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de 180 ftades, qui font 6 lieues. Xénophon (de Exped. Cyri.) dans le récit des marches du jeune Cyrus à la tête de fes troupes, marque auili des journées de 150, 180, & même 200 stades.

Les Hiftoriens d'Alexandre (Ælian. var. hist. X, 4.) attribuent à ce Prince une marche de 400 ftades ou 15 lieues par jour, & en trois jours confécutifs. Végece détermine la fimple ambulation ou la marche ordinaire des foldats Romains à 20 milles, qui font 7 lieues, & la marche forcée à 24 milles, qui valent 8 lieues. C'est beaucoup, mais c'étoit la marche d'un peuple conquérant. On lit dans Diodore qu'à la naiffance de Séfoftris, fon pere conçut une idée digne d'un Roi. Il fe fit amener tous les enfans de l'Egypte nés le même jour que lui: rassemblant en mêmetemps des nourrices, & nommant même des gouverneurs, il régla pour tous une éducation commune. Il fe perfuadoit que des enfans qui auroient vécu familiérement avec fon fils dès l'âge le. plus tendre, lui feroient plus attachés dans la fuite de fa vie, & le ferviroient mieux dans les combats. Il n'épargna rien pour cette éducation, & fit paffer ces enfans par toutes fortes d'exercices & de travaux. On ne leur donnoit point à manger qu'ils n'eussent couru 180 ftades : c'étoient de petits ftades Afiatiques qui valent 6 lieues.

On dit qu'il y a des hommes qui font jufqu'à vingt lieues & même jufqu'à vingt-cinq dans un jour; mais c'est un travail extraordinaire qui ne pourroit pas être foutenu. Pline (lib. VII, XX.) dit qu'on avoit été étonné qu'un Philippide eût fait en deux jours de fuite 1140 ftades pour se rendre d'Athenes à Lacédémone, c'étoit environ vingt-cinq lieues par jour; mais que cette furprise avoit ceffé, lorsqu'on vit Caniftius, Lacédémonien, & Philonides, Coureurs d'Alexandre le Grand, faire douze cents stades pour fe rendre en un jour de Sicyone à Elide; mais fur la Carte de la Grece par M. d'Anville, on trouve que de Sicione à Elide il ya à peine $50 ftades, c'eft donc moins de vingt-trois lieues par jour. Nous favons, ajoute-t-il, qu'il y a aujourd'hui des hommes qui dans le Cirque courent jufqu'à 160 milles; nous pouvons réduire cette courfe à 60 milles, qui feront moins de vingt-une lieues. Derniérement encore, dit Pline, fous le confulat de Fontéius. & de Vipfanus, un jeune homme âgé de dix-neuf ans courut depuis midi jufqu'au foir, & parcourut 45 milles, c'est 15 Dans une marche commune qui ne fera ni lente ni accélé

lieues

A a

rée, on comptera, dit M. d'Anville, dans la durée de vingt minutes, environ 2500 pas, ou 7500 pas dans l'heure entiere d'où il réfulte par le calcul une évaluation de 2400 toifes pour une heure. Dans ce calcul M. d'Anville a fuppofé que trois Fas communs & naturels & un huitieme d'un homme de ftature moyenne, faifoient une toife; ce qui revient à-peu-près à ce que dit un Ingénieur moderne, favoir, que fi l'on a la curiofité de mefurer quelque chofe dans fes voyages, il faut fe faire une mefure avec des pas dont trois de promenade font ordinairement une toife, ce que je ne crois pas exact. M. Cassini ( Mém. de l'Acad. Roy. des Sciences, ann. 1702, pag. 25 & 26.) dit qu'il a obfervé plufieurs fois qu'en allant & revenant de Fontainebleau en carroffe, d'un bon pas, dans la plaine de Longboyau qui a été mefurée exactement, on fait cinq minutes de la circonférence de la terre en une heure; un homme de pied feroit, dit-il, la moitié de ce chemin en même temps, & un degré en 24 heures; ainfi voyageant 12 heures par un chemin femblable avec la même viteffe, il feroit le tour du monde en deux années.

