Et pour l'homme à la veste, qui s'est jeté dans le bel esprit et veut élre auteur malgré tout le monde, je ne puis me donner la peine d'écouter ce qu'il dit; et sa prose me fatigue autant que ses vers. Mettez-vous donc en tête que je ne me divertis pas toujours si bien que vous pensez ; que je vous trouve à dire, plus que je ne voudrois, dans toutes les parties où l'on m'entraîne ; et que c'est un merveilleux assaisonnement aux plaisirs qu'on goûte, que la présence des gens qu'on aime. CLITANDRE. Me voici maintenant, moi. Votre Clitandre dont vous me parlez, et qui fait tant le doucereux, est le dernier des hommes pour qui j'aurois de l'amitié. Il est extravagant de se persuader qu'on l'aime; et vous l'êtes de croire qu'on ne vous aime pas. Changez, pour être raisonnable, vos sentimens contre les siens; et voyez-moi le plus que vous pourrez, pour m'aider à porter le chagrin d'en être obsédée. D'un fort beau caractère on voit là le modèle, ACASTE. J'aurois de quoi vous dire, et belle est la matière; Ont, pour se consoler, des cœurs du plus haut prix. CÉLIMÈNE, ÉLIANTE, ARSINOÉ, ALCESTE, ORONTE. Quoi! de cette façon je vois qu'on me déchire, Monsieur, je ne fais plus d'obstacle à votre flamme, CÉLIMÈNE, ÉLIANTE, ARSINOÉ, ALCESTE, ARSINOE, à Célimène. Certes, voilà le trait du monde le plus noir, Mais, monsieur, que chez vous fixoit votre bonheur, Devoit-il ?... ALCESTE. Laissez-moi, madame, je vous prie, Vider mes intérêts moi-même là-dessus; Hé! croyez-vous, monsieur, qu'on ait cette pensée, Et je brûle de voir une union si belle. SCENE VII. CELIMENE, ELIANTE, ALCESTE, PHILINTE. Hé bien je me suis tu, malgré ce que je voi, CÉLIMÈNE. Oui, vous pouvez tout dire; J'ai des autres ici méprisé le courroux; Mais je tombe d'accord de mon crime envers vous. Faites-le, j'y consens. ALCESTE. Hé! le puis-je, traîtresse? Puis-je ainsi triompher de toute ma tendresse ? Et, quoique avec ardeur je veuille vous haïr, Trouvé-je un cœur en moi tout prêt à m'obéir? (A Éliante et à Philinte.` Vous voyez ce que peut une indigne tendresse, Oui, je veux bien, perfide, oublier vos forfaits. J'en saurai, dans mon âme, excuser tous les traits, Où le vice du temps porte votre jeunesse, CÉLIMÈNE. Moi, renoncer au monde avant que de vieillir, ALCESTE. Et s'il faut qu'à mes feux votre flamme réponde La solitude effraye une âme de vingt ans. Je ne sens pas la mienne assez grande, assez forte, Je pourrai me résoudre à serrer de tels nœuds; ALCESTE. Non. Mon cœur à présent vous déteste, De vos indignes fers pour jamais me dégage. SCENE VIII. -- ELIANTE, ALCESTE, PHILINTE. ALCESTE, à Éliante. Madame, cent vertus ornent votre beauté, De vous, depuis longtemps, je fais un cas extrême; ÉLIANTE. Vous pouvez suivre cette pensée : PHILINTE. Ah! cet honneur, madame, est toute mon envie, ALCESTE. Puissiez-vous pour goûter de vrais contentemens, PHILINTE. Allons, madame, allons employer toute chose COMÉDIE EN TROIS ACTES'. PERSONNAGES. GÉRONTE, père de Lucinde. LUCINDE, fille de Géronte. JACQUELINE, nourrice chez Géronte, et femme de Lucas. PERRIN, paysans. ACTE PREMIER. Le théâtre représente une forêt. SCÈNE I. SGANARELLE. Non, je te dis que je n'en veux rien faire, et que c'est à moi de parler et d'être le maître. MARTINE.- Et je te dis, moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie, et que je ne me suis point mariée avec toi pour souffrir tes fredaines. SGANARELLE. O la grande fatigue que d'avoir une femme! et qu'Aristote a bien raison, quand il dit qu'une femme est pire qu'un démon! MARTINE. ristote. SGANARELLE. Voyez un peu l'habile homme, avec son benêt d'A Oui, habile homme. Trouve-moi un faiseur de 1. Le Médecin malgré lui fut représenté sur le théâtre du Palais-Roya le 6 août 1666, |