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Gérard et de ses aides-de-camp, pour passer la revue des gardes nationales de l'arrondissement et de diverses troupes de terre et de mer qui se trouvent à Cherbourg. Cette ligne, qui se composait de 5 à 6000 hommes, occupait la plus grande partie du quai Ouest du bassin, l'avenue du Cauchin et la route de Paris jusqu'à l'avenue des Sorbiers. La Reine suivait en calèche. Après avoir passé devant le front de ces divers corps, le Roi est venu se placer à côté d'un pavillon qui avait été élevé pour la famille royale sur un ponton de la marine militaire. La Reine et les princesses ayant pris leur place, le défilé a commencé. Les croisées des maisons, les ponts, les vergues, les haubans des navires étaient, comme la veille, garnis d'une foule immense dont l'enthousiasme répondait avec empressement à celui que manifestaient les troupes et surtout les bataillons cantonnaux en passant devant le Roi.

La revue étant terminée, le Roi, suivi de sa famille a fait son entrée dans le port militaire, où M. le préfet maritime a eu l'honneur de le complimenter, en lui présentant les clefs de l'enceinte. S. M. a visité successivement les vaisseaux en construction et plusieurs établissemens, puis elle s'est embarquée sur le Sphinx pour se rendre à la Digue où l'état de la marée lui a permis d'examiner avec détails les travaux hydrauliques qui s'exécutent en ce moment. De retour au Grand-Port, la famille royale s'est rendue à bord du Louqsor, où elle a vu les dessins des diverses machines qui ont été em

ployées pour l'enlèvement de l'obélisque de Thebes et la copie des caractères hyéroglifiques gravés sur ses faces.

Après le diner, il y a eu réception de dames et de demoiselles. Ces dernières avaient à leur tête mademoiselle Nathalie Noël-Agnès, fille du maire, qui a eu l'honneur de présenter à la Reine une écharpe en blonde, sortie des ateliers de la manufacture de Cherbourg. La Reine a reçu cette offre avec bonté, en embrassant celle de qui elle la recevait, et elle a parlé à la plupart de ses jeunes compagnes. Les dames de la ville, réunies dans le même salon, ont été ensuite présentées successivement à la Reine.

Journée du 3. Après le déjeûner, LL. MM. se sont embarquées sur le Sphinx pour visiter l'escadre qui devait appareiller; mais le vent s'étant élevé avec force (1), il a fallu re

(1) Nous empruntons les détails suivans au correspondant du Constitutionnel.

Dix heures du matin. On fait tous les préparatifs d'un appareillage général. Le bateau à vapeur le Sphinx fume et s'apprête à recevoir une centaine de passagers. La chambre du capitaine et le carré des officiers sont préparés pour recevoir leurs hôtes; des pavillons aux couleurs éclatantes cachent la clôture qui sépare la machine du logement de l'état-major. Ces embellissemens ont le caractère original de toutes les choses ingénieusement improvisées par les marins, espèce d'hommes pleins d'un gout particulier. Le Roi et sa famille logeront pendant la journée dans la galerie de M. le capitaine de corvette Sarlat. Une chambre est reservée pour le ministre de la guerre, une autre pour l'amiral de Rigny. Tout le reste de la société s'abritera au besoin dans la salle commune des officiers. Une collation est prés parée pour la petite campagne que nous allons faire,

noncer à ce projet. S. M. a profité de cette

Onze heures. Le Roi arrive à bord du Sphinx, qui reçoit un petit grain de pluie. On est tout de suite hors du port. La rade salue, et le coup d'œil qu'elle présente est encore plus beau que celui dont nous avons joui hier: le ciel couvert, sur lequel se détachent et les pavillons de nations, seuls pavois possibles aujourd'hui, et la fumée grisâtre des canons, la mer couverte de lames écumeuses, le vent qui siffle dans les cordages, et agite énergiquement l'étamine des pavillons; plusieurs petits cutters qui glissent inclinés sur la lame; d'autres yachts courant dans tous les sens, et saluant sous voile quand ils passent près du Sphinx; un bateau à vapeur du Havre, la Jeune-France, promenant non loin de nous son panache noir, dont les tourbillons se grossissent en l'air d'une fumée épaisse; ses nombreux passagers jetant au vent ses vivat réitérés; une foule de petits navires se croisant sur plusieurs points rapprochés.

Midi un quart. Nous voilà au milieu de l'escadre. Le projet est d'aller au fort de Querqueville, à la Roche-Caraguat, et même à l'admirable phare qui éclaire l'entrée de Cherbourg, tour géante, haute deux fois comme la colonne de place Vendôme

Nous sommes par le travers de l'Atalante, frégate amirale, à une encâblure: on va mouiller là. Le bateau à vapeur est à l'ancre.

