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comme doyen de la Faculté de droit. Après une allocution de M. Labbé sur les services rendus par M. Beudant, nommé doyen honoraire, le secrétaire de la Faculté a lu l'arrêté ministériel élevant M. Colmet de Santerre à la dignité du décanat; le doyen a ensuite prêté le serment d'usage et retracé en quelques phrases les travaux de ses prédécesseurs.

M. Wallon, professeur de droit administratif à la Faculté de Toulouse, a été nommé, sur sa demande, professeur de code civil à la même Faculté.

M. Beauregard, agrégé, a été nommé professeur d'économie politique à la Faculté de Paris.

MM. Drumel, ancien député, Caillemer et Bodin ont été nommés doyens des Facultés de droit de Lille, Lyon et Rennes.

M. A. Franck, professeur de droit de la nature et des gens au Collège de France, a été admis à la retraite, sur sa demande, et nommé professeur honoraire.

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Concours. La Faculté de droit de Paris a choisi, pour les prix Rossi, les sujets suivants: concours de 1889, législation civile: De la tierce opposition; droit constitutionnel Principes de 1789 en matière de droits publics (liberté, égalité civile); concours de 1890, législation civile Titres au porteur dans la législation française et les principales législations étrangères.

Rentrée de la conférence du stage. La conférence du stage du barreau de Paris a repris ses travaux le 24 novembre. M. le bâtonnier Durier a prononcé le discours d'usage, consacré à mettre en lumière les qualités que doit avoir l'avocat, la droiture, la délicatesse, la probité et aussi la confraternité; suivant l'usage il a consacré la fin de son allocution aux confrères décédés: Hébert, Beaupré, Craquelin, G. Chaix d'Est-Ange, Treitt, P. Godin, Cas. Fournier, Batbie, Debladis, Richer, Rob. Dumesnil, H. Pascalis, Harismendy, Dobbé, Dufour, Dufay, Hébert, Carnay.

Le prix Laval a été décerné à M. J. Fournier; le prix Paillet à MM. Langlois, André et Gauly.

M. de Lanzac de Laborie a retracé le procès des ministres de Charles X; M. Ambr. Collin n'a pu lire l'éloge de Baroche.

Nécrologie. - MM. QUENTIN-BAUCHART, ancien conseiller d'Etat; CHEVALIER, ancien procureur général à Grenoble et à Angers, député; vice-amiral BOURGOIS, conseiller d'Etat; FLOGNY, vice président du tribunal de la Seine; GUILBON, ancien juge de paix à Paris, auteur de plusieurs publications juridiques utiles; GUINET, avocat, à Paris.

Jh L.

REVUE DES PÉRIODIQUES

ANGLETERRE.

Academy. 1887, 7 mai: Gérard Peace of Utrecht; 4 juin : Jevons Development of the athenian democracy; 2 juill. Ingram : History of the legislative Union of Great Britain and Ireland.

Athenæum. 1887, 14 mai: Franqueville Gouvernement et Parlement britannique; 16 juill. Clifford History of private bill legislation; 6 août Wartin: Digest of internat. law of the U. S.; Wakeman et Hassall Essays introductory to the study of constitutional history.

Contemporary Review. 1887, juill. G. Smith: Constitution du

Canada.

Edinburgh Review. 1887, janv. : Anciennes lois de Galles. English historical Review. 1887, avril: Lea: Confiscation pour hérésie au M. A.

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Indian Antiquary. 1886, sept.: Elliott Anciens modes de tenures chez les Mahrattes.

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:

Law magazine. 1887, mai: Cobbett Partnership in roman and english law; S. Baker: Coroners and fire inquests; laws of torts; Raikes Foreign maritime laws (suite en août); Travers Twiss on the law of nations in time of peace; août Butt: Reform and codification of the law of nations; Black Local government in Scotland; Niebuhr on the state of Ireland 1829; A. Rumsey: Postponed land transfer bill; nov. Travers Twiss International conventions for the neutralisation of territory and their application to the Suez Canal; Beven : Violenti non fit injuria in relation to statutory obligations; Ramanathan Outlines of jurisprudence or the philosophy of law; Raikes : Foreign maritime laws: Italy: Walcheren expedition and the public law of Europe; Carmichael international copyright C, U. S. A. and Canada.

