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en 1753 la proportion de l'or à l'argent eft comme 14 à 1. On connoît encore en Allemagne le pied de Berlin ou de Graumann de 1750, qui établit le rapport de l'or à l'argent comme 13 Dans les différens Etats actuels de l'Europe la proportion de l'argent à l'or peut varier depuis celle de 1 à 13 ou 13, jufqu'à celle de 1 à 16 ou 17. A la Chine l'argent eft à l'or comme i à 10.

1.

L'or & l'argent ouvragé ont également été affujettis à des réglemens. En France l'or emplové dans les ouvrages d'Orfévrerie, eft au titre de 22 karats; mais l'or destiné à étre foudé pour la bijouterie n'eft qu'au titre de 20 karats; enforte que dans le premier cas le marc d'or vaut 727 liv. 6 f. (2861727 log. 727.3 liv.), & dans le fecond 661 liv. 4 f. (2820334 log. 661.2 =.). L'argent ouvré est au titre de 11 deniers, & au remede de 2 grains, enforte que le marc d'argent dans les ouvrages d'Orfévrerie ne vaut que 52 liv. 7 f. peu plus (1719132 log. 52.38 —). On a fuppofé le titre moyen de 11 d. 11 grains.

Le titre de l'or ouvragé eft affez arbitraire en Allemagne, ordinairement il y eft entre 18 & 20 karats. A Vienne il est à 22 karats fans remede; à Augsbourg il eft à 19 karats; en Suiffe à 18 karats; en Espagne à 22 karats fans remede, felon les uns, & felon d'autres à 21 karats 3 grains; à Strasbourg 18 karats 1 grain & demi; en Lorraine 20 karats; en Savoie 20 karats 3 grains.

L'argent ouvragé eft dans la haute & baffe Saxe au titre de 12 loths (9 deniers); à Augsbourg & à Ratisbonne à 13 loths; à Vienne à 14 loths; à Francfort & à Hambourg à 12 loths 12 grains; à Copenhague 13 loths 6 grains; en Efpagne 9 dineros felon les uns, & felon les autres à 10 dineros 12 grains; en Lorraine & à Strasbourg 13 loths; en Savoie 11 deniers 8 grains. En France on appelle argent le Roi celui qui eft à 11 deniers 10 grains, c'est le titre de l'argent ouvrage.

Si le prix de l'or & de l'argent monnoyé demeure fixe au moins

Pendant un certain nombre d'années, il n'en eft pas de même de

or & de l'argent confidérés comme matieres ou comme marchandises non ouvrées. La proportion entre les valeurs de ces métaux n'eft pas plus conftamment la même dans le commerce qu'à la monnoie.

Pendant le cours de l'année 1773 le prix du marc d'argent au

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titre de 11 deniers 20 grains, a varié depuis 53 liv. 10 f. jufqu'à liv. Sur cent deux variations il a été foixante-trois fois de 53 liv. 15 f., ce qui peut être regardé comme fon prix ordinaire; fon prix moyen entre les cent deux variations feroit d'environ 53 liv. 14

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f.

Le prix du marc d'argent au titre de 11 deniers 10 grains a varié depuis 5 liv. 15 f. jusqu'à 52 liv. 5 f. Sur cent deux variations il a été quarante-neuf fois de 51 liv. 15 f.; fon prix moyen eft 51 liv. 16 13 f.

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Le prix du marc d'argent au titre de 11 deniers 20 grains, est au prix du marc d'argent de piaftres environ comme 54 à

49.

Le prix de l'once d'or au titre de 23 karats a varié dans le Commerce durant le cours de la même année, depuis 99 liv. 10 s. jusqu'à 100 liv. 12 f. Sur cent deux variations il a été foixantetrois fois de 99 liv. 15 f., ce qu'on peut regarder comme le prix ordinaire de l'once d'or à ce titre; fon prix moyen feroit 99 liv. 15 1⁄2 f., d'où il fuit que le marc d'or à ce titre vaut ordinairement dans le Commerce 798 liv. & que fon prix moyen eft 798 liv. 5 f.; c'est plus que ne vaut le marc d'or fin monnoyé.

