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Patronato de la infancia. Memoria de la Comision directrice, année 1895-1896. Br. in-8°. Buenos-Aires, Argos, 1896. Les promoteurs de la terre aux paysans considèrent cette réforme comme le remède à la misère. Dans l'Amérique du Sud, où d'immenses étendues de terres tendent les bras à qui veut les cultiver, il ne devrait donc point y avoir de misère. Et pourtant elle existe sous toutes ses formes, ce qui prouve que sa cause est le plus souvent en nous. Il existe même à Buenos-Aires des enfants d'indigents, des enfants maltraités, des enfants abandonnés, moralement et matériellement, et la nécessité s'est fait sentir d'organiser un patronat de l'enfance. Ce patronat ne date que de 1894; il n'a pas encore pu faire grand'chose, mais il paraît doué de beaucoup d'activité. Les dames prennent une large part dans ce patronat. Le présent Mémoire renferme des statuts et règlements de l'œuvre, le compte rendu de sa gestion financière, les projets d'avenir. Le patronat ne se borne pas à la toute petite enfance, il fonde aussi une école d'arts-et-métiers qui pourra contenir

250 élèves internes.

R.

CHRONIQUE

SOMMAIRE: L'incendie du Bazar de la Charité de la rue Jean-Goujon. — Faut-il

réglementer davantage?

Ce que gagneLe budget anglais et les

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La guerre Turco-Grecque. raient les Crétois à être annexés à la Grèce. progrès de l'Angleterre depuis soixante ans. — La motion protectionniste de M. Hobart Vincent. Invite canadienne à la fédération britannique. L'anglophobie et le discours de sir Edmund Monson au banquet de la Chambre de commerce britannique. L'anti-machinisme à Marseille. Le mouvement agrarien contre les canaux et les chemins de fer en Allemagne. La répression des révoltes des colonies espagnoles et la crise Un syndicat minier au Transvaal.

de l'Andalousie.

Nous avons trop souvent à déplorer les sentiments de haine que les politiciens s'efforcent de propager entre les peuples, et les socialistes entre les classes, pour ne pas trouver un réconfort dans l'explosion de douloureuse sympathie qu'à provoquée la cruelle catastrophe du Bazar de la Charité, dans le monde civilisé et dans tous les rangs de notre population. L'Angleterre, notre « ennemie naturelle » a été la première a nous en envoyer la chaleureuse expression, et la pitié pour les nobles et touchantes victimes de la charité n'a pas moins ému les cœurs au faubourg Saint-Antoine et à Belleville qu'au faubourg Saint-Germain et dans le quartier de l'Étoile. Cela prouve qu'il y a chez tous les peuples et dans toutes les classes un fonds d'humanité et de bienveillance réciproque, et que la fraternité est inscrite encore ailleurs que sur les murs de nos édifices publics.

A l'occasion de cette lamentable catastrophe,causée par le manque de prévoyance et de réflexion, on a fait appel comme de coutume à l'intervention du gouvernement et réclamé un redoublement de réglementation. Mais ne pourrait-on pas se demander si l'habitude que nous avons prise de nous adresser au gouvernement pour nous protéger en toutes choses n'a pas contribué à affaiblir les facultés qui nous servent à nous protéger nous

mêmes. Si nous avions moins de confiance dans les mesures toujours imparfaites et insuffisantes qu'il peut prendre pour nous préserver tantôt des accidents, tantôt de la concurrence, ne serionsnous pas plus attentifs à veiller à notre sécurité et plus diligents à réaliser les progrès nécessaires pour sauvegarder notre industrie? Si le gouvernement nous protégeait moins, nous nous protégerions davantage et mieux.

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Devenue indépendante grâce à l'appui de l'Europe, la Grèce pouvait se relever de ses ruines en mettant en valeur ses richesses naturelles et en utilisant les aptitudes si remarquables de sa population pour le commerce et la navigation. Hors de chez eux, les Grecs sont des négociants hors ligne. Ils ont fondé dans la plupart des grands ports de l'Europe, à Constantinople, à Odessa, à Marseille, à Londres, des maisons de commerce de premier ordre. Chez eux, malheureusement, ils ont préféré la politique au commerce, et ils y ont moins réussi. Les politiciens d'Athènes atteints de mégalomanie ont rêvé la reconstitution à leur profit de l'empire byzantin et ils ont sacrifié à cette chimère la prospérité de leur pays, entaché son honneur par une banqueroute, et mis son existence en péril. Nous souhaitons que la Grèce sorte intacte de la fâcheuse et coûteuse aventure dans laquelle ils l'ont enga gée, et, qu'avant d'agrandir un domaine qu'elle a laissé en friche, elle s'occupe de le cultiver.

Nous ignorons ce que l'annexion de la Crète aurait pu rapporter à la Grèce, à part le débouché qu'elle aurait fourni à ses fonetionnaires — mais on peut douter qu'elle eût enrichi les Crétois :

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S'il est vrai, dit à ce propos le Matin, que les Crétois tiennent autant qu'on voudrait le faire croire à ne pas accepter l'indépendance qu' on leur offre, au lieu de les bloquer et de leur envoyer des coups de fu-il, l'Europe aurait avantage et économie à leur donner les quelques notions d'économie politique qui leur manquent.

