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faire depuis le jour où les rivalités mutuelles de la France et de l'Angleterre lui permettent de se glisser subrepticement en un point de la côte de Guinée et de s'enfoncer comme un coin entre les possessions françaises et les possessions anglaises. Aujourd'hui, toujours grâce à ces rivalités, elle a agrandi démesurément l'étendue primitive du Togo.

Les avant-postes rayonnent dans la direction du Niger dont ils sont peu éloignés et qu'ils ont peut-être atteint à l'heure actuelle.

Une note communiquée aux journaux anglais relative aux déclarations faites par la presse française au sujet des opérations militaires qui doivent avoir lieu sur le territoire de la Royal Niger Company, annonce que ces opérations ne peuvent en aucune façon porter préjudice aux intérêts français dans l'ouest de l'Afrique, car elles seront limitées à la région incontestablement reconnue comme appartenant à la sphère d'influence britannique. Il ne peut pas non plus être question de l'occupation militaire de Badgibo, cette mesure importante ayant déjà été prise pendant le mois de février. La campagne prochaine se fera sans aucun doute sur une grande échelle. La Royal Niger Company, quoique très discrète en ce qui regarde le lieu et l'étendue de ses opérations militaires, déclare que 19 officiers supplémentaires et 8 instructeurs ont été ou vont être envoyés dans l'ouest de l'Afrique. Des troupes ont été menées à un endroit situé dans la sphère d'influence de la compagnie et les deux canonnières qui sont en route vers le Niger seront appelées à jouer un rôle important dans les opérations militaires, qui seront terminées avant le mois d'avril. On a en vue la soumission de la tribu des Horins qui est établie sur son territoire et qui lui cause de fréquentes inquiétudes.

L'Inde anglaise est en proie à une terrible famine. L'opinion s'émeut. Tel journal insère des articles ayant pour titre : « La ruine des Indes »! rien que cela; ailleurs : « Nous marchons à une terrible catastrophe. »

Il paraît en effet que le terrain est de moins en moins cultivé. La population a augmenté de 40 millions d'àmes depuis une vingtaine d'années, les impôts vont en s'élevant tous les ans, le bétail subit une diminution inquiétante; les dépenses du Trésor pour l'entretien de l'armée d'occupation, pour la construction de routes, de canaux, de chemins de fer, sont bien au-dessus des recettes. En un mot, le public est très inquiet.

Cette impression se manifeste dans les journaux.

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Le Tsung-li-Yamen a rendu un édit secret nommant le tao-taï Tcheng directeur général des chemins de fer et autorisant la construction des lignes de Haakeou, de Canton et de Foutcheou.

Les travaux coûteront 40 millions de dollars. Pour couvrir cette somme, on empruntera d'abord 20 millions de dollars.

Le Tsung-li-Yamen fournira 10 millions sur le montant du dernier emprunt et 10 autres millions seront apportés par les provinces du Nord et du Sud.

On emploiera autant que possible sur la ligne de Hankeou des matériaux indigènes, mais on pourra engager des mécaniciens étrangers.

On dit que des difficultés ont surgi avec un syndicat américain qui avait soumissionné pour les travaux.

Le projet de budget du service des colonies renferme un crédit de 707.500 francs, sous la rubrique : Subventions à diverses compagnies pour les cables sous-marins.

La Société française des télégraphes sous-marins émarge à ce chapitre pour le câble de la Guyane entre Cayenne et Demerary, et pour le câble de l'Australie à la Nouvelle-Calédonie. Tout le reste est accaparé par les compagnies anglaises qui reçoivent des subventions de l'Angleterre et des colonies britanniques. Les entreprises françaises qui veulent faire atterrir un câble sur le sol américain rencontrent des difficultés inouïes.

L'intérêt de cette lutte est considérable.

Actuellement, les communications sous-marines du monde entier sont entre les mains des Anglais. Le réseau de leurs compagnies enveloppe toute la terre et les capitaux énormes dont elles disposent leur permettent d'écraser dans l'œuf toute entreprise rivale. Aussi faut-il encourager et soutenir toutes les tentatives qui sont faites par des Français pour lutter contre cet accapa

rement.

L'affaire est industrielle, politique, diplomatique et stratégique : C'est l'amirauté britannique qui a, de longue main, fait les études et préparé les plans d'après lesquels les compagnies anglaises ont établi successivement les diverses branches de leur réseau. Grâce à cette organisation, grâce à ce concours des administrations militaires et des capitaux industriels, les Anglais ont trouvé moyen

de gagner beaucoup d'argent pendant la paix et d'assurer à leur pays une supériorité certaine pendant la guerre.

En temps de paix, ils monopolisent un trafic très fructueux. En temps de guerre, ils seront maîtres de toutes les communications internationales.

Les cahiers des charges des compagnies anglaises les obligent: 1° à donner la priorité dans la transmission aux dépêches du gouvernement anglais sur toutes les autres ; 2o à n'employer que des agents britanniques et point d'étranger; 4° en temps de guerre, à remettre leurs stations et leurs câbles aux agents du gouvernement, qui remplaceront leur personnel.

