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dent, alors on le défignoit par l'expreffion d'anatocifmus, anatocifme; ce mot vient du Grec ava & Tonos, & fignifie usure redoublée. L'argent qu'on avoit emprunté de quelqu'un, & que l'on n'avoit point rendu, fe nommoit mutuum, emprunt, dette. L'argent qu'on devoit pour quelque traité ou convention que ce foit, s'appelloit as alienum, nomen debitum, dette.

L'argent qu'on donnoit à une fille par contrat de mariage, s'appelloit dos, en Sicilien wrim, une dot ou une dote: le mot Grec qep fignifie la même chofe, & c'eft de ce dernier que dérive celui de biens Paraphernaux : ce font les biens échus à une femme par fucceffion ou autrement, depuis fon mariage. Il femble que le mot donum, en Grec pov, Noua, Noois, qui fignifie en général un don, un préfent, une offrande, tire fon origine de dos. On appelloit arrhabon ou arrha, arrhes, l'argent donné par un acheteur pour fûreté de fa parole. Les arrhes faifant partie de la fomme convenue, ne fe rendoient point; & le furplus de la fomme s'appelloit damnum, du verbe demo, ôter, parce qu'en effectuant le paiement, il falloit défalquer les arrhes. Les arrhes différent du gage, pignus, en ce que celui-ci est une chofe mobiliaire confignée, laquelle fe rend lorfqu'on reftitue la fomme qu'on avoit empruntée. L'hypotheque eft auffi un gage, mais il confifte en immeubles, en terres, en maifons, &c. Le caution ou répondant, vas, eft celui qui engage de fon bien pour un tiers. Otage, obfes, eft celui qui donne fa personne pour affurance.

Pretium, prix, valeur, eft la quantité d'argent qu'on eftime égale à une chofe, ou qu'on convient de donner pour cette chofe. Manupretium, la main-d'œuvre, eft la fomme d'argent qu'on donne pour la façon d'un ouvrage. Munus, est un don ou préfent defintéreffé & gratuit, qu'un ami fait à fon ami par un mouvement de fon cœur. Alterum munus eft un présent intéressé que l'on fait à un Supérieur ou à un homme en place, pour avoir fa protection: ou bien c'eft un préfent que l'on fait pour en obtenir un autre. Præmium, eft la récompenfe qu'on donne à la vertu & aux belles actions. Merces, folidum, foldum, falaire, récompenfe, eft la quantité d'argent qu'on donne à un ferviteur pour les gages, ou à un homme de journée pour fon falaire. Corollarium, le bon poids, le par-deffus, le pot-de-vin, le pourboire, eft une gratification en argent qu'on donne de plus qu'on

ne

doit; ce mot vient des couronnes qu'on donnoit dans les fpectacles aux Acteurs qui avoient plu. Et telle eft l'origine du corollaire en terme de Géometre, lequel eft une conféquence ultérieure qu'on tire d'une propofition qu'on vient d'établir & de démontrer.

as

En fait de matieres contentieufes, on appelloit facramentum, une confignation ou un dépôt un dépôt d'argent que les plaideurs mettoient entre les mains du Pontife. La fomme étoit de cinquante (50 liv.) en certains cas, en d'autres, de 500 as, &c. Elle étoit rendue à celui qui gagnoit fon procès; elle étoit confifquée au contraire & appliquable aux facrifices à l'égard de celui qui perdoit fa cause. Tributum qu'on appelloit aufli vectigal, tribut, impôt, fubfide, taille, exprime la fomme d'argent que la République Romaine exigeoit des Tribus, à proportion de leur revenu; de-là auffi vient qu'on appelloit ad tributum l'argent affigné ou confié pour être diftribué aux foldats. C'étoient les Tribuns du tréfor qui étoient chargés de cette commiffion. Stipendium, folde, paie, étoit l'argent qu'on donnoit aux foldats par jour ou par mois: on l'appelloit auffi folidum ou foldum. Refignatum as, étoit l'argent retranché fur la paie du foldat qui avoit commis quelque faute, & dont le Tribun militaire faifoit mention fur le rôle du Commiffaire.

