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XV VISION.

Cependant Asrafiel avait pris la place de Nemphed. Orgie nouvelle où l'on fait venir Daidha (4 description de ses épaules, etc., etc., etc.). Lutte entre Daidha et Asrafiel. Elle préfère la mort de son époux à sa honte, mais quand elle voit torturer ses enfans, elle se jette dans les bras d'Asrafield.

Pendant cette lutte, Cédar, caché derrière une colonne, avait tout vu. Il avait attendu jusqu'au moment où Daidha se jette dans les bras d'Asrafiel. Alors il pousse un grand cri, et apparaît suivi du peuple. Les géans meurent ou fuient.- Combat de Cédar et d'Asrafiel. Il le mord, et fouille jusqu'au cœur, dans lequel il enfonce ses dents. Quand tous ses ennemis sont morts ou en fuite, le peuple se plonge dans d'horribles et obscènes représailles. Le reste des géans se renferme dans une citadelle inaccessible. Cédar et Daidha forment le projet de chercher d'autres climats. Un géant, Stagyr, leur demande à fuir avec eux, assurant qu'il n'est pas de cette mauvaise race, mais de celle des fils de Mésopotamie, qui adorent Jéhovah. dar le prend pour guide, et se met sous sa conduite avec sa femme. Stagyr les plonge dans le désert, et pendant leur sommeil, le perfide s'enfuit après avoir enlevé l'eau et les provisions. Ils s'égarent dans le désert. Un enfant meurt le matin, un autre le soir. Daidha, dans le délire, maudit Cédar. Alors Cédar doute de lui, d'elle, de Dieu lui-même. Il la laisse pour aller chercher de l'eau ; il arrive au fleuve, y puise de l'eau, en remplit une feuille de palmier pour la porter à Daidha; mais il était trop tard,

Daidha sommeillait sur sa dernière couche,
L'air ne frémissait plus du souffle de sa bouche,
Le lézard s'approchait ; la mouche et la fourmi
Parcouraient librement son visage endormi ;
Sur sa lèvre entrouverte on pouvait encor lire
Le sourire insensé de son dernier délire.
Ses enfans en travers sur elle étaient couchés,
Leurs visages charmans à son corps abouchés :
On eût dit, à la fin d'une longue journée,
Aux cris de ses enfans la mère retournée,
En leur donnant le sein surprise de sommeil,
Et dormant avec eux, seule et nue au soleil!

A l'immobilité de ce funeste groupe,

Il reconnut la mort, et renversant la coupe,

Il regarda couler sa vie avec cette eau,

Comme un désespéré son sang sous le couteau. (P. 366.)

Alors Cédar tombe dans le désespoir; il maudit la terre, et lance ses malédictions contre Dieu lui-même. Il veut anéantir son âme et la jeter au vent; et pour cela faire, il ramasse (dans un désert de sable) les épines et les ronces qui couvrent ces montagnes, en forme un tas, place sa femme et ses enfans sur son sein, puis y met le feu. Voici la conclusion :

La flamme en serpentant dans l'énorme foyer,
Que le vent du désert fit bientôt ondoyer,

Comme une mer qui monte au naufrage animée,
L'ensevelit vivant sous des flots de fumée.
L'édifice de feu par degrés s'affaissa.

Du Ciel sur cette flamme un Esprit s'abaissa,
Et d'une aile irritée éparpillant la cendre :

Va! descends, cria-t-il, toi qui voulus descendre,
Mesure, Esprit tombé, ta chute à ton remords!
Dis le goût de la vie et celui de la mort !
Tu ne remonteras au ciel qui te vit naître,
Que par les cent degrés de l'échelle de l'être,
Et chacun en montant te brûlera le pié ;
Et ton crime d'amour ne peut être expié

Qu'après que cette cendre aux quatre vents semée,

Par le tems réunie et par Dieu ranimée,

Pour faire à ton esprit de nouveaux vêtemens,
Aura repris tou corps à tous les élémens,
Et prêtant à ton âme une enveloppe neuve,
Renouvelé neuf fvis ta vie et ton épreuve ;

A moins que le pardon, justice de l'amour,

Ne descende vivant dans ce mortel séjour..... (P. 370.)

Après cette fin fatale, la conséquence naturelle serait de dire: O fatalité! Eh bien non : par une froide dérision, le poète dit :

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Seul mot qui contient tout, seul salut, seul adieu,

Seule explication du ciel et de la terre,

Seule clef de l'esprit, dont s'ouvre tout mystère.

Oui, ce mot Gloire à Dieu, jeté sur le monde tel que l'a fabriqué M. de Lamartine, est une dérision. Heureusement que ce n'est pas là le monde de Dieu. Répétons-le à tous : il n'y a pas un mot de vrai dans cette œuvre; elle n'est conforme, ni aux an

ciennes traditions des peuples payens, ni à nos divines Ecritures, ni à la raison humaine, ni même à cet instinct dont parle si souvent le poète. C'est une œuvre d'un esprit malade et détourné de sa route, d'une âme creuse, qui n'a retenu aucune des paroles de Dieu; c'est en un mot une œuvre mauvaise.

Et c'est lorsqu'à la sueur de son front, la génération nouvelle s'efforce de remonter les âges, et de saisir quelque chose de solide dans ce vaste chaos d'opinions et de doctrines; c'est lorsque jeunes et vieux, incrédules et chrétiens, sentent le besoin d'abandonner les théories, et de se reposer sur le rocher de la révélation de Dieu; lorsqu'ils examinent et accueillent avec plus de respect la parole de Jésus; lorsqu'ils s'aperçoivent que l'Eglise est le véritable bercail des âmes malades et des espriis dévoués à tout vent de doctrine; c'est alors que froidement M. de Lamartine vient leur proposer ses rêveries pour guide, et déverser l'insulte à la révélation, à Jésus, à l'Eglise!! Aucune parole ne peut exprimer notre surprise!!

