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quarré, avec lefquelles on peut dorer 100 pieds quarrés. L'argent eft le plus ductile des métaux après l'or, car une once d'argent peut être tirée & étendue de cent toifes: après le cuivre, il est le plus fonore; fa couleur eft d'un blanc pur & brillant. Il se fond au feu en même temps qu'il y rougit; il est fixe mais on peut le volatilifer par le moyen de l'antimoine, de l'arfénic, ou de l'acide du fel marin. L'air ni l'eau ne produifent aucune altération fur lui; la vapeur du foufre le noircit. Le plomb ne le vitrifie point, non plus que l'or; mais l'antimoine, qui a la propriété de le volatiliser, en emporte avec lui une partie. On trouve de l'argent vierge ou natif; il y a des mines dans lesquelles il est uni au foufre; d'autres dans lesquelles il eft uni à l'arfénic; d'autres enfin dans lesquelles il eft uni en même temps au foufre & à l'arfénic; on le trouve encore mêlé quelquefois avec du cuivre, du fer & de l'antimoine.

Le plomb eft le plus mou des métaux ; il eft auffi le plus fufible après l'étain pour peu qu'on le tienne en fonte, il fe décompose à sa surface, & fe couvre d'une efpece de craffe ou de chaux: fi on expofe cette chaux à un grand feu, elle fe change en une efpece de faux verre qu'on appelle litharge; il n'eft ni fonore ni élastique; il s'étend aifément fous le marteau, mais fes parties ont très peu de ténacité; il est d'un blanc bleuâtre fort brillant, lorfqu'il a été fraîchement coupé, mais il devient d'un gris mat, lorfqu'il eft refté long-temps expofé à l'air : il vitrifie tous les métaux, à l'exception de l'or & de l'argent, qu'il fait paffer au travers des vaiffeaux, ce qui le rend propre à purifier ces deux métaux. Les mines de plomb qu'on connoît, font 19. celles où il eft pur, ce qui le fait appeller plomb natif, parce qu'il y eft fous fa forme métallique; 2. celles où il eft minéralisé avec le foufre ; 3°. les mines dans lesquelles il eft minéralisé avec l'arfénic; 4°. celles où il est minéralifé conjointement avec le foufre & l'arfénic; & 5°. enfin les mines décompofées, telle eft la céruse minérale, qui est très-rare.

Le cuivre eft un métal imparfait, d'un rouge éclatant ou d'un jaune tirant fur le rouge, très-fonore, très-dur, ductile & malléable, élastique. Il paroît compofé d'une fubftance terreufe rouge, & de beaucoup de phlogistique ou de principe inflammable. Il n'y a que le fer qui foit plus dur, plus élastique, & plus difficile à fondre que le cuivre. Il rougit au feu promptement & avant d'entrer

en fufion; mais un feu violent & continué pendant long-temps diffipe une partie de la substance de ce métal fous la forme de vapeurs ou de fumée, tandis qu'une autre partie eft réduite en une chaux rougeâtre, qui n'a plus fa forme métallique; c'est ce qu'on appelle chaux de cuivre. Ce métal fe décompofe auffi à l'air, qui, le pénétrant facilement, le change en une rouille verte qu'on ap pelle verdet ou verd-de-gris. La même chofe lui arrive dans l'eau; il se diffout dans tous les menftrues. L'alkali volatil fait prendre une couleur bleue ou d'azur à fes diffolutions, ce qui fournit un moyen de le reconnoître par-tout où il eft. Il y a le cuivre vierge & le cuivre précipité; le cuivre minéralisé avec le foufre; le cuivre minéralité avec l'arfénic; le cuivre minéralisé avec le foufre & l'arfénic, & les mines de cuivre décompofées. Le cuivre rou ge eft appellé cuivre de rofette quand il eft pur; mais quand il a été fondu avec de la calamine, quintal pour quintal, alors il devient jaune, & on l'appelle laiton. L'expérience fait connoître que ces deux quintaux fondus ensemble ne reviennent plus après cela qu'à 130, 140 ou 150 livres, ce qui dépend de l'adreffe des ouvriers. Le cuivre rouge, fondu avec vingt-deux ou vingt-trois livres d'étain fin par quintal, eft ce qu'on appelle métal, & on s'en fert pour faire les cloches. Lorfque le cuivre rouge & le jaune ou le laiton font fondus enfemble, quintal pour quintal, cet alliage s'appelle bronze; c'est avec quoi l'on fait les figures, les ftatues & d'autres ornemens. On emploie auffi le bronze dans les ouvrages d'artillerie; mais on y mêle trois livres d'étain fin par quintal: fans ce mélange, il s'y trouveroit de petites cavités qu'on appelle foufflures, qui feroient d'une dangereufe conféquence.