Lucrum, lucre, gain, profit, eft l'argent qu'on gagnoit, foit par le commerce, foit autrement. Compendium, peculium, pécule, gain ou profit que faifoit un particulier par fon économie & fon épargne. Prada, butin, eft l'argent qu'on faifoit de la dépouille de l'ennemi après la victoire. Rapina, eft l'argent que les voleurs font de leur butin. Le fens de ce mot ne différe pas beaucoup de celui du précédent. Detrimentum, dommage, perte occafionnée par l'usage & le fervice. Intertrimentum, intertritura, intertrigo, inftrigo, déchet, perte ou dommage occasionné par des' accidens. Difpendium, expenfum, impenfa, fumptus, perte, préjudice occafionné par des frais & des dépenfes, déchet de poids. Jactura, damnum, noxa, grande perte ou dommage occafionné

par

des malheurs, par un naufrage, par le feu, &c. Multa, pœna, amende, eft une peine pécuniaire impofée par le Magiftrat pour quelque délit. Le mot multa ou muleta eft pris de la langue des Ofques ou des Campaniens, & fignifie proprement un; Varron en apporte pour preuve que de fon temps les payfans difoient

encore multa, un, lorsqu'ils ajoutoient une urne de vin de plus à la livraison d'un dolium ou culéus. Je ne fais fi ce favant Ecrivain ne fe trompe pas; mais ce qu'il y a de certain, c'est qu'en fait d'argent multa fignifie pana, & ce dernier mot vient de puniendo ou de pœnitendo, à caufe du répentir qui fuit toujours la faute & la peine pécuniaire.

Pline dit (lib. XXXIII, cap. I.) que pendant long-temps il n'y eût point d'or à Rome, fi ce n'eft en très-petite quantité. Nous avons déja vu que lorfque Brennus prit la Ville l'an 364 de la fondation, l'on avoit eu bien de la peine à y trouver mille livres pefant d'or pour remplir les conditions du traité que les Romains avoient conclu avec ce Général. Je fais bien, ajoute l'Historien, que M. Craffus étant Conful avec Pompée pour la troifieme fois, enleva du Temple de Jupiter Capitolin, deux mille livres pefant d'or qui y avoient été dépofées par Camille, ce qui a donné lieu à plufieurs de croire que la fomme ftipulée étoit de deux mille livres, & qu'elle avoit été effectuée par les Romains; mais les mille livres qu'on trouva de plus venoient du butin que les Gaulois avoient fait, tant à Rome, en dépouillant les Temples dans la partie de la ville dont ils étoient maîtres, que dans d'autres villes, & que Camille leur reprit. Rome ne pofféda donc en tout dans ce temps-là, que deux mille livres pefant d'or. Les Romains dans la fuite ne s'occuperent pas beaucoup d'augmenter chez eux la maffe de ce métal: car, comme l'obferve encore Pline, en impofant des tribus aux Nations vaincues, ils en exigerent prefque toujours de l'argent & jamais de l'or. On ne doit donc pas être étonné, fi à l'époque où l'on commença à fabriquer à Rome de la monnoie d'or, la proportion entre le prix affigné à l'or & celui de l'argent, s'éloigne un peu de celle que nous fuivons aujourd'hui. Il dût arriver à l'or refpectivement à l'argent, ce qui étoit arrivé à l'argent refpectivement au cuivre. L'or étant rare par rapport à l'argent qui étoit commun, dût être d'un prix fort fupérieur à celui de ce dernier métal. C'eft ce que nous allons maintenant examiner.

Pline dit que ce fut foixante-deux ans après la premiere fabrication de la monnoie d'argent, que les Romains firent frapper des monnoies d'or. Cette époque remonte donc à l'an 547 de la fondation de Rome, ou à l'an 207 avant l'ére chrétienne. La proportion qui fut établie fut qu'un fcripule d'or vaudroit vingt

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fefterces ou vingt fcripules d'argent, car alors le fefterce d'argent étoit du poids d'un fcripule. Aureus nummus poft annum LXII percuffus eft quàm argenteus, ita ut fcrupulum valeret feftertiis vicenis (lib. XXXIII. III.). L'Auteur ajoute : Quod efficit in libras ratione feftertiorum qui tunc erant, feftertios DCCCC; mais il faut lire: feftertios DDCCLX; ou bien denarios CIOCCCCXL; car fans cela il faudroit corriger le mot vicenis ; l'une ou l'autre correction étant nécessaire, puifque la livre contient 288 fcripules; mais le mot vicenis eft exact, comme nous allons le prouver; par conféquent la premiere correction doit avoir lieu.

