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NOTES.

(1) BEAUMONT, gros bourg très-ancien chef-lieu de canton, commerçant en denrées agricoles. C'est près de la baie, située dans cette commune, que s'élève le fameux retranchement appelé Hague-Dick, qui se termine au Valferrant en Gréville: il à environ une lieue de longueur. On peut aisément suivre ce retranchement, qui dans plusieurs endroits s'élève très-haut. Par cette fortification et la vallée, qui se termine assez près du fort d'Omonville, à l'ansé d'Eculleville, le pays entre les deux mers se trouvait en état de défense. Ce retranchement, élevé à une époque dont on n'a pu encore trouver l'origine, devait défendre une partie de la Hague contre l'autre.

(2) BIVILLE et VAUVILLE présentent le spectacle curieux de leurs montagnes de sables et de leurs mielles si variées, par les monticules et les petites plaines qu'elles renferment. On y a trouvé des objets qui ne permettent pas de douter qu'autrefois ces lieux n'aient été habités. Des restes de murs et de briques anciennes, des terres végétales, à peu de profondeur, montrent que les sables n'ont pas toujours couvert ces régions autrefois fertiles.

C'est peut-être quelques villages, une ville même détruite par quelque tempête, à une époque désastrueuse, dont l'histoire ne fait pas mention, et qui ne se fait connaître que

par l'horreur de la solitude qui y règne aujourd'hui. Cependant le souvenir de cette catastrophe n'est pas entièrement effacé dans le pays. C'est une tradition qu'autrefois il y avait, sur le bord de la mer et de ce côté-là, une ville à laquelle on donne différens noms. Celui de Biville appuierait cette tradition, et un poème fort ancien (1) devenu très-rare, et composé dans le XVIe siècle, par un poète de Carentan, parle d'une tempête horrible et telle qu'on n'en avait vu de mémoire d'honime, laquelle sévit sur les côtes de Normandie, et fit périr un grand nombre d'hommes et d'animaux. Il arriva peut-être alors sur notre côte ce qui était autrefois arrivé sur celle de Bretagne, où l'on croit que, près de Quimper, il y eut une villé assez considérable, submergée et engloutie par un déluge qui changea la face de ces lieux. Cette ville s'appelait, dit-on, Js.

Sur la hauteur, on remarqué plusieurs restes de monumens antiques, explorés depuis peu de temps (2); un endroit, dans les mielles de Biville, qu'on appèle la Maladrerie, fait présumer qu'il y eut là autrefois un faza

ret.

Dans le XIIIe siècle, vivait à Biville un

(1) Ce poème a pour titre : Miroir de l'éternité ou les sept dges du monde.

(2) Dans le barew ou tumulus situé entre Biville et Vauville, appelé par quelques-uns le Mont-de-Gésar, et que plusieurs membres de la Société des Antiquaires ou→ vrirent, on trouva des marques certaines de cadavres brúlés, et tout près de là des coins en cuivre.

thaumaturge appelé le bienheureux Thomas dont la mémoire est encore en vénération. Un grand nombre de pélerins et d'infirmes viennent, chaque année, visiter son tombeau et puiser de l'eau à la fontaine qui porte son nom.

On y montre un ornement qui fut donné à ce saint personnage par le roi St - Louis.

(3) BRETTEVILLE, commune à deux lieues au levant de Cherbourg, dans laquelle on remarque un ancien château très-bien bâti d'après les plans de construction romaine, au pied d'une colline qui fixe l'attention des voyageurs, et près d'un pont de difficile passage. Ce fut une seigneurie possédée par des seigneurs du nom de Picot, qui fut portée dès le XIVe siècle, par alliance de Cécile Picot, à Jean de Bricqueville, un des aïeux du dernier seigneur. Toute cette famille s'est illustrée, et il est peu de ses membres dont on n'ait à citer plusieurs actions mémorables, (1)

(4) CHERBOURG. C'est une ville fort ancienne, le Coriallum de l'itinéraire d'Antonin. Cherbourg, qu'on a affecté d'appeler en latin Caesaris burgus, a eu la réputation d'avoir été bâti par un des Césars; mais ce nom de Cæsaris burgus ne se trouve dans aucun monument antérieur au XIIe siècle où il est ainsi appelé par Orderic Vital, et ensuite par Robert du Mont-Saint-Michel, en sa chronique, et même par les rois d'Angleterre, ducs de Normandie, dans leurs chartres données en faveur de l'abbaye des Chanoines réguliers, nommée le Vau.

(t) Voir l'Annuaire de 1830-1831, page 395.

Au contraire on voit que, sous les anciens ducs de Normandie, cette place qui n'était qu'un château, était nommé Castellum Carusbur, comme il paraît par les lettres de Richard III, duc de Normandie, données l'an 1026 ainsi on ne connaissait : pas alors cette fondation d'un César.

Cette ville est située au fond d'une baie bien prononcée, entre les caps de Barfleur et de la Hague, à 49° 39' de latitude et 16° 49' de longitude au pied des montagnes du Roule, de la Fauconnière, de StSauveur et d'Octeville, et à peu près à égale distance de Calais et de Brest.

Dans cette situation, Cherbourg ne se trouve être éloigné que de 10 à 12 myriamètres (20 à 22 lieues) des côtes d'Angleterre, et à 13 ou 14 myriamètres (27 ou 28 lieues) de Portsmouth. Cette position avancée et centrale donne à cette ville, à sa rade, aux forts qui la protègent et à son port une haute imporance, surtout en temps de guerre.

Cherbourg avait fixé l'attention de Vauban : il avait su apprécier sa position avancée sur la route des vaisseaux naviguant dans le canal de la Manche; la facilité la plus, grande d'y entrer et d'en sortir, sans qu'il y eût presque d'intervalle entre la pleine mer et l'intérieur de sa rade; l'habitude que les bâtimens de commerce ont eue de tout temps de s'y arrêter; des propriétés enfin différentes de celles de la Hougue, et non moins avantageuse. Ce grand homme voulut fortifier Cherbourg, et s'il ne dirigea point les travaux, de son vivant du moins, et peut-être par ses ordres, on s'oc

capa des moyens de procurer par des digues. à la rade de Cherbourg l'abri que la nature lui a refusé.

Il y avait autrefois dans cette ville un château qui était beau et fort. Il existait bien avant Guillaume-le-Conquérant. On continua de le fortifier sous les dues de Normandie et sous les rois de France. Sous le règne de Louis XIV, on entreprit sur les mémoires de Vauban et sous sa direction, de l'augmenter, aussi bien que l'enceinte de la ville, tandis que d'un autre côté on agrandissait le port et qu'on travaillait à le rendre considérable. On avança beaucoup ces projets pendant les années 1687 et 1688; mais en 1689 on changea tellement de système, qu'on mais démolit non seulement les nouvelles, encore les anciennes fortifications. En renversant ce château jusque dans ses fondations, on trouva quantité de médailles fort anciennes, dont les unes étaient gauloises et mal frappées, les autres romaines et enfin quelques-unes grecques.

Il ne paraît plus qu'il ait été question de cette ville jusque vers 1738. Alors il fut ordonné de travailler aux jetées et au port marchand. Ces ouvrages furent passés avec une telle activité qu'au bout de 4 ou 5 ans ce port était en état de service. Son commerce occupait déjà plus de 50 capitaines au long cours et plus de 100 maîtres pour le cabotage l'avantage que cette position offrait aux corsaires la rendait utile pendant la guerre.

Mais on avait déjà oublié qu'en 1689 ses

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