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et tu y serais encore à présent, si Dieu ne t'en eût retirée : et que ferais-tu dans ce rien?

Rendez grâces à Dieu. O mon grand et bon Créateur! combien vous suis-je redevable, puisque vous êtes allé me prendre dans mon néant, pour me rendre par votre miséricorde ce que je suis! Qu'est-ce que je ferai jamais pour bénir dignement votre saint nom et remercier votre immense bonté?

Confondez-vous. Mais, hélas! mon Créateur, au lieu de m'unir à vous par l'amour et l'obéissance, je me suis rendue toute rebelle par mes affections déréglées, me séparant et m'éloignant de vous pour me joindre au péché, n'honorant non plus votre bonté que si vous n'eussiez pas été mon Créateur.

Abaissez-vous devant Dieu. O mon âme! sache que le Seigneur est ton Dieu : c'est lui qui t'a faite, et tu ne t'es pas faite toi-même; ô Dieu, je suis l'ouvrage de vos mains.

Je ne veux donc plus désormais me complaire en moi-même, puisque de moi-même je ne suis rien. De quoi te glorifies-tu, ô cendre et poussière? mais, plutôt, ô vrai néant! de quoi t'exaltes-tu? Ah! pour m'humilier, je veux faire telle et telle chose, supporter tels et tels mépris; je veux changer de vie, et suivre désormais mon Créateur, et m'honorer de l'être si élevé qu'il m'a donné, l'employant tout entier à l'accomplissement de sa volonté, par les moyens qui me seront

indiqués et dont je me ferai instruire par mon père spirituel.

Conclusion.

Remerciez Dieu. Bénis ton Dieu, ô mon

âme, et que toutes mes entrailles louent

son saint nom, car sa bonté m'a tirée du néant, et sa miséricorde m'a créée.

Offrez. O mon Dieu! je vous offre l'être que vous m'avez donné, avec tout mon cœur; je le vous dédie et consacre.

Priez. O Dieu! fortifiez-moi en ces affections et résolutions; ô sainte Vierge! recommandez-les à la miséricorde de votre Fils, avec toutes les personnes pour qui je dois prier, etc. Pater noster. Ave, Maria.

Au sortir de l'oraison, en vous promenant un peu, recueillez des considérations que vous avez faites un petit bouquet de dévotion pour en respirer le parfum durant la journée.

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CHAPITRE X. De la fin pour laquelle nous sommes créés.

MEDITATION II.

Préparation.

Mettez-vous devant Dieu.

Priez-le qu'il vous inspire.

Considérations.

I Dieu vous a mise au monde, ce n'est pas qu'il eût besoin de vous; car vous lui êtes complètement inutile; c'est uniquement parce qu'il

voulait exercer sur vous sa bonté, en vous donnant sa grâce et sa gloire. A cette fin il vous a donné l'entendement pour le connaître, la mémoire pour vous souvenir de lui, la volonté pour l'aimer, l'imagination pour vous représenter ses bienfaits, les yeux pour voir les merveilles de ses ouvrages, la langue pour le louer et ainsi des autres facultés.

Etant créée et mise en ce monde à cette intention, vous devez rejeter et éviter toutes les actions qui sont contraires à cette fin; et mépriser comme vaines et superflues toutes celles qui ne peuvent vous y conduire.

Considérez le malheur du monde, qui ne pense point à cela, mais vit comme s'il croyait n'être créé que pour bâtir des maisons, planter des arbres, amasser des richesses et courir après les amusements frivoles.

Affections et résolutions.

Confondez-vous, reprochant à votre âme

sa misère, qui a été si grande jusqu'à ce jour, qu'elle n'a que peu ou point pensé à tout ceci. Hélas! vous direz-vous, à quoi pensai-je, ô mon Dieu, quand je ne pensais point à vous? de quoi me souvenais-je, quand

je vous oubliais? qu'aimais-je, quand je ne vous aimais pas? Hélas! je devais me nourrir de la vérité, et je me remplissais de la vanité et je servais le monde, qui n'est fait que pour

me servir.

Détestez la vie passée. Je vous répudie, pensées vaines et projets inutiles; je vous abjure, ô souvenirs détestables et frivoles; je vous réprouve, amitiés infidèles et déloyales, services perdus et misérables, gratifications ingrates, complaisances fâcheuses.

Convertissez-vous à Dieu. Et vous, ô mon Dieu, mon Sauveur, vous serez dorénavant le seul objet de mes pensées; non, jamais plus je n'appliquerai môn esprit à des choses qui vous sont désagréables. Ma mémoire se remplira, tous les jours de ma vie, de la grandeur de votre bonté, si doucement exercée à mon endroit. Vous serez les délices de mon cœur et la suavité de mes affections.

Ah! donc tels et tels amusements auxquels je m'adonnais, tels et tels vains exercices auxquels j'employais mes journées, telles et telles affections qui engageaient mon cœur, me seront désormais en horreur; et à cette intention j'userai de tels et tels remèdes,

Conclusion.

Remerciez Dieu qui vous a faite pour une

fin si excellente. Seigneur, vous m'avez faite pour vous, afin que je jouisse éternelle

ment de l'immensité de votre gloire; quand sera-ce que j'en serai digne, et quand vous bénirai-je, selon mon devoir?

Offrez. Je vous offre, ô mon cher Créateur, toutes ces mêmes affections et résolutions, avec toute mon âme et mon cœur.

Priez. Je vous supplie, ô mon Dieu, d'avoir pour agréables mes souhaits et mes vœux, et de donner votre sainte bénédiction à mon âme, à cette fin qu'elle puisse les accomplir par le mérite du sang de votre Fils répandu sur la croix.

Faites le petit bouquet de dévotion.

CHAPITRE XI.- Des bienfaits de Dieu.

MÉDITATION III.

Préparation.

Mettez-vous en la présence de Dieu.
Priez-le qu'il vous inspire.

Considérations.

onsidérez les grâces corporelles que Dieu vous a départies, que! corps il vous a donné, quelles facilités pour l'entretenir, quelle santé, quelles consolations, quels amis, quelles assistances; mais cela, considérez-le en vous

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