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fpondetur pecunia, quod ftipulari dicetur...... flipem dicebant ресиniam fignatam, quod ftiparetur: ideo ftipulari dicitur is, qui interrogatus, fpondet ftipem, id eft as ftipatores ait (Verrius) dictos à ftipe quam mercedis nomine accipiant cuftodes cujufque corporis. Feft. Pomp.

La monnoie de Numa, toute informe & imparfaite qu'elle étoit, ne laiffa pas que d'avoir cours pendant plus de cent cinquante ans, jufqu'au regne de Servius Tullius. Durant cette intervalle tous les comptes furent liquidés & les payemens effectués au poids & à la livre; les amendes, les falaires, &c. tout s'acquittoit la balance à la main : Panas pendere in eo propriè dicebant, qui pecuniam ob delitum folvit, quia penfo are olim utebantur. Pomp. Feft. On difoit donc alors pefer des amendes, pœnas ou multas pendere pour payer des amendes, multas folvere. Et c'eft delà que font venus les mots latins impendere, difpenfator, expenfum, penfum, penfio, difpendium, compendium, ftipendium libripens, &c. Ce dernier mot étoit le nom de l'Officier qui étoit chargé du soin du poids public, qui tenoit la balance dans la cérémonie de la paffation du contrat de vente appellé mancipatio, qui pefoit l'argent qu'on donnoit aux foldats Romains. Il reftoit encore quelques veftiges de l'ancienne coutume de pefer les métaux fécuniaires au temps de Varron, c'est à-dire, trente ou quarante ans avant la naiffance de J. C., car cet Auteur affure que dans le Temple de Saturne on confervoit encore alors une balance qui fervoit à cela. Per tarutium folvi folitum, veftigium etiam nunc manet in æde Saturni, quòd ea etiam nunc propter penfuram, trutinam habet pofitan. (de L. L.)

Cet ufage de pefer les métaux dans les comptes & les payemens ne fut point particulier aux Romains; il avoit été connu dans la plus haute antiquité. On pefoit la monnoie au temps d'Abraham, comme on le voit par la Genèse (XXIII, 16.); quod cùm audiffet Abraham, appendit pecuniam quam ephron poftulaverat, audientibus filiis Heth, quadringentos ficlos argenti probata moneta publicæ. On la pefa encore en Afie dans les temps poftérieurs, comme il paroit par le Prophete Zacharie (XI, 12.) & appenderunt mercedem meam triginta argenteos. A Rome, vers l'an 365 de la fondation de la Ville, on pefoit l'or & l'argent dans les comptes de Finances. Les Gaulois, maîtres de Rome & preffant les Romains qui s'étoient retirés dans le Capitole, il y eut une con

férence entre Brennus, leur Roi & Q. Sulpicius tribun militaire, dans laquelle il fut arrêté que les Gaulois fe retireroient moyennant mille livres pefant d'or, c'est-à-dire, 1087000 liv., que les Romains s'obligeoient de leur payer. Tite-Live dit que les Barbares abusant de l'avantage que leur donnoit la victoire, apporterent de faux poids, & que le tribun s'en plaignant, Brennus avoit encore ajouté fon épée aux poids, en difant : Malheur aux vaincus. Feftus ici s'exprime en ces termes: Væ victis, in proverbium venisse exiftimatur, cùm Romá captá à Senonibus Gallis aurum ex conventione & pado adpenderetur ut recederent, quod iniquis ponderibus exigi à barbaris querente Ap. Claudio, Brennus rex Gallorum ad pondera adjecit gladium, & dixit: Væ vicis. Quem pofteà perfecutus Furius Camillus, cùm infidiis circumventum concideret, & quereretur contra fœdus fieri, eâdem voce remuneraffe dicitur. Enfin la méthode de pefer les métaux, comme monnoie, fut trouvée bonne. On n'en employa pas d'autres, parce qu'on n'en connoiffoit pas de meilleure, & l'on s'en contenta jufqu'au temps où on lui subftitua des pieces avec des caracteres qui en marquoient le poids & la valeur, foit en cuivre, foit en argent, foit en or.

Ce fut Servius Tullius, fixieme Roi de Rome, qui le premier fit fabriquer des monnoies de cuivre: Servius Rex primus fignavit as, (Plin. lib. XXXIII, cap. III.). Il marqua fur cette monnoie l'empreinte des animaux dont elle étoit la valeur représentative, la figure d'un bœuf, celle d'un mouton, d'où elle prit le nom de pecunia: fignatum eft notá pecudum, undè & pecunia appellata, (ibidem); Servius Rex, ovium boumque effigie primus as fignavit, (Plin. lib. XVIII, cap. III.).