Mais si nous sommes affligés de ces attaques, nous n'en sommes pas scandalisés. D'autres têtes que celle du poète se sont aussi élevées contre l'Eglise, et puis elles se sont humiliées. Au moment même où nous écrivons ces lignes, le patriarche de l'irréligion en France, celui qui pendant cinquante ans a provoqué ou partagé toutes les attaques dirigées contre l'Eglise de Jésus, M. l'abbé de Taleyrand, en un mot, prêt à passer au-delà de ce monde, vient de se soumettre à l'Eglise. Celui qui a disposé des peuples et des rois, a imploré l'aide d'un simple vicaire de paroisse, pour bien mourir. C'est sur cela que nous disons. Gloire à Dieu !

A. B.

Nouvelles et Mélanges.

EUROPE.

FRANCE. PARIS. Communication curieuse faite à l'Académie d'hor ticulture sur la rose de Jéricho.-M. Ch. de L'Escalopier ayant eu occasion, dans un voyage qu'il vient de faire à la Terre-Sainte, d'observer la rose de Jéricho, en a fait le rapport suivant. Cette rose est une petite plante crucifere annuelle, que les botanistes appellent anastatica hierochuntica. Dès que la graine a atteint l'époque de la maturité, la plante se pelotte et se dessèche; mais quand elle se trouve transportée par les vents sur une terre humide ou arrêtée au bord des eaux, alors elle reprend sa forme première, les racines s'accrochent au sol, les rameaux s'étendent, de nouvelles feuilles naissent, de nouvelles fleurs se développent, une nouvelle végétation s'accomplit entièrement. L'anastatique peut servir d'hygromètre. Son caractère le plus remarquable, c'est que, mème vieille ou sèche, si on la laisse quelque tems dans l'eau, elle s'ouvre et s'épanouit; si on la retire, elle se resserre en se desséchant.

que

A la hauteur de 4 à 5 pouces elle présente de jolis bouquets de petites fleurs assez semblables à celles du sureau. Elle n'a ni beauté ni odeur dit M. de l'Escalopier, mais elle est incorruptible; et c'est pour cela l'Église lui compare l'humilité profonde de la sainte Vierge. L'Ecclésiaste, n'a pas oublié les rosiers de Jéricho (chap. xxiv, v, 18). Guillaume de Tyr parle de cette fameuse rose; Reland l'appelle optima dans un ouvrage que M. de Châteaubriand proclame un prodige d'érudition.

Elle a servi de texte à une foule de mystérieuses relations & dont la légende s'est emparée dans ses récits. On a prétendu qu'elle s'épanouissait spontanément la nuit de la nativité du Sauveur, pour se refermer après comme auparavant. Sans accorder un crédit immérité à ces fictions de chroniques, le fait principal dont elles ne sont que la pieuse exagération, n'est pas moins une chos e constante et admirable.

(Echo du monde savant.)

-Découverte d'un manuscrit de l'histoire des Arabes et des Berbers, d'Ibn Khaldoun. - Nous croyons devoir annoncer à tous les amis des sciences historiques la découverte importante que vient de faire un de nos collaborateurs, M. l'abbé Arri, de l'Académie des sciences de Turin. Pour

juger du prix de cette découverte, il est nécessaire de dire quelques mots de l'auteur arabe et de son livre. Ibn Khaldoun, né à Tunis en 1332, fut successivement secrétaire du gouvernement à Tunis, à Fez, chef des cadis ou grand-juge en Egypte, assista à la prise de Damas par Tamerlan, qui le combla de faveurs, et après avoir rempli ainsi les places les plus importantes, mourut en 1406. Il laissa un ouvrage sur l'histoire des Arabes et des Berbers, divisée en deux parties. L'une consistant en prolegomenes ou introduction, remplie de vues philosophiques sur l'état social de l'homme, qui donne l'idée la plus avantageuse de l'esprit de critique et de discernement de son auteur, que les érudits européens ont surnommé à cause de cela le Montesquieu arabe. Mais malheureusement, l'autre partic, la plus importante, celle qui renfermait l'histoire proprement dite, n'était pas connue. La Bibliothèque royale n'en avait qu'une copie fautive, où le commencement manque. C'est précisément ce commencement que M. l'abbé Arri, par un bonheur inespéré, vient de découvrir à Turin. C'est un grand volume qui renferme l'histoire du monde depuis les premiers tems jusqu'à la mort de Hussein, petit-fils de Mahomet, arrivée vers le milieu du 7° siècle. L'on y trouve des détails nouveaux et très-étendus sur les anciennes dynasties des Perses, des Grecs, des Juifs, des Romains, des Coptes, des Arabes, des Goths, extraits des auteurs les plus véridiques et les plus estimés. Il y a en outre des jugemens fort impartiaux et que l'on s'étonne de voir sortir d'une plume mahométane, sur la Bible, sur Jésus, sur les premiers chrétiens, etc. C'est assez dire que nous nous intéressons vivement à cette publication, et que nous désirons ardemment de la voir mettre à exécution, d'autant plus que M. l'abbé Arri, élève de M. de Sacy, est très-capable de publier le texte et la traduction; nous lui demandons seulement une chose, c'est d'exécuter cette traduction en français.

A. BONNETTY,

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