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Uncia fit drachmis bis quatuor: unde putandum
Grammata dicto, quod hæc viginti quatuor in fe
Uncia habet: tot enim formis vox noftra notatur,
Horis quod mundus peragit noctemque diemque.
Unciaque in libra pars eft, quæ menfis in anno.
Hac magno Latio libra eft, gentique togata.

Attica nam minor eft. Ter quinque hanc denique drachmis
Et ter vicenis tradunt explerier unam.

Accipe prætereà patrio quam nomine Graii
Mra vocitant, noftrique minam dixere priores:
Centum hæ funt drachmæ. Quod fi decerpferis illis
Quatuor, efficies hanc noftram denique libram ;
Attica que fiet, fi quartam dempferis hinc, Mna.
Cecropium fupereft poft hac docuiffe talentum,
Sexaginta minas, feu vis, fex millia drachmas
Quod fummum doĉtis perhibetur pondus Athenis.
Nam nihil his obolove minus, majufve talento,
Nunc dicam folidæ quæ fit divifio libræ
Sive affis; nam fic legum dixere periti,
Ex quo quid foli capimus, perhibemur habere;
Dicimur aut partis domini pro partibus hujus.
Uncia nam libra fi deeft, dixere deuncem.
Aut fi fextantem retrahas, erit ille dextantis.
Sed nullum reliquo nomen femuncia certum
Dempta dabit, Namque eft hujus fefcuncia triplex.
Dodrantem, reliquum vocitant, quadrante retracto.
Cumque triens defit, beffem dixere priores.
Idem feptuncem dempto quincunce vocarunt.
Poft hac femiffis, folidi pars maxima fertur.
Nam quod dimidium fuperat, pars effe negatur,
Ut docuit tenui fcribens in pulvere Mufa.
Catera dicta priùs, quibus eft femuncia major.
Hac de ponderibus,

On voit en général par ce détail élégant & pompeux de Fannius, que les divifions de la livre Romaine étoient les mêmes que

celles

celles que Columelle attribue au jugere; & comme en cela il est d'accord avec toute l'antiquité, il eft inutile de nous y arrêter davantage. Nous nous contenterons donc d'examiner quelques autres particularités, qui ne font pas également évidente.

Le talent, mot qui fignifie charge ou faix, étoit, felon Fannius, le plus grand des poids anciens, & contenoit foixante mines ou fix mille drachmes; c'est une vérité conftatée par les témoignages de Pollux, de Suidas, de Feftus, de Prifcien, & de tous les Auteurs anciens. Mais le talent Attique, qui eft celui dont tous les Ecrivains ont parlé, valoit quatre-vingts livres ou mines Romaines, comme nous l'apprenons de Tite-Live (lib. XXXVIII.), lequel parlant des conditions de paix impofées à Antiochus par les Romains, dit: Argenti probi Attica talenta duodecim millia dato intra duodecim annos, penfionibus æquis. Talentum ne minus pondo LXX. Romanis ponderibus pendat. Les Romains par le Traité avoient ftipulé que l'argent feroit de bon aloi, feroit de l'argent fin, probi, & que le talent feroit de quatre-vingts livres Romaines qui en étoient la valeur légitime, pour éviter toute contestation de la part d'Antiochus, qui auroit bien pu vouloir s'acquiter en argent de médiocre qualité, & en talens affoiblis. La même évaluation réfulte d'un paffage de Plaute (Moftellar. act. 3, fcen. 1, verf. 102 & 114.):

Quatuor quadraginta illi debentur mina,

Talentis magnis totidem quot ego & tu jumus.

Ce qui fignifie : Il lui eft dû cent foixante mines, c'est-à-dire, cent foixante livres Romaines, qui font deux talens chacun de quatrevingts livres.

Or puifque quatre-vingts livres Romaines valent foixante mines Attiques, il en résulte que la mine Attique vaut une livre Romaine & un tiers, ce qui revient à cent douze deniers de quatrevingt-quatre à la livre Romaine, ou à cent vingt-huit deniers de quatre-vingt-feize à la livre, & ce qui s'accorde parfaitement avec les évaluations que Diofcoride, Cléopatre & Galien ont faites de la mine Attique en drachmes ou deniers Romains. Par l'inverse, il est évident que la livre Romaine étoit les trois quarts de la mine Attique, & par conféquent valoit foixante-quinze drachmes Attiques; la même livre valoit deux cents quatre-vingt-huit fcripules:

