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Après trois ans d'Epifcopat, il forma le projet d'aller vivre dans la folitude. Ce projet lui fut inspiré par les divifions qui régnoient OCTO. 24entre les Comtes de Bretagne. Il crut auffi que Dieu lui avoit fait connoître qu'il exigeoit de lui cette entiere séparation du monde. Il fe fit remplacer par Budoc dont il connoiffoit le zele, les lumieres & les vertus, après avoir obtenu le confentement du Peuple, mais fans avoir confulté les Evêques voifins. On en ufoit quelquefois de la forte chez les Bretons; mais les Evêques de France défapprouvoient une telle conduite, & le fecond Concile de Tours défendit aux Bretons établis dans l'Armorique, de la fuivre à l'avenir.

Magloire redoubla fes auftérités, & s'interdit l'ufage du vin & de la bierre. Brûlant du défir d'être uni à Dieu de la maniere la plus intime, il évitoit autant qu'il lui étoit poffible, de converfer avec les hommes. Mais la réputation de fainteté dont il jouiffoit, découvrit bientôt le lieu de fa retraite. On s'y rendoit de toutes parts pour trouver du foulagement dans les befoins de l'ame & du corps. S'il fe trouvoit obligé d'accepter quel ques petits préfents, c'étoit pour les diftribuer aux Pauvres. Enfin, ne pouvant plus fupporter cette affluence de Peuple qui venoit le vifiter, il réfolut de fe retirer dans quelque folitude où il pût être entierement inconnu du monde. Mais Budoc, qu'il confulta, le raffura en lui faifant entendre que les bonnes œuvres qu'il opéroit, devoient lui faire facrifier fon goût particulier pour la retraite. Il refta donc dans l'état où il étoit,

& fes Miracles rendirent de jour en jour fon OCTO. 24. nom plus célebre.

Le Comte Loiefcon, qu'il avoit guéri de la lepre, lui ayant donné une Terre dans rifle de Gerfey, il y bâtit une Eglife & y fonda un Monaftere, où il raffembla plus de foixante Religieux. Durant la famine qui fuivit la mort du Roi Chilpéric, il pourvut à la fubfiftance d'une infinité de perfonnes qui étoient dans le befoin. Quoique les provifions du Monastere fuffent épuifées, il ne diminua point le nombre de fes Religieux, comme on le lui confeilloit. Il mit en Dieu fa confiance, & il en recueillit bientôt les fruits. Un vaiffeau chargé de vivres arriva dans l'Ille & , y apporta les fecours dont

on manquoit.

Ce fut la nuit de Pâques de l'année fuivante, que le Saint fut averti par le Ciel de la proximité du jour de fa mort. Il ne fortit plus de l'Eglife, à moins qu'il n'y fût contraint par la néceffité, ou par l'utilité du prochain. Il répétoit fouvent ces paroles du. Pfalmifte. Je ne demande qu'une chofe au Setgneur, c'eft de demeurer dans fa maison tous les jours de ma vie. Il mourut fix mois après. On met fa mort au 24 Octobre 575. Il étoit âgé d'environ quatre-vingts ans. Durant les guerres des Normands, fes Reliques & celles de plufieurs autres Saints, furent portées à Paris, & dépofées dans l'Eglife de Saint Barthélemi, puis dans la Chapelle de S. George, fituée hors les murs de la Ville. On les tranfféra enfuite dans l'Eglife de Saint Jacques, dite préfentement de Saint Magloire. Dans le même lieu repofent encore les Reliques des

Saints Samfon & Lonthiern, Evêques, & des Saints Guinganthon & Escuiple, Abbés, &c. (c).

liers, excepté Saint Lou
thiern, Saint Lévien, Saint
Escuiphle, & Saint Guingan,
thon.

?

Hugues Capet, Comte de Paris, puis Roi de France permit aux Bretons de remporter chez eux les Reliques de ces Saints, à condition toutefois qu'ils en laifferoient quelques portions à Paris. Celles de Saint Magloire fe gardent dans un Reliquaire d'argent doré; & celles de Saint Louthiern, dans un Re

(a) On apporta à Paris en même temps les Reliques de dix-neuf Saints, favoir, de Saint Samfon de Dol; de Saint Magloire, de Saint Malo; de Saint Sinier ou Senier d'Avranches ; de Saint Léonore Evêque; de Saint Guenau Prêtre ; de Saint Brieu & de Saint Corentin; de Saint Louthiern Evêque Régionnaire; de S. Lévien Evêque, de Saint Ciférien Evêque; de Saint Méloïr, Comte de Cornouaille, maffacré dans fa jeuneffe, ho-liquaire de bois doré. On a noré le 2 d'Octobre avec le porté celles de Saint Méloïr titre de Martyr à Quimper, à Meaux ; celles de S. Pater à Vannes, à Léon, & nom- ne à Orléans & à Iffoudun; mé dans les Litanies Angloi- une partie de celles de Saint fes du septieme fiecle; de Brieu & de Saint Corentin a Saint Trémore ou Gildas, été donnée à un Monaftere furnommé Treuchmeur, Prince de Religieufes fondé par Phimaffacré dans fon enfance par lippe-Augufte dans le DioConomor Comte de Cor- cefe de Chartres, & connu nouaille, & honoré le 8 de depuis fous le nom de Saint Novembre; de Saint Guin- Corentin. Les Bretons en ganthon Abbé; de Saint Ef-retournant dans leur pays, cuiphle Abbé ; de Saint Pater- laifferent une portion de celne Evêque d'Avranches; de les de Saint Samson à OrSaint Scubilion; de Saint léans, & on les dépofa dans Buzeu, natif de la Grande- l'Eglife de S. Symphorien. Bretagne, difciple de Saint dite aujourd'hui de S. SamGildas dans l'Armorique, & fon. Arrivés chez eux ils honoré comme Martyr, le envoyerent à l'Eglife de S. 24 de Novembre. On fait la Magloire à Paris, une porfête de ces Saints au Sémi- tion des Reliques de S. Paul naire de Saint Magloire, le de Léon 17 d'Octobre, jour où l'on reçut leurs Reliques. Ils ont cependant des jours particu

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de Saint Maimbeuf, & de Saint Apotheme, Evêque d'Angers, de Saint Gurval, de Saint Briach &

ОСТО. 24.