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La principale de ces monnoies de cuivre fut l'as, appellé aussi as grave & affipondium; c'étoit le poids d'une livre Romaine de cuivre. On en fabriqua de plus petites, des deunx, des dextans, des dodrans, des bes, des feptunx, des femis, des quincunx, des triens, des quadrans, des fextans, des fefconces, des onces des femi-onces & des fextules, c'est-à-dire, des pieces de 11, 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, 1,, onces; & tels font les fous multiples de l'as de douze onces. On en fabriqua également de plus grandes que l'as, des dupondius, des fefterces des treffis, des quatruffis, des quinqueffis, des fexis, des feptuf fis, des octuffis, des nonuffis, des decuffis, des viceffis, &c. des triceffis, des centuffis, qui valoient 2, 2, 3, 4, 5, 6,

6

A a a ij

7,8

8, 9, 10, 20, 30, &c. 100 as: tels font les multiples de l'as, & fi tous ces noms n'exprimoient pas des monnoies effectives, ils compofoient au moins le numéraire monétaire d'alors. Multa pecuniæ fignatæ vocabula funt. Eris hæc. As ab ære. Dupondius à duobus ponderibus, quod unum pondus affipondium dicebatur. Id ideò quòd as erat libræ pondus, deindè ab numero reliquum dictum ufquè ad centuffis, ut as fingulari numero. Ab tribus affibus, treffis, & fic proportione ufque ad nonuffis. In denario numero hoc mutat: quod primum eft, ab decem affibus decuffis : fecundum à duobus decuffibus biceffis (viceffis), quod dixi folum à duobus decuffibus biceffis. Reliqua conveniunt, ut triceffis à tribus, fic proportione ufquè ad centuffis, , quo majus æris vocabulum non eft. Nam ducenti in proportione cùm dicuntur, non magis affes quàm denarii, aliæve res fignificantur. Æris minima pars, fextula, quòd fexta pars unciæ: femuncia, quòd dimidia pars uncia, fe valet dimidium, ut in felibrá & femodio. Uncia ab uno fextans ab eo quòd fexta pars affis: ficut quadrans, quòd quarta; & triens, tertia pars. Semiffis, quod femias, id eft dimidium affis, ut fuprà dictum eft. Septunx, à feptem & unciâ conclufum. Reliqua obfcuriora, quod à diminutione, & ea quæ diminuuntur ita funt ut extremas fyllabas habeant. Ut à duodecim una dempta uncia, deunx. Dextans, dempto fextante. Dodrans, dempto quadrante. Bes, ut olim Des, dempto triente....... Seftertius, quod femis tertius. dupondius enim & femis antiquus feftertius eft:& veteris confuetudinis ut retro æra dicerentur, ita ut femis tertius, femis quartus pronunciarent. Seftertius igitur, ab femis tertius dictus. Varro de L. L.

Il faut remarquer fur cet endroit de Varron, que les anciens Romains difoient un tiers troisieme, c'est-à-dire un tiers au troisieme rang, pour exprimer deux & un tiers: ici le nombre ordinal troifieme, défigne la place du nombre fractionnaire un tiers; il doit être au troifieme rang, ou le troifieme en nombre, ce qui fuppofe que le premier & fecond rang font occupés par des unités d'entiers, ou bien, ce qui revient au même, que le premier & le fecond nombre font des entiers. Ainfi, fuivant cet ufage, fi je veux exprimer un & demi, je dirai en latin: femis fecundus ou femis alter: un & un fixieme, fextans fecundus ou fextans alter; quatre & un quart, quadrans quintus; cinq & trois quarts, dodrans fextus; huit & cinq fixiemes, dextans nonus ; deux & demi, femis tertius, & par contraction, feftertius. C'eft ce qui eft expliqué très-clairement dans Fauftus, dont voici les paroles : Trientem tertium pondo

coronam auream dediffe fe Jovi donum fcripfit T. Quintius Dictator, quom per novem dies, totidem urbes, & decimam Prænefte cepiffet Id fignificare aut Cincius in Mystagogicon, lib. II. duas libras pondo & trientem, quâ confuetudine hodieque utimur, quom lignum bes altedicimus, id et pedem & beffem latitudinis habens; & feftertium, id eft duos affes, & femiffem tertium. Item fi tres affes funt & quadrans, quadrans quartus dicitur.

