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des afin que du haut de sa demeure céleste, il daigne abaisser ses regards sur la vigne que sa main a plantée, et que, dans sa clémence, il éloigne d'elle la longue tempêté qui la ravage.

GRÉGOIRE XVI PP.

Travaux scientifiques d'un ancien missionnaire. Le Saint-Père a reçu il y a quelque tems en audience particulière le Père JeanJoseph-Marie Matraja, de Lucques, des mineurs de l'Observance, revenu il y a quelques années de l'Amérique méridionale, où il avait passé plus de quarante ans, d'abord dans le monde, puis dans l'état religieux, S'étant livré à la chaire, il était devenu prédicateur apostolique dans la province de Caracas au Pérou. En 1819, il publia à Lima le Moraliste philotique américain, ou le Confesseur impartial, où il développe les principes de la morale et réfute les erreurs des hérétiques. L'âge et les fatigues du ministère l'ont engagé à revenir dans sa patrie. Il a donné en 1834 un opuscule, sous le titre de Génigraphie italienne, où il enseigne une nouvelle méthode d'écrire et d'être entendu en quelque langue que ce soit. La même année il fit paraître un savant ouvrage, la Ritonomie ecclésiastique, et en 1835, les Institutions canoniques et morales affranchies de toute opinion; il y soutient le pouvoir du Saint-Siége, mais l'ouvrage n'est point achevé.

Le Père Matraja s'est aussi occupé de mathématiques, et a imaginé un instrument qu'il appelle theodolite compteur, et av ec lequel il mesure avec exactitude les degrés des angles, ce que l'on n'avait pu obtenir jusqu'ici. L'instrument est un géomètre qui fait en même tems l'office de théodolite et de cercle répétiteur. L'Académie de Saint-Luc a examiné cet instrument et a reconnu son utilité pour la géodosie et la trigonométrie. L'Académie de Lincei en a porté un jugement très-favorable, et a admis l'auteur parmi ses membres. Enfin, Sa Sainteté elle-même, après avoir entendu le Père Matraja, a voulu voir son instrument qu'elle a fait apporter au Vatican, et qu'elle a examiné à loisir.` (Ami de la Relig.)

HOLLANDE. Lettre de M. le chevalier de Paravey sur les collections chinoises et japonaises, se trouvant à la Haye et à Leyde. — Dans l'intérêt de la science orientale, à laquelle il a consacré toutes ses études, M. le chevalier de Paravey vient de parcourir pendant deux mois la Belgique et les Pays-Bas. Nous sommes certains de faire plaisir à nos abonnés en leur communiquant l'extrait suivant d'une lettre qu'il nous a écrite de Leyde. Ce qui augmente le prix des détails que l'on va lire, c'est que la plupart des collections dont il parle, ne se trouvent que dans des Musées royaux, non encore ouverts au public, ou chez de riches particuliers, qui eux-mêmes ne les ont pas encore publiées.

Mon cher M. Bonnetty,

J'ai pensé que se serait faire une chose agréable et profitable à vos lecteurs que de leur signaler l'importance des collections orientales, qui se trouvent en ce moment à la Haie et à Leyde.

Arrivé à la Haye à la fin de novembre, j'y ai été admirablement reçu par M. le comte de Senft, ambassadeur de S. M. l'Empereur d'Autriche, et par ses deux secrétaires, M. le comte de Thun, et M. le baron de Leykam. C'est grâce à leur obligeance et à leur recommandation, que j'ai eu accès dans tous les Musées où se trouvent des collections orientales.

C'est au Museum et à la collection Fischer que se trouvent, à la Haye, la plupart de ces dépôts. Quand ces deux collections seront réunies, comme le désirent tous les amis des sciences, à la belle collection Sieboldt, que je visite en ce moment, à Leyde, elles formeront un établissement unique en Europe.

En même tems que les Musées égyptiens de Paris, de Londres, de Turin, aussi bien que celui de Leyde, digne déjà d'être nommé auss bien qu'eux, nous révéleront l'antique civilisation de la terre des ha→ raons, et nous feront connaître ses arts, ses mœurs, son culte et ses institutions les plus secrètes, le Musée Sinico-Japonais de la Haye, nous permettra de comparer, dans tous ses détails, cette civilisation hieroglyphique de l'Egypte, à celle que les armées victorieuses de Ramessès ou Sésostris ont portée jusqu'aux confins orientaux de l'Asie.

Déjà les constellations et les lettres alphabétiques des anciens Egyptiens ont été retrouvées dans les planisphères chinois et dans les cycles d'heures et de jour de la Chine et du Japon : une étude attentive des idoles, des temples, des navires, des arts et métiers, des vêtemens, des armes, des plantes et des oiseaux sacrés de l'Egypte et de la Chine, qui a civilisé le Japon, montrera de plus en plus, quels intimes rapports ont uni ces nations, séparées cependant par toute la largeur de l'Asie.

