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Nepos ait voulu dire ici que le médimne valoit six modius Romains. Les Athéniens avoient leur modios, qu'ils appelloient auffi hectos à caufe qu'il étoit la fixieme partie du médimne; de même qu'ils appelloient hémiectos ou hémihectos la douzieme partie de la même mesure.

Harpocration, dans fon Dictionnaire grec, au mot μientov, affure que le médimne contenoit quarante-huit chénices, & que le modios, qu'on appelloit exros, contenoit huit chénices.

Le métrétès étoit de foixante - douze xeftès, felon Cléopatre (de Munditiis); le Scoliafte de Nicandre affure de même qu'il contenoit foixante-douze xeftès : ὁ μετρητὴς ἔχει ξέςας ἑβδομήκοντα δύο. L'amphoreus étoit la moitié du métrétès & de trente-six xefiès fuivant le témoignage du même Cléopatre.

Selon le même Auteur, le chous contenoit fix xeftès ou douze cotyles: ὁ χοῦς ἔχει μέτρῳ μεν κοτύλας Αττικὰς δώδεκα, ξέςας δὲ ξ.

L'oxybaphe ou oxobathe étoit le quart de la cotyle; c'est ce que nous apprenons de Pline (lib. XXI, cap. XXXIV.) : Cùm acetabuli menfura dicitur fignificat hemina quartam partem, & qu'on ne s'imagine pas que Pline parle ici des mefures Romaines, car il avertit expreffément qu'il s'agit ici des mefures Grecques: Et quoniam in menfuris quoque ac ponderibus, crebrò Græcis nominibus utendum eft, interpretationem eorum femel in hoc loco ponemus.

Le xeftès, qu'on appelloit auffi antléter, aryfter, aryftichos, aritana & anochoè, fe divifoit encore en quatre tétartes ou quarts, & en douze cyathes, comme le fetier chez les Romains.

Refte encore quatre petites mefures d'usage dans la médecine, mais fur la valeur defquelles les Auteurs ne s'accordent pas; ce qui vient de ce que ces mefures n'étant particulieres à aucun pays, les Médecins ont eu la liberté de s'en prefcrire la capacité, chacun felon fa commodité & l'ufage qu'il fe propofoit d'en faire en pharmacie. C'est ainsi que les Médecins ont eu leurs poids particuliers dans l'antiquité, & qu'ils en ont encore aujourd'hui. Selon Fannius, la cotyle fe divifoit en quatre oxybaphes, en fix cyathes, en vingt-quatre myftrons, foixante-douze chèmes, & cent quarante-quatre cochléarions. C'est ce que l'on voit par les vers fuivans:

At cotyle cyathos bis ternos una receptai.
Sed de abaco id pondus fæpè notatur.

མ་་་

Bis quina hunc faciunt drachmæ, fi appendere tentes.
Oxybaphum fiet, fi quinque addantur ad iftas.
At myftrum cyathi quarta eft: ac tertia myftri,
Quam vocitant chemen; capit hac cochlearia bina.

Il convient de remarquer que le métrétès, le chous ou conge, & le tetarte ne fervoient que pour les liqueurs; que le médimne & la chénice n'étoient d'ufage que pour les grains & les chofes féches; au lieu que le xeftès, la cotyle, l'oxybaphe & le cyathe fervoient également à mefurer les grains & les liqueurs. Examinons à préfent quel rapport avoient ces mefures avec celles de Rome & de Paris.

Nous avons vu plus haut que Galien, pour s'affurer de la continence de l'hémine, qu'on appelloit à Rome libra ou pondo, parce que ce vafe cylindrique étoit divifé fur fa longueur en douze parties qu'on appelloit unciæ, de la même maniere qu'on divifoit le pied, le jugere, le fetier, &c. également en douze onces, avoit pefé ce qu'elle contenoit d'huile, & avoit trouvé que les douze onces mesure ne faifoient que dix onces poids; d'où s'enfuivoit que l'amphore d'huile pefoit quatre-vingts livres, ce que nous avons démontré être exact. Galien voulant de même connoître le rapport de la cotyle Attique à l'hémine Romaine, remplit d'huile la cotyle, puis verfa ce qu'elle contenoit de cette liqueur dans l'hémine, & remarqua que ce dernier vafe n'en étoit rempli que juf qu'à la neuvieme once mesure, ce qui lui donnoit déja le rapport de la cotyle à l'hémine, comme 9 à 12, ou comme 3 à 4 ; il pesa enfuite l'huile de la cotyle, & lui trouva le poids de fept onces & demie, ce qui donnoit le rapport de la cotyle à l'hémine, comme 7 à 10, ou comme 3 à 4. Siquidem heras (dit-il) (de Med. comp. per gen. lib. V, c. VI.) centum octoginta denarios pofuit, in pondus non menfuram oleum reducens, tanquam hemina denarios fexaginta pendente. Nam Attica novem Italicas uncias (menfurales) conficit. Pendent enim novem Italicæ unciæ quas in cornibus infectis metiuntur, feptem uncias ponderales & femiffem, quæ fexaginta denarios fiunt, fingulis unciis octo denarios recipientibus.

