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Sur des morts entaffés c'est marcher trop longtems. Noailles oo), ramenez vos foldats triomphans. Mars voit avec plaifir leurs mains victorieufes Traîner dans notre champ ces machines affreufes, Ces foudres ennemis contre nous dirigés.

Venez lancer ces traits que leurs mains ont forgés;
Qu'ils renverfent par vous les murs de cette ville,
Du Batave indécis la barrière & l'azile,

Ces premiers pp) fondemens de l'Empire des Lis.
Puiffent-ils par vos mains être enfin raffermis!
Déja Tournay se rend, déja Gand s'épouvante :
Charles-Quint s'en émeut, fon ombre gémiffante
Pouffe un cri dans les airs, & fuit de ce féjour
Où pour vaincre autrefois le Ciel le mit au jour.
11 fuit: mais quel objet pour cette ombre allarmée!
Il voit ces vastes champs couverts de notre armée;
L'Anglais, deux fois vaincu, cédant de toutes parts,
Dans les mains de Louis laiffant fes étendarts;
Le Belge en vain caché dans ses villes tremblantes,
Les murs de Gand tombés fous fes mains foudroyantes,
Et fon char de victoire, en ces vaftes remparts gq),
Ecrafant le berceau du plus grand des Céfars rr).
Français heureux guerriers, vainqueurs doux &
terribles,

Revenez, fufpendez dans nos Temples paifibles
Ces armes, ces drapeaux, ces étendarts fanglans.
Que vos chants de victoire animent tous nos chants,
Les palmes dans les mains nos peuples vous attendent;
Nos cœurs volent vers vous,nos regards vous demandent;
Vos mères, vos enfans, près de vous empreffés,
Encor tout éperdus de vos périls paffés,

Vont baigner dans l'excès d'une ardente allégreffe,
Vos fronts victorieux de larmes de tendreffe.
Accourez, recevez à votre heureux retour,
Le prix de la vertu par les mains de l'amour.

NOTES.

E Comte Maréchal de Saxe, dangereufement ma

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douleurs & fa faibleffe l'empêchaient de fe tenir à cheval.

Il dit au Roi, qui l'embraffa, après le gain de la bataille, les mêmes chofes qu'on lui fait penfer ici.

b) Mr. le Duc d'Harcourt avait invefti Tournay. c) Maréchal de France.

d) Grand-Maître d'artillerie.

Il s'était fignalé à la bataille de Dettingen.

f) Mr. de Danoy fut retiré par fa nourrice d'une foule de morts & de mourans fur le champ de Malplaquet, deux jours après la bataille. C'est un fait certain: cette femme vint avec un paffeport, accompagnée d'un Seigneur du Regiment du Roi, dans lequel était alors cet Officier.

g) Les Lieutenans-Généraux chacun à leur divifion. h) Il allait être Maréchal de France.

i) Dix-neuf Officiers du Régiment du Hainaut ont été tués ou bleffés. Son frère, le Prince de Beauvau, fert en Italie.

k) Mr. de Longaunay, Colonel des nouveaux grenadiers, mort depuis de fes bleffures.

1) Officiers de l'Etat-major, Meffieurs de Puifegur, de Mezière, de St. Sauveur, de St. George.

m) Le Duc d'Avray, Colonel du Régiment de la Cou

ronne.

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n) Mr. de Croiffy avec fes deux enfans, & fon neveu Mr. Dupleffis-Chatillon bleffé légèrement.

o) Tous les Officiets de fon Régiment Royal des Vaiffeaux, hors de combat, lui feul ne fut point bleffé.

P) Mr. Daché (on l'écrit Dapcher) Lieutenant-Général. Mr. de Lutteaux, Lieutenant-Général, mort dans les opé- · rations du traitement de fes bleffures.

