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Lorsqu'il s'agiffoit d'effectuer le payement d'une fomme exprimée dans ce numéraire, il falloit auparavant favoir combien cette somme valoit en monnoie réelle; mais cela fe faifoit fans calcul; l'infpection feule des notes de l'abaque fuffifoit pour cela. On y voit, par exemple, que la fomme que nous avons formée plus haut, vaut en monnoie effective, quatre fefterces, deux as & demi, & une fingule qu'on négligeoit. Ce calcul peut paroître ingénieux, fimple & expéditif.

Ĉe numéraire nous donne-t-il la clef du teftament de Curius dont parle Cicéron écrivant à Atticus (lib. VII ad Attic. Epift. II.)? Il lui dit: Il vous a déclaré fon héritier pour une libelle, & moi pour un téronce: Fecit palam te ex libellá, me ex teruncio. Cela veut-il dire, Il vous a fait fon légataire pour un dixieme, & moi pour un quarantieme? enforte que Cicéron & Atticus auroient prétendu ensemble un huitieme de la fucceffion de Curius. C'est ainfi que l'entendent M. Dupuy, Gronovius & d'autres Savans, & il me femble qu'on ne feroit pas fondé à fuivre une autre opinion.

Lorfque dans les anciens temps, les as étoient du poids d'une livre, que le denier valoit dix as, que la dixieme partie d'un denier étoit un as de cuivre du poids d'une livre, ou une libelle d'argent; que la demi-livre de cuivre ou la fembelle d'argent étoit un demi-as, & le téronce un quadrans; alors, dit Volufius, foit que les comptes se tinffent par le numéraire dénariaire, foit qu'ils se fiffent par le feftertiaire, les fommes particulieres exprimées en libelles, en fembelles ou en téronces, étoient représentées par les mêmes notes, ces notes n'étant diftinguées que par les caracteres

du denier & HS du fefterce, dont on les faifoit précéder fuivant la nature du numéraire qu'on employoit. Mais lorsqu'on eut établi que le denier vaudroit seize as, le numéraire denariaire fubit un changement, & devint plus commode & plus expéditif dans la tenue des comptes. A l'égard du numéraire feftertiaire il conferva fes notes primitives; cependant pour augmenter les divisions de ce numéraire, la libelle fut partagée en deux fembelles & en quatre téronces.

Nous allons tâcher de faire connoître le numéraire dénariaire, d'après cet Auteur. Le denier, dit Volufius, valut d'abord dix as, & c'eft delà qu'il a pris fon nom. Le quinaire, qui en eft la moitié, valut cinq as, & c'eft ce qui le fit ainfi appeller. Le fef

terce valut deux as & demi. A préfent le denier vaut feize as, le quinaire huit, & le fefterce quatre. De cette division en dépend une autre, qui a des termes particuliers, & des notes ou des fignes pour les représenter. Si vous voulez tenir des comptes par le numéraire dénariaire, vous défignerez l'as effectif par ce caractere XL, & l'appellerez femuncia ficilicus (denarii); car seize demi-onces & feize ficiliques de compte font douze onces, Ou l'as effectif. Vous représenterez le dupondius ou deux as effectifs par cette note -S, & vous l'énoncerez par le mot fefcuncia (denarii); car seize fefconces de compte font vingt-quatre onces, ou deux as effectifs. Vous écrirez le tressis avec cette note

ɔ, & l'appellerez fextans ficilicus (denarii); car feize fextans & autant de ficiliques de compte font trente-fix onces, ou trois as effectifs. Vous marquerez le quartussis, ou, comme d'autres écrivent le quadraffis, avec cette note, & l'appellerez quadrans (denarii); car feize quadrans de compte font quarante-huit onces, ou quatre as effectifs. Vous écrirez le quinquæs, ou, comme on lit dans Festus, le quinqueffis, avec cette note Ɔ, & l'énoncerez en difant quadrans femuncia ficilicus ( denarii); car seize quadrans, feize femi-onces & autant de ficiliques de compte, font foixante onces, ou cinq as effectifs. Le fexis, ou, comme il plaît à d'autres, le fextuffis, s'exprimera par ce caractere ==£ & s'appellera triens femuncia (denarii); car feize triens & feize femi-onces de compte font foixante-douze onces, ou fix as effectifs. Le feptus, ou, comme difent d'autres, le feptuffis, s'écrira avec cette noteƆ, & s'énoncera quincunx ficilicus (denarii); car cinq onces & un ficilique de compte feront également fept as effectifs. L'octus ou l'octufis s'écrira ainfi S, & s'énoncera femis (denarii); car feize semis de compte font quatre-vingtfeize onces, ou huit as effectifs. Vous écrirez le nonus ou nonuffis ainfi XS SƆ, & l'appellerez semis femuncia ficilicus (denarii); car un femis, une femi-once & un ficilique de compte valent neuf as effectifs. Le decus ou decuffis s'écrira XS-S, & s'énoncera feptunx femuncia (denarii), ce qui revient également à dix as effectifs. L'undecias ou undeciære s'écrira XS, & s'appellera

beicilicus, ce qui revient à onze as effectifs. Le duodecias ou duodeciære fe marque S——, & s'appelle dodrans (denarii), ce qui équivaut à douze as effectifs. Le tredecias ou tredeciære s'écrit ainsi *, s'énonce dodrans semuncia ficilicus (denarii), & vaut treize as effectifs. Le quatuordecias s'écrit S==S;, s'énonce dextans femuncia (denarii), & vaut quatorze as effectifs. Le quindecias fe marque XS, fe prononce deunx ficilicus (denarii), & vaut quinze as effectifs.

