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traire, que ces matériaux fussent rassemblés et rendus publics. On connoît les beaux vers sur ce sujet, attribués à Auguste:

Frangatur potius legum veneranda potestas...

De plusieurs comédies achevées, et qui furent alors détruites, l'une, intitulée le Secret de la Comédie, avoit été lue par l'auteur à deux de ses amis, qui pensent que jamais rien de plus gai et de plus plaisant n'a été donné au théâtre. D'une autre, le Monde comme il est, on ne connoît que le titre.

Avec les ouvrages de Gresset publiés avant sa mort, cette édition contient encore tout ce qui,depuis,a été donné d'après ses manuscrits, plusieurs odes, épîtres, enfin le Chartreux, qui n'est qu'un fragment, et l'Abbaye, pieces dont la derniere copie auroit pu être l'objet de ses scrupules religieux, bien plutôt que les comédies et les deux chants si regrettés de Ver-Vert. J'aurois desiré pouvoir donner quelques unes des nombreuses pieces que l'on prétend exister encore en manuscrit dans diverses mains.

pour

J'ai fait cela tout ce qui dépendoit de moi; et si cette collection des OEuvres de Gresset ne se trouve pas augmentée de quelques unes de ces épigrammes dont sa gaîté naturelle lui suggéra un si grand nombre, de quelques unes de ces odes et épîtres1 inédites dont on pourroit desirer de trouver ici les meilleures ; au moins ai-je eu la satisfaction d'enlever à l'oubli, et peut-être à la destruction, le charmant poëme du Parrain magnifique, qui ne verroit cependant pas encore le jour, si je n'avois eu pour me seconder que la bonne volonté des compatriotes de Gresset. C'est à l'amitié d'un étranger, d'un Anglois, à son zele pour la gloire du chantre de Ver-Vert, et à son amour pour la littérature françoise, que je dois l'obligeante communication de cette spirituelle plaisanterie que Gresset eût perfection

(1) J'ai, écrite de sa main, une longue épître adressée à M. de Choiseul, ministre; mais, malgré des vers fort agréables et quelques tirades heureuses, la piece m'a semblé trop inégale, et sur-tout trop peu achevée, pour mériter les honneurs de l'impression.

née sans doute, qu'il eût probablement abrégée de beaucoup, mais qui, telle que nous avons pu la recueillir, est encore un titre littéraire dont plus d'un poëte se feroit grand honneur, et qui a sur-tout le mérite si précieux pour une production enjouée, celui d'être extrêmement amusante, tandis qu'un si grand nombre de nos poésies, même réputées badines, sont si excessivement ennuyeuses.

Après de longues et nombreuses enquêtes, après de pressantes et inutiles sollicitations, suivies de promesses qui n'aboutirent qu'à des refus, ou bien à la communication de pieces soi-disant inédites, tandis que depuis deux lustres elles courent le monde dans dix éditions différentes, je fis enfin une derniere tentative, et ce fut la seule fructueuse. J'avois l'avantage de connoître à Amiens M. le chevalier Croft, savant anglois, auteur de plusieurs ouvrages estimés, et notamment d'un très ingénieux travail sur Horace, Horace éclairci par la ponctuation, et recommandable autant par l'aménité de ses mœurs, par

ses qualités personnelles, que par sa profonde érudition, accompagnée d'un goût exquis, et du talent, si rare dans un étranger, d'écrire dans notre langue avec autant d'élégance que de pureté. Je lui fis part de mon chagrin, et je l'invitai à faire tout ce qui seroit en lui pour me procurer quelques unes de ces pieces tant desirées par les nombreux admirateurs de Gresset. Au bout de quelques semaines M. Croft me fit l'envoi et le présent des dix chants manuscrits du Parrain, et voulut bien me promettre de faire tout ce qui lui seroit possible pour me procurer d'autres pieces encore.

A la suite de ce poëme, que j'ai publié l'année derniere, en in-8°, comme ces deux volumes, est une épître ou lettre d'un homme qui s'est retiré du monde', que messieurs les neveux de Gresset m'avoient cédée la croyant inédite et de leur oncle, et que j'ai depuis reconnue avoir été souvent imprimée dans des journaux et dans plusieurs recueils, où elle est attribuée par les uns au

marquis de Saint-Aulaire, et par d'autres à Jean-Baptiste Rousseau. Au reste, comme la piece est courte et fort agréable, j'espere que sa réimpression n'aura pas été fastidieuse au public.

Des renseignements, que je croyois exacts, m'avoient fait rapporter la composition du Parrain à l'année 1760, et cette date impliquoit contradiction avec le rigorisme, l'austérité dont l'auteur avoit fait, en 1759, une profession aussi sincere qu'éclatante. L'erreur se trouve rectifiée par une note de sa main, dans laquelle, parmi diverses lignes pleines de ratures et toutes relatives au Parrain, on lit, Nota: Distribution, mars 1750, ce qui s'accorde parfaitement avec le vers du chant premier, Au point milieu du siecle dix-huitieme. Une autre note, également de sa

(1) Une petite piece de vers, adressée à M. de Bougainville, pour envoi du Parrain, et datée de 1755, prouve encore que ce poëme fut achevé bien avant 1760. Cette piece, que je place à la tête du Parrain, vient de m'être communiquée par M. Fayolle, qui en conserve l'original écrit de la main de Gresset.

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