Pour n'en citer que quelques-uns, parmi ceux de ces rapports qui nous ont frappés, soit anciennement, soit depuis que j'ai visité les collections de la Haye et de Leyde, nous indiquerons l'usage du Nelumbo, ou du magnifique Lotus rose, que l'on est parvenu depuis peu, à faire fleurir à Montpellier, en France; qui orne le Nil débordé, dans la Mosaïque égyptienne de Palestrine, et qui se cultive également dans tous les lacs et les étangs sacrés de la Chine et du Japon.

Nous citerons l'Ibis blanche, des Egyptiens, qui se voit sur la même mosaïque égyptienne, près de Rome, qui était le symbole des lettrés en Egypte, et qui, remplacée en Chine et au Japon, par une grue blanche, entièrement semblable à l'Ibis, est aussi en ces pays le type des astronomes et des lettrés.

TOME XVI. N° 91-92.-1838.

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Parmi les ornemens des temples, nous citerons les Lions et les Sphynx, qui marquent l'entrée de ces temples, en Egypte aussi bien qu'en Chine, où cependant, le Lion a toujours été inconnu.

Parmi les supplices, nous citerons celui de la Cangue, qui fut usité en Egypte, avant de l'être au Japon et en Chine.

Parmi les ornemens des cercueils, qui, en Egypte, comme en Chine, sont également renfermés dans deux ou trois caisses, nous citerons les réseaux en verre de couleur, imitant un filet, qui se placent encore, sur les cercueils en Chine, comme on les retrouve en Egypte, sur les caisses de momies, dans les caveaux que l'on fouille; le Musée de Leyde, offre un de ces antiques Réseaux de verroterie, et cet usage particulier à l'Egypte et à la Chine, suffirait seul pour prouver les rapports intimes qui ont uni ces peuples si éloignés.

Il nous semble donc, qu'un musée complet, et hien classé de produits de la Chine et du Japon, est un des monumens qui honorera le plus le peuple qui saura l'élever, en même tems qu'il établira un terme de comparaison pour le musée égyptien.

Nous avons, d'ailleurs, encore bien des choses à apprendre, chez ces peuples de la Chine et du Japon, dont les livres et les arts remontènt au tems des Ninus et des Sémiramis, et qui n'ont jamais abandonné l'ancienne forme hiéroglyphique de la civilisation de l'Asie.

Les ponts suspendus, les écluses, les puits artésiens, l'usage, quoique grossier, de la vapeur comme force motrice, leur ont été connus depuis long-tems: ils ont mille plantes médicinales, dont nous savons à peine les noms et les vertus, et dont le musée de la Haye offre un magnifique recueil peint et colorié avec soin. Dans ce vaste recueil, est figurée la vraie Rhubarbe, le vrai Gin-seng, dont les meilleurs botanistes ígnorent encore les véritables plantes, et dont j'ai pu obtenir un échantillon.

Outre ces mille plantes médicinales, toutes coloriées, près de trois cents poissons, de trois cents oiseaux, de trois cents insectes, sont figurés dans ce même recueil, qui manque aux collections de Londres et de Paris, et le nom de toutes ces plantes, de tous ces oiseaux et ces insectes, est écrit en chinois à côté de ces belles peintures.

Déjà, nous avons plus d'une fois signalé l'importance de ces recueils chinois d'objets coloriés du règne animal et du règne végétal, et nous appelons l'attention des savans de la Néerlande, sur ces monumens précieux, qui nous peignent les plantes et les animaux de vastes contrées où les voyageurs ne peuvent pénétrer.

Dans ce même recueil aussi, se trouvent peints les sauvages montagnards Miao-tse, qui formaient le peuple aborigène de la Chine, quand les colonies assyriennes et égyptiennes pénétrèrent en ces contrées cou

vertes de forêts; et, nulle part ailleurs, nous n'avons rencontré les figures coloriées de cette race antique et remarquable.

A Leyde, j'ai vu M. Leemans, ce savant éditeur et commentateur d'Horapollon, que vous avez déjà fait connaître à vos lecteurs, il est tout occupé, en ce moment, à classer son musée égyptien, très-riche en caisses de momies, et en Papyrus Bilingues qu'il publie en ce moment. Mais ce qui m'a intéressé le plus, ce sont les magnifiques Cylindres Babyloniens, qu'il a fait mouler avec tout leur développement, d'après les collections de Londres, où il va souvent. J'ai passé des matinées à les étudier, et j'ai essayé de lui en montrer les rapports avec l'écriture chinoise. Le docte et obligeant M. de Siéboldt, n'a communiqué aussi, d'anciens alphabets japonais que j'ai calqués et qui, dérivés de l'ancien chinois, pourront peut-être un jour donner la clef de l'écriture cunéiforme alphabétique, autre que celle de Persépolis, dont vous avez donné l'alphabet dans le tome X de vos Annales.

