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Et sur l'espoir naissant de Rome encor naissante,

Promène mollement sa langue caressante.

Virgile dit plus bas :

Atque hic auratis volitans argenteus anser
Porticibus, Gallos in limine adesse canebat.

On pense bien que Delille, dans sa poésie de salon, n'a pas osé parler d'une oie; cette ignoble expression eût déparé la coquetterie de son vers; aussi a-t-il cru s'en tirer gracieusement par cette traduction :

Un oiseau, déployant son plumage argenté,
Criait, courait, errait, volait de tout côté,

Virgile fait arriver Marc-Antoine; il s'indigne de voir un Romain traînant à sa suite l'Égyptienne Cléopâtre, Cléopâtre son épouse:

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Sa femme, ô déshonneur ! il combat pour ses charmes,

Opprobre de son lit, opprobre de ses armes.

Tantôt il se contente de jeter une épithète insignifiante

pour remplacer une description, un trait caractéristique dans l'original; d'autres fois, par compensation, il ajoute à la simplicité de l'expression virgilienne. Ainsi le poète latin, en énumérant les peuples vaincus qui affluent dans Rome, nous parle des Cariens et des Gélons habiles à lancer des traits;

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Le Carien, enfant d'un sol voluptueux,
Le farouche Gélon, etc.

Arrêtons-nous ces commentaires ne seraient plus en proportion avec le texte si nous voulions dénoncer ici tout le dévergondage de cette traduction; nous terminerons par une dernière accusation, qui n'est plus une affaire de goût ou de convenance, mais une démonstration irrécusable d'un délit matériel prouvé par des chiffres : le chant de Virgile est composé de 731 vers; celui de Delille en contient 1072; excédant 341 !!!

FIN DES NOTES DU LIVRE HUITIÈME.

SOMMAIRE

DU

LIVRE NEUVIÈME.

-

Junon envoie Iris à Turnus pour l'exciter à la guerre. — Arrivée des Rutules devant le camp des Troyens; attitude des deux armées. Au moment où Turnus se dispose à brûler la flotte troyenne, chacun des vaisseaux est changé en nymphe. Épisode de Nisus et d'Euryale; leur résolution, leurs discours devant le conseil, leur départ, leurs exploits dans le camp rutule, et leur mort.-Désespoir de la mère d'Euryale. Attaque du camp troyen; premier triomphe d'Ascagne; acci`dens de la bataille. Pandare et Bitias ouvrent les portes; ce dernier est immolé par Turnus, qui s'introduit dans la ville, abat le géant Pandare, et exerce un horrible carnage, jusqu'au moment où, pressé de toutes parts par les ennemis, il se précipite tout armé dans le Tibre.

III.

16

LIBER NONUS.

Atque ea diversa penitus dum parte geruntur
Irim de cœlo misit Saturnia Juno

Audacem ad Turnum. Luco tum forte parentis
Pilumni Turnus sacrata valle sedebat.

Ad quem sic roseo Thaumantias ore locuta est:
Turne, quod optanti divum promittere nemo
Auderet, volvenda dies en attulit ultro:
Æneas, urbe, et sociis, et classe relicta,

Sceptra Palatini sedemque petit Evandri.

Nec satis extremas Corythi penetravit ad urbes;

LIVRE NEUVIÈME.

Pendant

que l'Hespérie apprête ainsi la guerre, A la voix de Junon, Iris vient sur la terre, Vole auprès de Turnus qu'elle trouve tout seul Dans le bois que planta Pilumnus son aïeuÌ, Et, sans bruit, s'approchant du héros qui repose, Elle lui dit ces mots de ses lèvres de rose :

« O Turnus! le hasard vient lui-même t'offrir

« Ce qu'un Dieu n'eût osé promettre à ton désir :

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Énée, abandonnant sa flotte et son armée,

« Soulève en sa faveur la Toscane alarmée,

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