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qu'à 10,000 voyageurs en un seul jour. Voici comment est constitué le gouvernement de l'tle:

D'abord un lieutenant-gouverneur, nommé par la couronne, avec un traitement de 1,800 liv. st., réunit en principe dans ses mains tous les pouvoirs législatifs, administratifs et judiciaires. Il est assisté d'un conseil formé : 1o de l'évêque de Sodor et Man (2,000 liv. st. de traitement); 2° d'un attorney-general; 3° d'un clerc des rôles; 4o des deux Deemsters (successeurs des druides); 5° d'un receveur général; 6° d'un archidiacre,tous membres nommés également par la couronne ; 70 enfin d'un vicaire général nommé par l'évêque. Les actes du gouverneur en conseil, pour être valables, doivent être approuvés d'au moins deux de ces membres.

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Le conseil, joint à la Chambre des Clés (House of Keys), forme la législature dite Tynwald Court. La Chambre des Clés, ainsi nommée parce que les anciens législateurs étaient chargés de donner au gouvernement souverain la « clé » des traditions de l'ile, se compose de vingt-quatre membres, savoir: trois pour chaque sheading ou comté (Glanfaba, Michaël, Ayre, Garff, Middle et Rushen); un pour chacune des trois villes (Ramsey, Castletown et Peel); et trois pour la capitale, Douglas. Ajoutez deux chapelains pour les prières officielles. Les Clés sont élus pour sept ans, sauf droit de dissolution appartenant au gouverneur. Les conditions d'éligibilité sont un revenu foncier, dans l'île, d'au moins 400 livres sterling, ou de 50 livres seulement, mais avec un revenu mobilier additionnel de 100 livres. doivent posséder dans l'île, soit une tenure d'au moins 10 livres de revenu, ou une propriété de 8 livres, dans les comtés, soit, dans les villes, une propriété ou une location de 4 livres. Les veuves et filles non mariées ont les mêmes droits électoraux que les hommes.

Les électeurs

Le conseil et la Chambre des Clés votent séparément. Mais une mesure n'est admise qu'à la majorité de l'un et de l'autre. Contrairement aux us et coutumes de Westminster, les membres doivent siéger nutête et saluer respectueusement le gouverneur en passant devant lui. Ce dernier préside les séances; il peut garder indéfiniment la parole, et l'enlever aux orateurs indiscrets ou trop verbeux. Les affaires à l'ordre de la session sont imprimées et communiquées aux membres de la législature trois jours au moins avant l'ouverture: toute question imprévue ne peut être abordée qu'avec l'autorisation du gouverneur. Autrefois, les lois n'étaient exécutoires qu'après avoir été promulguées sur le mont Tynwald. Il leur suffit aujourd'hui de la sanction royale, contresignée par le gouverneur et le speaker des Clés. Néanmoins, chaque année, le jour de la saint Jean, le 5 juillet, ou le 6, si le 5 tombe un dimanche, on se réunit au fameux mont Tynwald, dont le nom rappelle le Thingwall de l'Islande, le Thing-völlr

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du Danemark, et dérive, assure-t-on, des mots thing (cour de justice, assemblée populaire) et völlr (champ) ou vold (plate-forme, rempart).

Le mont se trouve à mi-chemin entre les villes de Peel et de Douglas. C'est un monticule circulaire de deux cent cinquante-six pieds de circonférence, et représentant quatre étages concentriques, élevés de trois pieds l'un au-dessus de l'autre. On prétend qu'il est formé de terres apportées des dix-sept paroisses. Depuis 1577, le peuple s'y réunit chaque année pour entendre promulguer les lois votées l'année précédente. Après un office solennel, célébré dans l'église Saint-Jean, le gouverneur, la législature et les citoyens s'y rendent processionnellement; puis le premier Deemster lit, en anglais et en manx, l'intitulé et le sommaire des lois nouvelles.

La législation de l'ile a conservé un certain cachet spécial. Lorsqu'une femme a été violée, le premier Deemster doit lui remettre une corde, une épée et un anneau : la corde pour pendre le coupable, l'épée pour lui couper la tête, et l'anneau pour l'épouser, à son choix.

