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houffent toutes les monnoies du monde, felon du plus le moins; qui plus y met d'argent des devant dits douze deniers, & le demourant du métail fe comme fe l'en difoit mailles petites tournois à dix-fept fols fix deniers au marc de Troyes qui eft de Paris, & le dit marc eft plus grand que celui de la Rochelle de dix efterlins, qui doivent poifer 30 oboles qui valent deux fols fix deniers. Ainfi font-ils de 20 fols au marc felon celuy de la Rochelle, & furent faites telles petites mailles

l'an 1329 de 18 grains de loy, argent le Roy. On ne pouvoit, ce me femble, écrire avec plus d'obscurité.

Voici une Ordonnance du Roi d'Angleterre, donnée avant l'an 1158, qui peut fervir à répandre quelque lumiere fur les rapports des poids qui étoient alors en ufage, foit en France, en Angleterre.

De mutatione Monetæ, &. Tréfor, cott. 8, fol. 46.

foit

Ita ordinatum eft apud Cadomum communia Senescaltiæ Normania concilio fratris Hanur, & concilio Baronum Normaniæ quod marca de Cadomo, Dunefenfi, Peticenfi, & Vendofilenci capiatur ad fcacarium pro 14 folidis & ix denariis, & de Giunganpn pro 13 folidis & ix denariis, & de Andegavenfi pro 15 folidis Turonenfibus, & nulli liceat nec Cambitori, nec alio portare monetam prohibitam extra terram Domini Regis, fed ad Cambium, vel ad Cuftodes monetæ, & illi qui debent argentum Domino Regi reddant pro marca 13 folidos & 4 denarios ferlingorum de Cuftodia, vel 53 folidos & 4 denarios Turonenfes, vel 26 folidos && denarios Cenomanenfes, & mandatum est ex parte Domini Regis quod de debitis quæ debentur ei ficut promiffum in Ballia noftra de illis qui non habent Turonenfes, vel Cenomanenfes, alios denarios recipiatis, & fimiliter faciatis fieri de debitis quæ debentur alii genti ad marcam Rothomagenfem 14 folidos, Gui ganpn xiij folidos, Andegav. 14 folidos & 3 denarios.

On voit, par ce titre, que le marc d'Angleterre ou de la Rochelle, qui valoit le poids de 13 fous 4 deniers fterling, valoit également le poids de 53 fous 4 derniers tournois, & que par conféquent l'efterlin, ou denier fterling, valoit 4 deniers tournois. Roger d'Hoveden parle d'un Traité de paix entre Philippe-Augufte & Jean, Roi d'Angleterre, fait en 1200, le 21 Mai. Dedit nobis, dit Philippe, 3000 marcarum argenti ad pondus & legem in

qua

pa

qua facta fuerunt, fcilicet 13 fol. 4 den. pro marca, propter vacatum noftrum, & propter feudum Britannia, quod nos Regi Angliæ divifimus (Tréfor R. 8, fol. 4.). La troifieme année du regne du Roi Jean, la monnoie efterlin étoit encore de ce poids, comme roît par une tranfaction faite entre lui & la veuve du Roi Richard fon frere, pour fa dot : Johann. Dei gratiâ, Rex Angliæ, &c. Sciatis ita conveniffe inter nos & Berengariam quondam Reginam Anglia uxorem Regis Riccardi fratris noftri de dote fuá. quod nos affignavimus ei pro dote fud mille marcas annuas 13 folidis & 4 nariis bonorum fterlingorum computatis pro marca..... anno regni noftri tertio.

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de

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Le 19 Mars de l'an 1248 la monnoie fterling n'avoit pas changé de valeur, comme il paroît par une reconnoiffance que le Prieur de Lanfac, Diocèfe de Cahors, fait au Comte de Toulouse, pour avoir fa protection: Conftituo vobis D. Raimundo Comiti Tholofano, &c. annuum cenfum dimidiæ marca fterlingorum, videlicet fex folidorum & octo denariorum fterlingorum bonorum & legalium (Chart. de Tholofe, Vion.).

Saint Louis, par fon Ordonnance faite au Parlement de la Touf faint de l'an 1265, donne cours aux efterlins jusqu'à la mi-Août, pour 4 deniers tournois. En 1289, Philippe le Bel, par fon Ordonnance, veut de même que les efterlins d'Angleterre qui font de poids, n'ayent cours en France que pour 4 deniers tournois. Et dans un Traité fait l'an 1290, entre le Roi de Caftille & Philippe le Bel, le bon denier fterling est évalué à quatre quatre deniers, tournois.

