mois malades; ou vingt-quatre qui le foient quinze jours. La proportion des enfans qui naiffent annuellement dans un pays au nombre de tous fes habitans, eft de 1 à 26, 27 ou 28. Soixante-fix familles ne donnent annuellement que dix enfans. La fixieme partie de toutes les femmes mariées, ou la douzieme partie de toutes celles qui ont treize ans paffés, ou enfin la dix-huitieme partie de toutes les perfonnes du fexe, de quelque âge qu'elles foient, met tous les ans un enfant au monde. On ne peut compter, l'un portant l'autre, que quatre enfans, pour chaque couple marié, dans tout un pays; encore eft-ce trop pour les Villes; car dix mariages n'y donnent que 35 enfans. La plupart des enfans naiffent en Février & en Mars; & ceux qui viennent au monde dans les premiers trois mois de l'année, font auffi les plus fains. Il naît 104 garçons contre 100 filles; mais auffi il meurt plus de garçons en bas-âge: deforte que vers le temps de la puberté, le nombre des deux fexes fe remet fur un pied égal. Sur 65 à 70 naissances, il n'y aura que deux enfans jumeaux. Sur 40 à 42 hommes, il en meurt annuellement un à la campagne; un fur 32 dans les petites Villes; un fur 28 à 30 dans les Villes médiocres ; & dans les grandes, un fur 24 à 28. Pour tout un pays, il faut calculer que de 32, 34 à 36 habitans, la mort en emporte à peu près un tous les ans. Mais le fort des pauvres Négres que l'on vend comme esclaves en Amérique, est bien plus triste : il en meurt annuellement la cinquieme partie, au moins à la Martinique. Le nombre des hommes qui meurent dans un pays, est à celui des femmes qui meurent, comme 27 à 25. En général on a obfervé que quand les femmes ont paffé un certain nombre d'années, elles atteignent communément un âge plus avancé que les hommes. Les femmes mariées vivent plus long-temps que les fem mes non mariées. Les liftes des morts ont montré qu'entre 115 perfonnes qui meurent, il ne fe trouve qu'une femme morte en couche; & fur 400 morts, il s'en trouvera une qui aura péri dans les douleurs de l'enfantement. Les mois de Mars, d'Août & de Septembre font ceux qui emportent le plus de monde chez nous; & c'eft en Février en Novembre & en Décembre qu'il en meurt le moins. Sur cent enfans morts dans une année, on peut compter qu'il s'en trouve trois morts-nés: cependant cela différe beaucoup felon les pays. A Dresde, fur seize enfans qui naissent, il y en a un mort-né: en Suede, il n'y en a qu'un fur cinquante. La proportion des enfans qui meurent durant l'enfantement, à ceux qui naiffent, n'eft pas tout-à-fait comme 1 à 200 ; & de ceux qui meurent durant les couches de la mere, pas tout-à-fait comme 2 à 200. La moitié des enfans à qui on donne des nourrices, périt; tandis qu'il s'en faut de beaucoup qu'il ne meure le tiers de ceux que les meres nourriffent elles-mêmes. Cent enfans prendront la petite vérole naturelle; de ce nombre il en meurt communément huit, & jufqu'à vingt-cinq: mais fi on les fait inoculer, il en meurt à peine 1 fur 300. On a de plus obfervé qu'il meurt plus de filles que de garçons de la petite vérole naturelle. De tous les habitans d'un pays, un quart demeure à l'ordinaire dans les Villes, & trois quarts font les Villages. Si les hommes ne mouroient point, il y en auroit aujourd'hui environ 173,000,000,000 fur la terre. On compte trois générations dans un fiecle, parce que le nombre des habitans d'un Pays ou d'une Ville eft renouvellé à peu près tous les 33 ans. En fuppofant ainsi trois générations par fiecle, & que le monde n'exifte que depuis 5700 ans, il n'y a eu que 171 générations. depuis la Création jufqu'à nous, 124 depuis le Déluge, & 53 depuis l'Ere chrétienne. La moitié de ceux qui naiffent, meurt avant l'âge de 17 ans, enforte que ceux qui furvivent à cette époque, du plus ou du moins, jouiffent d'un bonheur où la moitié du genre humain n'atteint pas. Le nombre des morts eft à ceux qui naiffent, comme 10 à 12 ou 