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Dans le n° 1183 (3 janvier 1897), l'Economista traite la question. de la « dépopulation » française, en s'appuyant naturellement sur les exposés de M. Jacques Bertillon. Il passe en revue les divers remèdes indiqués jusqu'ici, tant autrefois chez les Romains que de nos jours et s'exprime sur leur efficacité avec le scepticisme le plus prononcé. Il admettra tout au plus, il semble le dire en riant,

le remède indiqué par le Times... La suppression des dots matrimoniales. Les remèdes proposés par le savant docteur et statisticien français sont de tout autre nature, ils consistent en amendes, savoir au célibataire àgé de plus de 30 ans, une addition de 50 p. 100 à son impôt; aux ménages (familles) sans enfants que le père soit stérile, ou la mère, ou que les enfants soient tous morts', une amende de 40 p. 100 de l'impôt; les familles qui n'ont qu'un enfant vivant, quel que soit le nombre des enfants décédés, 30 p. 100; les familles avec deux enfants vivants 10 p. 100; les familles avec trois enfants continueraient à supporter leur impôt actuel et celles qui auraient 4 enfants et au-delà seraient dispensées de toutes charges fiscales. Supposez maintenant qu'on aurait transformés en lois ces injustes prescriptions, la France aurait-elle un enfant de plus? Pas un seul. Est-ce que l'obligation de payer une amende de 100 ou 1.000 francs peut mettre une femme qui a le malheur d'être stérile, en état de faire naitre un enfant? Alors le remède n'est donc pas un remède, il s'ensuit que l'idée n'est pas seulement injuste, mais absurde. Attention, c'est aux célibataires de plus de 30 ans qu'on en veut. Mais il y a les prètres, les officiers et autres qui ne sont pas libres de se marier à volonté; il y a les infirmes, les malades, etc; il y a ceux qui pour une raison ou une autre n'ont pas pu se faire de position. M. Bertillon qui est un homme raisonnable et distingué, ne donnera jamais à un célibataire qui ne gagne pas sa vie le conseil imbécile et mème coupable de se charger d'une famille qu'il ne peut pas nourrir !

Quant aux comparaisons avec les autres Etats, l'Economista trouve singulier qu'on craigne de les voir pulluler à l'infini, comme si les arbres poussaient jusqu'au ciel.

Giornale degli Economisti (Journal des Economistes), publié à

Dans les dénombrements on demande: Combien avez-vous d'enfants vivants? Faisons remarquer en passant que le nombre des individus stériles, surtout des femmes, est malheureusement bien grand, il y a en France 1 million 818.000 familles sans enfants.

Rome par MM. de Viti de Marco, M. Mazola, M. Pantaleoni et A. Zoli. Signalons dans le fascicule de décembre 1896, un travail de M. F. Colletti sur l'industrie du bétail (élevage, etc), sur les mesures nuisibles et les mesures favorables à ce genre d'entreprises. La note de M. A. Cotento sur les impôts locaux et plus spécialement sur les taxes de consommation mérite également d'être lue.

Le fascicule de février renferme un intéressant article de M. Cotento sur les bases économiques de l'histoire. Les socialistes, d'après M. Marx, attribuent tous les progrès sociaux aux progrès économiques. Le besoin de manger a fait naitre l'intelligence nécessaire pour se nourrir, les progrès de la technique de la production ont agi sur le développement des facultés humaines. On en a conclu que des salaires plus élevés rendent l'ouvrier plus intelligent. L'auteur se demande si les salaires élevés ne sont pas plutot la conséquence des capacités plus parfaites du travailleur, car il y a un rapport nécessaire entre la valeur ou la perfection du produit et le montant du salaire. Nous sommes très loin de vouloir diminuer en quoi que ce soit la part de l'intelligence, mais nous pensons que ces théories ont le défaut de ne faire aucune part au sentiment. Nous sommes assez disposé à croire que si l'intelligence est le cheval qui fait marcher la voiture, le sentiment est le cocher qui en dirige les mouverents. Les qualités morales de l'homme contribuent à son bonheur plus que les qualités intellectuelles, mais il faut les deux pour que l'homme puisse remplir parfaitement sa destinée.

La Riforma sociale, dirigée par MM. Fr. S. Nitti et L. Roux (Turin, Roux Frascati, 1896). Dans le fascicule de décembre, M. C. A. Gonigliani nous offre Il pronostici del futuro sociale (les pronostics par l'avenir social), vous comprenez que je n'ai pas manqué de les lire. N'est-ce pas l'objet constant de nos préoccupations? Nous consultons donc le savant professeur de Modène, et dès le début, - dès la première ligne l'auteur parle de ricerca scientifica positiva (recherche scientifique positive, nous sommes tout attention, quoique les socialistes, les socialisants et leurs amis aient toujours ce mot « scientifique » sous la plume, mais sans y avoir droit. Je n'ai pas à lire bien loin pour trouver le plus valore le fameux Mehrwert. Comment un homme qui accepte la plus-value peut-il raisonner «< scientifiquement » ou seulement sainement en matières sociales? Vous savez bien ce que c'est la « plus-value? » M. Marx l'a clairement expliqué dans Le Capital. Un fabricant