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Law Quaterly Review. 1887, janv. : Chalmers: Législation sur les cours de comté; Bergne: Unions internationales pour la protection de la propriété littéraire et artistique; Lightwood: Possession en droit romain.

BIBLIOGRAPHIE

LE CODE CIVIL ET LE THÉATRE CONTEMPORAIN. M. ALEXANDRE DUMAS FILS,
MOREAU, agrégé à la Faculté de droit d'Aix. Paris, 1887.

par M. Félix

Voici un livre comme nous avons tous eu l'idée d'en faire un ; j'entends ceux d'entre nous qui ne se sont pas prématurément desséchés entre les feuillets de leur Code. Le Code civil dans le théâtre contemporain, ou le droit dans Balzac, ou encore la lettre de change dans le roman moderne, les curieuses monographies! Quel plaisir de tracer d'une plume légère cette surprenante évolution des rapports de la littérature et du droit. Le droit, qui n'avait guère prêté que quelques silhouettes à l'ancien théâtre, comme le M. de Bonnefoi du Malade imaginaire, devenu désormais, quelle métamorphose! - le grand agent de l'intérêt dramatique, fournissant le noeud de l'intrigue comme dans Mercadet, ou le dénouement comme dans Mme Caverlet, ou le sujet tout entier comme dans le Fils naturel; le droit toujours présent, enserrant chaque homme dans la fiction, comme il les tient tous dans la réalité, sorte de fatalité, tantôt mauvaise et tantôt bienfaisante, qui a ses dévots, ses faux prêtres, ses victimes, ses enthousiastes, et qui inspire à tous un peu de la terreur superstitieuse que nous éprouvons à l'aspect des choses très compliquées dont nous ne comprenons pas bien l'usage.

M. Félix Moreau, qui est un jeune, a été frappé de l'influence du droit dans le théâtre contemporain et, en particulier, dans le théâtre de M. Dumas fils; frappé et même un peu choqué. On a beau être séduit par ce prestigieux artificier qui se joue des difficultés et tire tant de drames des banalités de la vie juridique; on ne laisse pas de regimber un peu à certaines hérésies par trop apparentes. Puis, quand on s'aperçoit que cet emploi si fréquent du ressort juridique, cache une prétention non dissimulée de critiquer la loi, une croyance à une mission sociale de réformation et de progrès, on devient plus sévère envers un juge si rigoureux, et on lui demande compte de ses titres et de son savoir; enfin, lorsqu'on s'est convaincu que toute cette science est d'apparat comme un oripeau de théâtre, quand on a pris son auteur en flagrant délit d'erreur, d'ignorance, d'inter version des textes, et peut-être même plus, si l'on aime mieux les lettres que le droit, on se contente de sourire, si l'on aime plus le droit que les

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lettres, on s'arme d'une belle colère, et l'on dit nettement son fait à l'irrévérencieux dramaturge.

Voilà, si je ne m'abuse, ce qui s'est passé dans l'esprit de M. Moreau, et pourquoi, au lieu de traiter plus particulièrement du droit commun, inspirateur du théâtre moderne, sauf à relever d'un trait les libertés que l'on prend avec lui, il s'est attaché à relever infatigablement les marques de l'obsession juridique qu'il reproche à M. Alexandre Dumas, et la preuve des bévues qu'elle lui a fait commettre. Nous pouvions avoir un livre très littéraire où M. Moreau aurait parlé du droit, et il était de force à l'écrire : nous avons plutôt un nouveau livre de droit où il nous parle de littérature. Il semble que ces excellents éditeurs, Larose et Forcel, aient senti la nuance en donnant au livre de M. Moreau la classique couverture bleu-détrempé qui caractérise leurs solides publications.

