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combinée des Mefures, des Poids & des Monnoies des Peuples tant anciens que modernes, & en particulier des Gaulois & des François dans les différentes époques de la Monarchie. Il femble qu'à ce titre je pouvois afpirer à en préfenter l'hommage à celui que fes travaux Littéraires, une connoiffance parfaite de l'histoire de tous les temps & de tous les peuples, & une étude approfondie de celle de nos Rois & de la Nation Françoife, ont mis à portée de juger équitablement de l'utilité de femblables recherches. Mais ce n'eft point à la qualité faftueuse de favant que je veux offrir ici mon encens ; des fentimens plus doux & plus naturels captivent mes vœux & dirigent mon offrande; c'est à la reconnoiffance & à la tendre amitié que je confacre, en vous le dévouant, le fruit de mon travail.

J'ai l'honneur d'être avec respect,

MONSIEUR,

Votre très-humble & trèsobéissant ferviteur,

PAUCTON.

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PLAN & divifion de cet Ouvrage.

n'y a perfonne qui ne convienne de l'utilité d'un Ouvrage qui affigneroit avec précision les rélations en étendue des différentes régions du globe, la nature & la la quotité de leurs productions, la maffe des richesses qui réfultent de la fécondité de la terre & de l'induftrie, la consommation faite par les habitans, enfin la population & la puissance des Etats. Si la création idéale d'un chefd'œuvre en ce genre peut bien se présenter à l'esprit d'un Ecrivain, l'exécution n'en peut être effectuée dans toute son étendue que par le concours d'un grand nombre d'Obfervateurs de tous les pays, elle furpaffe les forces d'un seul homme, & il y auroit de la présomption à l'entreprendre, aussi n'eft-ce pas cet Ouvrage dont il s'agit ici. Mais c'eft en quelque forte les premiers rudimens d'un travail fi important qu'on préfente au Public. On le lui présente fous le titre de Métrologie, parce qu'en effet les mesures manuelles de comparaifon & de compte en font la base & l'objet principal. Et qui doute que les Mesures ne foient l'élément des rapports que nous annonçons vouloir déterminer ? N'eft-ce pas ainfi que tout s'opere dans la nature ? La maffe des grandes chofes n'est qu'un compofé d'infiniment petites, & lans celles-ci, celleslà ne feroient pas. Nous traitons donc des Mefures avec tout le foin que cette matiere femble exiger, ou dont elle eft fufceptible, & enfuite nous faifons des recherches fur la grandeur des Etats, leur richeffe & leur puiffance. Nous allons expofer la marche de notre travail, & mettre

fous les yeux du Lecteur les objets qui y font traités, & dans l'ordre qu'ils y font rangés.

L'Introduction définit les Mefures en général & en particulier, expose la néceffité de leur ufage dans le commerce de la Société & dans les Arts; traite de l'utilité des étalons inaltérables pris dans la nature, de l'avantage d'une Mesure univerfelle, de la légiflation des Mefures en France, de la nature du calcul qu'on emploie ordinairement dans cet Ouvrage, du calcul décimal, & du calcul logarithmique; contient une ample Table des pefanteurs abfolues d'un pied cubique des corps folides & fluides, quelques applications de ces pefanteurs à la force des animaux, enfin une autre Table des notes menfurales, pondérales & numériques des Romains & des Grecs.

par

Le premier Chapitre expofe le réfultat des obfervations faites les Géometres modernes tant fur la longueur du pendule qui bat les fecondes de temps, que fur la grandeur des degrés du méridien; fait voir qu'une Mefure univerfelle prife dans celle d'un degré du méridien, ne feroit pas moins parfaite que celle qu'on régleroit fur la longueur du pendule à fecondes; prouve que les Anciens avoient un étalon naturel de mefure, pris dans la grandeur d'un degré du méridien, & que dès les temps les plus reculés, à remonter même avant la fondation de Ninive, de Babylone & des Pyramides d'Egypte, la circonférence de la Terre avoit été mefurée aufli exactement qu'elle l'a été dans ce fiecle; démontre que cet étalon immatriculé dans la nature & de la valeur de la quatrecent-millieme partie d'un degré du méridien, étoit universel & commun à l'Asie, à l'Afrique & à l'Europe, à quelques exceptions près; qu'il étoit celui des Perfes, des