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Le prix de l'once d'or au titre de 20 karats a varié pendant le même temps depuis 83 liv. 10 f. jusqu'à 84 liv. 6 f. Sur cent deux variations il a été foixante-trois fois de 84 liv.; c'eft fon prix ordinaire, son prix moyen eft d'environ 83 liv. 19 f. Le prix ordinaire peut être pris pour le prix moyen, & fur ce pied le prix ordinaire & moyen du marc d'or au titre de 20 karats, fera dans le Commerce de 672 liv.; c'est plus qu'il ne vaut intrinsequement mais les Bijoutiers l'achetent ce prix, parce qu'étant au titre convenable pour leurs ouvrages ils n'ont point de frais à faire pour l'affinage.

Suivant ce qui précéde la proportion du prix de l'argent au titre de 11 deniers 20 grains, & du prix de l'or au titre de 23 karats, eft comme 1 à 14 à-peu-près, c'est-à-dire, qu'un marc d'or au titre mentionné égale en valeur 14 marcs d'argent au titre de 11 deniers vingt grains.

Le prix des marchandifes d'argent décroît dans une progression bien plus grande que le titre; car à raifon du titre l'argent à 11 deniers 10 grains devroit valoir 52 liv. 7 f., & cependant il ne se vend que si liv. 15 f. environ.

C'eft

C'est le contraire par rapport aux matieres d'or; car à raison du titre l'or à 20 karats ne devroit valoir que 661 liv. 4 f., & cependant il fe vend 672 liv.

Le marc d'or au titre de 23 karats, valant 798 liv. dans le

commerce,

L'or des ducats y vaut environ
L'or de Portugal

L'or des Guinées
L'or du Mexique
L'or du Pérou.

786 à 787 liv.

722 à 723
720 à 721

714 à 715

706 à 707

Mais tous ces prix varient un peu felon les années & les cir

conftances.

gent,

Comme les monnoies réelles dont nous avons parlé ne font point celles qu'on emploie dans les comptes, & que ce n'est pas non plus à celles-ci que nous nous propofons de réduire les monnoies anciennes ; il faut dire un mot des monnoies idéales ou de compte, dont voici l'origine. Charlemagne, Roi de France, qui fe rendit maître de prefque toute l'Europe, fit battre des monnoies d'argent du poids de la livre qui étoit alors en usage pour pefer les marchandifes, & ces monnoies s'appellerent livres d'arà caufe de leur poids; il en fit fabriquer d'autres du poids de la vingtieme partie des précédentes; on les appella folidos, fous d'argent enfin il fit auffi fabriquer des deniers d'argent de la valeur du douzieme du fou. Ainfi la monnoie réelle de Charlemagne fut la livre de 20 fous ou de 240 deniers : elle fut fans doute ordonnée dans tout l'Empire de ce Prince ; & quoique dans la fuite elle ait été infenfiblement diminuée de fon premier poids, & même tout-à-fait abolie, le numéraire s'en eft pourtant confervé dans plusieurs Etats de l'Europe, où il n'eft plus qu'idéal ; mais parce qu'on y eft accoutumé depuis long-temps, on est resté dans l'usage d'y réduire les especes réelles d'or & d'argent. Ainsi en France le louis d'or eft évalué à 24 livres idéales ou de compte, qu'on appelle auffi livres tournois, & l'écu d'argent à 6 liv.: voilà Ce qu'on appelle monnoies idéales ou de compte. La valeur en eft différente dans les différens Etats, c'eft-à-dire, qu'on n'y entend pas par ce numéraire la même quantité abfolue d'or ou d'argent, On peut dire des monnoies idéales qu'elles font la mesure comparative des monnoies réelles, comme elles le font également les

unes & les autres de tout ce qui fe vend & s'achete.

