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de leurs billets, elle fut obligée non d'en suspendre complètement le payement, mais de réduire les remboursemens à 500.000 francs par jour. On ne remboursait qu'un seul billet de 1.000 francs à chaque personne. La Banque réduisit ses escomptes, et dès le mois de février suivant, elle reprit ses payemens à bureau ouvert et pour toute somme.

Pendant le siège de Paris, à la fin de mars 1814, elle ne refusa pas le payement d'un seul billet; les caisses étaient ouvertes pendant que le canon tonnait. On remarqua mème dans ce moment que, quoique dans les recettes, les porteurs d'effets fussent fondés à se faire payer en argent ou en billets à leur choix, il sortait plus de billets par les payemens qu'il n'en rentrait par les rembourse mens. Plusieurs particuliers, redoutant les suites d'un assaut, et croyant à la solidité de la Banque, transformaient leur numéraire en billets pour les soustraire plus aisément. Et comme, par la même raison, la Banque voulait retirer le plus de ses engagemens qu'il était possible, et ne pas avoir beaucoup d'argent en caisse, elle ordonna que tous les payemens seraient faits en espèces. On voyait dans les caisses des gens désolés d'être obligés d'emporter en écus les sommes qu'ils avaient à recevoir.

Le même effet, a eu lieu à la seconde invasion, en 1815. Le payement des billets ne fut pas interrompu un seul instant, et ne l'a pas été depuis.

En ce moment (12 août 1816), le fonds capital de la Banque de France, se compose de ce qui suit:

90 mille actions à 1.000 francs chaque
Réserve [c'est-à-dire retenues faites sur les dividendes].....

. Fr.

90.000.000

21.600.000

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En 5 0/0 consolidés [lesquels rapportent 2 millions de rente...... ..... Fr. En ses propres actions qu'elle a rachetées [ce qui fait le même effet que si, par la loi de sa création, le nombre de ses actions avait été plus borné]..

33.500.000

......

25.500.000

Avances faites au Gouvernement sur des bons du Trésor, ou des receveurs, ou sous toute autre forme portant intérêt...... Immeubles......

26.000.000

4.000.000

Espèces et effets de commerce qu'elle a pris à l'escompte ou reçus en comptes-courans

22.600.000

Somme égale... Fr. 111.600.000

Son passif exigible se compose de :

70.000.000 francs de billets actuellement en circulation.

20.000.000

de comptes courans ou dépôts.

90 000 000

somme qui est représentée en totalité par du numéraire en caisse ou des effets de commerce en portefeuille à l'echéance commune de quarante-cinq jours. Ainsi, en ajoutant à cette somme celle de 22.600.000 francs, faisant partie de ses capitaux ci-dessus, il est constant que la Banque de France avait, le 12 août courant, tant en espèces qu'en effets de commerce solides et à courte échéance, une somme de 111.600.000. Sur cette somme, elle avait, le même jour, en espèces sonnantes dans ses coffres, 41.000.000. Je supprime les rompus. Chaque jour, elle se rend compte de sa situation avec la même exactitude.

Les billets au porteur qu'elle a en émission sont de 500 francs et de 1.000 francs; mais elle cherche à retirer ceux de 500 francs, voulant que ses billets satisfassent aux besoins du commerce en gros et ne passent pas dans l'usage journalier. On les rembourse toujours à bureau ouvert. Les dividendes depuis 1806 ont été payés ainsi qu'il suit :

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J'espère, mon cher monsieur, que ces informations sont telles que vous pouvez les désirer. Je m'estime heureux d'avoir été à portée de vous donner des renseignemens aussi exacts et plus récens qu'aucun actionnaire n'en a. Je suis tellement certain de ceux-ci que je ne crains pas d'être cité.

Je pourrais vous procurer les statuts imprimés de la Banque, si vous les désiriez. Si quelque personne de votre connaissance venait à Paris et se présentait avec un mot de votre part, je les lui remettrais.

Je suis fàché que vos occupations m'aient privé du plaisir de vous voir à Paris. Il faudra bien que vous y veniez un jour. J'ai eu le regret extrême de ne point y rencontrer M. Playfair.Il a pris m'a-t-on dit, la peine de passer à mon ancien logement sans me rencontrer. J'étais alors dans les embarras d'un déménagement: aussitôt que j'ai eu un moment de libre, je me suis informé de sa demeure et j'y ai été ; mais il était trop tard: il était parti. Ayez la bonté de lui en témoigner mes regrets et de lui exprimer combien je le révère.

Vous m'obligeriez beaucoup aussi de me rappeler au souvenir de M. le professeur Brown. J'ai vu quelquefois ici un de ses disciples (Hodgkins) qui est à Paris depuis un an et qui a beaucoup augmenté parce qu'il m'a dit de M. Brown, la considération que m'avait inspirée sa personne. Je vois quelquefois aussi votre ami M. Warden qui se porte bien.

Faites agréer mon respect à votre famille, et si vous me demandez en quoi vous pouvez m'être utile, tàchez de vous rappeler que les deux principaux objets de mon ambition sont d'ètre jugé dans votre célèbre Revue et d'être approuvé dans votre célèbre Société royale. Ceci soit dit en confidence; car j'ignore jusqu'à quel point les usages de votre pays défendent la manifestation des ambitions les plus louables.