En 1295, l'Ambassadeur du Roi de Norwege reconnoît, par fa quittance, avoir reçu du Roi 500 marcs de bons & loyaux fterlings, monnoie d'Angleterre & d'Ecoffe, du poids de 13 fous 4 deniers pour marc pour un Navire équipé (Invent. Vol. 4, fol. 72.).

Il est évident, par ce que nous venons d'alléguer d'autorités, qu'on connoîtra les rapports des marcs ci-deffus à nos poids, lorfqu'on connoîtra le poids du fou tournois, qui avoit cours alors. Ör il étoit de 58 au marc de la monnoie du Roi de France, comme il paroît par un fragment d'Ordonnance que S. Louis fit l'an 1266, pour régler la maniere dont on devoit pefer la monnoie, avant que de la délivrer au public. En voici le texte :« Et quand la Garde » voudra délivrer cette monnoie, il la meslera toute ensemble, & » de ces deniers meflez il pesera 3 marcs l'un après l'autre, & se >> il les trouve fi foibles que en nul de ces trois marcs en entre Mmm m

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» 58, qu'ils ne foient délivrez, tant il en ait ofté tant de foible; parquoy li ramenant foit du poids qu'ils devoient eftre. Et quand » l'en ne puet faire toutes œuvres que ly 58 deniers poisent un » marc fans plus ni fans meins, &c. »

Ce poids du fou tournois, ou gros tournois, eft encore prouvé par une Ordonnance de Philippe le Bel, du 22 Janvier 1310, dans laquelle il dit que les mailles tierces, qui étoient de même loi que les. gros tournois de S. Louis, étoient de 174 au marc & qu'elles valoient juftement le tiers d'un gros tournois de S. Louis. Deforte que fi l'on divife 174 par 3, on aura 58. Enfin M. le Blanc dit qu'il nous refte encore quantité de ces gros tourhois de S. Louis, bien entiers & bien confervés, qui pesent 3 deniers grains trébuchans, ou environ 79 grains du poids actuel. Par conféquent le marc de la monnoie au temps de S. Louis, étoit le même que celui d'aujourd'hui ; il étoit également les deux tiers de la livre Carlovingienne, établie par l'Empereur Charlemagne.

26

58

On pourroit penfer que la monnoie fterling étoit au même degré de pureté que la monnoie tournois, puisqu'il paroît qu'on la donnoit poids pour poids; cependant la monnoie d'Angleterre n'étoit qu'au titre de 11 den. & demi-grain, tandis que la monnoie de S. Louis étoit au titre de 11 deniers 12 grains de fin, comme le prouve une promeffe entre Jacques d'Arragon, & Jacques, Roi de Majorque, du mois de Juin 1309, dans laquelle il eft parlé de 160000 tournois d'argent: Sancti Ludovici bonæ memoria Regis Francia de lege undecim denariorum & oboli, quorum Turonenfium 57, minus tertia parte unius ponderant unam marcham ad penfum Monfpefulii. Voilà donc encore un marc, celui de Montpellier, qui eft évalué au poids de 56 tournois. Il existe un autre titre de Jacques, Roi de Majorque, daté du mois de Mars 1338, par lequel il paroît auffi que ces gros tournois étoient d'argent à 11 deniers 12 grains de loi, & que les 56 pefoient un marc de Montpellier.

auffi

Voici la liste & l'évaluation des poids dont nous avons parlé ci-deffus, & en premier lieu les anciens poids d'Angleterre, bien que ceux d'à préfent, qui en ont été déduits.

Once avoir-du-poids, once Romainej-2759451 Log. 0,05747|liv. 18 Marc d'Anglet. & de la Rochelle-1662541 Log. 0.4598 121 Livre fterling. Livre Romaine-1838632 Log. 0.6897 I Livre avoir-du-poids. -1963571 Log. 0.9196 Livre poids-le-Roi. 0139662 Log. 1.380