Nous prouverons dans la fuite que la livre Romaine étoit compofée du poids de quatre-vingt-feize deniers, de ceux qui furent frappés fous les Empereurs, de quatre-vingt-quatre de ceux qui furent frappés fous les Confuls, & de foixante- quinze drachmes Attiques: fur ce pied l'hémine d'huile, étant de dix onces poids,

pefoit foixante-deux drachmes Attiques & demie, foixante-dix deniers Confulaires, & quatre-vingts deniers de ceux que firent frapper les Empereurs ; & la cotyle Attique étant du poids de fept onces & demie en huile, pefoit quarante-fix drachmes Attiques & fept huitiemes, cinquante-deux deniers Confulaires & demi, & foixante Impériaux. Or je trouve dans le manuscrit Grec déja allégué, & numeroté 3284 à la Bibliothéque du Roi, que le chous qui eft une mesure des Athéniens, eft compofé de douze cotyles Attiques & du poids de 720 drachmes, c'est-à-dire, de 720 deniers Impériaux : ὁ δὲ χοῦς ἐςὶ μέτρον Αττικὸν, κοτύλαι Ατ7ικάι 16 ́. sadμoû de dyes öλnas x. Divifant 720 par 12, nous trouverons 60 deniers pour le poids de la cotyle, comme l'avoit obfervé Galien. Le xeftès, ajoute le même Auteur, eft de cent vingt drachmes, & de la continence de deux cotyles: di Eisns μETPOUμEVOG isi xoTuλal B'. Tadμɔû dè ¿à¤œj px'. Divifant 120 par 2, vient 60 deniers pour la cotyle. Ailleurs l'Auteur, après avoir dit que la cotyle Attique s'appelle auffi Tryblion, qu'elle contient quatre oxobathes ou fix cyathes, ajoute que le cyathe pefe huit drachmes : ὁ δὲ κυάθος ἔχει κοτύλης ἕκτον, ὁλκας ή ; ces huit drachmes font des drachmes Attiques, lefquelles multipliées par 6, donnent 48 pour le poids de la cotyle. Dans ce calcul du poids du cyathe, on a compté huit drachmes préférablement à 7, pour éviter la fraction. Cléopatre (de Munditiis) dit que le cyathe eft du poids de dix drachmes ou d'une once & un quart; que la cotyle eft de la continence de fix cyathes, & du poids de foixante drachmes ou de fept onces & demie; que le xeftès contient deux cotyles, & eft du poids de cent vingt drachmes. Selon Diofcoride (de Pond. & Menf.), le cyathe eft de dix drachmes, & le xeftès de cent vingt. Fannius dit la même chose dans les vers fuivans :

At cotyle cyathos bis ternos una receptat,

Bis quina hunc faciunt drachma, fi appendere tentes.

Pline, à l'endroit que nous avons déja cité, dit que le cyathe pese dix drachmes, & que l'oxybaphe, que les Romains appelloient acétabule, étoit le quart de la cotyle & du poids de quinze drachmes: Cyathus pendet per fe drachmas X. cum acetabuli menfura dicitur, fignificat hemina quartam partem, id eft, drachmas XV. J'obferve feulement fur ce paffage que Pline a traduit du grec, qu'il

faut l'entendre comme s'il étoit écrit ainfi Cyathus pendet per fe denarios X. cum oxybaphi menfura dicitur, fignificat cotyles quartam partem, id eft denarios XV. En effet on remarquera, fi l'on veut y faire attention en lifant les Anciens, que non - feulement les Grecs, mais les Romains même, ont prefque toujours désigné le denier Romain fous le nom de la drachme, ce qui a donné lieu de regarder ces deux monnoies comme parfaitement égales, quoiqu'elles ne le fuftent pas.

