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comparant à tant d'autres personnes qui valent mieux que vous, et qui néanmoins sont privées de ces avantages, les unes difformes, malades, estropiées; les autres abandonnées à la merci des opprobres, du mépris et du déshonneur; les autres accablées par la pauvreté; et Dieu n'a pas voulu que vous fussiez si misérable.

Considérez les dons de l'esprit : combien y a-t-il au monde de gens hébétés, furieux, insensés; et pourquoi n'êtes-vous pas de ce nombre? Dieu vous a favorisée; combien y en a-t-il qui ont été élevés grossièrement et dans une extrême ignorance, tandis que la Providence divine vous a procuré une éducation soignée et honorable.

Considérez les grâces spirituelles : ô Philothée, vous êtes l'enfant de l'Eglise, Dieu vous a enseigné sa connaissance dès votre jeunesse. Combien de fois vous a-t-il donné ses sacrements? combien de fois des inspirations, des lumières intérieures, des reproches pour votre amendement? combien de fois vous a-t-il pardonné vos fautes? combien de fois délivrée des occasions où vous étiez exposée à vous perdre? Et ces années passées, n'étaient-ce pas autant de loisirs et de facilités qui vous étaient donnés pour avancer le salut de votre âme? Voyez un peu, en détail, combien Dieu vous a été doux et gracieux.

Affections et résolutions.

A Dmirez la bonté de Dieu. O que mon

Dieu est bon à mon égard! oh qu'il est

bon! Que votre cœur, Seigneur, est riche en miséricorde et abondant en libéralités! O mon âme, racontons à jamais combien de grâces il nous a faites.

Considérez votre ingratitude. Mais que suis-je, Seigneur, que vous ayez eu mémoire de moi? Oh que mon indignité est grande! Hélas! j'ai foulé aux pieds vos bienfaits, j'ai déshonoré vos grâces, les convertissant en abus et mépris de votre souveraine bonté; j'ai opposé l'abîme de mon ingratitude à l'abîme de votre grâce et faveur.

Excitez-vous à la reconnaissance. Allons donc ô mon cœur, cesse d'être infidèle, ingrat et déloyal envers ce grand bienfaiteur. Et comment mon âme ne sera-t-elle pas désormais soumise à Dieu, qui a fait tant de merveilles et de grâces en moi et pour moi?

Ah! donc, Philothée, dégagez votre corps de telles et telles voluptés, assujettissez-le au service de Dieu, qui a tant fait pour lui; appliquez votre âme à le connaître et hono. rer, par tels et tels exercices qui sont requis pour cela. Employez soigneusement les moyens que vous trouvez en l'Eglise, pour vous sauver et aimer Dieu; oui, je fréquenterai l'oraison et les sacrements; j'écouterai

la sainte parole, je pratiquerai les inspirations ¦et conseils.

Conclusion.

REmerciez Dieu de la connaissance qu'il

vous a donnée maintenant de votre devoir, et de tous les bienfaits reçus jusqu'à ce jour.

Offrez-lui votre cœur avec toutes vos résolutions.

Priez-le qu'il vous fortifie, pour les pratiquer fidèlement par le mérite de la mort de son Fils; implorez l'intercession de la Vierge et des saints. Pater noster. Ave, Maria.

Faites le petit bouquet spirituel.

CHAPITRE XII.

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Des péchés.

MÉDITATION IV.

Préparation.

Mettez-vous en la présence de Dieu.
Suppliez-le qu'il vous inspire.

Considérations.

Ensez combien il y a que vous avez commencé à pécher, et voyez combien, dès ce premier commencement, les péchés se sont multipliés en votre cœur, comment tous les jours vous les avez accrus contre Dieu, contre vous

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même, contre le prochain, par œuvre, par parole, par désir et pensées.

Considérez vos mauvaises inclinations, et combien vous les avez suivies. Et par ces deux points vous verrez que vos fautes sont plus nombreuses que les cheveux de votre tête, voire même que le sable de la mer.

Considérez en particulier le péché d'ingratitude envers Dieu; péché général, qui, en se répandant sur tous les autres, les rend infiniment plus énormes; voyez donc combien Dieu vous a accordé de bienfaits et combien vous avez abusé contre lui de ses dons; combien, par exemple, d'inspirations méprisées, de bons mouvements rendus inutiles! Combien de fois surtout avez-vous reçu les sacrements, et où en sont les fruits? que sont devenus ces précieux joyaux dont votre cher époux vous avait ornée? tout cela a disparu sous vos iniquités; ces sacrements, avec quelle préparation les avez-vous reçus? Pensez à cette ingratitude : Dieu a tant couru après vous pour vous sauver, et vous, vous avez toujours fui devant lui pour vous perdre.

Affections et résolutions.

HUmiliez-vous profondément à la vue de

misère. O mon Dieu! comme osé-je comparaître devant vos yeux? Hélas! je ne suis qu'un rebut du monde et un égout

d'ingratitude et d'iniquité. Est-il possible que j'aie été déloyale à ce point que je n'ai pas laissé un seul de mes sens, pas une des puissances de mon âme, que je n'aie gâtée, profanée et souillée, et que pas un jour de ma vie ne se soit écoulé, sans que je n'aie produit de si mauvais effets? Est-ce ainsi que je devais payer les bienfaits de mon Créateur et le sang de mon Rédempteur?

Demandez pardon, et jetez-vous aux pieds du Seigneur comme un enfant prodigue, comme une Madeleine. O Seigneur, miséricorde pour cette pécheresse! O source vive de compassion, ayez pitié de cette misérable.

Proposez-vous de vivre mieux. O Seigneur, non jamais plus, moyennant votre grâce, non jamais plus je ne m'abandonnerai au péché.

Hélas! je ne l'ai que trop aimé, je le déteste, et je vous embrasse. O Père de miséricorde, je veux vivre et mourir en vous.

Pour effacer les péchés passés, je m'en accuserai courageusement, et je n'en laisserai pas un que je ne déclare.

Je ferai tout ce que je pourrai pour arracher de mon cœur jusqu'aux dernières racines de mes péchés, particulièrement de tels et tels qui me causent plus de douleur.

Et, pour y arriver, j'embrasserai constamment les moyens qui me seront conseillés, ne croyant jamais avoir assez fait pour réparer de si grandes fautes.

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