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ment par la Compagnie de Fives-Lille pour le chemin de fer chinois reliant le Tonkin au Sechuan et il déclare, que, pour les affaires chinoises tout au moins, le devoir de la diplomatie française est avant tout de soutenir ses industriels et ses financiers. C'est ce qu'elle a fait courageusement ces derniers temps, M. Siegfried est heureux de le constater.

M. F. Dujardin-Beaumetz remercie M. Jacques Siegfried d'avoir appelé la discussion sur ce côté industriel de l'implantation européenne en Chine. Ce que M. Dujardin-Beaumetz avait dit pour le commerce, il le répéterait volontiers pour l'industrie. Le développement de l'industrie du tissage à Shanghai, de l'industrie houillère en Mandchourie, des compagnies de navigation, sont l'embryon d'un mouvement qui peut et doit être considérable et fructueux. Mais il convient de remarquer que l'industrie européenne ne peut s'installer dans des conditions qui lui donnent toute sécurité que sur les concessions des ports ouverts, les seuls où l'Européen puisse posséder dans les conditions actuelles en Chine. Exception est faite par les communautés catholiques qui peuvent résider et posséder dans tout le territoire « pour les besoins de ces communautés ».

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En dehors des ports ouverts, l'industrie européenne a trois moyens d'action: exécuter des travaux publics pour le compte des gouvernements tant provinciaux qu'impérial; - s'engager dans la construction de travaux d'intérêt général, tels que les chemins de fer, après que la diplomatie internationale aura obtenu un régime particulier pour les propriétés et les capitaux engagés. S'associer avec les Chinois pour la création d'usines et l'exploitation des ressources minières. Cette dernière forme tend à s'implanter en Chine.

M. A. Coste pose une question à M. Dujardin-Beaumetz, qui a fait allusion aux garanties que pouvaient offrir, dans un temps donné, aux capitaux étrangers, certaines réformes fiscales en Chine. Peut-on savoir, approximativemeut au moins, quelle charge pèse sur le contribuable Chinois ?

Le chiffre individuel de l'impôt payé par le Chinois ne nous est pas connu répond M. F. Dujardin-Beaumetz; ce chiffre est certainement très faible. Le vice est dans l'arbitraire de l'impôt et dans son mode de perception; c'est une des raisons pour lesquelles le négociant chinois s'installe avec empressement sur le territoire des settlements européens, où le chiffre de l'impôt est certain et de tout repos.

M. L.-O. Smith a essayé, lui aussi, d'étudier la Chine et de déterminer les conditions du succès économique dans ce pays. Or, il lui paraît bien difficile d'y commercer avec avantage autrement que par l'établissement de grandes maisons.

En réalité, l'avenir, pour la France, c'est l'entente avec la Russie pour la construction, à travers l'Empire Chinois, de grandes lignes de chemins de fer, qui donneront de beaux bénéfices comme dans l'Inde. Pour les capitaux français, il vaudrait mieux aller s'employer ainsi là-bas que de se diriger vers le Cap ou le Sud-AméAmérique.

La France et la Russie, alliées, sont naturellement désignées pour établir en Chine ces réseaux de voies ferrées, à la condition d'obtenir de bonnes concessions et de faire énergiquement soutenir par les gouvernements les capitaux engagés.

M. Fournier de Flaix. Les détails si curieux et si intéressants que MM. Dujardin-Beaumetz et Smith viennent de nous donner, à des points de vue différents sur la situation réelle de la Chine, son particularisme encore excessif, ne font que confirmer les réflexions générales que je vous ai présentées au début de cette discussion. La Chine est en présence d'un dilemme à la solution duquel nos intérêts sont désormais liés. Si elle accomplit sa réfection, son appropriation, soyons assez prévoyants pour y participer. Si elle ne l'accomplit pas, éventualité que n'a pas acceptée M. Dujardin-Beaumetz, nous serons des participants nécessaires. A ce point de vue l'alliance franco-russe a une grande importance.