Je ne vous parlerai point politique ne pouvant le faire avec sûreté.

Agréez, Monsieur, les assurances réitérées de mon dévouement et de ma considération,

J.-B. SAY A M. NAPIER Esq.

J.-B. SAY.

Rue du faubourg Saint-Martin, 92.
Septembre 1815.

Je réponds, mon cher Monsieur, à la lettre que vous m'avez fait l'amitié de m'écrire par M. Pillans en m'envoyant quelques

prospectus de de votre supplément à l'Encyclopoedia Britannica. Nous avons malheureusement trop peu... on pourrait dire que nous n'avons point de journaux littéraires. Le Mercure de France est tombé d'inanition. On vient d'essayer de faire reparaître, sous le même titre, un journal qui languira et mourra de même. Le Magazin encyclopédique est lu de deux cents personnes. Les Annales du Muséum d'histoire naturelle n'ont pas plus de lecteurs. C'est déplorable. Je vais cependant tàcher de faire mettre un extrait de votre prospectus dans ces différens recueils de même que dans le Journal de Médecine.

Les gazettes éphémères ont plus de publicité, mais elles n'admettent pas des annonces de ce genre.

Ce qui pour notre pays produira le plus d'effet pour y faire connaitre avantageusement votre grande et estimable entreprise, sera, quand l'ouvrage aura paru, d'en traduire et d'en imprimer quelques morceaux détachés dans nos recueils périodiques. Si vous avez la bonté de m'indiquer deux ou trois morceaux, de ceux qui pourront se détacher et réveiller l'attention du public par leur nouveauté, je m'en chargerai avec plaisir.

J'ai cherché le pamphlet de Dupont de Nemours intitulé: De l'origine et des progrès d'une science nouvelle. Je n'ai pu le trouver encore; son publisher De Saint n'existe plus. L'auteur qui est mon ami et qui aurait pu peut-être m'en procurer un exemplaire, est parti, malgré son grand age, précipitamment pour les États-Unis, épouvanté des bouleversements causés par l'apparition de Bonaparte. Mais la même doctrine se trouve consignée dans tous les écrits des économistes de ce temps-là; car vous savez que cette Science nouvelle n'était autre que l'Économie politique, tellement nouvelle en effet qu'elle n'existait pas encore, même après leurs écrits; car elle n'a commencé à prendre une existence vraiment philosophique que dans l'ouvrage d'Adam Smith.

Vous me demandez quels sont mes sentimens sur tout ce qui nous arrive. Ce sont ceux d'une profonde douleur. Nous sommes destinés à être ballottés entre un tiran féroce et des tirans imbéciles; les uns et les autres fourbes et illibéraux.

La liberté de l'Europe sortira de tout ceci, mais l'enfantement sera long et douloureux.

Veuillez me recommander au souvenir des gens de mérite de qui j'ai eu le bonheur d'être accueilli dans votre célèbre et recommandable cité et croyez à mon dévouement inaltérable.

J.-B. SAY.

J'ai deux ouvrages en portefeuille, mais je crois que j'attendrai que je sois mort pour les publier. Il n'y aurait plus pour moi de repos en ce monde.

Mac vey NAPIER Esq.

Sur le dos de la lettre se trouve une note de Napier de laquelle nous apprenons la date à laquelle elle était reçue 1815).

J.-B. SAY à JEREMY BENTHAM Esqre.

(Septembre

Mon digne ami,

Queen Square Place,

London.

Je vous dois beaucoup de remerciemens de m'avoir fait connaître M. Bingham. Il pense comme nous; mais il est plus jeune et propagera nos idées lorsque nous n'en aurons plus. La génération nouvelle les adopte avec une avidité dont je suis moimème étonné. En France cette génération des gens qui lisent et qui pensent n'est pas nombreuse, mais elle finit toujours par entraîner le reste. Vous seriez étonné de tous les progrès que nous avons faits de cette manière depuis deux ans, même dans nos ignorantes provinces, et vous en verrez les effets à la première occasion. Mais nous ne désirons pas que cette occasion soit prochaine. Plus elle tardera, mieux on en profitera. Le tort que nous ont fait les 14 années d'une tirannie diligente, ne saurait se réparer en peu de temps. Longtems encore le bon sens public sera faussé par les mauvaises directions qu'on lui a données. Longtems nous aurons à gémir des institutions illibérales par lesquelles Bonaparte a successivement remplacé toutes celles de la République. La révolution comme un vaste incendie avait fait table rase. Nous y avions placé quelques constructions imparfaites mais qui admettaient tous les genres de perfectionnement.

Bonaparte est venu et a rétabli, de propos délibéré, beaucoup plus d'encombrement qu'il n'y en avait. Voilà le mal qui nous tourmente. Faut-il remettre le feu? Le moyen est très cruel et très hazardeux; et, le voulût-on, la chose n'est peut-être plus possible.

On dit que nous obtiendrons cette année d'exercer quelque influence sur le choix de nos administrateurs de communes et peut-être de département, dont l'Empereur a fait de véritables pachalics, où l'agent du maître fait toujours ce qui convient à luimême et au maître, et rien de ce qui convient aux administrés. On dit que nous obtiendrons aussi quelques réformes dans notre

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