Arabes,

Arabes, des Juifs, des Egyptiens, des Espagnols qui l'ont confervé jufqu'à ce jour prefque dans fon intégrité, des Gaulois, des Bretons & des Germains ou Allemands, chez qui on le retrouve encore aujourd'hui dans la plupart des Villes les plus considérables; compare, d'après les rapports donnés par les Ecrivains les Ecrivains, cette Mefure universelle aux nôtres & aux autres Mefures particulieres de l'Antiquité, qui font les Mesures Romaines, les Mesures Grecques Olympiques, les Mefures Grecques Pythiques & Marfeilloifes qui font encore en ufage aujourd'hui en plufieurs Villes de la côte de France qui confine à la Méditerranée, & nommément à Marseille, à Gênes & à Montpellier, & enfin les Mesures des Tongres ou des Bataves, qu'on retrouve également dans le Brabant, la Hollande & ailleurs.

Le Chapitre fecond renferme une application de ces Mefures pour éclaircir quelques points de l'Antiquité. On y compare la grandeur de Paris à celles de Babylone, de Ninive, de Nanquin, de Rome, de Syracuse, d'Athenes, de Jérufalem. On y examine la grandeur de quelques monumens, la taille militaire chez les Romains, & celle de quelques Géants de l'Antiquité. Ce Chapitre contient aufli une digreffion tendant à prouver que l'Amérique a été connue des Anciens.

Le troifieme Chapitre traite des Mesures gromatiques ou d'arpentage pour les terres chez les Peuples de l'Antiquité, les Egyptiens, les Juifs, les Grecs, les Romains, les Espagnols & les Gaulois. On retrouve aujourd'hui quelques-unes de ces Mesures en Espagne & en France.

Le quatrieme Chapitre traite des Mesures de capacité pour les liqueurs & les grains. On y prouve que la cubature de la Mesure universelle linéaire, dont nous avons

b

parlé au premier Chapitre, étoit le Métrétès ou l'étalon des Mefures de continence chez les Egyptiens, les Juifs & les Arabes ; que la cubature du pied des Romains étoit de la capacité de leur amphore; que la cubature du pied Olympique étoit la mesure du métrétès Attique; que la cubature du pied Pythique eft aujourd'hui encore l'étalon des Mefures de capacité à Marseille, &c. &c. On y examine le poids du bled, d'après les Anciens & les Modernes.

Le cinquieme Chapitre traite des Poids anciens des Egyptiens, des Hébreux, des Arabes, des Perfes, des Grecs & des Romains. On fe fert encore aujourd'hui de quelquesuns de ces Poids en Europe, où ils font reconnoissables, quoiqu'un peu altérés ou augmentés. Les Poids de l'Afie, ceux des Egyptiens, des Juifs, des Arabes & des Perfes, avoient un étalon pris dans la nature; leur rotule ou litre étoit du poids d'une hémine d'eau pure.

Le fixieme Chapitre traite de la Monnoie des anciens Peuples de l'Afie & de l'Egypte, des Grecs, des Romains depuis Numa jufqu'aux fucceffeurs du grand Conftantin, de celle de la Loi Salique. On y expofe amplement ce qui concerne l'affinage & l'alliage des métaux, & tout ce qui eft néceffaire pour l'intelligence de cette partie des mefures qui n'est pas la moins difficile à approfondir. On y parle du prix des denrées & des falaires. On y fait voir que les mines d'or & d'argent du Pérou, du Mexique & des autres parties du nouveau Continent, n'ont pas autant influé fur le prix des chofes de premiere néceffité qu'on fe l'imagine communément, au moins par comparaison aux temps des Grecs & des Romains; étant démontré d'ailleurs que fous les premiers Rois des François & jufqu'à la découverte de l'Amérique, les métaux précieux

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