On dirait par exemple aux Crétois : A partir du moment où vous deviendrez les sujets du roi Georges, vous autres jeunes gens, vous devrez quitter vos parents, votre fiancée, votre maison et aller faire votre service militaire. Voici en quoi il consiste... Vous, hommes fails, au lieu de choisir parmi vous vos chefs, vous aurez à accepter ceux qu'on vous enverra d'Athènes, vous les paierez, les hébergerez et ils vous gouverneront à leur fantaisie. Vous ignorez ce qu'est le fonction naire? Nous allons vous l'apprendre...

Ce n'est pas tout. Vous n'avez pas de dettes; dès que vous ferez partie du royaume de Grèce, vous en serez couverts et de ce fait, chaque année, vous devrez prélever sur votre nécessaire une certaine somme. Elle servira à payer des intérêts à des hommes d'Occident qui ont prêté jadis de l'argent à votre gouvernement. Vous connaîtrez la joie des monopoles, de la liste civile et de tout ce qui constitue l'administration d'un pays civilisé, laquelle administration coûte fort cher et ne sert pas à grand'chose.

Et l'on continuerait ainsi, opposant aux charges que comporte l'annexion les avantages qu'offre l'indépendance.

Peut-être qu'après cette leçon de choses, les Crétois changeraient d'avis et seraient les premiers à mettre à la porte le colonel Vassos et les émissaires grecs.

Dans l'exposé budgétaire qu'il a fait le 29 avril à la Chambre des communes, le chancelier de l'Echiquier, sir Michael Hicks Beach, a présenté un tableau saisissant des progrès que l'Angleterre a réalisés de 1837 à 1897, c'est-à-dire pendant la période qui a été marquée par l'avènement du libre-échange. En 1837, le commerce extérieur de l'Angleterre ne dépassait pas 125 millions sterling, il s'est élevé l'année dernière à 738 millions. Dans l'exercice de 1836-37, les recettes du budget n'étaient que de 52 millions sterling; elles sont, actuellement, de 103.950.000; elles ont donc presque exactement doublé, et tandis que l'intérêt de la dette publique absorbait, il y a soixante ans, plus de la moitié du budget, elle n'y compte aujourd'hui que pour moins d'un cinquième. Cependant, les impôts ont été sensiblement réduits. Les droits. d'accises et de douanes qui fournissaient en 1836-37 71 0/0 des recettes n'y figurent plus que pour 440/0. Les droits de douanes qui grévaient 1.185 articles n'en atteignent plus actuellement qu'une douzaine, café, thé, cacao, etc., qui ne sont pas produits en Angleterre; en sorte que les impôts payés aux intérêts protectionnistes ont complètement disparu. Or, ces impôts prélevés sur la nourriture du peuple, le blé et la viande, et sur la plupart des articles manufacturés égalaient, s'ils ne les dépassaient point, les impôts qui alimentaient le Trésor. La suppression de ces taxes parasites et gourmandes a eu naturellement pour résultat d'élever le rendement de celles qui étaient perçues au profit de l'Etat, tout en imprimant un vigoureux essor à la généralité des branches de la production. On s'explique ainsi que le produit en ait doublé et qu'elles soient plus facilement supportées qu'elles ne l'étaient il y a soixante ans. A la vérité, la population du Royaume-Uni a

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augmenté, dans l'intervalle, de plus d'un tiers de 23 millions elle s'est élevée à 36 millions, mais cet accroissement si rapide n'atteste-t-il pas que le débouché ouvert au travail national s'est augmenté dans la même proportion? On pourrrait affirmer même qu'il s'est accru dans une proportion plus forte, car la portion de la population qui est entretenue par la charité publique est aujour d'hui moins nombreuse qu'elle ne l'était en 1837. Voilà quels ont été les résultats de la politique du libre échange et du bon marché en Angleterre.

Tout l'effort des législateurs, surtout des hommes d'Etat libéraux, dit à ce propos le Journal des Débats, a tendu à dégréver le plus possible la plupart des articles dont la consommation est de première nécessité, notamment le pain et la viande. Nos Chambres ont suivi la route inverse. Elles s'appliquent à rendre la vie de plus en plus chère. En 1837, les contributions indirectes et les douanes, réunies, produisaient 354 millions environ, et les contributions directes, 379 millions. Au budget de 1896, les contributions directes, en y ajoutant les taxes assimilées et l'impôt sur le revenu des valeurs mobilières, figurent pour 580 millious de francs seulement, les contributions indirectes et les douanes réunies, pour 1 milliard 202 millions 1/2. Elles ont donc plus que triplé, tandis que les impôts directs augmentaient à peine de moitié. Et nos Chambres ont la prétention d'être des Assemblées démocratiques!

Et n'oublions pas que les impôts protectionnistes se sont unisaux impôts d'Etat pour renchérir la vie et resserrer les débouchés de la population. Faut-il donc s'étonner si celle-ci s'est à peine accrue de 4 millions pendant que la population de l'Angleterre s'augmentaient de 13.

Les agrariens et les autres percepteurs des impôts protectionnistes n'ont cependant pas désarmé en Angleterre, et un de leurs coryphées, M. Hobart Vincent, ancien chef de la police métropolitaine de Londres, a cru faire merveille en présentant à la Chambre des communes une motion destinée à ranimer le vieux protectionnisme par une infusion du jeune sang du socialisme. Il a proposé d'établir sur tous les articles manufacturés, importés en Angleterre, un impôt de 10 p. 100, dont le produit serait employé à fournir des pensions aux personnes agées de plus de 65 ans. incapables de gagner leur vie par leur travail. Mais cette motion n'a eu aucun succès mème auprès des socialistes, et c'est un conser

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