C'est par de tels intermédiaires que la France est obligée de communiquer avec ses diplomates, ses escadres, ses chefs militaires et ses troupes en expédition. Les résultats de cette situation. se sont fait sentir pendant les affaires du Tonkin, du Siam, de Madagascar. En cas de guerre ils nous feraient un mal infini. Dès l'ouverture des hostilités, la France serait sans relations avec ses colonies, avec une partie de sa flotte.

L'Allemagne même a commencé de s'inquiéter du monopole anglais. A propos de quelques troubles à Tanger, les communications de l'Europe avec le Maroc ont été un moment suspendues ; au moment de l'attentat de Jameson contre le Transvaal, les dépêches de l'Afrique australe ont été interceptées pendant quarante-huit heures; elles étaient arrêtées à Londres.

Notre commerce d'exportation reste stationnaire et tend à décroitre, tandis que nos concurrents, et en première ligne l'Allemagne, font des progrès sensibles sur les marchés du monde, agrandissent leurs débouchés et s'en ouvrent de nouveaux. Il n'y a pas longtemps, elle était derrière nous pour l'exportation, aujourd'hui elle nous a dépassés et de beaucoup. Nous sommes battus par elle sur le terrain économique comme nous avons été battus par elle sur le terrain militaire et pour les mêmes causes. : insouciance, négligence, apathie, esprit de routine. Ce n'est qu'en rompant avec nos anciens errements que nous pourrons prendre notre revanche et reconquérir le rang que nous avons perdu, nos commerçants ne savent pas faire ce qu'il faut pour répondre aux goûts et aux besoins de la clientèle étrangère. Nos produits ne sont ni assez bon marché ni assez appropriés aux goûts et aux besoins de l'acheteur.

Qu'on lise les rapports de nos consuls sur les différentes places et on verra que nous avons raison.

Les Anglais et les Allemands commencent par envoyer des employés aux pays avec les quels ils cherchent à entrer en relations d'affaires. Ces employés sont uniquement chargés d'étudier les besoins de ces pays et y acheter au besoin quelques spécimens de marchandises que leurs maisons tâchent de copier et de produire à des prix moins élevés. Voilà la manière de s'y prendre. Mais si nous voulons qu'on nous prenne les produits chers que nous fabriquons pour d'autres pays qui ont les moyens de les payer, nous ne ferons bientôt plus rien du tout. C'est un avertissement sincère par lequel je termine cette chronique et qui, j'espère, sera compris par les gens raisonnables. Du reste, leurs propres intérêts en dépendent.

Dans nos propres colonies, c'est la même chose. Ce sont les commerçants des autres pays européens, les Allemands et les Anglais surtout, qui font les affaires tandis que nos débouchés se ferment à notre industrie.

C'est l'esprit de routine qui nous tuera.

Dr MEYNERS D'ESTREY.

REVUE DES PRINCIPALES PUBLICATIONS ÉCONOMIQUES DE L'ÉTRANGER

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SOMMAIRE: Journal of the R. Statistical Society de Londres. Des banques de crédit agricole. Le tarif des chemins de fer. The Economist. Les banques d'Écosse. Faibles récoltes, done moins de souffrances agricoles. Qu'en penseront les consommateurs ? = The Economic Journal. Le prix du blé et le taux des salaires il y a vingt-deux à vingt-trois siècles. Détails sur les dépenses d'un ménage d'ouvriers. Comparaison avec les prix actuels. = The Economic Review. Le caractère des Trade-Unions. L'entretien des inoccupés. Exemples. L'armée de réserve. The quarterly Journal of Economics. La lutte des étalons. Documents historiques. Stratifica tions et déplacements éthiques. = The Yale Review. Un réformateur social du xve siècle. = The Journal of Political Economy de Chicago. La théorie quantitative. — La sélection sociale. Il ne poussera pas d'ailes aux hommes. Gunton's Magazine. Les illusions sur les avantages du commerce extérieur. The Bankers Magazine. Temps durs et leurs causes. Dixsept causes diverses. = Jahrbücher. Annales d'économie politique etc. de M. Conrad. La Sibérie et son avenir politique et économique. Zeitschrift (Revue des sciences politiques) de M. Schäffle. L'impôt réel et l'impôt personnel dans les communes. Que les réformes ont peur de quitter le papier pour entrer dans la vie réelle. Vierteljahrschrift, etc. Revue trimestrielle de M. Kuno Frankenstein. Des associations ouvrières allemandes de protection et de leur réglementation. Les deux catégories d'associations. Détails statistiques et autres = Zeitschrift für Volkwirthschaft, etc. (Revue d'économie politique, etc. de la Société autrichienne. Qui doit supporter les frais de l'instruction publique, et qui les supporte en réalité en Autriche ? Statistische Monatschrift (Revue mensuelle de statistique autrichienne) Documents divers. = Annales de l'empire allemand. Documents Schweizerische Blätter, etc. (Feuilles suisses consacrées à l'économie politique et à la politique sociale). La religion et l'Economie politique. Richard de Kaufmann. Die Eisenbahnpolitik Frankreichs. Fr.-J. Neumann. Die personlichen Steuern, etc. = L'Economista. La coopération agricole en Italie. Strani connubi! Il s'agit de l'alliance entre le socialisme et le clergé. Giornale degli Economisti (Journal des Économistes). Deux théories des salaires. = La Estafeta de Madrid. = El Economista mexicana.

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