13, deforte qu'il naît dans une Province chaque année 2 ou 3 dixiemes d'hommes plus qu'il n'en meurt, ce qui fuppofe que la population croît dans le même rapport. à Les femmes mariées font à tout le fexe d'un pays comme 1 & les hommes mariés font à tous les mâles comme 3 à 5. Les garçons au-deffus de 13 ans font aux habitans d'un pays comme 4 à 33, & les filles au-deffus de 13 ans font aux mêmes habitans comme 3 à 25. Les filles au-deffous de 13 ans font à tous les habitans d'un pays comme 1 à 8; les garçons au-deffous de 13 ans tiennent aufli la même proportion. Le nombre des enfans baptifés eft à celui des familles de tout un pays comme 10 à 66, deforte qu'il faut compter 66 familles pour 10 enfans baptifés dans l'année. Les accouchemens qui précédent le terme de neuf mois, font plus communs que ceux qui le passent. Le quart de la vie eft paffé à l'âge de 12 à 13 ans; la moitié quand on a atteint la 28 ou 29° année; & enfin à 50 ans on en a confumé les trois quarts. Quel fujet de douleur pour celui qui, ayant déja vécu 28 ans, fent qu'il n'a fait que peu de bien durant la premiere moitié de fa vie! Ce qui peut le confoler, c'est que l'autre moitié lui fournit des moyens d'être infiniment plus utile à fes concitoyens, qu'il ne l'a été jufqu'à ce temps. Un enfant âgé de .. Une perfonne âgée de . 15 vivre encore. 41 20 10 107 7 108 4 109 3 110 3 • 23 55 60 65 70 75 80 85 ୨୦ 14/1/2 I I 8 6 4ᄒ 34 2 C'eft à l'âge de 7 ans que, d'après ce calcul de probabilités, il refte encore le plus grand nombre d'années à vivre. On a eu de nos jours des exemples de perfonnes qui ont vécu jufqu'à l'âge de 152, 155, 164, 169, 172, & même 185 ans. En général, on vit plus long-tems dans les pays de montagnes que dans les plaines. L'homme qui ne meurt point par intempérance ou par accident, vit par-tout 90 ou 100 ans. De mille en En fixant la durée d'une 620 chaque année D'un autre côté, comme le nombre des morts 496 eft à celui de ceux qui 471 446 il naît 34 35 420 40 385 naiffent comme 10 à 12, 24 comme 10 à I I 97 31 3 I 96 CHAPITRE CHAPITRE IX. De la quantité de pain que produit une mefure de bled; de la confommation par tête des habitans d'un Etat; du falaire des Journaliers; de la dépenfe des particuliers de moyenne condition. PA Ar la comparaifon que j'ai faite d'un grand nombre d'observations fur le poids fpécifique des grains, j'ai trouvé qu'en établiffant que le boiffeau, mefure de Paris, de bon bled pefe 20 livres poids de marc, on avoit les rapports fuivans: 1301030 Log. 20 livres, poids du boiffeau de bon froment. 1274500 Log. 18,81 liv., poids du boiffeau de méteil & de pois. 1260601 Log. 18, 22 liv., poids du boiffeau de bon feigle. 11248064 Log. 17,7 liv., poids du boiffeau de bon orge. 1084510 Log. 12,15 liv., poids du boiffeau de bonne aveine. Suivant Muller, dans. fon Livre fur l'Art de faire le pain, imprimé, en allemand, à Leipfick en 1616, le scheffel (vieux) de Konigsberg, de froment, pefe 100 livres (vieux poids). Lorfque de cette mesure on veut faire du pain très-blanc, on n'en tire que 70 livres de fine farine, dont on fait 91 livres de pain cuit, appellé panis fimilagineus. de Suivant cet effai, le boiffeau de Paris, de froment, pefant 20 livres, doit produire 14 livres de fine farine, 6 livres de fon ou gruau, & 18,2 livres de pain très-blanc ; & le fetier de Paris, pefant 240 livres, produira 168 livres de fine farine, 72 livres de fon ou de gruau, & 218,257 livres de pain de froment très-blanc. Suivant M. Dupré-de-Saint-Maur (Effai fur les Monnoies, pag. 52 & 53.), on eftime à Paris qu'un fetier de bled rend, la premiere fois qu'il paffe fous la meule, neuf à dix boiffeaux de farine blanche; qu'en faifant, remoudre les gruaux, les recoupes & le fon, l'on en tire encore deux ou trois boiffeaux de farine plus bife; & qu'outre ces douze boiffeaux de farine, il revient de plus fix boiffeaux de fon & un de recoupes. Le boiffeau de farine pefant |