Il ne fera pas hors de propos de rapporter ici le réfultat de quelques obfervations faites à ce fujet dans le Jardin des Tuileries à Paris, par un homme dont la ftature étoit de cinq pieds deux pouces & demi. J'expoferai d'abord les mefures & dimenfions de ce Jardin. Tout le terrein du Jardin depuis le Château jufqu'au foffé du pont-tournant y compris les terraffes, a 375 toifes de long fur 170 de large, & contient 47 arpens environ, à la mesure du Roi, la perche de 22 pieds. Le Jardin avec le parterre, fans comprendre les terraffes ni le fegment d'octogone adjacent au pont-tournant, a 300 toifes de long, mefurées dans l'allée du printemps depuis le Château jufqu'au mur de la terrasse oppofée, fur 145 de large, & comprend 32 arpens. Le parterre feul mefuré entre les terraffes, le Château & le bofquet, a 145 toifes de long fur 120 de large, & comprend environ 13: arpens. C'eft fur la longueur de l'allée du printemps comprenant 300 toifes depuis le Château jufqu'au mur de la terraffe opposée, qu'ont été faites & répétées plufieurs fois les expériences dont voici les résultats avec les logarithmes correfpondans pour la facilité du calcul.

0367977 log. 2 pieds de Roi, valeur du pas fimple.

-1589826 log. 0.3889 toifes,

3410174 log. 2571 pas,

3768680 log. 5871 pas,

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Mille toifes en 21 minutes, 14

valeur du pas fimple.

valeur de mille toifes.

valeur de la lieue de 25 au deg.

2400 toifes, &

le log. eft 1327359.

Une lieue comm. en 48.51 min., le log. eft 1685865.

On parcourt

en une heure 2823 toifes, le log. eft 3450792. en une heure 1.236 lieues, le log. eft 0092286. en une heure 2.823 milles, le log. eft 0450792.

en 8 heures 5 minutes, on parcourt 10 lieues qui font 22,83 milles. Sur ce pied on feroit le tour du monde en 900 jours en marchant 8 heures 5 minutes par jour.

La lieue marine de 20 au degré étant de 2854 toises, eft àpeu-près parcourue dans une heure.

On

peut fe fervir de cette mefure du pas pour l'arpentage. 0974446 log. 9,428 pas, c'est la valeur de la perche de 22 pieds. 1948892 log. 88.9 pas quarrés, c'eft la perche quarrée. 3948892 log. 8890 pas quarrés, c'eft la valeur de l'arpent. 1974446 log. 94.28 pas linéaires, c'est le côté de l'arpent.

On obferve que pour déterminer plus fûrement la valeur du pas fimple, on parcouroit dix fois de fuite & fans interruption les 300 toifes qui font la longueur de l'allée, ayant foin de marquer à la montre l'inftant du départ & celui de la ceffation de la marche; ces mefurages ont encore été juftifiés fur les diftances des bornes milliaires, où ils donnent toute la précision défirable. La marche et celle d'une perfonne qui fe promene feule, ou d'un Voyageur qui ne fe géne pas, & des enfans de neuf & dix ans l'obfervent fans courir.

Il fuit de ce que nous venons de dire que dans l'ufage ordinaire on peut compter vingt heures pour le temps néceffaire à parcourir un degré valant vingt lieues marines ou vingt-cinq lieues communes, une heure pour parcourir une lieue marine & quarante-huit minutes pour parcourir une lieue commune. Ces petites obfervations font utiles pour un Voyageur qui reçoit

quelquefois des indications de distance par tant d'heures de chemin, ou qui voudra déterminer une distance, par le temps qu'il a mis à la parcourir. Il fuit encore que fi un Voyageur marche durant huit heures, il parcourra dix lieues; que s'il marche durant dix heures, il parcourra douze lieues & demie, & que s'il marche durant douze heures il en parcourra quinze, &c.