Le fer eft de tous les métaux le moins ductile & le moins malléable; il n'y en a point qui ait plus d'élafticité ou de reffort, & de dureté, fur-tout lorfqu'il eft converti en acier, qui n'eft qu'un fer parfaitement pur. Il rougit aifément dans le feu, mais il fond difficilement. Quand on le chauffe vivement, il pétille & jette de grandes étincelles : il fe détruit dans le feu; l'air & l'eau le décompofent; enfin il eft attiré par l'aimant, qui eft un minéral beaucoup plus dur & plus pefant que le fer, mais qui peut être changé en fer même, par l'action du feu. On trouve dans la nature du fer pur ou vierge fous fa forme métallique, du fer minéralifé avec le foufre; du fer minéralifé avec l'arfénic, & des mines de fer décomposées.

Enfin l'étain eft de tous les métaux le moins pefant; il eft blanc comme l'argent, très-flexible, très-mou, & fe fond au feu le plus léger. Quand on le plie, il fait un bruit ou cri qui le caractérise, & auquel il eft aifé de le diftinguer. Il n'eft prefque point fonore quand il eft fans alliage, mais il le devient quand il est uni avec d'autres fubftances métalliques. C'eft donc une erreur de croire, comme font quelques Auteurs, que plus l'étain eft fonore, plus il eft pur. Si on tient l'étain long-temps en fufion, il fe calcine à fa furface, & fe convertit en une efpece de cendre grife, qui ne fe vitrifie pas comme celle du plomb, mais donne une couleur laiteufe & opale à la frite du verre, dans laquelle on l'a mêlé: c'eft cette cendre qu'on appellé potée, & dont on fe fert pour polir les verres. Ce métal diffous dans l'eau forte, exalte la couleur de la cochenille dans la teinture de l'écarlate; il dégage l'or qui eft en diffolution dans l'eau régale, fous la forme d'une poudre de couleur de pourpre, dont on fe fert dans les émaux. On trouve de l'étain vierge, ce qui eft très-rare, & de l'étain minéralifé avec l'arfénic. L'étain fin s'appelle étain d'Angleterre ou de Cornouailles, parce que c'eft dans ce pays qu'on le trouve plus pur. L'étain fin, mêlé avec deux livres de cuivre rouge, & une livre d'étain de glace ou bifmuth par quintal, s'appelle étain fonnant. Enfin on nomme étain commun un alliage de douze à quinze livres de plomb avec un quintal d'étain fin.

Il est évident, par ce que nous avons dit, que l'or & l'argent font d'entre les métaux ceux qui conviennent à la fabrication des monnoies. Ces deux métaux font parfaits, c'eft-à-dire, qu'ils réfiftent également à l'action du feu, de l'eau & de l'air. Ils font ductiles & malléables, & propres par cette raifon à recevoir une forme & une impreffion quelconque. Ils font rares & d'un grand prix, ce qui fait qu'en très-petit volume ils peuvent repréfenter beaucoup; & il réfulte delà que les efpeces qui en font faites font portatives & commodes. Quant aux métaux imparfaits, ils ne doivent fervir que pour faire des monnoies communes, de peu de prix, & feulement pour repréfenter les menues denrées dans le détail, ou plutôt les fractions des plus petites efpeces d'argent. Ils font de plus employés, fur-tout le cuivre, comme alliage avec l'or & l'argent, pour procurer à ces derniers plus de dureté & de confiftance, & pour d'autres raifons que nous rapporterons. Il s'agit à préfent d'établir des principes & des regles pour difpenfer,

dans la confection des monnoies, ces métaux avec économie & dans une jufte proportion; c'eft ce que l'on fait par le moyen d'un poids matrice & original : mais ce poids a varié en France; & c'est ce que nous nous propofons d'examiner.

