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les qui viendront à manquer; on en choisit trois ou quatre (a) des plus vigoureuses à une égale distance l'une de l'autre, autant qu'il eft poffible ; & dont les jets s'écartent du centre de la tige & l'on emporte le reste avec la ferpette.

(a) On formeroit également bien la tête du Mûrier avec deux branches, qui partiffent des greffes, comme avec quatre. Mais fi l'arbre eft dans un fonds gras, qui procure aux feuilles une furcharge, par l'abondance des fucs; en multipliant les maîtreffes-branches, on met l'arbre plus en sûreté contre tout accident. Car lorfqu'il n'y a que deux divifions qui forment la plus baffe fourchure d'un gros Mûrier, il arrive quelquefois, fi le vent fouffle avec violence, que l'une des deux divifions s'affaiffe avec la moitié de la tête fous le poids de la feuille & des mûres & la tige fe fend & s'éclate de haut en bas. Les branches plus petites d'une fourchure plus divifée, font à là vérité, auffi chargées à proportion, que celles qui font plus groffes du double & préfentent au vent un lévier tout auffi long, pour les mouvoir; elles ne s'éclatent cependant pas fur la tige. Il fuffit d'avoir rapporté le fait, qui eft conftant: il ne fera pas bien difficile d'en connoître la

que

cause.

Si les jets des greffes s'élevent trop droit & trop près l'un de l'autre, on eft à tems à la feconde ou à la troifième pouffe de les tourner à fon gré & de leur faire prendre une direction qui approche de l'horifontale; il n'y auroit pour cela qu'à les courber en dehors & les affujettir, au moyen d'un cerceau, pour leur faire garder ce pli. Il vaut encore mieux accourcir les premiers jets à deux ou trois yeux, & ne laiffer pouffer que celui du bout qui tourne en dehors. On traitera de même le jet de la pouffe fuivante, ou de la feconde année, fans cependant le tailler auffi court que celui de la premiere. Il eft bon que ces premiers jets, qui deviendront des maîtreffes branches & la bafe de celles qui formeront la tête, foient bien inclinés en dehors à leur naiffance, afin que les pieds du Cueilleur qui s'y tient debout dans les commencemens : y portent fans trop de gêne; & que les branches qui en poufferont, ayent plus d'efpace pour s'étendre fans confufion fur les côtés.

tre,

La pratique d'accourcir ou de ravaler les jets qui viennent l'un fur l'aufert non-feulement à donner à la maîtreffe branche, une tournure, qui facilite la cueillette, mais encore à faire groffir la tige proportionellement aux branches & à augmenter la vigueur de celles-ci : la féve retenue par ce moyen, en acquiert plus, de force & fe déborde avec tant d'impétuofité, qu'on voit fouvent dès la taille de la feconde année, de gros jets d'une toife & demi de hauteur.

Lorfque ces jets fe trouvent fuffifamment écartés l'un de l'autre, la régle ordinaire est de les couper la premiere année à cinq ou fix pouces audeffus de la greffe ; & de faire en forte. que l'œil le plus haut du tronçon, tourne en dehors, ou de côté: fa pofition déterminera l'endroit de la coupure qu'on fera, ou plus haut, ou plus bas que la longueur indiquée.

Cet œil du bout qui pouffe toujours avec plus de vigueur que ceux qui font au-deffous, prolongera la branche & contribuera à l'évalement de la tête:

il faut couper le jet qui en fortira l'année fuivante à un pié au-deffus du premier & ne lui laiffer pouffer à fon extrêmité que deux yeux placés fur les côtés, & s'il eft poflible, oppofés l'un à l'autre. Il en partira deux jets qu'on taillera la troisième année à un pié ou à un pié & demi, felon la force, ou la groffeur qu'ils auront.

On peut encore étronçonner ces derniers fcions, s'ils ont environ trois pieds de longueur, ou au-de-là, & les faire fourcher comme les précédens; en forte qu'une feule maîtreffe branche, foit fubdivifée à son extrêmité en quatre fcions étronçonnés ; & que fi l'on a laiffé trois greffes, elles forment par le haut une couronne à douze fourchons, dont le diametre foit d'environ une toife.

Cet affemblage de branches taillées pendant trois ou quatre années fera pour ainfi dire la charpente ou la carcaffe de la tête du Mûrier, fur laquelle on lui laiffera déformais prendre l'effort les fcions pouffant de toute part, garniront dans peu tous les vui

des; & les Cueilleurs établis au centre de la tête, pourront grimper partout aisément, au moyen des fourchures qu'on avoit ménagées à une autre fin & qui lui ferviront d'échelons.

La taille du Mûrier finit ici ; & ne s'étend pas au-de-là de quatre années. La feuille que l'arbre pouffe dans cet intervalle, n'est cependant pas perdue pour le maître: on la profite dès la premiere année de la greffe : mais à deux conditions; l'une de la cueillir de bonne-heure pour les jeunes Vers; l'autre de ne point toucher à celle du tronçon, qui doit refter après la taille & fur lequel on veut conserver certains bourgeons.

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Tous les arbres de culture ont plus de l'éou moins befoin d'être émondés, pour mondage. croître d'avantage & pour profiter : mais il y a une raifon de plus pour les Mûriers, à caufe des ravages prefque inféparables de la cueillette de la feuille, où les plus adroits tordent, ou rompent des branches & en déchirent l'écorce; d'où il arrive que fi l'on paf

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