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pour établir une base folide de nos calculs, il faudroit fuppofer le titre moyen de l'or ouvré en monnoies, de 21 karats 26 trentedeuxiemes, & celui de l'argent monnoyé de 10 deniers 22 grains, & il ne nous resteroit plus dans ce cas qu'à expofer, d'après ces principes, les valeurs du marc d'or & d'argent fin monnoyés, fuivant qu'on auroit égard aux remedes, ou qu'on n'y auroit point égard; les voici :

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Pour l'Argent.

liv. marc d'argent fin fans remede.
liv. le même ayant égard à la moitié du
remede de poids.

1737492 log. 54. 64-liv.

1739191 log. 54. 87

1743388 log. 55.38

le même ayant égard à la moitié du remede de loi.

liv. le meme ayant égard à la moitié des remedes de poids & de loi.

liv. le même ayant égard à la totalité des remedes de poids & de loi.

Pour l'Or.

2895120 log. 785. 5- liv. Marc d'or fin fans égard pour les remedes.

2895827 log. 786.7+ liv. le même en déduifant la moitié du re

2898838 log. 792. 2

2899545 log. 793. 5

2904003 log. 801.7

mede de poids.

liv. le même en déduifant la moitié du re

mede de loi.

liv. le même en déduisant la moitié des re

medes de poids & de loi.

liv. le même en rabattant la totalité des remedes de poids & de loi.

liv.

Si des produits précédens on retranche le prix du marc de fin non ouvré, qui eft pour l'argent de 51 livres 3 fous 3 deniers, & pour l'or de 740 liv. 9 fous 1 denier, on trouvera la traite de l'argent de 2 livres 3 fous 4 deniers, & celle de l'or de 45 o fous 11 deniers pour marc, dans le cas où l'on négligera de faire entrer en compte les remedes de poids & de loi; & fi on les comprend en entier, la traite du marc d'argent fin sera de

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liv.

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4 fous 4 deniers, & celle du marc d'or fin de 61 livres 5 fous. Mais il paroît d'une jufteffe plus rigoureusement exacte de prendre une traite moyenne, en déduifant le marc de fin non ouvré, du marc de fin monnoyé, dans lequel on n'a compris que la moitié des remedes de poids & de loi, & fur ce pied, la traite du marc d'argent fin n'eft que de 3 livres 13 fous 8 deniers, ce qui fait un peu plus de la quinzieme partie de la valeur intrinfeque du marc, favoir 14. 83; & la traite du marc d'or fin n'eft que de 53 liv. o fous 11 den. environ; ce qui revient auffi à un peu plus de la quinzieme partie de la valeur intrinfeque du marc, favoir 14. 96. Suivant M. D. J. dans le Dictionnaire Encyclopédique (au mot Rendage), le rendage d'un marc d'or feroit aujourd'hui de 10 livres 10 fous, favoir, 7 livres 10 fous pour le feigneuriage, & 3 livres pour le brassage; & le rendage d'un marc d'argent de 28 fous, favoir, 10 fous, pour le feigneuriage, & 18 fous pour le braffage; d'où il fuivroit que les remedes de poids & de loi produiroient au Roi par marc d'argent fin 2 livres 5 fous 3 deniers, & par marc d'or fin 42 livres 10 fous 11 deniers. Mais cela ne peut être, car l'épargne de la moitié des remedes de poids & de

ne produit fur un marc d'argent fin que 10 fous 10 deniers environ d'augmentation, & fur un marc d'or fin que 8 livres d'où il fuit que le rendage pour un marc d'argent fin eft néceffairement de 3 livres 2 fous 1 deniers, & pour un marc d'or fin de 45 livres o fous 11 deniers : ou bien les Auteurs: que j'ai fuivi m'ont trompé dans les définitions des mots rendage & traite.