La livre Romaine fut en ufage en France fous nos premiers Rois, comme nous l'avons prouvé ailleurs, & y fervit à peser les métaux jufqu'au regne de Charlemagne, environ l'an_800; c'eft à cette époque, ou quelques années plutôt, que ce Prince établit de nouveaux poids & de nouvelles mefures. La nouvelle livre poids, inftituée par Charlemagne, fe divifa en 12 onces, 96 drachmes ou deniers, 288 fcripules, comme l'ancienne livre Romaine; mais elle étoit plus grande, & elle répondoit à 6912 grains de la livre poids de marc d'aujourd'hui ; c'est la livre en médecine que les Apothicaires ont laiffée depuis quelques années pour lui fubftituer là livre commune de deux marcs. Outre les divifions précédentes, la livre Carlovingienne fe divifa encore en 20 fous, 240 deniers, 5760 grains; c'eft ce qui eft prouvé par le témoignage d'un Auteur contemporain : Juxta Gallos vigefima pars uncia denarius eft. Et duodecim denarii folidum reddunt: ideoque juxta numerum denariorum tres unciæ 5 folidos complent, fic & quinque folidi in tres uncias redeunt : nam duodecim unciæ libram 20 folidos continentem efficiunt (Vetus Agrimenfor de Ponderibus. ). La valeur de ce nouveau poids est constatée par les monnoies qui nous reftent de ce temps-là. Les fous de Charlemagne pesent ou doivent pefer 288 grains d'alors, & 345 grains de la livre poids de marc; les deniers du même numéraire devoient pefer alors 24 grains, qui répondent à 28 grains du poids actuel or les deniers qui nous reftent de ce Prince pefent effectivement jusqu'à 28 grains trébuchans du poids de marc. Il n'eft pas moins certain que cette livre eft de l'inftitution de Charlemagne ; on en peut donner des preuves inconteftables. Dans un titre de ce Prince pour l'Eglife d'Ofnabruck, on lit ces mots : Sexaginta folidos noftri ponderis (Monum. Paderb. p. 327.). Dans un autre titre de l'Empereur Frideric II, daté de l'an 1234, il y a: Regi centum libras auri in pondere Caroli perfolvet (Alberic. Chron. Mf.) Et Arnoldus Lubecenfis dit: Quatuor millia marcharum . . . . . perfolveret librata pondere publico, quod Carolus Magnus inftituerat. Gruter nous a donné la figure d'un poids de cuivre rond, qui, felon lui, pese trois onces vingt fcripules, fur lequel on lit cette infcription: PONDUS CAROLI.

On trouve dans les Ordonnances des Rois Robert & Henri I, des preuves que cette livre étoit encore en usage pour pefer les métaux & les monnoies; on s'en fervit même encore au commen. cement du regne de Philippe I, car dans un titre daté de l'an 1075, la feizieme année de fon regne, il eft fait mention de livre d'or Fifco noftro auri libras C feftinet perfolvere (Spicil. tom. I.); & dans un autre de l'an 1066, la feptieme de fon regne: Decem libras auri Regio fifco perfolvat.

Ce fut fous le regne de Philippe I que le poids de marc s'introduifit en France pour pefer les métaux; en effet on lit (Spicil. 10m. 2, p. 751.) que l'an 1093, ce Prince donna neuf marcs d'argent pour rebâtir une Abbaye qui avoit été brûlée. L'an 1117, le neuvième du regne de Louis le Gros, fon fils, dans une de fes Chartes, il eft fait mention de douze marcs d'argent pour couvrir la châffe de faint Magloire. L'an 1148, Louis le Jeune, fon fils: Præcepit Abbati fine ulla dilatatione 300 marchas argenti fibi præparandas fore. Et dans une Lettre de l'Evêque de Laon au Roi: Quadringentas marchas puri argenti..... depofitas commifi. Il paroit donc qu'il faut rapporter l'inftitution du marc pour pefer les monnoies entre l'an 1075 & l'an 1093. Ce marc fut les deux tiers de la livre de Charlemagne ; & doublé, il a fait la livre poids de marc d'aujourd'hui, qui vaut une livre Carlovingienne & un tiers. Mais il y eut autrefois diverfes fortes de marcs en France, comme le marc de Troyes, le marc de Limoges, celui de Tours & celui de la Rochelle, tous quatre di érens entr'eux de quelques deniers. Il en eft fait mention au Regiftre de la Chambre des Comptes, cotté Nosler (fol. 204 & 205.), ainfi qu'il fuit :

Au Royaume fouloit avoir quatre poids de marc; fçavoir, le marc de Troyes, qui poife quatorze fols deux deniers efterlins de poix. Le marc de Limoges, qui poife treize fols trois oboles efterlins de poix. Le marc de Tours, qui poife douze fols onze deniers obole efterlins de poix; & le marc de la Rochelle, dit d'Angleterre, qui poife 13 fols 4 deniers efterlins de poix. Par le marc de la Rochelle qui poife 13 jols 4 deniers efterlins, toutes les monnoies quelles qu'elles foient fe allouoient pour douze deniers d'argent fin de poix l'un contre l'autre, & huit enfemble doivent faire & poifer ledit marc : chacun defdits douze deniers doit poifer 24 grains. Chacun efterlin doit poifer trois oboles tournois, & ainfi généralement doit estre marc de tournois felon Le marc de la Rochelle à vingt fols tournois. Et ainfi fe ordonnent &

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