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fut de 41 ou de 42 à la livre, pefant aujourd'hui 149 grains. Depuis la mort d'Auguste jusqu'aux dernieres années de Néron, l'auréus varia pour le poids.

Depuis les dernieres années de Néron, jufqu'aux dernieres années de Caracalla, l'auréus fut de 45 ou de 46 à la livre, pefant aujourd'hui 136 grains. Cette époque s'étend encore jusqu'à la mort de Tite. Sous le regne de Domitien, & jufqu'aux deux premieres années du regne de Trajan, l'auréus fut de 43 ou 44 à la livre. Les autres médailles d'or des regnes de Trajan & d'Hadrien font de 45 ou 46 à la livre, avec quelques variations. Tite-Live qui vécut avant & après le regne d'Augufte, raconte fur la foi de Valérius-Antias (lib. XXXVIII. c. 55), que Scipion l'Africain fut accufé d'avoir reçu d'Antiochus fix mille livres pefant d'or, & quatre cents quatre-vingts livres pefant d'argent, au-delà de ce qu'il en avoit dépofé dans le tréfor public: Scipio & A. Hoftilius Legatus, & C. Furius damnati, quo commodior pax Antiocho daretur, Scipionem fex millia pondo auri, quadrigenta octoginta argenti plus accepiffe, quàm in ærarium retulerit. Mais il eft plus vraisemblable, ajoute l'Hiftorien, que la fomme d'argent étoit plus confidérable que celle d'or, & qu'il faut plutôt évaluer cette fomme totale à quatre millions de fefterces, qu'à vingt-quatre millions: Similius enim veri eft, argenti quàm auri majus pondus fuiffe, & potiùs quadragiès quàm ducentiès quadragiès litem æftimatam: c'eft-à-dire que la fomme que Scipion s'appropria fut plutôt compofée de quatre cents quatre-vingts livres d'or & de fix mille livres d'argent, valant ensemble quatre millions de fefterces, que de fix mille livres d'or & de quatre cents quatrevingts livres d'argent, faisant ensemble vingt-quatre millions de fefterces.

Cette combinaison faite par Tite-Live, Tite-Live, fi elle a été faite exactement, peut nous devenir très - utile pour la connoiffance des monnoies du temps d'Augufte; car il eft très-probable que cet Historien a fait fa réduction plutôt fur le pied de la monnoie qui avoit cours de fon temps, que fur celles du temps où vivoit Scipion. Ce calcul peut donc nous apprendre quel étoit le rapport du prix de l'or à celui de l'argent au temps de Tite-Live, & fervir à nous faire connoître combien on tailloit de deniers à la livre d'argent.

Soit donc a

=6000, b=480, c—24000000, d=4000000,

x-la
la livre d'or, & y la livre d'argent; on aura x

y=

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Le problême résolu, on trouve que la livre d'or valoit fous l'empire d'Augufte 3972 fefterces & 304; & la livre d'argent 348 fefterces & 2. Les deniers auroient donc été à la taille de 87 à la livre, & le rapport du prix de l'argent à celui de l'or eût été comme 1 à 11 environ; mais ces fractions nous prouvent que l'Hiftorien avoit négligé quelque chofe pour n'employer que des nombres ronds, & il est aifé de le rectifier là-deffus car les Auteurs de ce temps-là, Celfe & ScriboniusLargus, affurent que les deniers étoient à la taille de quatrevingt-quatre à la livre. D'ailleurs, nous avons des auréus du fiecle d'Augufte, lefquels pefent 149 grains, poids de marc; ainfi ils étoient de quarante-deux de taille à la livre Romaine. Nous concluons auffi de la folution du problême précédent, que les prix de l'or & de l'argent étoient entr'eux comme 12 à 1; d'où il fuit que l'auréus valoit vingt-quatre deniers ou quatre-vingt-seize fefterces; & la livre d'or 1008 deniers ou 4032 fefterces; par conféquent fix mille livres pefant d'or & quatre cents quatre-vingts livres d'argent valoient 24353280 fefterces, quoique Tite-Live n'en compte que 24000000 ; & quatre cents quatre-vingts livres d'or & fix mille livres d'argent, ne valoient que 3851360 fefterces, quoique Tite-Live, pour plus de précifion dans fon récit, en ait compté jufqu'à quatre millions.

