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Quadringentiès quadragiès.
Quingentiès.
Milliès.

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Il ne faut qu'ajouter cinq zéros à l'expreffion propre & absolue de chacun de ces adverbes, pour avoir la fomme de fefterces qu'ils indiquent; par exemple, la derniere expreffion adverbiale Quater deciès milliès indique naturellement quatre fois dix fois mille fois, ou quatre fois dix mille, c'est-à-dire, quarante mille, 40000; fi à cette expreffion numérique vous ajoutez cinq zéros, vous aurez 4000000000. Il en eft de même des autres.

S'il fe trouvoit des perfonnes qui euffent des doutes fur la valeur de ces adverbes, elles pourroient les lever par l'analyse de ce paffage de Cicéron, tiré de fon plaidoyer pour Rabirius Poftumus: Quid vociferabere decem millia talentum Gabinio effe promia? huic videlicet perblandus reperiendus fuit, qui hominem, ut tu vis, avariffimum exoraret, feftertium bis milliès & quadringentiès ne magnopere contemneret. Nous avons vu que les Romains étoient dans l'ufage d'égaler le denier à la drachme Attique, & de fuppofer la drachme de la valeur de quatre fefterces. Or, fix mille drachmes étoient la valeur d'un talent, donc dix mille talens valoient 60000000 de drachmes, qui, multipliées par 4, pour avoir des fefterces, produifent 240000000 de fefterces: ce qui prouve que bis milliès fignifie deux mille fois cent mille. Voici encore quelque chofe de plus précis : Plutarque, dans la vie d'Antoine, s'exprime ainfi : Il fit donner à un de fes amis vingt-cing myriades de drachmes, ce que les Romains appellent deciès: Tav φίλων τιν μυσιάδας ἐκέλευσε πέντε και εικοσι δοθῆναι. Τοῦτο Ρωμαῖοι Nexies naroãoi. Or une myriade eft dix mille; donc vingt-cinq myriades de drachmes, valent deux cents cinquante mille drachmes ou deniers, lefquels multipliés par 4, font un million ou dix fois cent mille fefterces. Cicéron, dans fes Difcours contre Ver rès, défigne la même fomme, tantôt par deciès HS, & tantôt par

deciès centena millia H S. On tirera la même démonstration d'une jolie Epigramme de Martial (lib. I, epigr. 103.) que je rappor

terai ici.

Si dederint fuperi decies mihi millia centum,
Dicebas, nondum, Scavola, factus eques
Qualiter & vivam ! quàm largè ! quamque beatè!
Riferunt faciles & tribuere Dei.

Sordidior multò poft hæc toga, penula pejor :
Calceus eft farta terque quaterque cute.
Deque decem plures femper fervantur olivæ,
Explicat & canas unica menfa duas.
Et Vejentani bibitur fax crassa Rabelli:
Affe cicer tepidum conftat, & affe focus.
In jus, ô fallax atque inficiator, eamus.

Aut vive, aut decies, Scævola, redde Deis.

Si les Dieux m'avoient donné un million de fefterces (195310 liv.) difiez-vous, Scévola, n'étant pas encore Chevalier: oh comme je vivrois! Que je ferois magnifique! Que je ferois heureux ! Les Dieux complaifans vous ont fouri & ont comblé vos défirs. Votre toge n'en eft pas moins fale; votre cafaque n'en eft pas meilleure; votre chauffure toute de pieces & recousue trois & quatre fois. Sur dix olives vous en retranchez toujours plufieurs. D'un feul plat vous faites deux repas. L'on ne bût jamais chez vous qu'un vin groffier & infipide. Un feul as (un fou) fournit votre table d'un légume bouilli. Un feul as fournit votre foyer. O homme faux & trompeur! Soyons de bonne foi; Scévola, ou vivez, ou rendez aux Dieux leur million.

