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traiter de chacun d'eux avec plus d'étendue

que je ne ne l'aurois pu faire autrement; & je me Hatte que ce que j'en ai dit fuffira pour donner une idée nette de leurs propriétés.

CHAPITRE II I.

'Des fourneaux, creufets, coupelles, & autres inftrumens néceffaires aux opérations chimiques de l'Orfèvrerie.

SECTION PREMIÈRE.

LES

Théorie générale des fourneaux.

ES fourneaux font des inftrumens qui fervent à contenir le feu, c'est-à-dire, les matières dont la combuftion doit procurer les degrés de chaleur néceffaires pour les différentes opérations, ainsi que les fubftances mêmes auxquelles la chaleur doit être appliquée.

Comme les Chimiftes ont befoin de tous les degrés de chaleur poffibles, & que la ftructure des fourneaux contribue infiniment à produire les différens degrés de chaleur, ils ont imaginé une infinité de fourneaux de forme & de conftruction différentes; mais

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tous ces fourneaux peuvent fe rapporter à un petit nombre de difpofitions générales dont je parlerai après avoir pofé les règles théoriques de leur conftruction.

Le principal but qu'on se propose en conftruifant un fourneau, c'eft qu'il produife le plus grand degré de chaleur, avec le moins de matière combuftible poffible, & fans fe fecours des foufflets. Or il faut pour cela que fa ftructure foit telle, qu'il fe forme un courant d'air déterminé à traverfer perpétuellement le foyer; & plus ce courant d'air fera fort & rapide, plus auffi la chaleur fera confidérable dans l'intérieur du fourneau.

Le grand moyen pour produire cet effet, c'est de ménager dans la partie fupérieurê du fourneau, un éspace fermé de tous côtés excepté par en haut & par en bas, parce qué l'air contenu dans cette cavité étant raréfié & chaffé par la chaleur que produifent les matières qui brûlent dans le fourneau, il fé forme dans cet endroit un vide que l'air extérieur tend néceffairement à occuper, en vertu de fa pefanteur.

Le fourneau doit donc être difpofé de manière que l'air extérieur foit forcé d'entrer par le cendrier, & de traverfer le foyer, pour

aller remplir le vide qui fe forme continuelle ment, tant dans l'intérieur du fourneau, que dans fa cavité fupérieure.

On augmentera encore beaucoup l'activité du feu, fi le fourneau fe rétrécit par le haut, & dégénère en un tuyau d'un moindre diamètre; alors l'air raréfié fe trouve forcé d'accélérer confidérablement fon cours, en paffant par cet efpace plus étroit, & furmonte avec beaucoup d'avantage la preffion de l'air fupérieur: il suit de là, que l'air qui s'introduit par la partie inférieure du fourneau, pour remplir le vide qui fe forme continuellement dans la partie fupérieure, paffe d'autant plus rapidement à travers le foyer, qu'il trouve moins d'obstacle par le haut, & que par conféquent cette difpofition du fourneau détermine néceffairement un courant d'air fort & rapide, à le traverfer de bas en haut.

Il eft aifé de fentir, d'après ce qui vient d'être dit, que plus l'efpace où l'air se raréfie dans la partie fupérieure du fourneau est grand, & plus le courant d'air extérieur qui eft forcé d'entrer dans le fourneau pour remplir ce vide, eft fort & rapide, plus par conféquent le charbon qu'il contient doit brûler avec activité. De là vient que ces fourneaux

produifent d'autant plus de chaleur, que le tuyau qui eft à leur partie fupérieure, le tuyau d'afpiration, eft plus long.

Mais quoique notre fourneau doive fon activité en très-grande partie au rétréciffement de fa partie fupérieure ou à fon tuyau, ce feroit cependant un grand inconvénient que ce tuyau fût trop étroit; l'expérience a appris qu'un fourneau furmonté d'un tuyau d'afpiration trop étroit, quelle que foit d'ail leurs fa longueur, ne produit presque aucun effet, en comparaifon de celui qu'il peut produire lorfqu'il a un tuyau d'un diamètre fuffifant. Il eft même conftant que quand le tuyau d'afpiration eft trop étroit, plus il a de hauteur, moins le fourneau tire.

Il fuit de là, qu'il faut néceffairement qu'il y ait un certain rapport entre le diamètre du tuyau d'aspiration, la capacité intérieure du fourneau, & l'ouverture du cendrier. Ce rapport du tuyau doit être à celui du fourneau comme deux font à trois; c'est-à-dire, qu'il en doit être les deux tiers, fur-tout lorfqu'on lui donne une longueur fuffifante.

A l'égard de l'ouverture du bas du fourneau, elle peut être prefque de toute l'étendue du corps même du fourneau. On peut co

pendant la rétrécir, fi l'on veut que l'air entre dans le foyer, & frappe avec plus de rapidité & de force l'endroit auquel elle répond.

Appliquons cette théorie à la conftru&ion des fourneaux en ufage dans l'Orfévrerie.

Fourneau de fufion.

Ce fourneau eft une tour creuse, cylindri que ou prifmatique, à laquelle il y a une porte ou principale ouverture tout en bas, qu'on appelle la porte du cendrier. Immédia tement au-deffus de cette porte, le fourneau en raverfé horizontalement dans fon intéfie, par une grille qui le divife en deux parties our cavités; la partie inférieure s'ap→ pelle cendrier, parce quelle reçoit les cendres qui tombent continuellement du foyer: la porte de cette cavité fert à donner entrée à Pair néceffaire pour entretenir la combustion dans l'intérieur du fourneau,

Le haut de ce fourneau eft terminé par ún dôme fort élévé, qu'on nomme chappe; cette chappe a deux ouvertures, l'une latérale & antérieure, qui doit être grande & pouvoir fe fermer exactement par une porte, & l'autre au fommet: celle-ci doit avoir la

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