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Patriarche intrus d'Alexandrie. Les Princes n'eurent aucun égard à cette lettre; ils la OCTO. 27. communiquerent à Saint Athanafe, qui l'inféra dans fon Apologie à Conftance.

Saint Frumence continua d'inftruire & d'édifier fon Troupeau jufqu'à fa mort dont on ignore l'année. Les Latins font fa fête le 27 Octobre, & les Grecs le 30 de Novembre. Les Abyffins l'honorent comme Apôtre du pays des Axumites, qui fait la plus confidérable partie de leur Empire. Ils mettent auffi au nombre des Saints, les Rois Aïzan & Sazan, qu'ils nomment Abreha & Atzbeha. Ils appellent Saint Frumence, Saint Frémonat.

Nous voyons dans les Annales de l'Eglife, que dans tous les fiecles, depuis l'établiffement du Chriftianifme jufqu'à nos jours, quelques nouvelles Nations ont été ajoutées au Domaine de Jefus Chrift, & que l'apoftafie de celles qui avoient quitté les voies de la vérité, a été réparée par de nouvelles aqquifitions. C'eft-là l'ouvrage du Très-Haut; c'eft l'effet de fa grace toute-puiffante. C'eft le Seigneur qui fait fructifier dans les cœurs la femence célefte que les ouvriers évangéliques y ont jetée ; c'eft lui qui anime de fon efprit ces zélés fucceffeurs des Apôtres, dont il daigne faire les inftruments de fa miféricorde. Nous ne faurions donc trop le remercier du bienfait ineftimable de la Foi, dont nous fommes redevables à son infinie bonté. A quel châtiment ne doivent pas s'attendre ceux qui ne correfpondront point avec fidélité à une fi grande grace?

LE MÊME JOU R.

SAINT ELES BAAN,

LES

ROID'ÉTHIOPIE.

Es Ethiopiens Axumites, dont les poffeffions s'étendoient depuis la côte occidentale de la Mer Rouge, jufques fort avant dans le Continent, étoient un Peuple très-floriffant au fixieme fiecle. Le Roi qui les gouvernoit fous l'Empereur Justin l'ancien, fe nommoit Elef baan. Ce Prince, dans toutes fes actions & dans toutes ses entreprises, ne fe propofoit d'au tre but que le bonheur de fes fujets & la gloire de Dieu. Quelques Auteurs prétendent qu'il avoit été converti de l'Idolâtrie au Chriftianifme. Quoi qu'il en foit, fes vertus montrerent combien une Nation eft fortunée, lorfqu'elle a des Maîtres qui ont fu s'affranchir de l'esclavage des paffions. Si Elesbaan prit les armes, ce ne fut que pour défendre la caufe de la Juftice & de la Religion; & il fit fervir la victoire au triomphe de l'une & de l'autre.

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Les Homérites, parmi lefquels il y avoit un grand nombre de Juifs, habitoient fur la côte orientale de la Mer Rouge, dans l'Arabie heureufe. Ils étoient gouvernés dans le temps dont nous parlons, par Dunaan ou Danaan (a). C'étoit un Juif qui avoit ufurpé le pouvoir fuprême. La haine qu'il portoit au Chrif tianifme, le rendit perfécuteur de ceux qui le

(a) Les Syriens & les Arabes l'appellent Dfunera.

ОСТО. 27.

profeffoient. Il bannit en 520, Saint Grégence, Arabe de naiffance & Archevêque de OCTO. 27 Taphar, Métropole du pays. Il fit décapiter Saint Arétas, avec quatre autres Chrétiens qui avoient confeffé généreufement la Foi. S. Arétas, nommé auffi Harith ou Haritz, étoit Gouverneur de la Ville de Nagran, l'ancienne Capitale de Yémen, ou de l'Arabie heureuse. Non feulement il refufa de fauver fa vie en apoftafiant, mais il exhorta tous les autres Chrétiens à refter fidelement attachés à leur Religion. On l'enleva de la Ville, & on le conduifit fur le bord d'un ruiffeau, où il fut exécuté en 523. Duma (b) fa femme, & fes filles fouffrirent également la mort pour la même caufe. On les honore comme Martyrs, avec 340 autres Chrétiens que Dunaan condamna auffr à mort. Ils font nommés fous le 24 d'Octobre, dans les Calendriers d'Occident & d'Orient ainfi que dans celui des Mofcovites (e).