Mais peut-être suis-je injuste pour M. Moreau; et, très probablement, à sa place, eussé-je fait comme lui. C'est un si rude jouteur que M. Dumas fils! Ce n'est pas avec lui qu'il faut entrer en lutte sur le terrain littéraire. La petite phrase nette, vibrante, métallique aurait bientôt fait de vous renverser dans la poussière, et il l'a bien prouvé à ce pauvre M. Cuvillier-Fleury qui, précisément, lui adressait le même reproche. Mieux vaut assurément rester sur le terrain que l'on connaît bien, s'y cantonner solidement et le défendre contre d'audacieuses incursions. Je suis bien aise de dire que, sous ce rapport, M. Moreau a su prendre une incontestable supériorité. C'est plaisir de voir avec quelle vigueur il défend le Code malmené et la loi en détresse. Tantôt il raille agréablement M. Dumas de sa monomanie juridique que n'arrête même pas la grande ombre du droit romain (p. 288), tantôt il lui reproche d'avoir confondu presque volontairement la situation des enfants naturels avec celle des enfants adultérins et incestueux, ce qui sape par la base son âpre réquisitoire contre la société (p. 270); tantôt il signale les stupéfiantes idées de cet auteur sur les divers régimes matrimoniaux, celui de la communauté par exemple, où tous les biens seraient communs entre les époux; ou sur la capacité de la femme mariée, non séparée, qui aurait le droit d'expulser le mari d'une maison dont elle serait propriétaire (p. 244); ou sur les divers empêchements qui peuvent arrêter la célébration d'un mariage (p. 231 et 125).

Tout cela est dit nettement, avec mesure, et souvent avec finesse; la colère, longtemps contenue, n'éclate qu'après le relevé de tous les méfaits, et, si elle s'exprime un peu haut, c'est bien tant pis pour M. Dumas qui n'aurait pas dû s'y exposer.

Je crois donc que la lecture du petit livre de M. Moreau sera attachante pour tous ceux qui se sont occupés de droit, elle pourra même

être curieuse pour les gens du monde, et je ne puis qu'exprimer le désir de voir mon collègue continuer sous peu la série que son titre semble annoncer.

Et maintenant, ai-je besoin d'une conclusion? Ce pourrait bien être celle-ci. Quand on voit tant d'erreurs accumulées dans un seul théâtre par un auteur auquel, certes, ne manquaient pas les moyens de se renseigner, on éprouve quelque méfiance à l'égard des arguments juridiques que peut fournir le théâtre des anciens, et, j'en demande bien pardon aux romanistes, ce n'est plus sans réserve que je les suivrai lorsqu'ils me citeront Plaute.

SAINT-MARC,

Professeur agrégé à la Faculté de droit de Bordeaux.

MONTESQUIEU, par M. Albert SOREL. Paris, Hachette, 1887. Un vol. in-12 de 176 pages.

La nouvelle et précieuse collection biographique des Grands Ecrivains français, publiée par la maison Hachette, vient de s'augmenter d'un volume consacré à Montesquieu. Le livre est charmant d'un bout à l'autre, plein de réflexions profondes qui prennent, par instants, la forme de saillies malicieuses. M. Sorel a dessiné le portrait de Montesquieu avec une extrême sobriété de lignes et une réserve d'excellent goût, mais sans rien dissimuler d'essentiel pour la connaissance du modèle. C'était un galant homme et un penseur : il aurait jugé indiscrets ceux qui se seraient enquis de sa personne, il se serait trouvé indiscret lui-même d'en occuper autrui. » Ses faiblesses furent le fruit naturel de l'éducation que lui donna son siècle. Au surplus, sa facilité de mœurs n'entame point l'autorité de ses écrits; et l'on peut dire qu'en somme, ou toute proportion gardée, ce fut un caractère dans un temps qui en produisit fort peu.

Cependant, malgré le plaisir que nous a causé sa lecture, nous ne saurions déclarer que le livre de M. Sorel nous ait pleinement séduit. Il y faudrait, à notre sens, quelques retouches, sans que, d'ailleurs, nous entendions retrancher rien aux éloges que lui ont décernés des critiques exigeants, comme M. Schérer, dans Le Temps, et M. Brunetière, dans la Revue des Deux-Mondes. Il suffirait de reviser certains passages pour y modifier des conclusions, dont il est facile de contes ter scientifiquement la justesse.

M. Sorel appartient à la catégorie des esprits diplomates, celle à laquelle, il en convient lui-même, n'appartenait point Montesquieu. Il sait, autant que personne, débrouiller l'écheveau des intrigues po

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