9) Mr. Du Brocard, Maréchal de camp, commandant l'artillerie.

r) Un boulet de canon couvrit de terre un homme entre le Koi & Monfeigneur le Dauphin ; & un domeftique de Mr. le Comte d'Argenfon fut atteint d'une balle de fufil derrière eux.

s) Les Gardes, les Gendarmes, les Chevaux-légers, les Moufquetaires fous Mr. de Monteffon, Lieutenant-Général. Deux bataillons des Gardes Françaifes & Suiffes, &c.

t) Mr. le Prince de Soubife prit fur lui de feconder Mr. le Comte de la Marche, dans la défense obstinée du pofte d'Antoin; il alla enfuite fe mettre à la tête des Gendarmes, comme Mr. de Pecquigny à la tête des Chevaux-légers: ce qui contribua beaucoup au gain de la bataille.

u) Carabiniers, Corps inftitué par Louis XIV. Ils tirent avec des carabines rayées. On fait avec quel éloge le Roi les a nommés dans fa lettre.

x) Grenadiers à cheval commandés par Mr. le Chevalier de Grille; ils marchent à la tête de la Maifon du Roi. y) Un Miniftre d'Etat, qui n'a point quitté le Roi pendant la bataille, a écrit ces propres mots : C'eft Mr. de Richelieu qui a donné ce confeil, & qui l'a exécuté.

) Mr. le Comte de la Marck, au pofte d'Antoin. aa) Meffieurs de la Vauguion, Choifeuil-Meufe, &c. aux retranchemens faits à la hâte dns le village de Fonte

J

noy. Mr. de Créqui n'était point à ce pofte, comme on l'a-
vait dit d'abord, mais à la tête des Carabiniers.

bb) Quatre efcadrons de la Gendarmerie arrivaient après
fept heures de marche, & attaquèrent.

cc) Un cheval fougueux avait emporté le porte-étendart dans la colonne Anglaife. Mr. de Caftelmoron, âgé de 15. ans, lui cinquiéme, alla le reprendre au milieu du camp des. ennemis. Mr. de Bellet commandait ces efcadrons de la Gendarmerie; il y eut un cheval tué fous lui, auffi- bien que Mr. de Chimènes en reformant une brigade.

dd) Mr. le Duc de Biron eut le commandement de l'Infanterie, quand Mr. de Lutteaux fut hors de combat; il chargea fucceffivement à la tête de prefque toutes les brigades. ce) Mr. de Luxembourg, Mr. de Loigni, & Mr. de Tingri. f) Le Duc de Saxe- Weimar, fous qui le Vicomte de Turenne fit fes premières campagnes. Mr. de Turenne eft arrière-neveu de ce grand homme.

38) Ce reproche de férocité ne tombe que fur le foldat, & non fur les officiers, qui font auffi généreux que les nôtres. On m'a écrit, que lorfque la colonne Anglaise déborda Fontenoy, plufieurs foldats de ce corps criaient, no quarter, no quarter, point de quartier.

hh) Les régimens de Diesbach, de Betens, & de Cour-
ten, &c. avec des bataillons des Gardes Suiffes.

ii) Le Régiment de Normandie qui revenait à la charge
fur la colonne Anglaife, tandis que la Maifon du Roi, la
Gendarmerie, les Carabiniers, &c. fondaient fur elle,
kk) Mr. de Lowendahl.

&

11) Mr. le Comte d'Estrée à la tête de fa divifion
Mr. de Brionne à la tête de fon Régiment, avaient enfoncé
les Grenadiers Anglais le fabre à la main

mm (Depuis St. Louis aucun Roi de France n'avait battu
les Anglais en perfonne en bataille rangée.

An On envoya quelques dragons à la pourfuite: Ce corps était commandé par Mr. le Duc de Chevreufe, qui s'était diftingué au combat de Sahy, où il avait reçu trois bleffures. L'opinion la plus vraisemblable fur l'origine du mot Dragon, eft qu'ils portèrent un dragon dans leurs étendarts fous le Maréchal de Briffac, qui inftitua ce Corps dans les guerres du Piémont.

oo) Le Comte de Noailles attaqua de fon côté la colonne d'infanterie Anglaise avec une Brigade de cavalerie, qui prit enfuite des canons.

