Cæde locum, et pleno spumantes sanguine rivos.
Agnoscunt spolia inter se, galeamque nitentem
Messapi, et multo phaleras sudore receptas.
Et jam prima novo spargebat lumine terras Tithoni croceum linquens Aurora cubile; Jam sole infuso, jam rebus luce retectis, Turnus in arma viros, armis circumdatus ipse, Suscitat, æratasque acies in proelia cogit : Quisque suos; variisque acuunt rumoribus iras. Quin ipsa arrectis, visu miserabile, in hastis Præfigunt capita, et multo clamore sequuntur, Euryali et Nisi.
Æneada duri murorum in parte sinistra Opposuere aciem, nam dextera cingitur amni, Ingentesque tenent fossas, et turribus altis
Stant mæsti: simul ora virum præfixa movebant,
Nota nimis miseris, atroque fluentia tabo.
Vingt autres agités par un reste de vie,
Et, parmi la dépouille aux deux Troyens ravie, Le casque de Messape aux brillantes lueurs
Et l'agrafe reprise après tant de sueurs.
Déjà, laissant Tithon dans sa couche marine, Apparaissait aux cieux l'aurore purpurine, Ses lumineux rayons pénétraient l'univers. Turnus et ses soldats, de leurs armes couverts, Sont les premiers debout; tous les chefs de l'armée Haranguent leurs guerriers d'une voix animée, Et poussent aux combats leurs bataillons de fer. Sur une double pique on élève dans l'air, On promène en triomphe, ô vengeance brutale! La tête de Nisus et celle d'Euryale,
Et des cris insultans escortent ces débris.
Aux périls des assauts, les Troyens aguerris,
De la gauche des murs garnissent l'étendue ; La droite par le fleuve est assez défendue. De leurs larges fossés ils bordent les contours; Et bientôt leurs regards, du haut sommet des tours,
Interea pavidam volitans pennata per urbem Nuntia fama ruit, matrisque adlabitur aures Euryali : at subitus misera calor ossa reliquit; Excussi manibus radii, revolutaque pensa :
Evolat infelix, et femineo ululatu,
Scissa comam, muros amens atque agmina cursu Prima petit: non illa virum, non illa pericli
Telorumque memor; cœlum dehinc questibus implet : Hunc ego te, Euryale, adspicio? tune ille, senectæ. Sera meæ requies? potuisti linquere solam, Crudelis? nec te, sub tanta pericula missum, Affari extremum miseræ data copia matri? Heu! terra ignota, canibus date præda Latinis Alitibusque, jaces! nec te, tua funera, mater Produxi, pressive oculos, aut vulnera lavi, Veste tegens, tibi quam noctes festina diesque Urgebam, et tela curas solabar aniles!
Quo sequar, aut quæ nunc artus, avulsaque membra, Et funus lacerum, tellus habet? Hoc mihi de te, Nate, refers? hoc sum terraque marique secuta? Figite me, si qua est pietas, in me omnia tela Conjicite, o Rutuli; me primam absumite ferro.
Ont trop bien reconnu, dans un morne silence, Les fronts ensanglantés que promène la lance.
Mais le monstre aux cent voix qui grandit en volant Remplit le camp troyen de ce bruit désolant; La mère d'Euryale en est bientôt certaine : Son visage est frappé d'une pâleur soudaine, Un frisson de douleur pénètre dans ses os, Sa main laisse échapper la laine et les fuseaux; Elle vole, en hurlant d'une voix féminine,
En tordant ses cheveux, en battant sa poitrine; Elle
passe au milieu des soldats et des rangs, Et remplit tout le ciel de ses cris délirans :
<«< Est-ce toi que je vois? est-ce là ton visage,
Euryale! est-ce toi l'espoir de mon vieil âge?
<< Eh quoi! tu m'as laissée à mon malheurenx sort, << Cruel! quand tu partis pour aller à la mort, « Tu m'as refusé même, à moi ta pauvre mère, << Les suprêmes adieux d'une douleur amère ! << Hélas! ton corps jeté sur quelques bords lointains « Est mangé par les chiens et les corbeaux latins, « Et je n'ai pu, du moins, à ton heure dernière, << Ou laver ta blessure, ou fermer ta paupière,
Aut tu, magne pater divum, miserere, tuoque Invisum hoc detrude caput sub tartara telo, Quando aliter nequeo crudelem abrumpere vitam.
Hoc fletu concussi animi, mæstusque per omnes It gemitus torpent infractæ ad prælia vires. Illam incendentem luctus Idæus et Actor, Ilionei monitu, et multum lacrymantis Iuli, Corripiunt, interque manus sub tecta reponunt.
« PrécédentContinuer » |