Images de page
PDF
ePub

BIOGRAPHIE.

BON- JOSEPH DACIER.

Le baron Bon-Joseph Dacier, doyen des académiciens français, mort le 4 février 1833, était né à Valognes le 1er avril 1742. Destiné d'abord à l'état ecclésiastique, il obtint une bourse au collège d'Harcourt, reçut les ordres mineurs, et, favorisé par les circonstances, devint l'élève et le collaborateur du savant de Foncemagne. Dès-lors une nouvelle carrière s'ouvrit devant lui, la carrière de la littérature et de l'érudition. L'année même où Dacier publia sa Traduction des histoires d'Elien (1772), il fut reçu membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. En 1782, les fonctions de secrétaire perpétuel de ce corps savant lui furent conférées; il les a dignement remplies jusqu'à sa mort. Sa traduction de la Cyropédie, 2 vol. in-12, avait paru en 1777..

Quelque temps après avoir accepté la place de secrétaire perpétuel, il fonda le Comité des manuscrits, se livra à de grands travaux historiques comme historiographe des ordres réunis de St Lazare, de Jérusalem, de N.-D. du Mont-Carmel et de St Michel, travaux que la Révolution lui fit anéantir.

Sa carrière politique, sans éclat, ne fut

pas sans utilité pour le pays. Nommé, au commencement de la Révolution, membre du corps municipal de Paris, il renonça à ses goûts pour diriger l'établissement du nouveau système des contributions directes. Louis XVI lui offrit alors le ministère des finances. Dacier avait trop le sentiment de son impuissance à vaincre la tempête pour accepter un porte-feuille. Après le 10 août 1792, protégé par Dussault, il parvint à quitter la capitale, et il se retira dans une maison de campagne qu'il possédait à Marly-la-Ville : il y resta pendant tout le règne de la terreur. Dans sa retraite, il s'occupa d'améliorations agricoles, et devint l'un des fondateurs de la Société d'agriculture du département de Seine-et-Oise.

En 1795, on créa l'Institut. Dacier en fit partie et fut ainsi rendu aux lettres. Choisi, en 1800, pour conservateur de la bibliothèque nationale, il a long-temps administré cet établissement, et rendu d'innombrables services à de jeunes savans, qu'il ne seconda pas seulement dans les recherches de l'érudition, mais dont souvent il affermit la plume. Chargé, en 1802, de réorganiser l'Institut national reconstitué en quatre académies, il n'en fit pas moins, comme membre du Tribunat, des Rapports très-étendus et très-remarquables sur l'instruction publique et sur les finances.

Quoique Dacier eut toujours été d'une constitution faible, il avait conservé dans sa vieillesse une immense mémoire et une grande énergie de caractère. Ce Nestor de la science et de la littérature a composé beaucoup d'ouvrages : une estime méritée leur est à jamais

acquise. La pureté, l'élégance et le goût qui distinguent les nombreux éloges qu'il a composés, lui ouvrirent, en 1823, les portes de l'Académie française, où il a été remplacé par M. Tissot. M. Jouffroy est son successeur à l'Académie des sciences morales et politiques; M. Guizot, à celles des Inscriptions et Belles-Lettres.

L'indication de tous les travaux de Dacier est difficile. La plus complète fait partie de la Notice qui est en tête du catalogue des livres imprimés et manuscrits composant la bibliothèque de feu M. le baron Dacier; in-8° de 290 pages. Outre son Elien et sa Cyropédie, il a donné le Rapport sur les progrès de l'histoire et de la littérature ancienne depuis 1789; Paris, imprimerie impériale, 1810, in-4° et in-8°; des Dissertations philologiques, des Mémoires historiques, de nombreux éloges d'académiciens. 70 feuilles d'un Froissard in-fo, qu'il avait préparé pendant plus de douze années, étaient sortis de l'imprimerie royale, quand la Révolution frappa les académies ce précieux travail est inachevé. - Dacier a coopéré à la rédaction du Journal des savans, qu'il a dirigé pendant un certain nombre d'années. Il a composé la partie historique des six derniers volumes de l'ancienne collection des Mémoires de l'Académie des Inscriptions et BellesLetrres, ainsi que des neuf premiers du nouveau recueil. A sa plume est encore due la plus grande partie de l'Iconographie grecque et romaine de Viconti. Sa bibliothèque, qui comptait 2320 articles, était précieuse par la rareté des éditions, le nombre des manus

crits, et les notes qu'il a laissées sur un grand nombre de volumes. Elle a été vendue publiquement en juillet 1833.

L'EDITEUR.

LOUIS-MARIE DUHAMEL.

Tous les hommes publics, dont l'administration a laissé ou créé des monumens utiles à leur patrie, ont des droits à la reconnaissance de leurs concitoyens et une place marquée d'avance dans la biographie de leur département; ces hommages sont une dette: celui qui s'en acquitte accomplit un devoir.

C'est à ce titre que nous rappelons à la mémoire les services signalés et nombreux rendus par M. Duhamel à la ville et à l'arrondissement de Coutances, pendant sa longue carrière administrative et judiciaire, et surtout pendant les onze années qu'il remplit les fonctions de 1er magistrat municipal de Coutances.

Doué par la nature d'un esprit aussi fécond à trouver des moyens, que ferme dans leur exécution, M. Duhamel y avait joint de bonne heure les secours d'une éducation libérale et cultivée qui achèvent, fortifient et embellissent les dons les plus précieux de la nature. Ce fut au collège Louis-le-Grand, si justement célèbre par la force de ses études et les succès littéraires de ses élèves, que M. Duhamel eut le bonheur de faire et de terminer

son éducation, et le titre d'avocat au parlement de Rouen, obtenu dans sa dix-neuvième année, fut à la fois l'honorable récompense de son travail et de son mérite, et le présage de plus grands succès.

Né avec une élocution facile et cette vivacité de jugement nécessaire à l'orateur, Il cût pu se distinguer au barreau; cependant son inclination et sans doute aussi ses talens, qui la déterminent presque toujours, lui firent préférer la carrière de la magistrature et de l'administration.

Après avoir rempli, dans des temps diffi ciles et à la satisfaction publique, les fonctions de conseiller du Roi et de lieutenant de police au baillage et siège présidial de Coutances, il fut nommé procureur-syndic au district en 1787, et continua d'exercer cette charge avec distinction jusqu'en 1800.

Maire enfin de la ville de Coutances, le 20 avril de la même année, il ouvrit sa carrière administrative sous ce premier consulat qui fit naître plus d'espérances qu'il n'en réalisa, mais qui sut choisir avec habileté, dans toutes les carrières publiques, les hommes qui pouvaient affermir son gouvernement et le rehausser dans l'esprit des peuples par de beaux talens et de grands services. M. Duhamel fut de ce nombre, et ce n'est pas le seul homme distingué que Coutances pouvait citer à cette époque.

Comme les administrateurs distingués, il joignit l'étendue des vues qui embrasse tout un système, et condamne dans leurs vrais rapports les diverses parties de l'administra

« PrécédentContinuer »