rum

Pline (lib. XXXIV. II.) parle des efpeces de cuivre les plus renommées dans l'antiquité. Il nomme en premier lieu le cuivre de l'lfle de Cypre, où il prétend que fe fit l'invention de ce métal, & où on le faifoit avec une pierre appellée Chalcitis, différente apparemment de la calamine. Il ajoute que le prix de ce cuivre de l'Ifle de Cypre s'avilît bientôt, parce qu'on en trouva de meilleure qualité. Le cuivre jaune principalement fut pendant long-temps fort recherché pour fa beauté; mais les mines qui le produifoient s'étant épuifées, on en tira de celles dont Salluste, favori d'Auguste, étoit propriétaire dans la Tarentaife, & de que Livie, femme de cet Empereur, poffédoit dans la Gaule. Du temps de l'Auteur, le cuivre le plus eftimé étoit celui des mines de Cordoue en Efpagne, que Marius autrefois avoit fait exploiter. Il avoit la beauté & l'éclat du cuivre jaune ou laiton. L'on en fabriquoit des fefterces & des dupondius. A l'égard des as, on ne les faifoit que du cuivre de Cypre: fumma gloria_nunc in Mariaconverfa, quod & Cordubenfe dicitur. Hoc à Liviano cadmiam maximè forbet, & aurichalci bonitatem imitatur in feftertiis dupondiariifque, Cypro fuo affibus contentis.

celles

num

Nous avons dit que la monnoie de Servius portoit l'empreinte d'un boeuf ou d'un mouton. Quelques piéces de cette monnoie avoient d'autres marques. On voyoit fur le quadrans la figure d'un radeau, & le triens étoit caractérisé de même; d'où il arriva que ces monnoies s'appellerent Ratiti, du mot rates qui fignifie un radeau. Sur l'as on avoit représenté un vaiffeau, Ratitum quadrantem Tarquilius in libro quem infcripfit de.....& Opius Aurelius, dictum putant, quod & triente, ratis fuerit effigies, ut navis in affe, à qua quidem re appellatum quoque ratitum dicunt. Meminit trientis ratiti Antonius, qui ratitos ex hac caufâ dici trientes putat, quod ratis appellatio tertiæ partis affis fit; quina autem aut alius partis in illá fic, fed fecundùm numerum, ut fextans. Nec hac re ratem dici folere, nifi de terná. Sext. Pomp. C'eft à cette époque que le commerce par des échanges com

in eo,

:

mença à devenir moins fréquent le travail des artifans fe paya en monnoie, les chofes néceffaires aux befoins de la vie fe donnerent pour du cuivre, & le Propriétaire d'un petit domaine, qui auparavant auroit à peine trouvé les moyens de s'en défaifir, parce que fes befoins ne pouvoient s'étendre à la valeur de fon fonds, & que perfonne n'avoit affez de fuperflu pour en faire l'acquifition avec son épargne, fut bientôt échangé par le poffeffeur négligent ou malheureux, contre une fomme de cuivre, fruit de l'économie d'un citoyen plus actif ou plus heureux. De-là l'inégalité des fortunes qui s'introduifit contre l'efprit des loix de Romulus, mais qui avoit déja fait quelques progrès indépendamment de la monnoie inftituée par Servius.

Sous ce Roi, les plus grandes propriétés ne pafferent point la valeur de cent dix mille as, & ceux qui poffédoient ce fonds, étoient, felon Pline, dans la premiere claffe des Citoyens Romains. Maximus cenfus C. X. M. affium fuit illo Rege, & ideò, hæc prima claffis. Si nous évaluons la monnoie de Servius fur le prix actuel du cuivre monnoyé en France, & nous n'avons pas d'autre moyen, puifqu'alors il n'y avoit point de monnoie d'argent ni d'or, nous trouverons que l'as du poids d'une livre Romaine, vaudroit 1,405 liv., ou un peu plus de 28 fous de notre monnoie; en forte que les fonds des plus riches citoyens Romains fe montoient déjà à la valeur de 154,550 liv., qui au denier trente, feroient plus de cinq mille livres de revenu.

M. Rollin, d'après Tite-Live & Denis d'Halicarnaffe, nous fournit un plus grand détail fur ce fujet : Servius fit faire le dénombrement du peuple. Il fe trouva alors dans Rome & aux environs plus de quatre-vingts mille citoyens capables de porter les armes. Dans ce dénombrement on n'avoit compris ni les femmes ni les enfans, ni les jeunes gens au deffous de dix-fept ans, ni les efclaves.

Le Prince partagea ce grand nombre de citoyens en fix claffes, & il compofa chaque claffe de différentes centuries qui n'étoient point fixées chacune au nombre de cent hommes, comme le mot femble le marquer, mais qui en avoient plus ou moins, selon la différence des claffes.

Il mit dans la premiere claffe quatre-vingts centuries, dans lefquelles il ne fit entrer que des Sénateurs, des Patriciens, ou des gens diftingués par leurs richeffes; & tous ne devoient pas avoir

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