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(b) Ou plutôt Reuma ou Reumi.

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l'hiftoire originale des Martyrs Homérités, laquelle a a été écrite en Syriaque par Siméon, Evêque de BethArfam, près de Séleucie en Perfe. C'eft une lettre adreffée à Siméon Abbé de Ga

(c) Leurs Actes ont été publiés en Grec par Lambécius, Bibl. Vindob. T. s. p. 130, 132; & T. 8. p. 254 260, 262; & en latin, par Baronius, Lipoman & Su-bula, & à Jean d'Afie, Evêrius. Baillet en fufpecte la que du même ficale. Cette fincérité, parce qu'ils ont été piece eft bien plus furé que tirés de Métaphrafte. Mais les Hiftoires de Théophane, Falconius penfe que Méta-de Cédrénus, & des autres phrafte les avoit donnés fans Grecs. interpolation. M. Jof. Affémani eft du même fentiment, Bibl, Orient. T. 1. p. 358,364 &feqq. Ce dernier Auteur a publié, ibid. T. 2. p. 83; |

Après la mort de Dfu-nowa, l'Arabie heureuse passa sous la domination des Abyffins. Elle eut pour premier Roi Chrétien, Ariat, qui eur

L'Empereur

L'Empereur Juftin, dont les Chrétiens, perfécutés avoient imploré la protection, engas OCTO. 17. gea Saint Elesbaan à porter fes armes dans l'Arabie, & à chaffer l'ufurpateur. Ce Prince zélé déféra aux juftes défirs de l'Empereur ; il attaqua & défit le Tyran. Mais il ufa de la victoire avec beaucoup de modération. Il rétablit le Christianifme, rappella Saint Grégence, & fit rebâtir l'Eglife de Taphar. Il mit fur le trône Abraamius ou Ariat, Chrétien fort zélé, qui fe conduifit par les confeils de Saint Grégence. Ce faint Evêque eut une conféren ce publique avec les Juifs, où la vraie Reli gion triompha (d). Il écrivit auffi un Livre contre les vices , que nous avons encore en Grec, & qui eft dans la Bibliotheque Impériale de Vienne (1) Il mourut le 19 Dé cembre 55.2.

Saint Elesbaan, fuivant Baillet, ne fut pas plutôt de retour dans fes Etats, qu'il abdiqua la couronne. Mais on lit dans la légation de Nonnus (2), qu'il régnoit à Axuma, Capitale de l'Ethiopie, plufieurs années après la guerre dont nous venons de parler. Ce bon Prince, dégoûté enfin du monde, laiffa le gouvernement à son fils, qui fut l'héritier de fon zele & de fa piété. Il envoya fon diadême à

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..............Jérusalem; puis s'étant déguifé, il fortit de la Ville pendant la nuit, & alla fe renfermer OCTO. 27. dans un Monaftere fitué fur une montagne déferte. Il n'emporta avec lui qu'une coupe pour boire, & une natte pour fe coucher. Il ne vécut plus déformais que de pain, auquel il joignoit de temps en temps quelques herbes crues. L'eau devint fon unique boiffon. Il voulut être traité comme les autres Freres ; & il étoit toujours le premier aux différents exercices. Il n'eut plus de communication avec les perfonnes du monde, afin de fe livrer tout entier à l'exercice de la priere & de la contemplation. Il est nommé en ce jour, dans le Martyrologe Romain.

Voyez Théophane; Cédrénus; Orfi, 1. 39. n. 3, 4, 5, 6, 7, T. 17; Pocock Specimen Hift. Arab. p. 41, 79, 80, 86; Ludolfe, Hift. Æthiop. l. 3. c. 2; Kocher, Comment. in Faftos Abyffin. dans le Journal de Berne, an 1760, T. 2, p. 233; M. Jof. Affémani, Bibl. Orient. & Comment. in Calend. Univ. T. 6. p. 316. C'est dommage que M. Affémani ait moins travaillé le fecond de ces Ouvrages que le premier, & qu'il ne l'ait pas porté au degré de perfection dont il étoit fufceptible.

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SAINT ALBAN,

ABBÉ EN IRLANDE. CE Saint étoit fils de Cormac, Roi de Leinfter. Sa mere, qui fe nommoit Mella, étoit foeur d'un faint Evêque, appellé Ibar ou Ivor, qu'on prétend avoir été facré par

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