Plufieurs Savans, entr'autres, Budée, Alciatus, Ciaconius & Gronovius, ont imaginé que les Romains avoient deux monnoies fort différentes en valeur, l'une appellée feftertius, égale au quart du denier, & l'autre feftertium égale à deux cents cinquante deniers. Ces Ecrivains fe fondent fur des principes bien extraordinaires. Ils ont lu dans plufieurs ouvrages d'anciens Ecrivains que la mine ou la livre contenoit cent deniers : il s'agiffoit d'un poids de l'Afie que nous avons appellé mine talmudique; mais ils ont pris cela pour la livre Romaine, & en ont conclu que le denier

Romain étoit de cent de taille à la livre, ce qui n'a jamais été. Ils ont enfuite trouvé que le Balantion ou Talantion dont nous avons parlé, & dont il eft fait mention dans l'histoire fabuleuse d'Apollonius de Tyane, fous les noms de feftertium auri, feftertium argenti, étoit de la valeur de deux livres & demie: d'où ils Ont inféré que le feftertium chez les Romains valoit deux livres Romaines & demie; mais il paroît que le Balantion n'est autre chofe que la mine de Moïfe, laquelle étoit compofée, non de deux mines Talmudiques & demie, mais de deux rotules & den'étoit de 240 deniers ou mie, en forte que le Balantion n que drachmes Afiatiques, & non pas de 250. L'embarras où fe font trouvés les Savans fur ce fujet provient donc de la méprise que je viens de dire, & encore de la négligence des Ecrivains de l'antiquité ou de celle des Copiftes: voici comment. Cicéron & Tite-Live en plufieurs endroits, difent que le talent Attique contenoit XXIV fefterces, qui valent 6000 deniers réputés égaux à fix mille drachmes Attiques. Un autre Ecrivain a négligé le trait fur l'expreffion numérique XXIV. Un troifieme l'a écrite en toutes lettres viginti quatuor feftertia, au lieu de viginti quatuor millia feftertia ; & c'eft précisément ce qu'on lit dans Aulugelle, dans Prifcien, & dans un paffage de Séneque (lib. X.) que voici: Afinius, qui bellum cum omnibus Atticis gerebat, cùm donaret ei Cæfar talentum, in quo viginti (fubaud. millia.) feftertia funt, Athenienfium more, ή πράδες, φησίν, ἢ ἄφελε, πράδες, φησίν, ἢ ἄφελε, ἵνα μὴ Αττικον κ. C'eftà-dire, Céfar donnant un talent, qui contient vingt-quatre mille fefterces, à Afinius qui cherchoit querelle à tous les Athéniens, lui dit en Grec : Ajoutez-y, ou ôtez-en, afin que la fomme ne pas Attique. Tels font, je penfe, les principes fur lesquels on a établi un feftertium de 250 deniers Romains. En vain allegueroit-on que viginti quatuor 1 feftertia n'eft pas une expression bien latine; elle l'eft tout autant que viginti quatuor feftertia ; & Varron (De Ling. Lat. lib. VIII.) dit: Cùm perventum eft ad mille, quartum abfumit fingulare neutrum, quòd dicitur hoc mille denariûm, à quo multitudinis fit millia denaria.

foit

Si cette explication paroît encore douteufe, ou que l'on demeure toujours perfuadé qu'il y avoit un feftertium de 250 deniers, que l'on explique Quinte-Curfe (lib. VIII, no 6.) dans un endroit où il s'agit de la conjuration d'Hermolaus & de Softrate. Alexandre voulant recompenfer quelques-uns de fes gardes, (c'étoient

les Conjurés) de ce qu'ayant été relevés par leurs camarades;
ils n'en étoient pas moins demeurés en faction, leur fit donner
à chacun une gratification de cinquante fefterces: data funt fin-
gulis quinquaginta feftertia. Je pense bien qu'Alexandre n'avoit pas
des monnoies Romaines pour donner à fes foldats; mais quelle
que foit la fomme d'argent qu'il fit diftribuer à chacun d'eux
Quinte-Curfe ne l'auroit pas rendu par quinquaginta feftertia, s'il
avoit connu le feftertium pour valoir 250 deniers, en forte que
la
part de chacun eût été de 12500 deniers. Il est bien plus rai-
fonnable de croire que le Roi leur fit préfent à chacun de 20
drachmes Afiatiques, qui reviennent à 10 liv. 8 fous 4 deniers de
notre monnoie, ou peut-être, plutôt encore, de dix drachmes
Attiques, qui font 12 deniers de Néron, 51 fefterces
10 liv. de notre monnoie. Cette récompenfe me paroît bien
honnête pour quelques heures de temps employées de plus qu'à
l'ordinaire par des jeunes gens à qui les Rois de Macédoine
voient faire donner le fouet quand ils manquoient à leur devoir.
Il feroit également inutile de fe retrancher fur l'Epigramme fui-
vante de Martial (lib. X, epig, 75.),

