & des Indes Orientales où l'on a dans peu par ce moyen, de grandes plantations, qu'on renouvelle de tems à autre. Mais La difficulté de faire reprendre dans ce pays-ci cette efpéce de plant, qui ne pouffe pas auffi aifément que le Saule, y a fait renoncer : on préfére de femer de la graine; c'eft même une forte de néceffité pour les pays où l'on n'auroit point d'avance de Mûriers, d'où l'on pût détacher des boutures, pour une nombreuse Pépiniére.

Nos Jardiniers Pépiniéristes sement communément au Printems la graiLa grai- ne de Mûrier ramaffée neuf-à-dix Marier mois auparavant, Ceux qui feroient à fraiche portée d'avoir des mûres fraîches & mieux dans leur point de maturité, n'auqu'on a roient pas befoin d'en faire fécher la graine & d'attendre le Printems pour la femer. La graine fraîche, envelop

leve

que celle

fait fé

-Cher,

pée du fruit, feroit bien plus difpo fée à germer; tandis qu'elle eft entourée & pénétrée de fucs probablement destinés à la nourrir & à lui donner, pour ainfi dire, le premier lait. Le plant d'ailleurs provenu de ces graines, femées à la chûte des mûres, poufferoit avec vigueur, dans une faifon où la chaleur hâte l'accroiffement des plantes; pourvû cependant que ce puiffant agent de la végétation, concourût avec celui des arrofemens, qui doivent être alors plus fréquens & plus abondans, pour fupléer ce que l'évaporation auroit fait diffiper.

Quelque faifon qu'on prenne pour femer, il faut que la graine foit toujours humectée, tandis qu'elle est en terre, & l'on ne devroit avoir d'autre regle pour l'arrofer, que la féchereffe qu'on apperçoit & qu'il faudroit même prévenir.

J'ai vu un femis de Mûriers fait tout naturellement dans une place, qui n'y paroiffoit guere propre: c'étoit fur un chemin peu paffant, tourné au Nord, bordé de hautes murailles & où le fo

leil ne donnoit prefque pas: il étoit de plus, ombragé par un Mûrier, dont le fruit en tombant, rouloit dans les joints d'un pavé, où il n'y avoit que bien peu de terre; mais elle étoit toujours abreuvée par l'égoût d'une fontaine, qui couloit tout auprès les petits Mûriers y avoient foifonné beaucoup mieux, que dans les jardins où on les féme, mais dont la terre n'eft pas à beaucoup près auffi-bien humec

tée.

Je remarquai des touffes de ce jeune plant, plus belles que les autres; & c'étoit celles, qui avoient pouffé du milieu de la fiente de cochon : ces animaux avoient dépofé fur ce chemin, une partie des mûres qu'ils y étoient venu paître la graine de ce fruit préparée par la chaleur de l'eftomac, & enveloppée de fumier, en tombant fur une place toujours inondée d'eau ne pouvoit manquer de bien pouffer dans cette faifon & de produire de beaux plants dans la fuite; fi la terre eût été disposée à recevoir bien avant leurs racines.

doit être

foncée

On voit de-là, qu'indépendamment eller des engrais, des arrofemens & de peu entout ce qui contribue à la germina- en terrea tion, la graine de Mûrier devroit être légérement couverte, & feulement pour être garantie du hâle & des oifeaux elle leveroit très-bien à nû sur une éponge, ou de la mouffe humides: il fuffiroit donc de la couvrir de deux ou trois lignes de terre, fi celle du femis étoit forte & quelque-peu argileufe; on pourroit l'enfoncer jusqu'à un demi-pouce dans une terre meuble, douce, légere & mêlée de beaucoup de terreau.

la graine

rier.

La graine du Mûrier franc eft pré- Choix de férable, pour femer, à celle du Mû- de Marier fauvage; qui eft plus menue & dont la mûre en contient moins. Le plant provenu de cette derniere graine eft fouvent plus noueux, pouffe plus lentement & n'eft pas d'une auffi belle venue, que celui qui provient de la mûre franche & de belle efpéce.

Un Amateur d'agriculture, qui connoît très-bien cette partie-ci, m'a afsûré que les femences des groffes mû

ne façon

res blanches du Mûrier d'Efpagne; produisent un plant dont la feuille large & peu découpée approche beaucoup de celles des Mûriers francs & qui, par cette raison, n'auroit pas befoin d'être greffé ce qui feroit un grand avantage; car quoique ces arbres, non greffés, fuffent auffi tardifs à pouffer que le fauvageon ordinaire, ils donneroient plus de feuille, & dureroient probablement tout-au-tant.

On ne faifoit autre-fois aucun apprêt à la graine de Mûrier, pour la Ancien- femer; on prenoit feulement d'une de femer. main une poignée de mûres fraîches, au tems de leur chûte (qui arrive vers la fin de Juin) on en frottoit des bouts de vicille corde, jufqu'à ce qu'ils fuffent couverts d'un enduit de ce mare écrafé il n'y avoit plus qu'à enterrer légérement la corde dans la raie d'une planche de Jardin, qu'on traçoit & qu'on alignoit en tendant la corde même. En femant de cette façon, plus fimple, plus expéditive, & peut-être auffi bonne que celle dont on use à présent, on avoit cet avan

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