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fortifications avaient été détruites, et que pour assurer ces ouvrages, il en fallait de nouvelles. Il résulta de cet oubli que les Anglais, après avoir débarqué, en 1758, à l'anse d'Urville, vinrent ruiner, sans aucune résistance, tous les ouvrages faits ou entrepris (1).

L'ineptie d'un général contribua beaucoup aux succès des ennemis, qui demeurèrent pendant dix jours paisibles possesseurs de la place et du territoire environnant. Outre la ruine du bassin, des quais, des jetées, ils incendièrent quatre bâtimens qu'ils trouvèrent dans le port, et ne s'en retirèrent qu'après avoir effacé le travail de 20 années.

Quelque temps après l'incursion des Anglais, les ports de commerce ayant été remis, en 1763, au département de la finance, les ingénieurs des ponts et chaussées s'occupèrent de la réédification du bassin; mais ce travail fut conduit avec lenteur; ce ne fut guère que vers l'an 1776 que l'on commença à s'en servir de nouveau. On a depuis perfectionné le port, construit une écluse de chasse, des murs de retenue et fait quelques réparations aux jetées.

L'état actuel de ce qui constitue le port marchand de Cherbourg consiste dans les jetées, l'avant-port, le bassin et les écluses. Le bassin a 194 mètres 84 centimètres de longueur, sur 126 mètres 64 centimètres de largeur; sa superficie est par conséquent de

(1) Voir l'Annuaire de 1830, page 202.

246 ares 74 centiares (6500 toises carrées); il est circonscrit de murs de grais et séparé de l'avant-port par une écluse.

On retient l'eau dont la marée montante a rempli le bassin au moyen des portes busquées dont cette écluse est garnie, et les bâtimens y restent à flot. Cette écluse a environ 13 mètres de largeur, et son radier est établi à environ 43 centimètres au-dessus du repère du roc Naser. Il monte donc audessus du radier 6 mètres 69 centimètres d'eau dans les grandes vives eaux d'équinoxe. Dans les vives eaux ordinaires il n'en monte que 55 à 58 décimètres, et 39 à 42 décimètres seulement dans les mers ordinaires de morte eau.

Tous les bâtimens de commerce peuvent donc entrer dans ce bassin; jusqu'aux frégates qui, après avoir été lancées, viennent s'y faire doubler en cuivre et finir leurs armemens, leurs batteries et leurs vivres ne devant se prendre que lorsqu'elles sont en rade. Leur tirant d'eau à la sortie du bassin est de 58 décimètres.

On estime que le bassin peut contenir tout au plus 150 à 200 bâtimens marchands de différentes grandeurs, dont 18 à 20 seulement pourraient être à quai de chaque côté. Sa superficie est déblayée à une profondeur suffisante; on a dû s'occuper de mettre le reste au niveau du radier de l'écluse.

Ce bassin est entièrement prolongé jusqu'au Cauchin; on a construit à son extrémité deux belles cales de construction au centre desquelles on a établi une autre belle

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cale servant à l'abatis en crêne des bâtimens qui ont besoin d'être radoubés ou doublés. De chaque côté des murs de l'écluse, on a pratiqué deux escaliers fort commodes pour descendre dans les bateaux passagers lorsque le pont est ouvert,

La longueur de l'avant-port depuis le chenal jusqu'à l'écluse est d'environ 234 mètres, sa plus grande largeur est de 195 mètres, et sa superficie, non compris celle des cales, contient 326 ares 47 centiares...'

En déduisant de cette superficie celle qui convient tant pour le mouvement de l'avantport et du bassin que pour le chauffage et le carénage des bâtimens, ce qu'on estime à 151 ares 85 centiares, le reste ne pourra contenir que 70 à 75 caboteurs, dont au plus une vingtaine à quai.

Le chenal, dont la direction est au Nord et Sud, a 584 mètres 5 décimètres de longueur sur 48 mètres 7 décimètres de largeur, en sorte que la tête de la jetée, qui se termine du côté de la rade, est à 818 mètres de l'écluse du bassin (1).

Cette jetée n'a jamais été totalement exécutée; en 1758, époque à laquelle les Anglais ont détruit les ouvrages maritimes commencés à Cherbourg, il y en avait environ 253 mètres de longueur construits du côté de l'avant-port.

(1) Cette tête de jetée qui n'est encore que fondée, est indiquée par une balise que l'on doit doubler pour entrer dans le chenal par les vents d'amont.

La partie de jetée détruite par les Anglais, avait été provisoirement relevée en pierres sèches; mais il était difficile d'en faire usage pour le hallage des navires, ses abords étant continuellement dégradés par le choc des vagues. Elle est maintenant aux deux tiers ter'minée, exécutée en granit, avec un double parapet couronné de bahuts à joint mâle et fe'melle, avec tenons et mortaises, etc., liés ensemble dans un système capable de résister à l'impétuosité de la mer qui, dans des coups de vent d'hiver , passe souvent d'un

bord à l'autre.

Il paraît que la jetée de l'Ouest n'a pas été commencée. De ce côté le chenal avait été fixé par un clayonnage et par une maçonnerie en pierres sèches qui se trouvent couverts par les pleines mers, à l'exception d'une partie de 48 mètres 70 centimètres de longueur qui tient à l'avant-port. ( On vient de passer l'adjudication de cette partie, qui sera moitié moins longue que l'autre. Les approvisionnemens et dispositions sont faits pour commencer au mois de mars, 1834).

Au commencement de la guerre d'Amérique, le commerce de Cherbourg commençait à se relever on y comptait 20 navires destinés par les habitans aux voyages lointains, et 50 bâtimens pour le cabotage. Pendant cette guerre et celles qui la suivirent, le port de Cherbourg n'a cessé d'être d'une grande utilité à nos convois allant du Havre a Brest et réciproquement, ainsi qu'aux bâtimens de guerre qui les convoyaient, ou qui revenaient chargés de munitions, et à un grand nombre de nos corsaires.

L'emplacement de l'arsénal de la marine. est séparé du port par un quai fermé, il présente dans son ensemble quatre grandes cours également closes, environnées de bâtimens distribués avec intelligence, et terminés par des chantiers où se trouvent trois cales de construction pour des frégates. Ce local occupe une surface de 254 ares.

Il renferme, outre le magasin général et ses bureaux, ceux du commissaire des approvisionnemens, du contrôle et des armemens, de la direction des mouvemens; l'ar tillerie, les projectiles, les pompes, la menuiserie, les cordages, la voilerie, la salle d'armes, la coutellerie, la ferblanterie, les ateliers de peinture, du charronage et de la tonnellerie; la garniture, les forges, la poulierie, l'avironerie, la salle des gabarits, celle des modèles, l'atelier des gournables, et tous les autres objets utiles au service, distribués dans l'ordre le plus parfait.

Dès l'année 1777, le gouvernement reconnut enfin la nécessité de fortifier la rade de Cherbourg, et les projets adoptés, pour remplir ce but, furent ceux relatifs aux forts de lle-Pelée et du Hommet, tels qu'ils sont exécutés. Celui qui est sur la pointe de Querqueville ne fut commencé qu'en 1787.

Lorsque les projets des forts de l'Ile Pelce et du rocher du Hommet furent adoptés, il n'était question que d'une rade capable de contenir de 20 à 30 vaisseaux de ligne, défendus par ces deux forts et par un chevron brisé que l'on aurait construit un peu au large de ces forts, dont le saillant eût

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