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NOTES

DU LIVRE HUITIEME.

NOTE 1.

Atque animum nunc huc celerem, nunc dividit illuc,
In partesque rapit varias, perque omnia versat.

Il élève, il détruit cent projets à la fois,
Passe de l'un à l'autre et n'ose faire un choix.

Virgile ne se faisait aucun scrupule non-seulement de copier les poètes qui l'avaient précédé, mais encore de puiser dans ses Géorgiques pour son Enéide, et dans ce dernier ouvrage de répéter souvent mot à mot des vers qui se trouvaient déjà dans les premiers chants. On pense que Virgile avait l'intention de refaire tous ces vers d'emprunt, à l'époque de la révision projetée de son œuvre.

Cela est assez probable; mais ce double emploi existant, le traducteur a cru pouvoir le mettre à profit chaque fois qu'il l'a trouvé à sa convenance : ainsi les deux vers précités, qui sont pris au livre IV dans l'original, sont aussi copiés littéralement dans la traduction; ce qui vaut encore mieux que de dire comme Perrin:

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Ou comme bien d'autres qu'il serait trop long de citer.

NOTE 2.

Huic deus ipse loci, fluvio Tiberinus amœno,
Populeas inter senior se attollere frondes

Visus.

Alors, il lui sembla voir marcher sur la rive
Le vieux Tibre sorti du milieu de ses eaux.

Il me semble qu'il est inutile de consacrer des notes à faire admirer les ouvrages de nos grands maîtres, tels que Corneille, Racine, Boileau, etc., etc. Cette admiration est consacrée par les suffrages de la postérité, et nul ne songe à la leur ravir. Je crois qu'il est mieux dans l'intérêt des élèves de révéler quelquefois des négligences dans ces grands modèles, afin de les préserver des fautes où pourraient les conduire de si hautes autorités. Ainsi, on a beaucoup cité et on cite journellement comme un modèle de poésie l'imitation que Boileau a faite de ce passage de Virgile dans son épître IV.

Au pied du mont Adule, entre mille roseaux,*
Le Rhin, tranquille et fier du progrès de ses eaux,
Appuyé d'une main sur son urne penchante,
Dormait au bruit flatteur de son onde naissante.

D'abord ces mille roseaux rendent tout le contraire de la pensée du poète; ce nombre de mille qui est une sorte de figure pour exprimer l'exagération, ne fait ici que restreindre une quantité réelle; qu'est-ce, en effet, qu'un fleuve qui n'a autour de lui que mille roseaux? C'est bien peu de chose ; il en a des millions, il ne peut les compter. Secondement, cette urne penchante, pour urne penchée,

ne paraît là que pour la rime à naissante, et il faut convenir que la rime n'est pas opulente. Enfin, je ne com. prends pas le sens de ce bruit flatteur dont nous parle le poète. Comment le bruit d'une onde naissante pouvait-il flatter les oreilles du Rhin? Boileau était un homme grave, et nous ne pouvons supposer qu'il ait voulu faire un jeu de mots entre le mont Adule (adulare, flatter) et le bruit flatteur qui se trouve plus bas. Ces puérilités n'étaient, ni dans le goût de l'époque, ni dans la manière du poète.

Je suis assez malheureux, encore dans ce passage, pour contredire l'opinion de M. Tissot.

NOTE 3.

Remo ut luctamen abesset.

Ergo iter inceptum celerant rumore secundo.
Labitur uncta vadis abies.

Le sapin onctueux, froissant l'onde à rebours,

A peine de la rame emprunte le secours.

J'avais d'abord pensé que rumore secundo se rapportait aux Troyens qui naviguaient avec des cris de joie, et j'avais traduit :

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