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fera de 32000 pas; celle d'un homme de pied en été, & celle d'un homme à cheval en hiver, évaluée à 10 lieues d'une heure ou à 12 lieues communes, fera 40000 pas; la journée de chemin d'un cavalier en été, eftimée à 12 lieues d'une heure ou à 15 lieues communes, fera de 48000 pas géométriques, &c.

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Schène, en grec Schoinos. Cette mefure étoit particuliere à l'Egypte, où il y en avoit de trois fortes; le fchène du Delta ou de la baffe Egypte ; le schène de l'Heptanome ou de la moyenne Egypte ; & le fchène de la Thébaïde ou de la haute Egypte. Strabon (lib. XVII, p. 553, edit. Cafaub.) nous donne la définition de ces trois fchènes en la maniere fuivante. Après avoir dit qu'Artémidore évaluoit le schène à trente ftades, il ajoute Quant à nous pendant notre navigation fur le Nil, on nous a » indiqué des distances en différentes mefures de schènes; de ma» niere qu'en quelques lieux on les définit à quarante ftades nau»tiques, & même davantage : d'ailleurs Artémidore lui-même fait >> connoître qu'il y avoit diverfes évaluations du schène; car de» puis Memphis jufqu'à la Thébaïde il eftime les schènes de cent » vingt ftades; de la Thébaïde jufqu'à Syene il en compte foi» xante; depuis Pélufe jufqu'à la pointe du Delta, il dit qu'il y » a par le Canal vingt-cinq fchènes, qu'il réduit à fept cents cin» quante stades; ce qui rentre dans fa premiere évaluation du schène

» à trente ftades ».

Le même Strabon parle encore ailleurs (lib. XI, p. 357.) des différens fchènes d'Egypte, mais fous la dénomination de parafange Perfique, qu'il paroît confondre expreffément avec le fchène. « Les uns, dit-il, font le parafange Perfique de foixante stades » nautiques, d'autres de trente, & d'autres de quarante. Pour nous, lorfque nous remontions le Nil, nous avons compté les diftan» ces d'une Ville à une autre en fchènes de différentes grandeurs, » de forte que le même nombre de fchènes mefuroit tantôt une > navigation plus courte, & tantôt une plus longue. Cette diver» fité de fchènes étoit en ufage en Egypte dans les plus anciens » temps, & s'y eft maintenue jufqu'à ce jour ». On voit clairement que toutes les définitions que donne ici Strabon, ne conviennent qu'aux fchènes & point du tout au parafange car il n'y avoit qu'une espece de parafange. Mais l'Auteur paroît embarraffé fur la vraie valeur de ces deux mefures, & d'autres l'ont été avant & après lui, ce qui a fait dire à Pline (lib. VI, cap.

XXVI.) inconstantiam menfuræ diverfitas Autorum facit, cùm Perfæ quoque fchænos & parafangas aliâ menfura determinent. Il me femble pourtant que la premiere définition que Strabon donne du fchène d'après Artémidore eft précise, & applanit toute difficulté. En un mot, je ne vois point ici d'énigme.

Le fchène du Delta où de la baffe Egypte, contient de lieues d'une heure ou de vingt au degré 1, de parafanges, de lieues communes de France, de milles Afiatiques 4, de milles Romains 4, de milles Européens 4, de chemins Sabbatiques 9, de grands ftades Afiatiques ou Egyptiens 30, de ftades olympiques 34, de ftades nautiques 40, de ftades nautiques 40, de ftades pythiques 45, de pléthres 240, de chebels 400, de décapodes 2400, d'orgyies 4000, d'ampelos 4800, de pas fimples 9600, de coudées facrées 12000, de coudées lithiques 16000, de pieds philétériens 18000, de pygons 19200, de pieds Grecs 20736, de pieds Romains 21600, de pieds géométriques 24000, de pieds pythiques 27000, de fpithames 32000, & de toiles du Châtelet 3424.

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lieues

Le fchène de la Thébaïde ou haute Egypte valoit 1 schène du Delta, lieue marine de France, 2 parafanges, 2 communes de France, 6 milles Afiatiques, 6 milles Romains, 14 chemins Sabbatiques, 45 grands ftades Afiatiques, 51 H ftades olympiques, 60 ftades nautiques, 67 ftades Delphiques, 360 pléthres, 6co chebels, 3600 décapodes, 6000 orgyies, 7200 ampelos, 8000 xylons, 14400 pas fimples, 18000 coudées facrées, 24000 coudées lithiques, 27000 pieds philétériens 28800 pygons, 31104 pieds olympiques, 32000 pygmes, 32400 pieds Romains, 36000 pieds géométriques, 40500 pieds pythiques, 48000 fpithames, & 5136 toifes du Châtelet de Paris.