Il nous refte à donner une idée de la maniere de faire la traite dans le systême des monnoies 1o, 2o, 12o, 24o, &c. C'est ce que nous allons faire par deux exemples. La monnoie dix-huitieme, mentionnée au deuxieme article de l'Avis préfenté à Philippe le Bel, , par les Généraux de Monnoies, eft à 6 deniers de loi,

argent -le-Roi, à la taille de 14 fous 8 deniers de poids, ayant cours pour 3 deniers tournois piece. Or la monnoie 18e produit 1080 deniers tournois par marc, à 12 deniers de loi, argent-leRoi, d'où il fuit, qu'à 6 deniers de loi, elle n'en produira que la moitié, favoir 540 deniers tournois; trois de ces deniers doivent faire la valeur de la piece; par conféquent il y aura 180 pieces de taille au marc; mais les 14 fous 8 deniers de poids, qui expriment la taille, ne font que 176 deniers ou pieces par marc; c'est que les 4 pieces reftantes étoient retenues à la monnoie pour la traite

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laquelle dans ce cas ne fe montoit qu'à la quarante - cinquieme partie de la valeur du marc monnoyé. La monnoie cinq-centiere du temps du Roi Jean, valoit le marc 125 1. tournois du numéraire courant; cependant ce Prince ne faifoit donner que 120 1. pour marc aux marchands qui portoient les métaux en matiere aux Hôtels des Monnoies, c'eft qu'il retenoit 23 1. pour la traite, ce qui fait entre le cinquieme & le fixieme du prix du marc monnoyé.

Pour connoître la traite ou l'impofition que le Roi prenoit fur fa monnoie, il faut obferver, que par le mandement qu'il envoyoit aux Généraux Maîtres des Monnoies, il fpécifioit également & le quantieme de la monnoie, qui exprimoit tacitement la valeur du marc monnoyé, & la taille fictive du même marc, qui exprimoit la fomme qu'il vouloit qu'on donnât du marc hors d'œuvre. Par exemple, la monnoie étant dix-huitieme, le marc d'argent en œuvre ou monnoyé valoit 4 livres to fous; le Roi pouvoit mander qu'on n'en donnât que 4 livres, fon intention étant de retenir 10 fous pour la traite.

Lorfque nos Rois affoibliffoient leurs monnoies par la traite ou le hauffement factice du numéraire de compte, ils cachoient ces affoibliffemens au peuple. On peut en produire pour preuve l'Ordonnance de Philippe de Valois de l'année 1350, par laquelle ayant ordonné qu'on fit des doubles tournois à 2 den. 5 grains de loi, il s'exprime en ces termes, dans fon mandement aux Officiers des Monnoies: Sur le ferment que vous avez au Roi, tenez cette chofe fecrete le mieux que vous pourrez..... Le Maitre, celuy ou ceux qui font établis par luy à allayer, les fondeurs, tailleurs & effayeurs de ladite Monnoie, que par vous, ne aucun d'eux, les changeurs ne autres en puiffent fçavoir ou fentir aucune chofe; car fi par vous eft fceu, en ferez punis par telle maniere que tous autres y auront exemple.

Quelque temps après le même Roi ayant ordonné qu'on fabriquât des blancs à 4 deniers 12 grains de loi, parle ainfi dans fon mandement : Tenez la chofe fecrete, & fe aucun demande à combien les blancs font de loy, feignez qu'ils font à fix deniers.

moins

Le mandement du mois de Septembre 1351, n'eft pas fingulier. Les écus d'or, qu'on faifoit auparavant à 20 karats, furent abaiffés, & on les fit feulement à 18 karats; & pour cacher cet affoiblissement, le Roi fit le mandement suivant: Si vous avez des royaux pour un jour, fi les faites ouvrer & monnoyer ez coins des fers précédans, afin que les marchands ne puissent appercevoir l'abaisse

ment; toutefois dites-leur bien qu'ils auront defdits 62 écus pour mare. Gardez fi cher comme vous avez vos honneurs, qu'ils ne fçachent la loy par vous, à peine d'être déclarés pour traîtres, & les flaons que vous aurez avec une journée de royaux, faites ouvrer & monnoyer en fers que vous avez à préfent, & tous les autres royaux faites refondre, en feignant & difant aux fondeurs, (afin qu'ils ne puiffent de ces chofes appercevoir) que le Maître avoit failly à allayer, & pour cette caufe les faites refondre. Boizard.