Les tribunaux, remaniés par l'acte judiciaire de 1883, forment aujourd'hui une haute Cour, comme en Angleterre. La moralité est d'ailleurs très grande; la police coûte 3,500 livres, et l'entretien des prisonniers moins de 200 livres, encore leur travail forcé rembourse-t-il une partie de ces frais minimes.

L'instruction publique est parfaitement organisée. Son budget est de 6,045 livres. On estime que l'ensemble des taxes et impôts, dans l'île, ne va pas à 1/1000 de la fortune mobilière et immobilière des habitants. Le budget total, durant l'année financière close au 31 mars 1886, a été de 55,552 livres sterling pour les recettes, et de 50,308 livres pour les dépenses, réparties principalement comme suit : Frais de perception.

Liste civile.

Entretien des ports.
Armée (volontaires).

Bâtiments publics.

Instruction publique.

Dette et amortissement.

Trésor impérial.

Aliénés.

2,984

16,049

2,543

224

849

6,045

10,375

10,000

875

Notons aussi que le gouvernement de l'ile était, en outre, créancier, à cette même date, de 23,000 livres prêtées sur ses excédents de revenus antérieurs, et qu'il possédait une réserve de 12,345 livres.

Jusqu'en 1867, le gouvernement était resté sous la dépendance des Stanleys, seigneurs de l'tle, qui réglaient tous les détails, y compris

l'organisation législative. Une impertinence de la Chambre des Clés envers quelques citoyens provoqua une petite révolution qui aboutit à rendre la Chambre élective. Maintenant, l'ile vit comme en république, et sa population, foncièrement religieuse et travailleuse, mérite d'être étudiée avec sympathie pour sa sagesse et sa prospérité.

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LA LOI DE LYNCH AUX ÉTATS-UNIS. Lynching, par M. Charles Deems. Century Magazine, novembre 1887. Le chiffre des assassinats aux EtatsUnis, en 1882, a été, d'après les rapports officiels, de 1,266. Il y a eu 93 personnes exécutées et 148 lynchées. Par conséquent, près de 1,055 criminels ont échappé à toute espèce de châtiments, en supposant un criminel par victime. Et ce dernier chiffre devrait s'accroître du nombre d'innocents qui ont pu être lynchés par méprise. Un assassin de sang-froid a donc plus de onze chances contre une de se soustraire à l'action de la loi, et cinq bonnes chances contre une de se tirer d'affaire parfaitement indemne.

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La loi de Lynch est surtout appliquée dans les Etats de l'ouest et du sud. Mais la non découverte du coupable est plus fréquente dans les villes populeuses de l'est. En moyenne, chaque Etat compterait donc, pour la seule année 1882, une quarantaine d'assassins vivant tranquillement, et peut-être honorablement, parmi les habitants du pays.

R. K.

L'ASSURANCE DES OUVRIERS CONTRE LES ACCIDENTS (Journal des économis tes, mai 1888). D'après un relevé fait par M. Gruner, en Allemagne, depuis le vote de la loi en vigueur, sur 1,000 accidents, 150 cas ont donné droit à des indemnités en 1887, alors que le chiffre n'était que de 105 en 1886; pourtant l'industrie n'est pas devenue plus dangereuse puisque le nombre des ouvriers tués est resté sensiblement le même, et l'état sanitaire n'est pas moins bon. La cause de l'augmentation doit être recherchée dans ce fait que l'ouvrier a compris le parti à tirer de la loi, et que s'il cherchait jadis à atténuer ses infirmités dans la crainte de ne pas être employé, il a reconnu que maintenant les infirmités sont un capital; le montant des indemnités a passé par ouvrier et par an de 0 fr. 64 en 1886, à 1 fr. 91 en 1887.