Nous verrons dans la fuite que la mine Egyptienne ou d'Alexandrie, la mine Romaine ou Ptolémaïque, la mine Attique, & le pondo ou livre Romaine que les Ecrivains Grecs qualifioient également du nom de mine, étoient entr'elles comme 10, 9, 8, 6 d'où il fuit que l'amphore Romaine appellée par les Grecs Métrétès italique, Kéramion, Diota, & contenant 80 pondo d'huile, n'en contenoit que le poids de. 60 mines Attiques, ou de 53 mines Romaines, ou de 48 mines d'Alexandrie. Mais comme ici l'on voit deux mines ou livres Romaines, en prenant l'une pour l'autre, & concevant que l'amphore d'huile pefoit 80 mines Romaines chacune de 18 onces, on en conclurra, en réduifant ce poids Romain aux poids d'Egypte, que l'amphore Romaine contenoit 72 mines d'Alexandrie, d'huile d'olives: c'est-là une méprise où l'on a pu tomber, & où on eft effectivement tombé. On lit dans le Tarif des poids & mefures, inféré dans les Œuvres de Galien, que le Kéramion pese 72 livres ou 80 livres : & Kepaμos xe 21. oß. 21. 7. Cléopatre, Egyptien ou Egyptienne, car quelques Ecrivains prétendent que c'étoit une femme, évalue auffi l'amphore Romaine à 72 livres. C'eft une complication d'erreurs; car la mine Romaine & Ptolémaïque de 18 onces du poids Romain est une chimere; ce n'eft autre chofe que le pondo de 12 onces réduit à 18 onces de la litre Egyptienne & Hébraïque. Cette litre étoit de 12 onces qui n'en valoient que 8 du poids Romain, enforte que le pondo valoit 18 onces de la litre.

c'est

Par la même raison du rapport de ces différens poids, le métrétès Attique pesoit en huile 90 livres Romaines, 54 d'Alexandrie, & 67 mines Attiques; Cléopatre lui donne 90 livres, 14 au poids Romain. Le médimne Attique devoit contenir 108 livres Romaines de bled, 64 mines d'Alexandrie, & 81 mines Atti

ques. Suidas dit que le médimne étoit du poids de 108 livres: μέδιμνον μοδίων ἕξ, ὡς εἶναι μέτρον ξεσῶν οβ'. ἤτοι λιτρῶν ρή. L'Auteur

fuppofé Galien paroît dire la même chofe; le médimne Attique eft, dit-il, de 108 livres & de 96 xeftès : mais il y a faute ici dans les lettres numériques; il faut lire pn', comme dans Suidas, au lieu de μn', qui exprime feulement 48; car il ajoute qu'il contient 96 xeftès. Le boisseau de Paris, fur le pied de 108 livres Romaines le médimne, peferoit 21.09 livres, poids de marc.

Je pense que voilà affez de preuves, & toutes démonstratives, pour détruire l'opinion de ceux qui, fondés fur ce que Cicéron & Cornelius-Népos évaluent le médimne Attique à fix modios, & que Pline paroît regarder l'hémine & la cotyle comme égales, ont cru que le médimne étoit de fix modius Romains, tandis qu'il ne contenoit réellement que fix hectos ou modios Attiques, & quatre modius & demi de Rome. Nous avons analyfé les paffages de ces trois Ecrivains, & nous y avons remarqué qu'ils ne contenoient rien qui fût contraire à l'opinion générale de toute l'antiquité.

Nous

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pouvons à préfent réduire à nos mefures de Paris les mefures Attiques. Le xeftès eft les trois-quarts du fetier; donc le métrétès qui contenoit foixante-douze xeftès, contenoit auffi cinquante-quatre fetiers Romains, revenoit à une amphore & un huitieme, & valoit par conféquent 34 pintes & de Paris. Si nous prenons le cube du pied Grec olympique, & que nous le réduifions en pintes, à raifon de quarante-huit pouces cubiques pour une pinte, nous aurons cette cubature de 35 pintes, laquelle ne differe de la valeur que nous venons d'affigner au métrétès que de de pinte, ou d'un, du tout. Cette différence eft trop peu confidérable pour qu'on puiffe attribuer au hazard une égalité si marquée & fi précife entre la capacité du métrétès & la cubature du pied Grec olympique; je pense au contraire qu'on doit regarder la cubature de ce pied comme propre à rectifier quelque léger défaut d'exactitude & de précifion qui néceffairement aura dû fe gliffer dans la comparaison des vases Grecs aux vafes Romains par le moyen de l'huile. Cette comparaifon n'ayant été faite d'ailleurs qu'avec la cotyle & l'hémine, qui font des vaisseaux de tite continence, le mécompte dans le poids de l'huile pouvoit être de plus de, fans qu'on s'en apperçût, ou fans qu'il parût mériter qu'on y fit attention. Ainfi nous croyons pouvoir prendre la cubature du pied Grec olympique pour la capacité du métrétès Attique, qui est par conféquent de 35 pintes mesure de Paris.

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Le médimne eft compofé de quatre-vingt-feize xeftès, & con

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