,

La démonstration de Volufius eft un peu prolixe & obscure & elle est encore moins claire dans le texte latin, qui paroît corrompu. L'Auteur pouvoit raisonner avec plus de précision, & dire : Le denier fe divife en feize as effectifs, & dans ce numéraire-ci on le divise par la pensée en douze onces fictives; on n'a donc qu'à faire cette proportion 16. 12 :: 1., dont le quatrieme terme eft la valeur de l'as effectif exprimé en parties douziemes, ou en onces du denier : or trois quarts d'once font une femi-once & un ficilique; donc l'expreffion de l'as effectif en douziemes, ou en onces du denier, doit être femuncia ficili& ainfi des autres. Car on comprend bien, quoique l'Auteur n'en avertiffe pas, que le denier, considéré ici comme un se divise en douze onces, 24 femi-onces, & 48 ficiliques. Voici à présent l'abaque, ou la Table logistique du numéraire

cus >

as,

dénariaire.

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84 42 21 14

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3

78 39 19 13 9 Tredeciæs; dodrans femuncia ficilicus.

10Quatuordeciæs; dextans femuncia

90 45 22 15 11Quindeciæs; deunx ficilicus
1511

9648 21
2116 12 Sedęcias, denarius; as

XVIII S-SO.

Pour donner une idée de la maniere dont les Anciens fe fervoient de ce tableau, je présenterai un exemple d'addition. J'ajoute donc les fignes de la colonne, en commençant par ceux qui expriment les moindres divifions du denier. J'écris d'abord, parce qu'il eft feul & impair; après quoi je compte les ficiliques: ils font au nombre de neuf; j'en écris un, & je retiens quatre femionces pour huit ficiliques. J'ajoute les femi-onces de la colonne

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avec ces quatre; la somme eft treize ; j'en écris une, refte douze, pour lesquelles je retiens fix onces. J'y ajoute celles de la colonne; la fomme eft quarante-trois onces : j'en écris une, & je retiens fept femis pour quarante-deux onces. J'y ajoute les femis de la colonne; la fomme eft quinze femis: j'en écris une S, & je retiens fept deniers pour quatorze femis. Ajoutant le denier de la colonne, je trouve huit deniers que j'écris XVIII, & la somme entiere des fignes de la colonne eftXVIIIS-LƆL, c'est-à-dire, octo denarii fefcuncia femuncia ficilicus femi-ficilicus. S'il s'agit d'effectuer cette fomme en monnoie réelle, on voit à l'inspection de l'abaque qu'il faut payer ou recevoir huit deniers dix as, & le ficilique & demi excédent fe néglige. On pourroit traiter plus en grand tous les procédés de l'Arithmétique des anciens Romains; mais cela paroît affez inutile, & n'eft point de notre fujet actuel. J'obferverai feulement que Celfe emploie un numéraire pondéral pour la compofition des médicamens, qui differe peu de celui-ci; par exemple, il défigne le denier par ce figne; le poids de huit deniers & un tiers eft ainsi marqué PXVIII 3, ou bien PVIII.; douze deniers un tiers P.XXII.-; deux deniers & demi PXII.

denier X ; trois quarts de denier PXS niers P. IIIIX; cent deniers P. C. X.

terres

; un demi

; quatre de

ap

L'argent, ou plus généralement la monnoie, prenoit différens noms fuivant les différents ufages auxquels elle étoit employée dans la fociété. On appelloit Patrimoine le bien qu'on tenoit de fes pere & mere; héritage, hérédité ou fucceffion, le bien qu'on tenoit de fes parens, ou de fes proches, ou de fes amis. On pelloit cenfus, peculium pecunia, poffeffio, pars, les biens, les les richeffes que l'on poffédoit, quelle que fut l'origine du titre qui en autorifoit la jouiffance. L'argent qui revenoit chaque année de ces propriétés, s'appelloit reditus, proventus, revenu ou rente. Une fomme d'argent placée à intérêt ou à usure, s'appelloit sors, principal ou capital; l'argent qui revenoit chaque mois ou chaque année de ce capital, fe nommoit fanus, ufura & impendium, ufufruit, ufure, intérêt, rente. Si l'intérêt étoit compofé de l'intérêt du capital & de l'intérêt de l'intérêt précés

Fff

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