ОСТО. 246

Voyez Lobineau, Vies des Saints de Bres tagne, p. 144; Baillet, fous le 24 d'Octo

de S. Golvein. Voyez Chaf- pas, pour mettre à leur place
telain, Martyr. univ. p. 802. les Filles Pénitentes. On place
L'Eglife de Saint Barthé- leur inftitution à l'an 1492
lemi où furent dépofées les ou 1493, & on l'attribue au
Reliques de tant de Saints, P. Jean Tifférand, Cordelier.
n'étoit primitivement qu'une Louis, Duc d'Orléans, les
Chapelle deffervie par des logea d'abord dans une partie
Chanoines. Hugues Capet de l'Hôtel de Soiffons; Char-
leur fubftitua des Religieux les VIII autorifa enfuite cet
de Saint Benoit, auxquels établissement, par fes Lettres-
il fonda un Monaftere vers Patentes, du 14 Septembre
l'an 975. L'Abbaye prit le 1496. Le Pape Alexandre VI,
nom de Saint Barthélemi & par une Bulle du mois d'Oc-
de Saint Magloire. En 1138, tobre de l'année fuivante,
les Religieux fe trouvant
le confirma fous la Regle de
trop refferrés, & trop ex- Saint Auguftio. Les Filles Pé.
pofés au tumulte & au bruit, nitentes ne furent pas plu
allerent habiter près de leur tôt en poffeffion du Monaf-
Chapelle de Saint George ou tere de S. Magloire, qu'elles
de Saint Magloire, qu'ils en prirent le nom, fous le-
avoient fait reconftruire & quel elles ont toujours été
augmenter. L'Eglife de Saint connues depuis. Le relâche-
Barthélemi devint alors Pa- ment s'étant introduit dans
roiffiale. Les Religieux ont cette maison, on y fit venir
nommé à la Cure jufqu'en en 1616, huit Religieufes
1564, que le Titre Abbatial de Montmartre, qui y ré-
fut fupprimé à caufe de l'u-tablirent l'ordre & la régu
nion qui fut faite de l'Abbaye larité.

à l'Evêché de Paris, par les Les Religieux de Saint Ma
Bulles de Pie IV, du 1 Sep-gloire ayant été transférés à
tembre 1564, & de Grégoire
XIII, du 29 Août 1575, en
régiftrées le 24 Novembre
1581.

Le nouveau Monaftere des Religieux de Saint Magloire fut conftruit à l'endroit où étoit anciennement leur Cimetiere. Ils y font reftés jufqu'en 1572, que Catheriné de Médicis les fit tranfférer à Saint Jacques du Haut

l'Hôpital de Saint Jacques du Haut-pas, en changerent le nom pour y fubftituer le leur. Mais ils tomberent peu à peu dans le relâchement. On défefpéra bientôt de faire revivre parmi eux l'obferva tion de la Regle. M. de Gondi , Evêque de Paris, demanda la fuppreffion du Monaftere, & y établit un Séminaire dont il confia la

bre; & fur-tout le nouveau Bréviaire de Paris.

SAINT SENOCH,

ABBÉ EN TOURAIN E.

SAINT
AINT SENOCH, né dans le Poitou
fe confacra au fervice de Dieu, dès fes
pre-
mieres années. Il embraffa l'état eccléfiafti-
que, & fe renferma dans un Monaftere qu'il
avoit fait bâtir dans le Diocefe de Tours. Il
rétablit , pour fon ufage, une ancienne Cha-
pelle où l'on prétendoit que Saint Martin
avoit été fouvent prier. Saint Euphrone, Evê-
que de Tours, en confacra l'Autel.

Le Saint eut bientôt des difciples. Il pratiquoit avec eux de grandes auftérités, fur-tout en Carême. Ce qu'il mangeoit & buvoit chaque

ir

direction aux PP. de l'Ora- Į roiffent avoit été inftitués
toire; il les chargea d'inf-dans le douzieme fiecle. On
truire & d'entretenir douze ne fait pas bien quelles é-
Eccléfiaftiques, à fa nomi- toient leurs fonctions. On
nation & à celle de fes fuc-peut conjecturer que cet Or-
ceffeurs. Ce fut en 1620 que dre étoit double, comme ce-
les Peres de l'Oratoire trai-lui des Chevaliers du Tem-
terent avec les Religieux de ple, parmi lefquels il y a-
Saint Magloire. On affigna voit des Clercs pour faire
une penfion à ceux qui vou-l'Office, & administrer les
lurent refter dans la maifon.
Le dernier d'entre eux y mou-
rut en 1699.

Les Hofpitaliers de Saint Jacques du Haut-pas, dont les Religieux de Saint Magloire prirent la place, pa

Sacrements. Voyez M. Jail-
lot, Recherches crit. hiftor, &
topogr. fur la Ville de Paris,
Quartiers 1, 2, 7. Cet Ou-
vrage eft fans contredit, ce
que nous avons de plus exact
fur l'histoire de la Capitale.

ОСТО. 24.

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