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de le faire, quand la faifon eft avancée, ou lorsqu'une température plus chaude que de coutume des derniers mois de l'Hyver, a fait pouffer les Mûriers, dès le milieu de Mars; il faut s'attendre à quelque gelée.

Dans ce dernier cas, on renvoye les greffes au mois fuivant ; on laiffe tranquillement pouffer les Mûriers pourvû qu'on ait une provifion de rameaux qui ne pouffent pas de leur côté, mais dont les yeux ou les boutons foient encore fermés, ou qu'il s'enfaille peu; & qu'ils foient couverts encore des furfeuilles, ou de ces écailles brunes qui enveloppent la partie verte du bourgeon, ou les rudimens de la branche qui en doit fortir.

Le défaut des rameaux dont les yeux auroient pouffé ; c'eft que les bourgeons une fois développés avant l'opération de la greffe, ou dans les premiers jours qu'elle eft faite, attirent beaucoup de féve & en tranfpirent d'autant: ils defféchent par-là l'écorce, ou le rameau & fe flétriffent bien-tôt eux-mêmes. Il est difficile d'ailleurs, vû

leur faillie, de ne pas les ébranler ou les rompre, lorfqu'on manie le rameau, ou qu'on l'empoigne, pour tordre l'écorce & la détacher du bois.

On évite ces inconvéniens, premierement en cueillant les rameaux de bonne heure, c'eft-à-dire, vers le vingtième de Février. En fecond licu en retardant le développement de leurs yeux, pour , pour fe donner du repit jufqu'au tems où l'on peut greffer fans risque: pour cet effet on les enterre au pié d'un mur exposé au Nord, & où la terre foit fraîche & humectée. (a)

Pour conferver ces Rameaux, il faut les laiffer un peu tranfpirer & laiffer pour cela hors de terre, trois ou quatre yeux du petit bout, qui pousferont les premiers: le refte fera d'autant plus lent à entrer en féve & à pouffer, qu'il fera plus enfoncé & dans une place plus froide; il feroit

(a) La féve refte plus long-tems engourdie dans cette expofition, où le défaut d'air diminue en même-tems la tranfpiration du rameau; ce qui doit naturellement rallentir la pouffe.

plus tardif dans une profonde cave; mais les rameaux rifqueroient d'y moifir & de s'altérer, à moins qu'ils ne fuffent couverts de fable mouillé, plutôt que de terre ordinaire.

Quand le danger de la gelée eft paffé & que le tems eft ferein, ou qu'on n'eft ménacé ni de pluye, qui laveroit la féve fraîche & à découvert, ni de grands vents ou de fortes chaleurs, qui la deffécheroient trop tôt; on tire de terre les rameaux dont on a befoin pour la journée en les : portant avec foi, on tient le gros bout trempé dans un peu d'eau, ou entouré d'un linge mouillé, & l'on fe met à l'ouvrage.

La gref

On ne fait fur le Mûrier, comme fur le Chataigner, que deux fortes de fe en 4greffes; l'une en flûte, autrement di- te. te, au fifflet, & l'autre à l'écuffon. Toutes les deux fe font à la pouffe & jamais à l'œil dormant. La greffe à l'écuffon, plus courte & plus aifée que l'autre, eft avec cela moins folide ; fes bourgeons étant fujets à être renversés par le vent. La greffe en flûte eft préférable à cet égard : c'est la seule dont

Maniere de la fai

re.

nous parlerons ici, parce qu'on l'emploie plus communément que l'autre pour les Mûriers & qu'elle eft moins connue par les Traités d'agriculture.

Pour greffer en flûte, on détache du rameau une virolle, ou un anneau d'écorce, fur lequel il y ait un œil bien conditionné, & l'on en couvre le brin pelé du fujet ; en forte que cette écorce ajoutée, s'applique aussi intimement fur le bois, que celle qu'on en a détachée, fans être ni trop lâche; ni trop étroite. L'anneau trop lâche, fécheroit dans peu de tems; trop étroit, il ne pourroit entrer fans fe crevaffer, & par cela même il lâcheroit & deviendroit inutile.

Cette façon de greffer, affujettit donc l'ouvrier à prendre un rameau pareil en groffeur au jet, ou fcion fur lequel la greffe doit être appliquée : c'eft de quoi le coup d'œil décide en présentant à chaque fois le rameau au fcion, ou la partie de l'un & de l'autre qui doit fervir à la greffe (b).

(b) On trouve des rameaux de toute groffeur dans les branches gourmandes de l'année;

On ne prend pas indifféremment les fcions du fujet, pour y placer la greffe ; & l'on n'y applique point celleci à toute forte de hauteur : la vigueur de la greffe fe mefurant fur fa groffeur & fur fa plus grande proximité du corps de l'arbre, fi on l'applique fur un jet, ou un brin trop-menu, ou bien à une trop grande diftance de la tige, la pouffe en fera plus foible & plus longtems à croître, ou à former la tête de l'arbre. Auffi les bons Greffeurs choififfent-ils fur tous les jets de l'année, les trois ou quatre plus beaux, qui pouffent du haut de la tige; ils y enfoncent la greffe le plus bas qu'ils peuvent ou à un pouce au moins du corps de l'arbre & ils retranchent tous les autres brins avec la ferpette.

L'opération de la greffe doit être précédée de deux autres, que nous n'avons fait jufqu'ici qu'indiquer ; l'une regarde le rameau; l'autre le brin du fujet.

Il faut commencer par tanner le ra- Sépara

tion de l'écorce

qui pouffent fur les Mûriers jeunes, robuftes du ra& plantés dans un bon fonds.

meau.

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