Je ne nie pas les aléas de colonisation en Chine, j'entends parler des emplois sérieux de capitaux en chemins de fer, canaux, tramways, banques. Ces aléas sont-ils plus dangereux que ceux qu'ont courus les maisons allemandes ou anglaises qui se sont établies en France cinquante ans avant 1789 ?

M. Levasseur pense qu'il n'y a pas lieu de résumer la discussion; il n'y a pas eu en réalité débat entre des opinions différant par le fond, il y a eu un exposé de divers faits. M. Fournier de Flaix doit se féliciter d'avoir posé la question; il nous a montré que la Chine subissait actuellement une crise très grave, qu'elle devait se transformer sous l'influence de la civilisation européenne ou être dépassée par ses voisins; qu'en tout cas, elle offrait aujourd'hui un grand marché où la France pouvait trouver avantageusement des placements pour ses capitaux et pour ses produits. M. Raffalovich l'accorde, mais il déclare que pour placer ses marchandises il

faudrait que la France produisit à meilleur marché et jouit de plus de liberté commerciale. M. le vicomte Combes de Lestrade fait ses réserves sur la sécurité que présentent des placements en Chine, pays dont les mœurs économiques diffèrent des nôtres et nous sont mal connues. M. Dujardin-Beaumetz s'est appliqué à le rassurer et nous a fait profiter, d'une manière aussi fructueuse qu'agréable, des connaissances précises que lui a valu son séjour en Chine. Il a le regret de constater que pendant que se développait le commerce de la Chine avec l'Europe, celui de la France en particulier demeurait stationnaire. Le gouvernement chinois, qui ne peut offrir comme gage certain à ses créanciers que le produit des douanes administrées par une commission, en a déjà engagé la totalité (environ 85 millions quand il aura contracté l'emprunt qu'il négocie en ce moment). Mais, si c'est une raison pour être prudent relativement au placement en fonds publics, ce n'est pas une raison pour détourner les capitaux des entreprises particulières qui peuvent être remunératrices. Les affaires sont aussi sûres avec les négociants de la Chine qu'avec ceux de tout autre pays, tant à cause du caractère des individus qu'à cause de la force de leurs associations, et il y a un nombre considérable d'entreprises fructueuses à faire dans un pays si peuplé, qui n'a ni chemins de fer, ni ports. M. Lavollée confirme l'affirmation de M. Dujardin-Beaumetz sur la solidité du commerce avec les Chinois. M. Siegfried insiste sur la production de certaines entreprises, particulièrement des chemins de fer, et sur le profit que pourraient en tirer nos capitaux ; mais il faut que notre diplomatie soutienne nos capitalistes, comme elle l'a fait depuis quelque mois. M. Smith, qui a vu aussi la Chine, est de l'avis de ses collègues relativement à l'importance que peuvent prendre les relations commerciales et les entreprises de travaux publics dans ce pays, et pense que la Russie et la France sont tout particulièrerement placées de manière à profiter de ces avantages. Le président estime que cette presque unanimité de sentiments est encourageante; mais, pour que l'effet s'en suive, il faut que les Français, auxquels pour sa part il s'est toujours efforcé d'inspirer le goût de la géographie et des voyages, aillent en Chine, s'y établissent en plus grand nombre qu'aujourd'hui, apprennent à connaître les ressources du pays et les besoins des habitants de manière à exploiter les unes et satisfaire les autres; malgré les progrès accomplis en ce sens, il nous reste encore beaucoup à faire. La séance est levée à dix heures quarante.

Le rédacteur du Compte rendu CHARLES LETORT.

OUVRAGES PRÉSENTÉS

Société nationale d'horticulture de France. Liste générale des membres de la société, arrêtée au 1er mars 1897. Paris, 1897, in-8.

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Mes griefs entre le socialisme. Dialogue entre un progressiste libéral et un socialiste, par EUGÈNE d'Eichthal. Paris (s. d.), in-8.

Les progrès de la science économique, depuis Adam Smith. Revision des doctrines économiques, par MAURICE BLOCK, 2o éd. laumin et Cie, 1897, 2 vol. in-8.

