DORINE. Mon Dieu! vite, avancez. Vous vous aimez tous deux plus que vous ne pensez. (Valère et Mariane se tiennent quelque temps par la main sans se regarder.) VALÈRE, se tournant vers Mariane. Mais ne faites donc point les choses avec peine; (Mariane se tourne du côté de Valère en lui souriant.) DORINE. A vous dire le vrai, les amants sont bien fous! VALERE, à Mariane. Oh çà! n'ai-je pas lieu de me plaindre de vous? MARIANE. Mais vous, n'êtes-vous pas l'homme le plus ingrat...? DORINE. Pour une autre saison laissons tout ce débat, MARIANE. Dis-nous donc quels ressorts il faut mettre en usage. DORINE. Nous en ferons agir de toutes les façons. (à Mariane.) (à Valère.)" Votre père se moque; et ce sont des chansons. (à Mariane.) Mais, pour vous, il vaut mieux qu'à son extravagance D'un doux consentement vous prêtiez l'apparence, Mais pour mieux réussir, il est bon, ce me semble, Qu'on ne vous trouve point tous deux parlant ensemble. (à Valère.) Sortez; et, sans tarder, employez vos amis Pour vous faire tenir ce qu'on vous a promis. Nous allons réveiller les efforts de son frère, Adieu. VALERE, à Mariane. Quelques efforts que nous préparions tous, Ma plus grande espérance, à vrai dire, est en vous. MARIANE, à Valère. Je ne vous réponds pas des volontés d'un père; VALÈRE. Que vous me comblez d'aise! Et quoi que puisse oser... MOLIÈRE. 4. ΤΙ DORINE.* Ah! jamais les amants ne sont las de jaser. Sortez, vous dis-je. VALÈRE, revenant sur ses pas. Enfin... DORINE. Quel caquet est le vôtre! Tirez de cette part; et vous, tirez de l'autre. (Dorine les pousse chacun par l'épaule, et les oblige de se séparer.) FIN DU SECOND ACTE. ACTE TROISIÈME. SCÈNE I. DAMIS, DORINE. DAMIS. QUE la foudre, sur l'heure, achève mes destins, DORINE. De grâce, modérez un tel emportement : Il faut DAMIS. que de ce fat j'arrête les complots, Et qu'à l'oreille un peu je lui dise deux mots. DORINE. Ah! tout doux! envers lui, comme envers votre père, Laissez agir les soins de votre belle-mère. Sur l'esprit de Tartuffe elle a quelque crédit; Et pourroit bien avoir douceur de cœur pour elle. Sur l'hymen qui vous trouble elle veut le sonder, DAMIS. Je puis être présent à tout cet entretien. DORINE. Point. Il faut qu'ils soient seuls. DAMIS. Je ne lui dirai rien. DORINE. Vous vous moquez: on sait vos transports ordinaires; Et c'est le vrai moyen de gâter les affaires. Sortez. DAMIS. Non; je veux voir, sans me mettre en courroux. DORINE. Que vous êtes fâcheux! Il vient. Retirez-vous. (Damis va se cacher dans un cabinet qui est au fond du théâtre.) |