Images de page
PDF
ePub

repos, sans ordre et sans contenance. Voyez comme ils se méprisent les uns les autres, et comme ils ne s'aiment que par de faux semblants. Enfin vous verrez une calamiteuse république, tyrannisée par ce roi maudit, et où tout vous fera compassion.

A votre droite, voyez JÉSUS-CHRIST crucifié, qui avec un amour cordial prie pour ces pauvres esclaves, qui les conjure de se soustraire à cette tyrannie, et de venir à lui. Voyez une grande troupe de dévots qui sont autour de lui avec leurs anges; contemplez la beauté de ce royaume de dévotion. Qu'il fait beau de voir cette troupe de vierges, hommes et femmes, plus blanche que les lis, cette assemblée de veuves pleines d'une sainte mortification et humilité! Voyez ces personnes mariées, qui vivent si doucement ensemble avec ce respect mutuel, qui ne peut être sans une grande charité; voyez comme ces dévotes âmes marient le soin de leur maison extérieure avec le soin de l'intérieure, l'amour de leur mari avec celui de l'Epoux céleste. Regardez généralement partout: vous les verrez tous en une contenance sainte, douce, aimable, écoutant Notre-Seigneur, et aspirant tous à le conserver au milieu de leur coeur.

Ils se réjouissent, mais d'une joie gra cieuse, charitable et bien réglée; ils s'entr'aiment, mais d'un amour sacré et très pur. Ceux qui ont des afflictions en ce peuple dévot ne

se tourmentent pas beaucoup et n'en perdent point contenance; bref, voyez le Seigneur abaissant les yeux sur eux pour les consoler, et eux-mêmes aspirant tous ensemble à lui.

Vous avez désormais quitté Satan, avec sa triste et malheureuse troupe, par les bonnes affections que vous avez conçues; et néanmoins vous n'êtes pas encore arrivée au roi JÉSUS, ni jointe à son heureuse et sainte compagnie de dévots; mais vous avez été toujours entre l'un et l'autre.

La Vierge sainte, avec saint Joseph, saint Louis, sainte Monique et cent mille autres qui sont dans la phalange de ceux qui ont vécu dans le monde, vous invitent et vous encouragent,

Le Roi crucifié vous appelle par votre nom propre, venez, ô ma bien-aimée! venez, afin que je vous couronne.

Election.

Monde! ô troupe abominable! non ja

mais vous ne me verrez sous votre drapeau. J'ai quitté pour jamais vos folies et vanités. Roi d'orgueil, ô roi de malheur, esprit infernal! je te répudie avec toutes tes vaines pompes; je te déteste avec toutes tes œuvres.

Et me convertissant à vous, non doux JÉsus, roi de bonheur et de gloire éternelle, je vous embrasse de toutes les forces de mon âme; je vous adore de tout mon cœur; je vous

choisis maintenant et pour jamais pour mon roi, et, par mon inviolable fidélité, je m'attache irrévocablement à votre service et me soumets à l'obéissance de vos saintes lois et ordonnances.

O Vierge sainte, ma chère Dame, je vous choisis pour guide; je me range sous votre bannière; je vous offre un respect particulier et une révérence toute spéciale.

O mon saint ange! présentez-moi à cette sainte assemblée, ne m'abandonnez point jusqu'à ce que j'arrive à cette heureuse compagnie, avec laquelle je dis et dirai à jamais, en témoignage de mon choix : Vive JÉSUS! vive JÉSUS! HEHEHEESE EEEEEEEEEE

[merged small][ocr errors][merged small]

oilà donc, ma chère Philothée, les méditations que requiert le but que nous nous proposons d'atteindre; quand vous les aurez faites, allez courageusement en esprit d'humilité faire votre confession générale. Mais je vous prie, ne vous laissez point troubler par aucune sorte d'appréhension. Le scorpion qui nous a piqués est venimeux en nous piquant; mais, étant réduit en huile, c'est un grand médicament contre sa propre piqûre; le péché n'est honteux que quand nous le faisons;

1

mais, étant converti en confession et pénitence, il est honorable et salutaire. La contrition et confession sont si belles et de si bonne odeur, qu'elles effacent la laideur et dissipent l'infection du péché. Simon le lépreux disait que Madeleine était pécheresse; mais Notre-Seigneur dit que non, et il ne parle plus que des parfums qu'elle a répandus et de la grandeur de sa charité. Si nous sommes bien humbles, Philothée, notre péché nous déplaira infiniment, parce que Dieu en est offensé, mais l'accusation de notre péché | nous sera douce et agréable, parce que Dieu en est honoré : ce nous est une sorte d'allégement de bien dire au médecin le mal qui nous tourmente. Quand vous serez arrivée devant votre père spirituel, imaginez-vous être sur la montagne du Calvaire, aux pieds de JÉSUS-CHRIST crucifié, dont le sang précieux coule de toutes parts, pour vous laver de vos iniquités. Car, bien que ce ne soit pas le propre sang du Sauveur, c'est néanmoins le mérite de son sang répandu qui arrose abondamment les pénitents autour des confessionnaux. Ouvrez donc bien votre cœur pour en faire sortir les péchés par la confession; car, à mesure qu'ils en sortiront, le précieux mérite de la Passion divine y entrera pour le remplir de bénédiction.

Mais dites bien toutes vos fautes simplement et naïvement, contentez une bonne fois

votre conscience à cet égard. Et, cela fait, écoutez les avis et les recommandations du serviteur de Dieu et dites en votre cœur : Parlez, Seigneur, car votre servante vous écoute. Oui, c'est Dieu, Philothée, que vous écoutez, puisqu'il a dit à ses vicaires : "Qui vous écoute, m'écoute." Prenez ensuite en main la protestation suivante, que vous devez déjà avoir méditée et considérée auparavant, et qui servira de conclusion à tous vos actes de pénitence; lisez-la attentivement et avec le plus de componction qu'il vous sera possible.

CHAPITRE XX.

[ocr errors]

Protestation authentique pour graver en l'âme la résolution de servir Dieu, et conclure les actes de pénitence.

E soussignée, constituée et établie en la présence de Dieu éternel et de la cour céleste, ayant considéré

l'immense miséricorde de sa divine bonté envers moi, très indigne et chétive créature, qu'elle a créée de rien, conservée, soutenue, délivrée de tant de dangers et comblée de tant de bienfaits: mais surtout ayant considéré cette incompréhensible douceur et clémence avec laquelle ce Dieu très bon m'a si bénignement tolérée en mes iniquités, si souvent et si suavement exhortée à

[graphic]
« PrécédentContinuer »