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Le parasite, l'homme-ventre, représentant le sens qui l'emporte sur l'esprit, Silène dans l'antiquité, Falstaff dans les temps modernes, est lui aussi un type de confident et de valet entremetteur. Il est partout, à Athènes et à Rome, où les vices des riches entretiennent les siens.

An fond il est le prototype de l'égoïsme, il flatte les passions de ses maîtres dont il se moque en cachette; à l'affût du plaisir, il est toujours prêt à sacrifier tout le monde pour une franche repue et un moment de plaisir. Il y a plusieurs variétés de parasite.

On voit le parasite agent effronté de toutes les débauches, ministre d'amour et confident des courtisanes et des courtières; mauvais génie de la jeunesse il la corrompt sans aucun remords, la poursuit sans cesse et ne la quitte qu'au moment de sa ruine.

On rencontre le parasite flatteur que Ménandre nous présente dans le personnage Struthias et les yɛlwτoлοií, qui gagnent leur vie par leurs plaisanγελωτοποιοί, teries, leurs vices et leurs ridicules.

Un parasite d' Antiphone expose ainsi ses hauts exploits: Pendre, poignarder, servir de faux témoin, je suis prêt à tout faire au premier mot,

et sans y regarder ". Et le parasite d'Epicharme, dont nous avons déjà parlé : « quand j'ai beaucoup mangé, beaucoup bu, je m'en vais. Je n'ai pas d'esclave pour m'accompagner avec une lanterne : aussi je m'en vais en rampant, en chancelant, dans les ténèbres tout seul; et si je rencontre la ronde de nuit, je rends grâces aux dieux quand j'en suis quitte pour quelques petits coups. Enfin, revenu au logis, tout meurtri, je me couche sans couverture, et je dors, sans me souvenir de mes accidents, tant que le vin pur reste maître de mon.

cerveau 19.

Ce type du parasite sicilien, deveun célèbre à Athènes sous le nom de Zixɛlinós, est le flatteur des capitaines fanfarons, fait rire à la ronde le public et il est dépourvu de toute dignité humaine. Ces personnages de la comédie grecque, n'ont pas seulement exercé une influence remarquable sur le théâtre de Rome, mais aussi sur celui de l'Italie et de la France à l'epoque de la Renaissance (*).

(*) Pbilémon fut imité on partiellement traduit pour le théâtre latin par Plaute et par Cécilius. Le Mercator de Plaute est une copie plus ou moins exacte de son "Еμлоoоs, le Trinummus de son Θησαυρός et peut-être la Mostellaria de son Φάσμα. Nous retrouvons encore Ménandre, jusqu'à un certain point,

An XVIe siècle les auteurs de la Pléïade s'emparèrent du nom de Ménandre, qui représentait pour eux, bien plus qu' Aristophane, l'esprit co

chez Plaute et Térence; le premier lui a emprunté ses Bacchides et son Stichus, peut-être aussi son Pœnolus; le second lui a dû son Andrienne, ses Adelphes et l'Homme qui se punit luimême. Plaute dans sa Casina a traduit les Kinooúμɛvoi de Diphile de Sinope, qui nous est donné comme un contemporain de Ménandre, et dans les Commorientes, pièce aujourd'hui perdue, il avait traduit ses Συναποθνήσκοντες. Αpollodore de Carystos en Eubée, fournit à Térence l'original du Phormion et de l'Hécyre.

Dans les scènes grecques qu'on vient de découvrir dans un papyrus égyptien appartenant au British museum et qui sont dûes à la plume d' Hérondas, mimographe né probablement à Cos 250 ou 240 ans avant lésus-Christ, on rencontre le type du valet dans la scène de la Maîtresse jalouse. Il s'agit d'une femme sensuelle, qui entretient un esclave pour ses plaisirs et qui, en doutant de sa fidelité le ménace des peines les plus cruelles. A la fin elle s'apaise et on peut deviner que l'esclave à certains moments n'était pas si malheureux qu'il en avait l'air. Les esclaves de ces mimes sont traités cruellement. On les appelle les effrontés les gens sans nom et la cruanté des maîtres paraît à tout moment dans leurs discours.

Ces compositions légères et fort licencieuses nous présentent des personnages que Ménandre nons a fait déjà connaître. Elles ne pouvaient pas être représentées à cause surtout de leur petitesse et du manque presque absolu d'intrigue et les écrivains comiques de Rome n'en eurent, sans doute, aucune connaissance.

mique de la Grèce. En 1561 Iacob Hertelius avait recueilli et publié un petit nombre de fragments du poëte grec et Heuri 'Etienne en augmenta bientôt la collection.

Ménandre n'était donc pas étranger à la France le jour où Molière parut, son nom bien plus connu que ses œuvres représentait le classicisme de l'art dramatique et la réforme littéraire.

Les auteurs de comédies de la Grèce, de la Grande Grèce et de la Sicile ont exercé une influence notable sur le génie de Plaute et de Térence, mais Plaute, auteur comique eminemment populaire, en traitant des arguments étrangers, y introduisit des personnages romains en se distinguant de Térence, qui, esprit plus cultivé, suivit ses grecs à la lettre. Aussi dans le théâtre du grand Ombrien, sons les dehors grecs, voyons-nous les moeurs latines, les ridicules et les personnages de son temps et l'esclave y est peint d'après nature.

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Ce personnage si populaire devait jouer un rôle très important dans le théâtre de Plaute qui fit si longtemps les délices du peuple de Rome et de tous les pays où son génie domina.

On sait qu'on a trouvé à Pompeï un billet

(tessera) d'entrée pour la représentation de Casina, qui doit avoir précédé de peu de temps la destruction de cette ville, on sait encore que le théâtre de Plaute eut même le mérite de survivre à la chute de l'empire romain et il a été répresenté, jusqu' au milieu du quinzième siècle.

Mais la comédie de Plante eut aussi des sources indigènes auxquelles il faut rattacher en partie le caractère du valet.

Les affranchis et les esclaves étaient, dans l'origine, les seuls acteurs des jeux compitaux établis à Rome en l'honneur des lares. Plus tard, aux farces que les esclaves improvisaient pendant ces fêtes dans les carrefours, on substitua des comédies et des pantomimes jouées aussi, ce qui est notable, par des esclaves et des affranchis. Les saturae et la comœdia planipedia avaient les sanniones et le nom de Sannio s'est peut être perpetué en Italie dans celui des Zanni. Leurs dialogues étaient pleins de facéties et de gaieté railleuse.

Les Atellanes ainsi nommées d' Atella, ville des Osques en Campanie, pénétrèrent à Rome au sixième siècle, et dans les premiers temps elles étaient improvisées, de même que la comédie de

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