Le Roi s'embarque pour aller à bord de la frégate que monte l'amiral de Mackau. La mer est très-agitée; la Reine et les princesses suivent cependant le Roi. Le canot royal aborde, et les pavillons royaux timbrés d'une couronne sur la bande intermédiaire du tricolore, avec les lettres L.-P. 1er, montent à la corne, à la tête du grand måt et du mât de beaupré. Les honneurs d'usage sont rendus à la famille royale. Tout l'équipage se place à bâbord (gauche); la garde est sous les armes; un détachement d'élèves de la marine, l'épée à la main, garde l'échelle de la dunette sur laquelle iront se placer le Roi et sa suite. Sur le gaillard d'arrière de l'Atalante sont réunis MM. Villeneau, Baudin, Troude, Quernel, Letourneur, Lemarié, Peyronnel, Barthélemy et Keret, capitaines des bâtimens de l'Etat mouillés dans la rade. L'amiral de Mackau et son capitaine de pavillon introduisent LL. MM. dans la batterie de la frégate, dont le Roi passe en détail l'inspection. On charge une pièce de canon, on la tire pour montrer en quoi diffère l'artillerie

circonstance pour visiter avec détails la frégate l'Atalante, montée par le contre-amiral Mackau, commandant de l'escadre. Elle s'est rendue ensuite à bord du bâtiment anglais appartenant au lord Yarborougk, vice-amiral de la flotte du R. Y. C., d'où elle est revenue à bord du bateau à vapeur rejoindre une partie de sa famille qui ne l'avait pas quitté. La Reine, qui avait voulu visiter Atalante avec une des princesses, en est revenue directement, avec un commencement d'indisposition, causée par la grosse mer. Deux des princes et plusieurs personnes de la suite se trouvèrent dans le même état, et le Roi jugea à propos de rentrer au port.

Le Roi visita ensuite le fort du Honimet, sur la plate-forme duquel il s'arrêta longtemps, et où il discuta avec ses ministres plusieurs objets importans relatifs au port et aux fortifications. De là il se rendit aux forges,

de mer de l'artillerie de terre. Le Roi monte ensuite sur la dunette de l'amiral, et l'équipage défile devant lui. Puis commence l'exercice des voiles, que répètent tous les bâtimens de l'escadre; on largue les huniers et les basses voiles; on prend un ris ( c'est-à-dire qu'on diminue la surface des voiles de hune); on serre les voiles, et tout est dit pour. cette portion du spectacle. Le Roi va distribuer des récompenses, le ministre de la marine fait l'appel des élus, qui reçoivent la décoration des mains de Louis-Philippe.

Le temps devient de plus en plus mauvais. Toutefois le Roi veut aller visiter quelques bâtimens, il parle d'aller visiter la corvette l'Heroine, que commande M. Baudin; mais la mer et le vent augmentent, et il se restreint à une visite de politesse à bord de la corvette-yacht que monte lord Yarborougk. Il veut reconnaître par cette démarche courtoise, la courtoisie de la marine et de la haute société anglaises 2 qui ont traversé le détroit pour venir saluer le chef de la monarchie de juillet et fraterniser avec la nation de 1830.

et visita encore la corderie et plusieurs autres établissemens de la marine.

Le soir, un bal fut offert par la ville, dans les salons des Bains Louis-Philippe. LL. MM., suivies de leur famille, arrivèrent à dix heures, firent le tour des appartemens où se trouvaient les dames, et prirent place sur l'estrade qui leur avait été destinée. Les quadrilles se formèrent ensuite. Le Roi n'avait pas voulu qu'il y eût de carré d'honneur. 4 personnes furent seulement indiquées pour danser avec les princes et princesses dans le salon du trône, et le quadrille se compléta par les danseurs qui voulurent y prendre part. Le maire et un lieutenant de vaisseau eurent l'honneur de danser avec les deux princesses; Mes de Mackau et Noel-Agnès, avec les deux princes. Deux autres contre-danses eurent lieu de la même manière, et le Roi se retira avec sa famille, aux cris répétés de vive le Roi! vive la famille royale!

Journée du 4. Le Roi, après le déjeûner, a travaillé avec ses ministres jusqu'à 2 heures. Pendant ce temps, la Reine, avec sa famille, a visité la corderie et divers établissemens.

LL. MM. ont reçu ensuite les membres de la Société royale académique, dont le directeur a eu l'honneur de remettre au Roi un exemplaire sur vélin des Mémoires de laSociété.

Immédiatement après cette réception. le Roi est monté à cheval et s'est rendu au fort de Querqueville, et de là sur les hauteurs. A son retour, il a visité le bassin du commerce et les modèles en relief des établissemens maritimes.

Après le dîner, LL. MM. devaient honorer

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