Enfin l'auréus fut foumis à un nouveau rapport avec le denier & le fefterce. L'auréus valut 25 deniers & 100 fefterces. On ne fait l'époque de ce nouveau réglement que par approximation; mais cette époque, quelle qu'elle foit, va fe perdre certainement dans celle où le denier fut réduit à la taille de 96 à la livre, & que nous croyons devoir rapporter à l'empire de Néron. Voici les autorités qui conftatent ce nouveau changement. Didyme allégué par Prifcien, donne à dix auréus la valeur de mille fefterces: τὰ δὲ χίλια σημέρτια ποιεῖ διακόσια πεντήκοντα δενάρια ἀργυρᾶ, δέ καδέ χρυσᾶ, ἅπερ μίλλε νούμμους φασί. Martial (lib. X, epigr. 24) adreffant la parole aux Dieux: Voici, dit-il, la cinquante-feptieme offrande annuelle que nous préfentons fur vos autels. Ajoutez-y, je vous conjure, fi pourtant il eft néceffaire, deux fois neuf années, afin qu'exempt encore de l'incommodité d'une infirme vieilleffe, & que content d'un âge de trois auréus, j'aille habiter

le

le jour fortuné des bienheureux. Si vous me permettez de parcourir cette carriere, je ne voudrois pas vivre un jour de plus.

Quinquagefima liba, feptimamque

Veftris addimus hanc focis acerram
His vos, fi tamen expedit, roganti
Annos addite bis, precor, novenos,
Ut nondum nimia piger fenectâ,
Sed vitæ tribus aureis peractis
Lucos Elyfia petant puellæ,

Poft hæc tempora, nec diem rogabo.

Martial, né en Espagne, alla à Rome à l'âge de 21 ans, il en demeura 35, eftimé & confidéré, fous les regnes de Galba fucceffeur de Néron, d'Othon, de Vitellius, de Vefpafien, de Tite, de Domitien & de Nerva. Se voyant négligé par Trajan,

il

retourna dans fon pays où il mourut cinq ou fix ans après. C'est donc vers l'an 97 ou 98, c'est-à-dire au commencement de l'empire de Trajan, que cette Epigramme a été composée, & l'auréus étoit alors de 25 deniers; mais on ne fait pas depuis combien de temps.

L'Empereur Claude, prédéceffeur de Néron, regle dans Tacite (Annal XI. C. VII) l'honoraire d'un Avocat à dix mille fefterces (2232 ou 1953 liv.): ut minùs decora hæc, ita haud fruftrà dicta princeps (Claudius) ratus, capiendis pecuniis pofuit modum ufque ad dena feftertia, quæ egreffi repetundarum tenerentur. Ulpien (lib I, p. XII. de extraord. cognit.) évalue cette fomme à cent aureus: licita autem quantitas intelligitur pro fingulis caufis ufque ad cenɛum aureos. Il réfulteroit de-là que fous l'empire de Claude, l'auréus valoit vingt-cinq deniers; mais eft-il bien certain que Tacite & Ulpien qui vivoient, le premier fous l'empire de Vefpasien, de Tite & de Domitien, & le fecond fous celui d'Alexandre-Sévére, n'aient point confondu le numéraire en ufage au temps de Claude, avec celui qui étoit en ufage de leur temps, qui pouvoit être différent? Il faut néanmoins convenir que ce ́qu'il ya de plus probable, c'eft que ce fut, comme nous l'avons déja dit plufieurs fois, fous les regnes ou de Caligula, ou de Claude, ou de Néron, que l'auréus fut évalué à 25 deniers, & le denier taillé de 96 à la livre, en forte que la proportion de Ggg

&

l'or à l'argent ne fut point changée, & demeura douzieme comme auparavant, l'auréus étant alors à la taille de 46 ; & fi par intervalles il varia pour le poids, c'est une chofe inutile à favoir, puifqu'étant évalué fur l'argent à raison de 25 deniers pour un auréus, il aura toujours le même rapport à nos monnoies, quel que foit d'ailleurs fon poids.

Nous avons donc trouvé quatre époques concernant la monnoie d'or à Rome, celle de fon établiffement, & trois où elle fut réformée : l'auréus valut d'abord 20 deniers, puis 24, puis 25 ; & la proportion de l'argent à l'or fut au commencement comme à 20, enfuite comme 1 à 16, & enfin comme i 1 à 12. Nous voici enfin arrivés à une époque où la monnoie Romaine fubit une grande réforme & un grand changement, foit dans le rapport du prix des métaux, foit dans le poids & la dénomination des efpeces, foit dans le numéraire.