N n

donc la mine Attique en valoit trois cents quatre-vingt-quatre; & la drachme Attique, qui en étoit la centieme partie, valoit trois fcripules & vingt-un vingt-cinquiemes; cependant ce n'est pas le compte de Fannius, qui n'y fait entrer que trois fcripules: cela vient de ce que ce Grammairien, qui n'avoit pas affez étudié les combinaisons de ses poids, a confondu la drachme Romaine de fon temps, laquelle étoit le denier de quatre-vingt-feize à la livre Romaine, & de la valeur de trois fcripules, avec la drachme Attique, qui étoit de fept vingt-cinquiemes plus grande. C'est cette même confufion qui a fait évaluer le fcripule à deux oboles Attiques par le même Fannius, & peut-être par les Auteurs de Galien.

pon

Cependant on infère du calcul de Fannius, tout fautif qu'il est, que la drachme Attique étoit compofée de fix oboles, ce qui est vrai, fuivant le témoignage des autres Ecrivains, de Pline, de Pollux, de Celfe, &c. Voici ce que Pline nous apprend des poids Grecs (lib. XXI, cap. XXXIV.): Et quoniam in menfuris quoque ac ponderibus, crebrò Græcis nominibus utendum eft, interpretationem eorum femel in hoc loco ponemus. Drachma Attica (fere enim Atticá obfervatione Medici utuntur) denarii argentei habet dus. Eademque fex obolos pondere efficit. Obolus X. chalcos. Mna quam noftri minam vocant, pendet drachmas Atticas centum. Je pourrois obferver que Pline eft également dans l'erreur lorsqu'il croit qu'il y a égalité entre le denier Romain de fon temps & la drachme Attique car le denier du temps de Pline étoit à la taille de quatre-vingt-feize à la livre Romaine; mais il me fuffit de trouver dans cet Auteur que la drachme Attique étoit de fix oboles Attiques. Le témoignage de Celfe par rapport à l'obole, fixieme partie de la drachme, n'eft pas moins précis & formel: voici fes paroles ( lib. V, cap. 17.): Sed & antea fciri volo in unciâ pondus feptem denariorum effe: unius deindè denarii pondus dividi à me in fex partes, id eft, fex fextantes, ut idem in uncia denarii habeam, quod Græci in eo quod obolum appellant, id ad noftra pondera relatum, paulò plus dimidii fcripuli facit. Ainfi la drachme Attique étoit divifée en fix oboles chez les Grecs, de la même maniere que Celfe. divife le denier de quatre-vingt-quatre à la livre, en fix fextans; mais l'obole Attique valoit plus de la moitié du scripule; car le fcripule Romain ne valoit qu'une obole Attique & neuf sei

ziemes.

Les Ecrivains du fiecle d'Augufte nous apprennent qu'alors le poids de la livre Romaine fe divifoit en quatre-vingt-quatre deniers: nous venons de voir comment Celle s'en explique; il en parle encore dans un autre endroit en ces termes : Græci Medici pondera medicamentorum ad drachmas redigunt: quæ quia ad denarium conveniunt ( LXXXIV. enim ad libram incurrunt) pro notá Græcæ drachmæ notam denarii pofui, & ad ejus pondus drachmas redegi. Le témoignage de Scribonius Largus n'eft pas moins précis : Erit nota denarii unius pro Græcâ drachmá æquè enim in librá denarii LXXXIV. apud nos, quod drachmæ apud Græcos incurrunt. S'il existoit une livre Attique égale à la livre Romaine, comme femblent l'infinuer les Métrologues de Galien, cette livre Attique devoit effectivement contenir quatre-vingt-quatre deniers Romains; mais le denier de Celfe & de Scribonius Largus n'étoit pas parfaitement égal à la drachme Attique, il n'en étoit que les vingtcinq vingt-huitiemes.

il

Au temps de Pline, la livre Romaine ne fe divifoit plus en quatrevingt-quatre deniers, elle en contenoit alors quatre-vingt-feize; mais paroit que cette mutation étoit encore récente, ce que j'infère de ce paffage compilé par Pline même (lib. XXXIII, c. IX.): Mifcuit denario triumvir Antonius ferrum.... alii è pondere fubftrahunt, cùm juftum fit LXXXIV. è libris fignari: c'est-à-dire, le triumvir Antoine altéra la pureté du denier en mêlant du fer avec l'argent.......... d'autres en diminuent le poids; car il devroit n'y en avoir que quatre-vingt-quatre à la livre. Il eft difficile d'affigner avec précifion l'époque à laquelle le denier Romain fut réduit à la taille de quatre-vingt-feize. On verra ailleurs pourquoi j'ai appellé ce denier, denier de Néron, & l'autre qui étoit de quatre-vingt-quatre à la livre, denier de Papyrius.