Les Anciens ont encore eftimé les diftances par ftathmes ou par manfions. Depuis la mer d'Ionie, dit Hérodote (lib. V, C. LIII.), jufqu'à la Cour du Roi de Perfe il y a cent onze ftathmes; & Pline (lib. XII, Cap. XIV.) dit : L'Arabie feule produit l'encens, encore n'y en trouve-t-on pas par-tout. Vers le milieu habitent les Atramites. La Capitale des Sabéens eft Sabota fituée fur une haute montagne d'où la région qui produit l'encens eft diftante de huit manfions. Par ces deux paffages il femble que le ftathme & la mansion foient des mefures itinéraires, ce qu'on ne peut néanmoins admettre dans toute la rigueur de cette acception; & voici les raifons qu'on en peut apporter Hérodote réduit 20 ftathmes à 94 parafanges & demi, ce qui fuppofe le ftathme de 4 parafanges & ; il réduit 28 ftathmes à 104 parafanges, ce qui fuppofe le ftathme de 3.714 parafanges; il évalue 3 ftathmes à 15 parafanges, ce qui donne 5.164 parafanges pour un ftathme; il évalue 15 ftations à 56 parafanges, ce qui donne 3.767 parafanges pour un stathme; il évalue 11 ftathmes à 42 parafanges, d'où l'on conclut le ftathme de 3.864 parafanges: enfin il évalue 11 ftathmes à 13500 ftades & à 450 parasanges, d'où l'on conclut le ftathme de 4.054 parafanges. Commet Hérodote par-tout ailleurs eft affez exact dans fes calculs, & notamment dans la réduction des parafanges en ftades qu'il nélige rarement de faire, on eft en droit d'en inférer que le ftathme n'étoit point une mefure rigoureufement déterminée. Ces ftathmes n'étoient autre chofe que des Villages ou Bourgs fitués fur les grandes routes pour fervir de relais aux chevaux & de retraite aux Voyageurs. Et je ne trouve point dans notre langue d'expreffion plus propre à rendre les mots stathme & manfion, que celui de pofte ou de relais; & en effet ces quatre mots fignifient précisément la même clofe, c'est-à-dire, une ftation ou un lieu de lieues, repos. La feule différence eft que nos poftes étant de deux petites lieues, chacune de 2000 toises, & les ftathmes ou mansions étant de quatre parafanges environ, ils

vaudront 10272 toifes, tandis que nos poftes ne font que 4000. Au refte il en eft de nos poftes comme des ftathmes, leur étendue n'eft pas abfolument réglée, elle dépend ordinairement de la diftance des Villages qui ne font fouvent plus ou moins éloignés que de deux lieues. Mais fous l'Empire Romain les ftathmes ou relais en Afie furent marqués d'une maniere fixe & invariable, de fix milles en fix milles Egyptiens, ou de 45 ftades en 45 ftades, qui valent 5136 toifes; c'eft faint Epiphane qui nous apprend cette particularité. (Voy. les Varia facra de M. le Moine, pag, 498.)

>>

Je croirai faire plaifir au Lecteur de rapporter ici ce que dit M. Rollin (Hift. Anc. tom. II, pag. 375.) de l'inftitution des poftes. «L'invention des poftes & des couriers, eft, dit-il, attribuée à » Cyrus; & je ne fache point en effet qu'avant lui il en soit fait » mention. Comme l'Empire des Perfes, depuis fes dernieres con» quêtes, avoit une vafte étendue, & qu'il exigeoit que tous les >> Gouverneurs des Provinces & tous les premiers Officiers des Troupes lui écriviffent exactement pour l'informer chacun de » tout ce qui fe paffoit dans leur département & dans leur Armée, » pour rendre ce commerce plus sûr & plus prompt, & fe met» tre en état d'être averti en diligence de toutes les affaires, & d'y donner ordre fur-le-champ, il établit des couriers & des » poftes dans chaque Province. Ayant fupputé ce qu'un bon » cheval, pouffé avec force, pouvoit faire de chemin en un jour; pourtant fe ruiner, il fit conftruire à proportion des écuries également diftantes l'une de l'autre, & il y envoya des chevaux » & des palefréniers pour en prendre foin. Il y établit auffi un » maître pour recevoir les paquets des couriers qui arrivoient, » & les donner à d'autres, & pour prendre les chevaux qui » avoient couru, & en fournir de frais. Ainfi la pofte marchoit » jour & nuit, & faifoit grande diligence, fans que ni la pluie, » ni la neige, ni la chaleur, ni aucune autre incommodité des » faifons y mit obftacle. Hérodote parle des mêmes couriers fous

>> fans

» Xercès.

>>

» Ces couriers s'appelloient en langue perfane Angaroi. La » furintendance des poftes devint une charge confidérable. Da» rius, le dernier des Rois de Perfe, l'avoit remplie avant que » de monter fur le Trône. Xénophon remarque que cet établif» fement duroit encore de fon temps : ce qui s'accorde parfaite

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