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pieds pythiques 675, de fpithames 800, & de toifes du Châtelet 85.60. C'est ce ftade qu'Hérodote (lib. II, c. 149.) définit en difant que le stade eft de fix pléthres, de cent orgyies, de quatre cents coudées ou de fix cents pieds, & il a foin d'avertir qu'en cet endroit il parle des mesures d'Egypte. Ainfi ce ftade étoit connu en Egypte; il en eft fait mention dans Sidoine Apollinaire, qui le caractérise par ces paroles: Secundùm menfuras quas ferunt nauticas ce ftade étoit de dix au mille Egyptien, comme on l'infére d'un endroit de l'Itinéraire de Jérufalem (pag. 669, édit. Weffeling), dans lequel, au fujet de la traverfée de Grece en Italie, on lit: Trans mare ftadia mille, quod facit millia centum. Ce stade eft de 666 pour un degré de grand cercle, & la circonférence de la terre en contient 240000. Eratofthene de Cyrene a donné une mesure de la terre de 244000 ftades, & Pofidonius, Astronome Rhodien, une autre de 240000 précisément, fuivant le récit de Cléomede (Cyclic. theor.). Il falloit quarante de ces stades pour un fchene Egyptien, felon Eratofthene, allégué par Pline, qui dit (lib. XII, cap. XIV.): Schoenus patet Eratofthenis ratione, ftadia XL. Le ftade nautique étoit quelquefois employé à déterminer les diftances fur terre par exemple, S. Luc (XXIV. 13.) eftime à quarante ftades la diftance d'Emaüs à Jérufalem, tandis que Jofephe (lib. VII, cap. 27.) ne la fait que de trente. Il est clair que S. Luc & l'interprete Syriaque de Jofephe qui compté auffi quarante ftades, ont donné leurs mefures en ftades nautiques, lorfque Jofephe a exprimé la fienne en ftades Egyptiens ou Hébraïques. On fourniroit mille exemples d'évaluations pareilles de distances exprimées, les unes dans une espece de stades, les autres en un autre, ce qui n'eft pas un petit embarras pour les Lecteurs.

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Le stade dont fe fert Xénophon dans la mesure des distances de la traversée de l'Afie, eft le même dont fe fert par-tout Hérodote, comme il eft aifé de le prouver. Xénophon (de Cyri exped. lib. VII, pag. 616, edit. in-4°.) égale 34255 ftades à 1150 parafanges, ce qui feroit 29 ftades pour un parafange; de même (ibid. lib. V, pag. 396.) il compte 18020 ftades pour 620 parafanges, c'eft 29 stades pour un parafange; enfin il compte (ibid. lib. II, p. 126.) 535 parafanges pour 16050 ftades, c'eft 30 ftades pour un parafange. D'un autre côté Hérodote, après avoir évalué en ftathmes & en parafanges la diftance de Sardes à la Cour du

Roi de Perfe, ajoute (lib. V, cap. LIII.): Si nous avons bien mefuré le chemin Royal en parafanges, & que le parafange vaille trente ftades, comme il les vaut en effet, il y a de Sardes à la Cour du Roi de Perfe, treize mille cinq cents ftades, puifque cette distance eft de quatre cents cinquante parafanges. Le même Hiftorien dit (lib. VI, cap. XLII.) qu'Artaphernes Satrape, de Lydie, avoit fait divifer l'Ionie par parafanges, & il ajoute que c'eft ainfi que les Perfes appellent trente fades : ̓Αρταφέρνες ὁ Σαρδίων ὑπαρχος .... τὰς χώρας σφέων (τῶν ιώνων ) μετρήσας κατὰ παρασάγγας, τους καλέονσι ὁι Πέρσαι τὰ τριήκοντα τάδια. Par-la il eft évident que les fades dans Xenophon & dans Hérodote font de trente pour un parafange, & il eft prouvé par ce qu'ajoute Hérodote, que ces ftades étoient en ufage dans l'Empire des Perses.

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Hérodote (lib. II, cap. CXLIX.) définit ce ftade & fes fous multiples en disant: Cent orgyies de mesure naturelle font le ftade de fix plethres. L'orgyie eft une mesure de fix pieds ou de quatre coudées ROYALES DE BABYLONE. Le pied contient quatre paleftes. Il pelle cette définition (lib. IV.) en mefurant la largeur de l'ifthme de Suès, ou la distance entre la Méditerranée & le golfe Arabique: Cette distance eft, dit-il, de cent mille orgyies, qui fort mille ftades. Il la rappelle encore (lib. IV, cap. LXXXVI.) en donnant les dimenfions du Pont-Euxin: Le Pont - Euxin, dit-il, a dans fa plus grande longueur 1110000 orgyies, qui font 11100 ftades.