Dans le musée Fischer, et dans les collections de M. Sieboldt, se voient également des peintures japonaises de personnages, dont les rapports avec les antiques Vases Etrusques sont très-sensibles.

Ces figures y sont, le plus souvent, chaussées du cothurne des Grecs; et souvent aussi elles offrent le nez aquilin et crochu des peuples italiens et de la race Curde.

On sait que les monumens à bas-reliefs de la vaste ville de Palenqué, dans le Guatimala, au sud du Mexique, offrent des personnages macrocéphales 1 d'une physionomie très-caractérisée. La Collection Japonaise de de Sieboldt offre des tètes de la même nature, et au crâne fort alongé en arrière de la tête et il est évident, par cela seul, que des peuplades du Japon ont passé plusieurs fois en Amérique.

On ne finirait pas, si l'on voulait énumérer tous les faits nouveaux qui peuvent jaillir de l'étude attentive de ces musées orientaux, nouvelle création d'une nation qui depuis si long-tems parcourt les mers les plus lointaines; mais nous croyons aussi devoir indiquer toute l'importance da musée éthnographique, que l'on pourrait joindre à ce musée sinico-japonais.

La civilisation européenne va bientôt faire disparaître toutes les anciennes coutumes des peuples de l'Océanie, de l'Amérique russe, de la Nouvelle-Guinée ; il importe donc de recueillir des à présent, tout ce qui se rattache à ces peuples, naguère si sauvages.

L'lle de Java, par ses temples et ses monumens bouddhiques, est sans doute fort remarquable; mais les peuples sauvages de ses montagnes et

4 Voir deux de ces figures à longs nez dans le t. x11 des Annales, p. 448.

de celles du Sumatra, ont, peut-être encore, conservé des traces plus anciennes, des courses des audacieux Phéniciens.

Nous avons vu à Londres des livres des Battas anthropophages, où se lisaient évidemment dès caractères Phéniciens : et nous signalens l'importance de ces livres, écrits sur écorce, au futur conservateur du musée ethnographique, que nous désirons voir établir à la Haye, à côté du musée Japonais.

Nous ne terminerons pas ces notes, rédigées à la hâte, sans nous louer infiniment de tous les directeurs et conservateurs de ces établissemens de la Haye et de Leyde, que nous avons visités avec tant de satisfaction'. Leyde, ce 12 décembre, 1837.

CHer DE PAravey.

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AMSTERDAM. Retour de voyageurs des Indes-Orientales. écrit d'Amsterdam : « MM. J. Muller, et P. W. Kosthals sont de retour d'un voyage scientifique dans les Indes-Orientales. M. Muller, parti en même tems que MM. Boie, Macklot et Van Vort pour une exploration de naturalistes, est revenu seul de cette expédition. Parti de Leyde à la fin de 1825, ce naturaliste a été exposé aux plus grands périls. Il a visité la plus grande partie de l'ouest et toute la côte septentrionale de Java. De là, il s'est rendu par Macassar aux Célèbes, et, en passant par l'île de Bouton, à Amboine, il a visité les îles de Banda et la côte S.-O. de la Nouvelle-Guinée, pour retourner par Timor à Java. Déjà, en 1827, Boie mourut à Buitenzorg, et en 1832, le brave Macklot fut tué dans le pays de Crawang par les Chinois révoltés. Plus tard, l'infatigable Muller entreprit un nouveau voyage vers la côte N.-O. et l'intérieur de Sumatra, où l'accompagnèrent MM. Kosthals et Van Vort; le premier revint seul avec lui, l'autre étant mort à Padangh en 1834. Enfin, MM. Muller et Kosthals terminèrent leur carrière scientifiquement nomade par une expédition à Bornéo, où ils séjournèrent pendant quatre mois et demi, après avoir surmonté des périls de tous genres. Les collections rassemblées et apportées par ces voyageurs sont considérables et intéressantes.»> PRUSSE. On écrit de Dresde, le 4 décembre.

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<< En examinant le manuscrit des Homélies de saint Chrysostome que feu M. le conseillier du collége Christian-Frédéric de Mathiœi a légué à notre bibliothèque royale, et qui, au dire des paléographes les plus expérimentés, date du dixieme siècle, on y a trouvé cinq homélies de ce grand orateur, qui sont inédites et jusqu'ici entièrement inconnues. Une copie

2 M. Hentzepeter, concierge du Musée de la Haye, doit ici être cité par nous, pour sa bonté et son obligeance parfaite, et pour toutes ses explications fort utiles, à ceux qui vont visiter ces Collections royales.

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