Millia viginti quondam me Galla popofcit,
Et fateor magni non erat illa nimis.
Annus abit, bis quina dabis feftertia, dixit:
Pofcere plus vifa eft, quàm priùs, illa mihi.
Jam duo pofcenti poft fextum millia menfem,
Mille dabam nummos noluit accipere.
Tranfierant bine forfan, trinave Kalenda
Aureolos ultrò quatuor ipfa petit.

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Non dedimus, centum juffit me mittere nummos ;
Sed vifa eft nobis hæc quoque fumma gravis.
Sportula non junxit quadrantibus arida centum :
Hanc voluit, puero diximus effe datam,

Inferius numquid potuit defcendere? fecit,

Dat gratis ultrò dat mihi Galla? nego.

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&

pou.

pro

Toutes les fommes contenues dans cette Epigramme font greffivement décroiffantes. La premiere eft de 20000 fefterces (3906 liv.), la feconde de roooo fefterces (1953 liv.): la premiere ne paroît pas trop forte, la feconde le paroît davantage,

par

parce qu'ici on eft moins difpofé à accepter la propofition. La troiheme fomme eft de 2000 fefterces (390 liv.); la quatrieme est dẹ 1000 fefterces (195 liv.); la cinquieme eft de quatre auréus, qui valent 400 fefterces (78 liv.); la fixieme de 100 fefterces (19 liv, 10 f.); & la feptieme enfin de cent quadrans, qui valent 6 ses terces (24 f. 5 d.). Martial ayant employé le mot millia dans l'expreffion de la premiere & de la troifieme fomme, a cru pouvoir fe difpenfer de l'écrire dans l'expreffion de la feconde, où ce mot l'auroit gêné pour faire fon vers. Voilà à quoi se réduifent les autorités que l'on produit pour établir un feftertium différent du feftertius. Qu'il y ait eu un feftertium effectif de 250 deniers, ou qu'il faille joindre par la pensée le mot millia, toutes les fois qu'on rencontrera le mot feftertium, les résultats feront les mêmes, & conféquent la difpute ne rouleroit que fur la différence des procédés pour parvenir à la même fin; mais on eft toujours bienaise de connoître la vérité, lorfqu'elle fe préfente clairement. On peut faire intervenir une autorité abfolument décifive fur la non-existence d'un feftertium différent du feftertius, c'eft celle de Varron (de Re ruft. lib. 111, cap. VI.), qui traitant de l'éducation & du produit des paons, dit que Q. Hortenfius fut le premier qui fit fervir de ces oifeaux dans les repas de cérémonie, ce qui bientôt après les fit tellement rechercher de tous les Grands de Rome, que l'œuf du paon se vendit cinq deniers, & le paon cinquante; enforte qu'au rapport d'Albutius, un troupeau compofé de cent paons femelles rendoit au moins quarante mille fefterces (c'est en fuppofant deux petits à chacune), & foixante mille, lorfqu'elles avoient trois petits: Primus hos (pavones) Q. Hortenfius augurali adjiciali cœnâ pofuiffe dicitur, quod protinus factum tàm luxuriofi quàm feveri boni viri laudabunt. Quem citò fecuti multi extulerunt eorum pretia, ita ut ova eorum denariis veneant quinis, ipfi facilè quinquagenis, grex centenarius facilè quadragena millia feftertia ut reddat, ut quidem Albutius aiebat; fi in fingulos ternos exigeret pullos, perfici fexagena poffe. Ce paffage prouve l'identité du feftertium & du feftertius; car on fait qu'il faut quatre feftertius pour égaler un denier, & ici il faut quatre feftertium pour égaler le même denier, puifque deux cents jeunes paons à 50 deniers chacun, font 10000 deniers, 40000 fefterces, ou 9000 liv. C'est 45 liv. pour le prix d'un paon : & Varron a raison de dire, au même endroit, que jamais brebis ne fut d'un fi grand rapport.

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