La Ville d'Ephese eft par la latitude de 37° 58', & la Ville de Sufe, aujourd'hui Soufter en Perfe, par la latitude de 31° 25'. La différence des méridiens entre ces deux Villes eft de 23° 27'. Ces pofitions font fuffifamment déterminées par celles de Smyrne & d'Ifpahan qui font dans le voifinage des précédentes, & dont les latitudes & longitudes ont été obfervées par d'habiles Aftronomes. Or on trouve par le calcul trigonométrique que l'arc terreftre de grand cercle compris entre Ephefe & Sufe, eft de 200 17 30", qui valent 507 lieues & un tiers, chacune de vingt-cinq au degré. Hérodote eftime la diftance de ces deux Villes de 14040 ftades de trente pour un parafange; favoir, $40 d'Ephefe à Sardes (Lib. V, Cap. LIV), & 13500 de Sardes à Sufe (Lib. V, Cap. LIII.) Ce nombre de stades, en tant que ftades nautiques, fait 5 26 lieues de France: enforte que la route royale, mesurée & marquée par ftathmes & parafanges, n'excede la route directe calculée géométriquement que de 19¦ lieues,

différence qui, fur une fi grande diftance, ne paroît pas trop confidérable pour compenfer les finuofités & les détours inévitables de la route dreffée par les Perfes.

Dans l'Ile de Samos il doit exifter un monument en partie naturel & en partie artificiel, qui pourroit fervir à rectifier les mefures nautiques. On y voit, au rapport d'Hérodote (Lib. III, Cap. LX.), une montagne qui a cent cinquante orgyies de hauteur. Elle eft percée de part en part. Les Samiens ont fait par-deffous un chemin qui a fept ftades de long; huit pieds de large & autant de hauteur; & le long de ce chemin ils ont fait un canal de vingt coudées de profondeur & de trois pieds de large, par lequel on faifoit venir l'eau d'une grande fontaine dans la Ville.

M. Fréret établit un ftade de 1111 au degré, en fe fondant, 1°. fur une mefure de la terre dont parle Ariftote dans fon Traité du Ciel (Lib. II, Cap. 14.), & qu'il croit avoir été prife par Anaximandre, difciple de Thalès, vers l'an 550 avant J. C., 29. fur la traversée de l'Asie mineure, évaluée, dit-il, à 7650 ftades par Hérodote, 30. fur la mesure du Pont-Euxin par le même Hérodote qui compte 11100 ftades depuis le détroit de Byzance jufqu'à l'embouchure du Phase, 4°. fur la grandeur de l'enceinte de Babylone qui lui paroît incroyable, si on l'évalue sur tout autre ftade.

A cela je réponds, 1°. qu'il n'eft point certain que la mesure de la terre, donnée par Ariftote, foit du difciple de Thalès puifque ce Philofophe ne dit point de qui il la tient; de plus, quand elle feroit d'Anaximandre, s'il eft vrai, comme quelques Écrivains le rapportent, que ce Mathématicien concevoit la forme de la terre comme un cylindre dont l'axe étoit triple du diametre, il n'a pu nous en donner une mefure exacte. Celle que rapporte Ariftote ne peut donc paffer que pour une mesure conjecturale: 29. je ne trouve point que la traversée de l'Asie mineure foit évaluée à 7650 stades par Hérodote; j'y trouve au contraire que depuis la Ville de Sardes en Lydie jufqu'à l'entrée de la Cappadoce & fur les bords du fleuve Halys, Hérodote compte 94 parafanges, ce qui fe trouve affez exact fur la Carte de l'Afie mineure par M. Danville; delà jufqu'aux confins de la Cilicie Hérodote compte 104 parafanges. Ce dernier nombre eft inadmissible, car cette derniere diftance comprise entre le