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M. de la Nauze, dans une differtation fur la valeur de l'ancienne livre Romaine ( Mém. Acad. des Infcriptions, tom. XXX, P. 359.), produit, d'après les obfervations de M. l'Abbé Barthélemi, plufieurs monnoies Romaines d'or, du temps dont nous parlons. Une premiere avec le numéro XX, pefe 20 grains du poids de Paris; une feconde avec le même numéro XX, pese 20 grains. On voit évidemment que ces deux pieces ont été frappées du poids d'un fcripule chacune. Une troifieme piece avec le numéro xxxx pefe 40 grains; cette piece eft indubitablement de deux fcripules. Une quatrieme avec le numéro vx pese 62 grains. Enfin une cinquieme avec le même numéro vx pese 64 grains. Ces deux dernieres pieces font chacune de trois fcripules. Mais que fignifient les caracteres que nous venons de voir? Comme la note caractéristique du denier Romain eft X, parce qu'il valut d'abord dix as, j'avois imaginé les figures ci-deffus fignifioient deux deniers, quatre deniers, fix deniers. Mais comparant enfuite ces idées avec l'affertion de Pline, comme je n'y trouve aucune analogie, & que d'ailleurs dans ce cas la proportion de l'argent à l'or ne feroit que comme 1 à 8, j'ai mieux aimé fuivre les fentimens de Savot & du P. Hardouin, qui difent que ces marques fignifient 20, 40 & 60 fefterces; parce que felon eux, cette derniere vx défigne quinze deniers, apparemment fur l'opinion que cette figure eft l'abrégé de' celle-ci xx. Cette explication néceffite donc la correction que nous avons faite au paffage de Pline, puifqu'il en résulte qu'un fcripule d'or valoit vingt fefterces ou vingt fcripules d'argent. Cependant ce paffage de Pline & les monnoies produites par M. de la Nauze, ne nous apprennent qu'une chofe, favoir que la proportion de l'argent à l'or étoit comme 1 à 20; mais il n'en

que

demeure pas moins incertain quel étoit le poids de l'auréus, & combien il valoit de deniers. Car fi l'on a confervé jusqu'à ce jour trois pieces d'or de ce temps-là, ce n'eft pas à dire qu'on les pofféde toutes; & celles-ci ne font probablement que des parties du véritable aureus qu'on appelloit auffi folidus & foldus parce qu'il étoit regardé comme l'entier & l'unité des monnoies d'or. Ce qui me paroît de plus-vraisemblable, c'est que l'auréus fut frappé à cette époque de même poids que le denier qui avoit cours, c'est-à-dire, que l'auréus fut à la taille de 72 à Îa livre, ou du poids de quatre fcripules, & valut vingt deniers, de la même maniere que fon quart, qui étoit du poids d'un fcripule, valut vingt fefterces. Je m'en tiens à cette conjecture jufqu'à ce qu'on puiffe donner des raifons meilleures & plus pofitives.

Selon les obfervations de M. de la Nauze & de M. l'Abbé Barthélemi, les monnoies d'or dont nous venons de parler eurent cours depuis l'an de Rome 547, jufque vers l'an 560, c'est-àdire, durant l'espace de dix-fept ans. Mais depuis environ l'an 560 jufque vers l'an 620, l'auréus fut de quarante-huit à la livre, car on en conferve encore aujourd'hui en qui on retrouve le poids de 128, 130, 130, 131 grains; ils devoient peser 131 grains lorfqu'ils étoient neufs. Pline dit: Pofthæc placuit_ XL. M. fed fignari ex auri libris. Il faut donc encore corriger Pline, & écrire: pofthæc placuit XLVIII, &c. Mais quel fut alors le rapport de l'or à l'argent? c'eft ce qu'on ne fait pas. Je le fuppofe par conjecture comme 16 à 1, de maniere que la livre de l'argent valut trois auréus, l'auréus 24 deniers ou $6 fefterces, le denier étant encore de 72 à la livre.

L'auréus qui eut cours depuis l'an de Rome 620, jufque vers l'an 635, fut de 45 ou 46 à la livre, parce qu'il pese aujourd'hui 136 grains. Cette époque conviendroit à celle dont parle Pline en difant Paulatimque Principes imminuêre pondus : minutiffimus verò ad XLV.

L'auréus qui eut cours depuis environ l'an 635 jufque vers l'an 650, pefe 146 grains, & dut être de 42 ou 43 à la

livre.

L'auréus qui courut depuis environ l'an 650 jufque vers l'an 717, pefant aujourd'hui 153 grains, étoit de la livre.

40 ou de

41

à

Depuis l'an 717 jufqu'à la mort d'Augufte en 767, l'auréus

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