PP) Tournay, principale ville des Français tous la première race, dans laquelle on a trouvé le tombeau de Childeric.

97) La ville de Gand foumife à Sa Majefté le 11. Juillet, après la défaite d'un corps d'Anglais par Mr. du Chaila, à la tête des brigades de Crillon & de Normandie, le Régiment de Graffin, &c.

rr) Des Céfars modernes.

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РОЁМЕ

SUR LE

DESASTRE DE LISBONNE.

PRÉFAC E.

I jamais la queftion du mal phyfique a mérité l'attention de tous les hommes, c'eft dans ces événemens funeftes qui nous rappellent à la contemplation de notre faible nature comme les peftes générales qui ont enlevé le quart des hommes dans le monde connu, le tremblement de terre qui engloutit quatre cent mille perfonnes à la Chine en 1699, celui de Lima & de Callav, & en dernier lieu celui de Portugal & du Royaume de Fez. L'axiome, Tout eft bien, paraît un peu étrange à ceux qui font les témoins de ces défaftres. Tout eft arrangé, tout eft ordonné, fans doute, par la Providence; mais il n'eft que trop fenfible, que tout depuis long-tems n'eft pas arrangé pour notre bien-être préfent.

*Lorfque l'illuftre Pope donna fon Effai fur l'homme, & qu'il dévelopa dans fes vers immortels les fyftemes de Leibnitz, du Lord Shaftersburi, & du Lord Bolingbrooke, une foule de Théologiens de toutes les Communions attaqua ce fyftême. On fe révoltait contre cet Axiome nouveau, que Tout eft bien, que l'homme jouït de la feule mesure du bonheur dont fon être foit fufceptible, &c... Il toujours un fens dans lequel on peut condamner un écrit, & un fens dans lequel on peut l'approuver. Il Tome I.

S

y a

1

ferait bien plus raisonnable de ne faire attention
qu'aux beautés utiles d'un ouvrage, & de n'y point
chercher un fens odieux. Mais c'est une des imper-
fections de notre nature, d'interpréter malignement
tout ce qui peut être interprété, & de vouloir dé-
crier tout ce qui a eu du fuccès.

On crut donc voir dans cette propofition, Tout
eft bien, le renversement du fondement des idées
reçues. Si Tout eft bien, difait-on, il eft donc faux
que la Nature humaine foit déchue. Si l'ordre gé-
néral exige que tout foit comme il eft, la Nature
humaine n'a donc pas été corrompue; elle n'a donc
pas eu befoin de Rédempteur. Si ce Monde, tel qu'il
eft, eft le meilleur des Mondes poffibles, on ne peut
donc pas efpérer un avenir plus heureux. Si tous les
maux dont nous fommes accablés font un bien géné-
ral, toutes les nations policées ont donc cu tort de
rechercher l'origine du mal physique & du mal moral.
Si un homme mangé par les bêtes féroces fait le
bien-être de ces bêtes, & contribue à l'ordre du
nonde; fi les malheurs de tous les particuliers ne font
que la fuite de cet ordre général & néceffaire; nous
ne fommes donc que des roues qui fervent à faire
jouer la grande machine; nous ne sommes pas plus
précieux aux yeux de DIEU que les animaux qui
nous dévorent.

Voilà les conclufions qu'on tirait du Poëme de Mr. Pope; & ces conclufions mêmes augmentaient encor la célébrité & le fuccès de l'ouvrage. Mais on devait l'envisager fous un autre afpect. Il falait confidérer le refpect pour la Divinité, la réfignation qu'on doit à fes ordres fuprêmes, la faine MoTale, la Tolérance, qui font l'ame de cet excellent écrit. C'est ce que le public a fait ; & l'ouvrage ayant été traduit par des hommes dignes de le traduire, a triomphe d'autant plus des critiques, qu'elles Toulaient fur des matières plus délicates.

C'eft le propre des cenfures violentes, d'accréditer les opinions qu'elles attaquent. On crie contre un livre parce qu'il réuffit, on lui impute des erreurs.

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