On a dû remarquer par les exemples que nous avons rapportés, que quand, dans les mandemens & lettres clauses, il eft fait mention de la taille des efpeces par fous & par deniers, il faut reduire les fous en deniers; & cette fomme de deniers marque le prix du marc hors d'oeuvre. Si le mandement, par exemple, porte 9 fous 2 deniers de poids, ce qui fait 110 deniers, on entend par là qu'il ne faut donner que 110 pieces de cette monnoie pour payer le marc en matiere.

La valeur intrinfeque d'une piece de monnoie pouvoit être 'énoncée fous différentes expreffions, qui toutes ont la même signification quant à la valeur de la piece. On peut dire, par exemple, que le fou est à la taille de 48 au marc d'argent à 12 deniers de loi, de 44 au marc à 11 deniers, de 40 au marc à 10 deniers, de 36 au marc à 9 deniers, de 32 au marc à 8 deniers, de 28 au marc à 7 deniers, de 24 au marc à 6 deniers, de 20 au marc às deniers, de 16 au marc à 4 deniers, de 12 au marc à 3 deniers, de 8 au marc à 2 deniers, de 4 au marc à 1 denier. Dans tous ces cas le volume du fou croît comme les nombres I 2,39 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12; mais il est toujours de la même valeur intrinfeque; il contient toujours également en argent fin le quart d'un denier confidéré comme un poids effectif, c'eftà-dire, la quarante-huitieme partie d'un marc d'argent fin, l'alliage ou le cuivre étant compté pour rien.

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Nous obferverons à ce fujet, que le denier employé aujourd'hui fictivement pour compter les degrés de pureté de l'argent, étoit, autrefois ufité comme poids effectif, pour pefer ces mêmes degrés de pureté de l'argent. On difoit, par exemple, que quatre deniers pefant d'argent fin, faifoient le fou ou la valeur du fou: quod in fingulis folidis fint quatuor denarii argenti fini. (Hift. du Languedoc, de D. Vaiffette, tom. 2, p. 467.) Cela fignifie, que le sou étoit dela valeur intrinfeque de la 48 partie d'un marc d'argent fin,

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mais non pas qu'il fût d'argent fin; il pouvoit être à tout autre titre au-deffous de 12 deniers de loi.

Ce qu'on vient de dire de l'argent fe peut appliquer à l'or; le karat, qui fert à en mefurer les degrés de fineffe, n'étoit point, comme aujourd'hui, un poids fictif; il étoit réel & de la vingtquatrieme partie du marc, ou 192 grains, du poids de Paris. Bouteroue en rapporte pour preuve deux anciennes pieces d'or, dont l'une a pour légende :

De fin or fuis un droit karat pefant.

Et la feconde :

D'or fin fuis extrait de ducats

Et fus fait pefant trois carats.

Dont la premiere pefe effectivement 192 grains, & la feconde 5768

Après avoir confidéré la monnoie fous les rapports qui fervent à en conftituer la valeur intrinseque, nous allons la présenter ici fous fes qualités extérieures, en la confidérant comme médaille, nous contentant néanmoins de définir les termes relatifs à cette maniere d'envisager la monnoie. Commençons par les expreffions qui appartiennent plus particuliérement à la monnoie.

Volume. On entend par ce mot l'épaiffeur, l'étendue, en un mot la grandeur de chaque efpece. Le relief d'une médaille & la groffeur de la tête font confidérés comme faifant partie du volume d'une médaille.

La figure ou la forme de la monnoie eft ordinairement ronde, comme en France, mais il y a des pays où elle est ovale ou quarrée.

Le nom de chaque efpece eft tiré ou de la figure qui y eft imprimée, comme les Moutons d'or & les Tétons; ou du nom du Prince, comme les Henris & les Louis; ou de la valeur, comme les quarts d'écus & les pieces de deux fous; ou du lieu de la fabrication, comme les monnoies Parifis & Tournois; ou du poids, comme la dragme Attique, le marc d'Angleterre; ou de la matiere, comme les Louis d'or les Louis d'argent; ou bien de quelque autre fujet.

Le cordon, cordonnet, chapelet ou grenetis, font des hachures en forme de grains ou de points qui regnent autour des monnoies ou des médailles, vers la circonférence, & qui renferme les légendes ou inscriptions.

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