Revenons à Fannius; cet Auteur dit que la livre des Romains eft compofée de douze onces, & l'once de huit drachmes : c'est la livre de quatre-vingt-feize deniers. Il ajoute que la livre Attique eft moindre, n'étant compofée que de foixante-quinze drachmes. Cette livre Attique eft également celle des Romains, évaluée à soixante-quinze drachmes Attiques, ce que Fannius paroît n'avoir pas compris, & ce qui lui fait dire qu'elle eft plus petite que la livre Romaine. Il dit enfuite que la mine Attique eft de cent drachmes, & que fi de ce nombre on ôte quatre drachmes, on aura la livre Romaine; & que fi enfin on retranche le quart de la

mine Attique, on aura la livre Attique. Tout cela veut dire que la mine Attique eft de cent drachmies Attiques, & la livre Romaine ou Attique, de foixante-quinze, qui reviennent à quatrevingt-feize drachmes Romaines: tel eft le point de vue ténébreux fous lequel Fannius nous préfente une chofe auffi fimple, mais qu'il n'entendoit pas lui-même. Prifcien (lib. de fig. & nom. numer.) s'exprime d'une maniere auffi obfcure & à peu près la même, ce qui me fait croire que ces deux paffages ont été calqués l'un fur l'autre Libra vel mina Attica, drachmæ feptuaginta quinque. Libra vel mina Graia drachmæ nonaginta-fex. La mine ou livre Attique eft de foixante-quinze drachmes Attiques, & la livre ou mine Grecque eft de quatre-vingt-feize drachmes ou deniers Romains, ce qui rend abfolument le même poids, qui eft celui de la livre Attique & Romaine, telle que nous l'avons déja évaluée d'après les Métrologues de Galien, & encore d'après la réduction de foixante mines Attiques, valeur du talent, à quatre-vingts livres Romaines, felon Tite-Live & Plaute.

Un Auteur anonyme, dans les Analecta Græca, & dont le Tarif eft manufcrit à la Bibliothéque du Roi (n°. 3284.), dit que la mine eft de cent drachmes, mais qu'elle en contient cent douze poids d'Italie; il ajoute que l'once Romaine eft de fept drachmes, mais qu'elle ne contient que fix drachmes Attiques plus une obole & quatre chalcos cet Auteur fait la drachme de fix oboles, l'obole de dix chalcos, & le fcripule ou gramma d'une obole & quatre chalcos : ἔχει ἡ μνᾶ ὁλκὰς ἑκατόν. πρὸς δὲτὸ Ιταλικὸν, ριβ'. ἡ ουζγία δὲ ὁλκὰς ζ'. Ατικὰς δὲ σ'. καὶ ὀβολὸν ά. καὶ χαλκοῦς δ'. ἡ δὲ ουζ για έχει γράμματα κδ'. Τὸ δὲ γράμμα ἐσὶν όβολός, χαλκοί δ'. ἡ δὲ ολκὴ ἔχει σβολοὺς σ'. ὁ δὲ ὀβολὸς χαλκούς ι. Cet Auteur ajoute plus bas, que la livre eft de douze onces & de foixante quinze drachmes, ou, felon un autre poids, de foixante-douze feulement, c'està-dire, probablement de foixante-douze didrachmes Afiatiques, que plufieurs Ecrivains ont appellés drachmes, comme nous le ferons obferver : ἡ δὲ λίτρα ἔχει ουζγίας ιβ'. ὁλκας οέ. ἐν ἄλλω οβ'.

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Jettons un coup-d'oeil fur les poids des Hébreux, & tâchons de découvrir leur analogie, foit avec les poids des Egyptiens, foit avec ceux des Grecs & des Romains. Le talent s'appelloit kinchar, ce que l'on remarque dans Jofephe (A'pva, lib. III, cap. VII.) : ἑβραῖοι μὲν καλουσιν κίζχαρες, εις δὲ τὴν ἑλληνικὴν μεταβαλλόμενον γλῶσ oav onμdives Taλavrov: c'eft-à-dire, les Hébreux appellent kinchar

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