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Le fchène de l'Heptanome ou de la moyenne Egypte contenoit 2 fchènes de la Thébaïde, 3 schènes du Delta, 3 lieues marines de France, 4 parafanges, 4 lieues communes de France, 12 milles Afiatiques, 90 grands ftades Afiatiques, 120 ftades nautiques, 135 ftades pythiques, 720 pléthres, 1200 chebels, 7200 décapodes, 12000 orgyies, &c. & 10272 toifes du Châte let de Paris.

Voilà, je crois, toutes les difficultés de Strabon & de Pline levées; le premier voyoit le schène évalué tantôt à 30 & 40 ftades & davantage, & tantôt à 60 & 120 ftades. Nous venons

de trouver que le schène du Delta valoit 30 grands ftades ou 40 petits; que le fchène de la Thébaïde valoit 45 grands ftades ou 60 petits, & enfin que le fchène de l'Heptanome valoit 90 grands ftades ou 120 petits. Nous pourrons entendre à préfent ce que les Auteurs contiennent de plus obfcur fur ce fujet: par exemple, on lit dans Pline (lib. XII, cap. XIV.): Schanus patet Eratofthenis ratione, ftadia XL... aliique XXII ftadia fingu lis fchanis dedere. Il est évident que dans la premiere partie de ce paffage il s'agit du schène du Delta, qui valoit 40 ftades nautiques; & que dans la feconde partie il s'agit non d'aucun fchène, mais du parafange qui valoit 22 grands ftades Asiatiques.

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Pline eft admirable pour les difficultés; l'on a bien-tôt fait de gros volumes quand on écrit comme lui fans combinaison & fans critique Voici encore un paffage de cet Auteur où il est parlé du schène (lib. V, cap. X.): Mareotis lacus ad meridianam urbis (Alexandriæ) partem Euripo & Canopico oftio mittitur ex Mediterraneo commercio. Infulas quoque plures amplexus XXX. M. P. trajectu DC ambitu, ut tradit Clau. Cæfar. Alii fchænos in latitudinem patere XL faciunt, fchanumque ftadia XXX, ita fieri longitudinis CL. M. P. tantumdem & latitudinis. Pline à son ordinaire confond ici deux choses; il s'agit de deux lacs de grandeurs fort différentes. Le premier eft le lac Maréotique fitué au midi d'Alexandrie. Il ne contient point d'Ifles, quoi qu'en dise cet Auteur. Il a de longueur 240 ftades nautiques, faifant 9 lieues, mais qui font évalués ici à 30 milles, à raifon de huit pour un mille Romain qui en contient néanmoins 9. Ce lac a de circuit 600 ftades qui valent 22 lieues; Pline laisse entendre qu'il a 600 milles Romains de tour. Le fecond lac eft fitué entre les bouches Péz lufiaque & Phatmétique. L'on y voit un grand nombre d'Ifles. Il a de tour quarante fchènes, chacun de 30 ftades nautiques, qui font 60 lieues, ou 160 milles Egyptiens ou Afiatiques, ou bien 1200 ftades nautiques que Pline réduit également à 150 milles Romains à raifon de huit ftades pour un mille. Il faut convenir que cet Auteur fe donne bien de la peine pour être obscur & fouvent inintelligible.

Nons avons obfervé en parlant du ftade nautique, qu'Hérodote évaluoit les fchènes du Delta à raison de 60 ftades, c'est par erreur, comme nous l'avons fait voir; il paroît que cet ancien Hiftorien n'eut connoiffance que d'une feule définition du schène

qui étoit celui de la Thébaïde. Car pour le schène de la basse Egypte il n'étoit abfolument que de 30 grands ftades ou 40 petits. Ptolémée qui n'emploie que le grand flade, & Héron évaluent le fchène à 30 ftades. Cette définition du fchène à trente grands ftades peut encore fe conclurre d'ailleurs. Par exemple, l'itinéraire d'Antonin indique une mansion fous le nom de Pentafchanon dans l'intervalle du mont Cafius à Pélufe; & la diftance eft marquée également à l'égard de l'un & de l'autre de ces lieux fur le pied de vingt milles Afiatiques; d'où il résulte que le. fchène eft de quatre milles qui valent 30 grands ftades ou 40 ftades nautiques.