engage des ouvriers à 3 schellings par jour. Quand il s'agit de payer, il se trouve que les ouvriers ont pensé à une journée de six heures, et le patron à une journée de douze heures. Au bout de six heures, quand les ouvriers ramassent leurs outils le fabricant les arrète et dit : ah! non, ce n'est pas ainsi que je l'entends; vous m'avez vendu votre journée selon sa valeur marchande (6 heures), mais puisque je l'ai, je l'emploie selon sa valeur utile (physiquement un homme peut travailler 12 heures). Et les ouvriers selon Marx, se soumettent. C'est ce travail en sus qui est la plusvalue, le profit du fabricant. Est-ce raisonnable, celà? Etonnezvous donc que certains socialistes présentent des arguments tout à fait saugrenus. Ils font dépendre d'une augmentation de salaire un changement complet de caractère, ils semblent supposer que cet accroissement de revenu progressera dannée en année, etc. Ils pensent que les entrepreneurs verront leur produit diminuer en proportion, qu'ils devront abandonner le luxe et l'oisivelé, qu'on donnera des privilèges aux ouvriers, et qu'alors tout le monde sera heureux. Je n'ai pas présenté ici, cela va sans dire, un tableau complet des futures félicités, l'espace ne le permet pas, mais vraiment, les professeurs socialisants feraient mieux, dans leur intérêt, de s'abstenir de toute prédiction.

Mentionnons une brochure de M. E Artom, intitulée La moneta fiduciara et les classi lavoratrici (Turin, Carlo Clausen, 1897), dans laquelle l'auteur a fait des rapprochements intéressants entre le papier fiduciaire émis par l'Etat et celui émis par une banque, et mentionne les différents cas qui peuvent se présenter. par exemple un emploi autre que le remboursement en monnaie métallique, etc. Parmi les papiers fiduciaires émis sur l'État, l'auteur compte, en effet, le billet de chemin de fer et le timbre postal, qui ne représente pas une somme en monnaie, mais un service à rendre.

M. Riccardo dalla Volta publie une étude financière sur les Contributi speciali per i lavori di miglioria, les taxes d'amélioration, ou plutôt les plus-values par suite de travaux publics. Cela s'applique surtout aux communes et existe dans un assez grand nombre de pays. L'auteur a réuni de nombreux et intéressants renseignements sur cette matière. Sa brochure est publiée à Florence chez les fratelli Bocca, 1896.

Dans le El Economista de Madrid (20 janvier 1897), nous pouvons signaler un curieux article sur « la puissance financière de

l'Espagne », mots qui peuvent s'étonner d'un aussi intime rapprochement. Ce que la feuille veut montrer, c'est que depuis vingt-cinq ans il y a progrès. Le progrès est certain, quoique peutêtre pas aussi considerable qu'on voudrait nous le faire croire. Le numéro du 2 janvier renferme un tableau qui fait connaitre le mouvement de la Bourse de Madrid pendant les douze mois de 1896 Pour ne parler que du 4 p. 100 intérieur, le mouvement a été de 1.291 millions de pesetas en 1896, et le cours a varié de 61,55 à 66,60, ce qui n'est pas excessif, mais toujours supérieur aux cours d'il y a trente ans.

El Economista mexicana du 26 décembre 1896 nous apprend que le ministère du commerce (la Secretaria de Fomento) a lance une circulaire pour engager les agriculteurs et surtout les horticulteurs à former des « Sociétés coopératives » (des syndicats, vue de produire pour l'exportation.

MAURICE BLOCK.

en

LES PROGRES DE LA SCIENCE ECONOMIQUE

DEPUIS ADAM SMITH

Notre savant et laborieux collaborateur, M. Maurice Block, vient de publier la seconde édition considérablement augmentée de ses Progrès de la science économique depuis Adam Smith. Nous reproduisons la préface de cet ouvrage, qui est certainement l'exposé le plus complet que nous possédions de l'état actuel de la science.

Le présent ouvrage est le résultat d'une révision approfondie des doctrines économiques, tant des anciennes que des nouvelles écoles. Dans ce conflit des opinions qui caractérise notre époque, nous avons cherché la vérité, et rien que la vérité, d'abord pour nous-mêmes, et ensuite pour tous ceux et ils sont nombreux ces graves questions économiques et sociales.

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plusieurs années lui ont été consacrées

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qui s'intéressent à

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A en juger d'après le succès de la 1re édition, nous avons été bien inspiré aussi la présente 2e édition a-t-elle été préparée avec un grand soin et elle a été établie d'après le même procédé que la première pour chaque matière nous commençons par exposer l'état actuel de la science les vérités acquises -- telles qu'elles résultent de nos recherches, et nous ajoutons ensuite (en plus petits caractères) la discussion des opinions émises par tous les économistes de marque, à quelque école qu'ils appartinssent, en comparant le pour et le contre, en appréciant les arguments émis, et en les contrôlant par les faits, car l'économie politique est une science d'observation, elle ne doit rien à l'a priori.

Aussi l'opinion d'un individu, fût-il illustre comme Adam Smidt, ne constitue jamais la science. Celle-ci est le résultat du travail d'une élite de l'humanité et de nombreuses générations, car il faut du temps pour que la vérité se sépare de l'erreur, pour que la réalité se distingue de l'apparence, et que les causes soient sérieusement constatées.

La science économique, comme la plupart des autres, a été d'abord purement empirique ; elle a été créée en partie par des hommes d'État, et en partie par des commerçants, des industriels, des banquiers, etc., T. XXX. AVRIL 1897.

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