La principale monnoie d'argent qui eut cours fous Conftantin & fes fuccefleurs, fut le Miliaréfion. Selon du Cange, (Gloff. inf. Græc. au mot Miliaréfion) qui avoit fait une étude particuliere des Antiquités de l'Empire d'Orient, le miliaréfion étoit de foixante-douze à la livre, & il en falloit quatorze pour la valeur d'un fou d'or. Il feroit difficile d'admettre ce rapport du poids du miliaréfion de Conftantin à celui de la livre: car Eifenfchmid (pag. 141) affure avoir pefé des monnoies d'argent, avec l'effigie & le monogramme de cet Empereur, lefquelles contenoient le poids de 90 grains de la livre de Paris; elles n'en auroient contenu que 87, fi elles avoient été à la taille de foixantedouze. D'un autre côté il paroît que ces monnoies examinées par Eisenschmid avoient beaucoup perdu de leur poids par l'ufer, comme nous allons le voir.

Le Miliarésion fut de foixante à la livre, & dut être du poids de 105 grains de la livre de Paris: c'eft ce que montre la Loi (Cod. Theod. lib. XV, tit. 9, leg. I.) qui fut faite pour limiter les largeffes des Magiftrats inférieurs aux Confuls, durant la folemnité de leur promotion. Cùm publica celebrantur officia, fit Sportulis nummus argenteus, alia materia diptychis: nec majorem argen

nummum fas fit expendere, quàm qui formari folet, cùm argenti libra una in argenteos fexaginta dividitur: minorem dare volentibus, non folùm liberum, fed etiam honeftum effe permittimus.

A l'égard de la monnoie d'or, l'efpece principale fut le fou,

ver

folidus, aureus. Il étoit de foixante-douze à la livre. Car il nous refte de Conftantin un édit daté du mois de Juillet de l'an 325, par lequel le fou eft fixé au poids de quatre fcripules, & par con féquent à la taille que nous venons de dire. Voici le texte de laoi: ( cod. Th. lib. XII, tit. 7. leg. I.) Si quis folidos appender e voluerit auri cocti, feptem folidos quaternorum fcriptulorum not is vultibus fignatos appendat pro fingulis unciis, quatuordecim pro duabus juxtà hanc formam omnem fummam debiti inlaturus. Pour entendre le fens de ce paffage mal interprété par plufies Ecrivains célebres, il faut favoir que l'an 319, Conftantin avoit fait publier une Ordonnance par laquelle les tributaires de l'Empire avoient la liberté de payer les impofitions en monnoies courantes, ou en matieres, parce que le tout étoit fondu & réduit en maffe avant que d'être porté au tréfor public. Par ce réglement les Collecteurs pouvoient faire plufieurs fautes & vexer les contribuables, à caufe qu'on les chargeoit du déchet. Pour foulager les uns & contenir les autres dans le devoir, il établit une regle dans les payemens, ordonnant que ceux qui voudroient payer en monnoie courante, donneroient fept fous d'or à fon coin ou effigie, chacun du poids de quatre fcripules, pour une once d'or fin, & quatorze pour deux, payant toute leur impofition de la forte, ou donnant de la matiere en même proportion; c'est-à-dire 24 fcripules d'or fin en matiere, pour 28 fcripules en or monnoyé, & 48 pour 56; d'où l'on infére que la monnɔie de ce Prince n'étoit pas d'or pur, comme le texte femble le dire, & qu'elle n'étoit qu'au titre de 20 karats & . Mais puifque le fou étoit du poids de quatre fcripules, il est certain qu'il y en avoit foixante-douze dans une livre, & ce qui le prouve d'ailleurs, c'eft 1°, qu'Eifenfchmid (pag. 36) ayant pefé plufieurs fous d'or de Conftantin, les a trouvés du poids de 84 grains, & même un peu plus forts, enforte qu'il n'y a que 2 12 grains de déchet, car la foixante-douzieme partie de la livre Romaine est de 87 grains poids de marc. 2°, C'eft qu'on tailloit effectivement foixante-douze fous d'or à la livre: on en trouve la preuve dans les actes du Pape Marcellin, où les foixante-douze Evêques qui composerent le fynode de Sinueffe, font appellés libra occilivre d'Occident ou livre Romaine. Hi omnes electi funt viri Libra occidua, qui teftimonium perhibent, videntes eum ( Marcellinum) facrificaffe. Et enfuite: Intra hæc feptuaginta duo teftimonia,

dua

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