fleuve Halys & les portes de Cilicie n'eft pas la moitié de celle qui fe trouve entre Sardes & le même fleuve Halys. Mais Hérodote eft très-corrompu en cet endroit, comme on s'en affure en faisant la fomme des divifions de fa route, qui se monte à 313 parafanges & 4 stathmes, ou au plus à 333 parafanges; quoique lui-même faffe monter cette fomme à 450 parafanges ou 13500. ftades: 3°. Hérodote dit que la navigation du Pont-Euxin eft, dans fa plus grande longueur, de 11100 ftades. Or cette plus grande longueur fe trouve depuis la Ville d'Odeffus en Méfie en rangeant les côtes de l'Afie mineure & faifant le cabotage jufqu'à l'embouchure du Phafe. Cette diftance eft réellement de 11100 ftades nautiques. Ainfi c'est par une méprise qu'Hérodote dit enfuite que du Bofphore de Thrace à l'embouchure du Phase, il ya 11100 ftades, & que c'eft-là la plus grande longueur du Pont-Euxin. De l'embouchure du Bofphore au Phafe, en rangeant la côte de près, & en allant reconnoître tous les Caps, il n'y a que 8385 ftades nautiques; c'eft Arrien qui nous l'apprend (Arian. Peripl. Pont-Euxin), & cette mesure eft jufte. Dailleurs Hérodote en cet endroit nous fait connoître évidemment que 11100 ftades qu'il donne à la longueur du Pont-Euxin font des ftades nautiques ou perfiques, puifqu'il les réduit à 1110000 orgyies. La plus grande largeur du Pont-Euxin, prise depuis la Scythie jufqu'à Thémiscyre fur le Thermodon, eft de 3200 stades, ou de trois jours & deux nuits de navigation, qui feroient 3300 ftades. L'embouchure du Pont-Euxin, qui eft la largeur du Bofphore, eft de 4 ftades; sa longueur a environ 120 ftades & fa s'étend jufqu'à la Propontide qui a de largeur 500 ftades & 1400 de longueur. Quant à l'Hellefpont il n'a que 7 stades de largeur au lieu où il eft le plus étroit, & 400 de longueur. Telles font les mesures du Pont-Euxin, du Bofphore, de la Propontide & de l'Hellefpont, données par Hérodote: 4°. la grandeur de Babylone & celle de Ninive n'auront rien de révoltant, fi l'on confidere que leur enceinte n'étoit que celle d'un grand parc ou d'un grand terrein clos de murs, contenant une Ville très-considérable avec des terres labourables d'une étendue bien plus grande que la Ville, deftinées à fournir la fubfiftance aux habitans en cas de Siége. Nous parlerons de ces deux Villes ailleurs.

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Examinons relativement à ce ftade quelques distances données en Egypte & ailleurs.

L'opinion des Ioniens (Hérod. Lib. II, n°. XV.) eft qu'on ne doit appeller Egypte que le Delta dont l'étendue le long de la mer eft de 40 fchenes depuis la guérite de Perfée jusqu'aux falines de Pélufe: que de la mer en avançant dans la terre-ferme l'Egypte s'étend jufqu'à la Ville de Cercafore où le Nil se divise en deux pour paffer à Pélufe & à Canope; & que tout le refte de l'Egypte eft en partie de l'Afrique & en partie de l'Arabie. Ne pourroit-on pas inférer de cet endroit que la guérite de Perfée doit être placée près de Canope & non pas près de Bolbitine où l'a mife M. Danville? Il en résulteroit que cet efpace de Canope à Pélufe étant de 1600 ftades ou de 40 fchenes, le fchene vaudroit 40 ftades & non pas 60, comme l'enseigne ailleurs Hérodote. Ce qui me confirme dans l'opinion que la guérite de Perfée doit être placée à Canope, c'eft que le canal de Bolbitine n'a point été fait par la nature, mais par la main des hommes, comme l'observe Hérodote. Il eft d'ailleurs peu confidérable, & il n'eft point du tout vraisemblable que les Grecs & les Ioniens aient pris ce canal artificiel pour un des côtés du Delta. Les 40 parafanges de la base du Delta, valant 1600 ftades nautiques, valent auffi 160 milles Egyptiens, 172 milles Romains, 1200 grands ftades Afiatiques, & 60 lieues de vingt-cinq au degré. La même distance eft d'environ 1300 ftades grands dans Strabon (Lib. XVII.) Le même Auteur l'eftime de 1200 ou de 1300 ftades grands (Lib. XV.) & il ajoute que les côtés du Delta font chacun un peu moindre que la base. Pline (Lib. V, IX.) donne la distance de Canope à Pélufe de 170 mille Romains, toutes ces distances doivent être prifes dans la mer, mais en rangeant la côte & en fe tenant toujours près de la terre ferme.

Hérodote (Lib. II.) observe que quand le Nil fe déborde, il n'inonde pas feulement le Delta, mais encore la frontiere de la Lybie, & quelquefois celle de l'Arabie. Il fe répand plus ou moins de part & d'autre dans une étendue de deux journées de chemin. Et voilà pourquoi il avoit dit auparavant que l'étendue de l'Egypte le long de la mer eft de 60 fchenes, à la prendre du golfe de Plinthine jufqu'au lac Sirbonide & au pied du mont Cafius. Ceux qui ont peu de terres, ajoute-t-il, la mefurent par orgyies; ceux qui en ont davantage, la mefurent par ftades; ceux qui en ont une quantité considérable, la mesurent par parasanges, qui eft une mesure de 30 ftades nautiques, & enfin ceux

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