Paris, Guil

Extrait du rapport à la Reine-Régente, concernant le service de la Caisse d'épargne postale des Pays-Bas en 1895. — Amsterdam, octobre 1896, in-4.

Ministère des finances. Commission extraparlementaire du monopole de l'alcool. Séance du 12 février 1897. — Paris, 1897, in-folio.

Relazione della commissione reale sulla istituzione di una cassa di previdenza per le pensioni civili e militari. - Roma, 1894, in-4.

Statistique des chemins de fer français au 31 décembre 1895. Documents principaux. Paris, 1896, in-4.

Statistica degli scioperi avvenuti nell' industria a nell'agricoltura durante l'anno 1895. Roma, 1894, in-4.

Statistica del commercio speciale di importazione e di esportazione, dal 1° gennaio al 30 dicembre 1896, dal 1°-31 gennaio 1897, dal 1° gennaio al 28 febbraio 1897. - Roma, 1897, 3 vol. in-4. Popolazione. Movimento dello stato cwile. Anno 1895. Roma, 1896. in-4.

Ministero delle finanze. Tabella indicante i valori delle merci nell' anno 1896 per le statistiche commerciali approvata con decreto ministeriale 12 febbraio 1897.) Roma, 1897, in-4. PÉRIODIQUES

L'Union nationale, Le Rentier, Annales des ponts et chaussées, Bulletin de la Société de géographie commerciale de Paris, Journal de la Société nationale d'horticulture de France, Bulletin des séances de la Société nationale d'agriculture de France, Bulletin de l'Office du travail, Bulletin mensuel de la Société de législation comparée, Droit financier, Bulletin de la Société d'économie politique, Revue économique de Bordeaux, Revue des Sociétés, Bulletin du ministère de l'agriculture, Annales du commerce extérieur, Revue géographique, Bulletin de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, Journal de la Société de statistique de Paris, Annals of the American Academy of political and social science, Bulletin mensuel de statistique municipale de la ville de Buenos-Ayres, AntiquitätenZeitung.

COMPTES RENDUS

LA VIRICULTURE, par G. DE MOLINARI. In-18. Paris, Guillaumin et Cie, 189~

Le mot viriculture a été rarement employé jusqu'à ce jour; en tou cas il n'a pas été écrit, que je sache, de livres spéciaux sur cette matière sous ce titre, si expressif pourtant.

La culture étant l'art d'augmenter la quantité et la qualité des choses, la viriculture est donc l'art d'augmenter la quantité et la qualité des hommes. Elle comprend deux problèmes capitaux population et éducation qui ont été souvent traités à part, mais non réunis en un même ouvrage. L'idée de M. de Molinari de les rassembler sous un commun vocable est donc heureuse et utile; la manière dont il a traité ce double sujet n'est pas moins intéressante.

Négligeant les détails, l'auteur se borne à tracer les grandes lignes de son sujet. Beaucoup de lecteurs regretteront comme nous que l'éminent économiste n'ait pas donné plus de développement à son travail. Evidemmment il ne tenait qu'à poser les principes, laissant à d'autres le soin de poursuivre la voie désormais tracée. « Quand on traite un sujet, dit Montesquieu, on ne doit pas l'épuiser, mais se contenter de faire penser. » Or, M. de Molinari donne beaucoup à penser.

Essayons de résumer ses principales idées.

Nous assistons d'abord aux progrès de la civilisation sous l'influence de la concurrence vitale dans les temps primitifs. Les premières sociétés se forment, puis disparaissent pour faire place à d'autres mieux armées pour la lutte. Les plus fortes détruisent les plus faibles jusqu'à ce qu'elles aient jugé plus avantageux de les asservir.

Selon l'état économique de chaque peuple, de chaque époque, nous voyons les coutumes, la morale se modifier pour s'approprier aux nouveaux besoins. Les législateurs attribuent à l'inspiration des dieux les lois que l'observation et l'expérience leur font découvrir afin de les faire accepter plus docilement par les peuples. Ces lois ont avant tout pour objet d'équilibrer la population avec ses moyens de subsistance et d'améliorer sa qualité.

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