J. L.

TRAVAUX

DES ACADEMIES ET DES SOCIÉTÉS SAVANTES

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. Séance du 24 février 1888. M. Héron de Villefosse annonce, de la part de M. Thiers, membre de la commission archéologique de Narbonne, une intéressante découverte épigraphique faite dans cette ville. Il s'agit du fragment d'une table de bronze contenant une partie du règlement de l'assemblée provinciale de la Narbonnaise (Lex concilii provinciæ Narbonensis). C'est le premier document de ce genre connu jusqu'ici. Le fragment en question contient des portions de trente lignes, se rapportant à cinq paragraphes du règlement. Le second paragraphe concerne les honneurs dus aux citoyens qui ont exercé les fonctions de flamine. Un de ces honneurs, décerné sur la proposition du flamine entrant en charge, consiste en une statue sur la base de laquelle le flamine sortant pourra faire graver son nom, celui de son père, celui de la cité à laquelle il appartient, l'indication de l'année de son flaminat. Le paragraphe 3 se rapporte aux mesures à prendre lorsque le flamine est absent de la ville; le paragraphe 4 concerne le lieu de réunion de l'assemblée; le paragraphe 5 se rapporte à certains fonds dont le flamine pouvait disposer. Séance du 6 avril. M. J. Oppert lit un mémoire sur la situation des esclaves à Babylone. Les hommes libres étaient répartis et groupés dans des familles, des catégories, des castes. parmi lesquelles on peut citer celles des prêtres, des juges, des négociants, des tisserands, des charpentiers et une foule d'autres portant le nom d'un ancêtre. L'esclave jouissait d'une liberté extrême; sans doute, il devait au maître son travail, mais c'était tout. Il était capable de contracter, de posséder, de s'engager et d'engager même, jusqu'à un certain point, son maître. Dans tous les contrats relatifs à l'achat ou à la vente d'un esclave, on remarque deux clauses constantes : l'une stipule la garantie de la servitude royale, c'est-à-dire que l'esclave est acheté, réserve faite des droits que le roi pourrait faire valoir sur lui; l'autre est relative à la preuve que l'esclave ferait ultérieurement de sa descendance d'un homme libre. L'esclave qui dédommageait son maître avait le droit de le quitter. Un esclave pouvait servir de caution à un autre. Séance du mai. M. Mispoulet

fait connaître le résultat de l'examen du texte signalé précédemment par M. Héron de Villefosse. C'est une loi constitutionnelle (lex publica) émanée de l'empereur (lex data), sans le concours des comices. Par la restitution et le commentaire du premier paragraphe, M. Mispoulet établit que la fonction du flamine provincial a été calquée sur celle du flamine de Jupiter (flamen dialis) à Rome; et cela le conduit à préciser le rôle de ce personnage et le caractère du culte augustal dans les provinces. Les prérogatives accordées au flamine sortant de charge lui sont acquises de plein droit; elles n'exigent pas qu'il reçoive une investiture nouvelle, qu'il soit de nouveau legatus. A ce propos, l'auteur essaie d'expliquer en quoi consistait le droit «< d'apposer le sceau, attribué à l'ancien flamine (jus signandi); il s'agit vraisemblablement du droit d'attester ainsi l'authenticité des procès-verbaux et autres documents de l'assemblée de la province qu'on envoyait à l'empereur. Enfin il définit l'expression: le flamine est dans la cité, ou dans l'Etat (flamen in civitate est). Cette formule déclare en principe, que l'organisation de la cité comporte la présence du flamine, et la loi prévoit les cas où le flamine absent doit être suppléé.

ACADÉMIE DE MÉDECINE.

Séance du 1er mai 1888. M. le Dr Voisin a lu une note sur les effets de l'emprisonnement cellulaire en Belgique. Ce mode d'emprisonnement n'élève pas le chiffre de la mortalité, de la folie, du suicide. Pourtant, l'isolement d'avec les codétenus est rigoureux. Mais le système cellulaire est pratiqué sagement, chaque instant est employé ; le détenu reçoit huit à dix visites; il apprend un métier. La moyenne des malades est de 3 à 5 pour 400; celle des suicides de 1,24 pour 400 par an. Chez les prisonniers ayant déjà subi une réclusion de dix années et au delà, les conditions générales étaient satisfaisantes, l'état intellectuel n'accusait aucune dépression, l'aliénation mentale ne s'était déclarée que chez des prédisposés, enfin la gaieté des détenus attestait l'entière innocuité du régime cellulaire ainsi pratiqué.

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