Au refte, les Ecrivains ont fouvent appellé parafange le fch ène & réciproquement. Nous avons déja allégué à ce fujet Strabon, Pline & Buxtorf; on pourroit en citer beaucoup d'autres, mais je me contenterai de dire que Strabon fait la distance du fommet du Delta à Memphis de trois fchènes, El Edrifi de trois parafanges, & Pline de vingt-cinq milles; Pline auroit dû écrire douze milles Egyptiens (4 lieues.).

Diata, fignifie une regle ou un régime dans quelque genre que ce foit; en terme de médecine, régime ou maniere de vivre réglée; ici il fignifie la jufte mefure de chemin qu'un Voyageur peut faire dans un jour, une journée de chemin. Cette expreffion eft fouvent employée dans les Ecrivains anciens, & il est bon de favoir ce que l'on entendoit par-là.

Toute la traversée de l'Afie mineure depuis la Ville de Tarfe jufqu'à l'embouchure du fleuve Halys eft de cinq journées de chemin d'un homme qui marche bien à pied, felon Hérodote (lib. II.). Cette diftance eft de trois degrés & demi de grand cerqui font 87 lieues. D'où il fuit qu'un homme qui marche très-bien peut faire par jour 17 lieues ou 466 ftades nauti

cle

ques.

Philon de Byzance dit que le périmetre de Babylone est d'une journée entiere de chemin. Ce périmetre eft de 480 ftades nautiques qui valent 18 lieues. Mais comme Philon donne à l'enceinte de Babylone 360 ftades, d'après les plus anciens Ecrivains, il eft probable que cet Auteur fuppofe ces 360 ftades. qui font de grands ftades Afiatiques, égaux à autant de ftades de la Thrace; d'où il résulteroit que la journée de chemin s'eftimoit en Thrace de 360 ftades pythiques qui, valent seulement 12 lieues.

Des montagnes de Cilicie à Sinope fur le Pont-Euxin, on compte, felon Hérodote, cinq journées de chemin d'un homme qui marche bien. Cette distance eft de 3 degrés ou de 95 lieues fur les Cartes de M. d'Anville, c'eft 19 lieues ou 506 ftades nautiques par jour.

Les Lacédémoniens ayant envoyé deux mille hommes à Athenes contre les Perfes, ils partirent avec tant de passion de joindre l'ennemi, qu'en trois jours ils fe rendirent de Sparte en Attique. Cette marche peut être de douze lieues par jour.

Il y a d'Héliopolis à Thébes neuf jours de chemin (Hérod. II.); il y a 121 lieues, c'eft par jour 13 lieues.

Les Arabes appellent la journée de chemin Marhala ou Mahatta. Abulphéda évalue la Marhala à huit parafanges ou 24 milles; El Edrifi à dix parafanges ou 30 milles; d'autres à 25 milles; Procope à 210 ftades. Nous avons rapporté un diftique dans lequel la journée de chemin eft définie à dix parafanges, c'est à cette définition conforme à celle d'El Edrifi, que je m'arrête, quoique d'ailleurs la journée de chemin foit une mesure fujette à beaucoup d'arbitraire.

La journée de chemin, Diæta, en Arabe Marhala ou Mahatta, est de 2 schènes de l'heptanome, de 5 fchènes de la Thébaïde, de 7 fchènes du Delta, de 9 lieues marines de France ou de 9 lieues d'une heure, de 10 parafanges de Perfe, de 11 lieues communes de France, de 30 milles Afiatiques, de 32 milles Romains, de 36 milles Européens, de 72 chemins du Sabbat, de 225 grands ftades Afiatiques, de 259 ftades olympiques, de 300 ftades nautiques, de 337 ftades pythiques, de 1800 pléthres, de 3000 chebels, de 18000 décapodes, de 30000 orgyies, &c. & de 25680 toifes du Châtelet.

Il n'en eft pas de la marche des troupes comme de celle d'un voyageur particulier. En France, une marche de trois à quatre lieues eft appellée marche ordinaire. Si l'on fait faire à une armée 6 ou 7 lieues de chemin, c'est une marche forcée. Ces marches forcées ont l'inconvénient de fatiguer beaucoup les troupes, & par conféquent on ne doit point en faire fans grande néceffité, On trouve dans Hérodote plufieurs réductions de journées de chemin dans des marches d'armées, de 200 ftades, qui valent 7 ÷ lieues; de 150 stades, qui font lieues, & c'est par ces dernie5 res qu'il trace la route de Sardes à Suze en 90 jours (lib. V. 52,): de

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