Celui qui entreprend de réduire des monnoies étrangeres, doit fe propofer de deux chofes l'une ou bien il veut connoître la valeur intrinfeque de ces monnoies étrangeres pour les acheter comme matiere, ou bien il confidere ces mêmes monnoies comme mefure des chofes néceffaires à la vie de l'homme, & alors fon objet eft de chercher à connoître le rapport de ces mesures de comparaison aux monnoies de fon pays, qu'il confidere également comme des mesures. Dans le premier cas, il eft nécessaire d'évaluer chaque efpece de métal fur le métal de même nature; ainsi il faut réduire les monnoies étrangeres d'argent fur les monnoies d'argent de fon pays, & les monnoies d'or fur les monnoies d'or; c'eft-à-dire, qu'on doit tenir compte de la différence qui regne entre la proportion de l'or & de l'argent du monétaire étranger & la proportion de ces mêmes métaux dans le monétaire auquel on réduit. Mais dans le fecond cas cette confidération n'entre pour rien; c'est au métal dominant par l'ufage qu'il faut tout rapporter: quel eft ce métal? c'est l'argent. Tout le monde fait que les médiocres fommes fe payent toujours avec l'argent; que les grandes fommes fe payent encore plus fouvent avec l'argent qu'avec l'or, & qu'il n'y a que les petites fommes du plus mince détail qui fe payent avec le cuivre; c'eft donc l'argent qui domine dans le commerce, & qui regle la valeur de l'or & du cuivre. Qu'il fe foit donc agi de payer une fomme de la valeur de cent onces d'argent du poids de Paris, dans un temps où la proportion entre l'argent & l'or étoit comme 1 à 10: cette fomme n'aura pu être acquittée alors qu'avec dix onces d'or, tandis qu'aujourd'hui parmi nous elle peut l'être avec moins de fept onces. Je n'aurai point d'égard à cette confidération, qui, effectuée, feroit déraisonnable. La monnoie d'or d'alors doit être rapportée à celle d'argent du même temps, & évaluée à raifon de ce qu'elle valoit d'argent : & ce que je dis ici pour l'antiquité, je le dis également des monnoies actuelles des Etats de l'Europe. Lorfqu'il s'agira de les réduire à nos monnoies pour s'en fervir comme de mesures comparatives des marchandises, on évaluera toujours celles d'or & de cuivre à raison de ce qu'elles valent de la monnoie d'argent dans le pays où elles ont cours : &, comme je l'ai dit, ce n'eft qu'en confidérant les monnoies étrangeres comme matiere de commerce, qu'on doit rapporter l'or à l'or, l'argent à l'argent, & le cuivre

au cuivre.

Nous avons dit que les Anciens épuroient fcrupuleusement les métaux destinés à la confection des monnoies : ils ne les jugeoient parfaitement affinés qu'après les avoir fait paffer trois & quatre fois dans la fournaife; enfin ils ne les quittoient qu'après les avoir amenés au degré de fineffe & de pureté où l'induftrie humaine eft capable d'atteindre. L'or qu'on trouvoit en maffe ou en pierre n'étoit point foumis aux opérations de l'affinage; il étoit cenfe avoir naturellement toute fa pureté. On a fouvent trouvé de ces pierres d'or du poids de plus de dix livres Romaines. L'or qu'on ramaffe en paillettes ou en poudre dans le Tage, dans le Pô, dans l'Hebre de Thrace, dans le Pactole, dans le Gange & en d'autres fleuves, eft limé & poli par le frottement; il contient peu ou point de scories, & il fuffit prefque de le faire passer par quelques lotions, pour le nettoyer parfaitement. Mais l'ar tiré des mines contient toujours une portion d'argent plus ou moins considérable, tantôt un dixieme, tantôt un neuvieme, & tantôt un huitieme; ainfi l'or fe trouve dans les mines au titre, tantôt de 21 karats, tantôt de 21 karats, tantôt de 21 karats, & rarement de 22 karats. Cependant Pline parle d'une mine en Gaule, fituée dans un lieu appellé Albicrarenfe, où l'on trouvoit de l'or qui ne contenoit qu'une trente-fixieme partie d'argent, & qui étoit par conféquent au titre de 23 karats & H. Lorfque l'or contenoit jusqu'à

un

cinquieme d'argent, on l'appelloit electrum; c'étoit de l'or au titre de 19. karats, un peu plus.

On employoit l'alun noir & le mify pour purifier l'or; mais il paroît que la grande opération confiftoit à bien frotter & battre Ï'or > & à le laver enfuite pour enlever les matieres impures les plus groffieres: après cela on le faifoit fondre, puis on le réduifoit en farine ou fine pouffiere; on verfoit cette pouffiere dans un vase de terre cuite rempli en partie de vif-argent. Par ce procédé les particules d'or p pur se précipitoient au fond du vase, tandis que toutes les matieres étrangeres demeuroient fur la fuperficie du mercure où elles furnageoient, comme il arrive à l'huile qu'on répand dans un vase à moitié plein d'eau. Après cela on verfoit le vif-argent fur des peaux préparées, & l'or pur

du vafe.

demeuroit au fond

Pour affiner l'argent on fuivoit un procédé tout femblable; on le faifoit fondre avec du plomb, enforte que pendant la fufion toutes les matieres étrangères plus pefantes que l'argent, s'en dé◄

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