162
24 3 2

L'once de ce numéraire n'eft que l'once Romaine, comme l'enfeigne M. Arbuthnot; mais elle a été augmentée, & se trouve plus grande de 3 grains: cependant elle eft encore inférieure de 4 grains à l'once actuelle avoir-du-poids, qui vaut 533 grains du poids de marc François. A l'égard de la livre de Troy de Londres, ce n'eft que la livre de Troyes Françoife, autrement la livre Carlovingienne augmentée d'un foixante-quinzieme environ. On a fubftitué avec le temps cette livre de Troy, pour la monnoie, au marc ancien & à la livre fterling ou Romaine d'Angleterre, je ne fais à quelle époque; ce qui répand quelque obfcurité fur les affoibliffemens progreffifs qu'a fubi la monnoie Angloife, & dont la quantité feroit connue d'ailleurs : car on trouve que fous Ofric, vers l'an 900, les Saxons divifoient la livre fterling de douze onces en 240 deniers fterlings, & l'once en 20 de ces mêmes pieces, qu'ils appellerent pfennig, d'où s'eft formé le mot Anglois penny. Les chofes demeurerent à peu près fur le même pied jufqu'à Edouard III. Sous Henri VI, l'once d'argent fe divifa en 30 pence ou deniers. Pendant le regne d'Edouard IV, elle répondit à 40 pence ou deniers; fous Henri VIII, à 45. La Reine Elifabeth augmenta d'un tiers la valeur de l'once, qu'elle porta à 60 deniers, ou 5 fous fterlings. Voici les valeurs des autres marcs ufités en France, dont nous venons de parler.

-

- 1650151 Log. 0.4468 liv.
1651545 Log. 0.4483 ..
1655702 Log. 0.4526

-1683730 Log. 0.4828

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marc de Rouen, de Caen, &c.

1688870 Log. 0.4885. marc de Montpellier.

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1691417 Log. 0.4914.. • marc d'Angers.

529 Grains 4237/

6356

8474

12712

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Il paroît que chacun de ces marcs étoit les deux tiers, & non la moitié comme aujourd'hui, de la livre poids de la Ville ou du Canton où ils étoient en ufage. Ces marcs avoient leurs fous-divisions ou parties; c'étoient des poids moindres, mais égaux à ceux des monnoies de ce temps - là, d'où vient qu'ils en portoient le nom. Le denier Manfois valoit deux deniers tournois; le denier efterlin, pfenning, penny, valoit deux deniers Mansois, ou 4 deniers tournois; le fou tournois valoit 3 deniers efterlins, 6 den. Manfois, 12 den. tournois. Le fou Mansois, ou fimplement le Manfois, valoit 2 tournois, 6 den. efterlins, 12 den. Manfois, 24 den. tournois. L'efterlin, shelin ou shilling valoit 2 Mansois, 4 tournois, 12 den. efterlins, 24 deniers Manfois, 48 den. tournois. L'once efterlin valoit efterlin, 3 Manfois, 6 tourn., 20 den. efterl., 40 den. Manfois, 80 den. tournois. La livre tournois valoit 3 onces efterlins, 5 efterlins, 10 Mansois, 20 tourn., 60 den. efterlins, 120 deniers Manfois, 240 deniers tournois. La livre Mansois valoit 2 livres tournois, 6 onces efterlins, 10 efterlins, 20 Mansfois, 40 tournois, 120 deniers efterlins, 240 den. Manfois, 480 den. tournois. Le marc d'Angleterre ou de la Rochelle valoit livre Mansois, 2 liv. tournois, 8 onces efterlins, 13 fterlins ou shelins, 26 Manfois, 53 tournois, 160 den. efterlins, 320 den. Manfois, 640 den. tournois. Le marc de Paris ou de Troyes valoit 1 marc d'Angleterre, liv. Mansois, 2 liv. tournois, 8 onces efterlins, 14 efterlins, 29 Manfois, 58 tournois, 174 den. efterlins, 348 den. Manfois, 696 den. tourn. La livre efterlin ou fterling valoit 1 marc de Paris, 1 marc d'Angleterre, 2 liv. Manfois, 4 liv. tournois, 12 onces efterlins, 20 fous fterlings, 40 Manfois, 80 tournois, 240 den. fterlings, 480 deniers Manfois, 96c den. tournois. Sous S. Louis, l'an 1265, la monnoie du Mans avoit été diminuée de valeur; car à cette époque la livre efterlin valoit 1 marc de Paris', 1 marc d'Angleterre, 2 liv. Mansois, 4 liv. tournois, 5 liv. Angevines ou Nantoises, 12 onces efterlins, 20 fous fterlings, 50 fous Manfois, 80 fous tournois, 100 fous Angevins ou Nantois, 240 den. efterlins, 600 den. Manfois, 960 den. tournois, 1200 den. Angevins ou Nantois; ce qui fe prouve par une Ordonnance de S. Louis, de ladite année: Facta in Parlamento omnium Sanctorum & fcripta Melduni.

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7 80

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20

Le poids de marc de Paris fe divise auffi en 8 onces, 64 gros,

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