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est bien obscure. Parbleu! je le crois, répond le

maître en bâillant; il n'est pas encore jour. Comme il vit qu'il avoit affaire à des gens décorés et de bonne compagnie, il finit par rire avec eux de la plaisanterie.

Ce n'est pas dans une vieille chapelle, mais à côté, et ádossée contre l'un de ses murs, qu'est l'étable qui renferme la tombe de Gresset. Il. faut espérer que cette étable deviendra un sacrarium, un lieu de vénération pour les habitants d'Amiens, et pour les étrangers qui visiteront cette ville.

Le héros du Gazetin étoit un M. Gosset, médecin, qui n'étoit pas sans quelque mérite, et qu'on venoit assez souvent consulter. Il avoit placé au coin de son feu, non pas une caisse de chaise de poste, mais sa chaise à porteurs, fixée avec quatre forts écrous. Quand il lui venoit un malade, il baissoit les glaces; et, la consultation faite, il les relevoit aussitôt.

Il est possible que cette nouvelle édition soit l'occasion de nouveaux détails sur Gresset, et fasse sortir de terre plus ou moins de ses poésies les plus agréables: je me féliciterai beaucoup d'y avoir contribué au moins d'intention. Quant au Gazetin, on vient de m'assurer qu'absolument cet ouvrage est trop foible pour supporter l'impression. Il faut bien finir par en croire ceux qui l'ont lu. A. A. R.

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Vous, près de qui les graces solitaires
Brillent sans fard et regnent sans fierté;
Vous, dont l'esprit, né pour la vérité,
Sait allier à des vertus austeres
Le goût, les ris, l'aimable liberté;
Puisqu'à vos yeux vous voulez que je trace
D'un noble oiseau la touchante disgrace,
Soyez ma muse, échauffez mes accents,
Et prêtez-moi ces sons intéressants,
Ces tendres sons que forma votre lyre
Lorsque Sultane, au printemps de ses jours,
Fut enlevée à vos tristes amours,

I

Et descendit au ténébreux empire.
De mon héros les illustres malheurs
Peuvent aussi se promettre vos pleurs.
Sur sa vertu par le sort traversée,
Sur son voyage et ses longues erreurs,
On auroit pu faire une autre Odyssée,
Et par vingt chants endormir les lecteurs:
On auroit pu des fables surannées
Ressusciter les diables et les dieux;
Des faits d'un mois occuper des années,
Et, sur des tons d'un sublime ennuyeux,
Psalmodier la cause infortunée

D'un perroquet non moins brillant qu'Énée,
Non moins dévot, plus malheureux que lui.
Mais trop de vers entraînent trop d'ennui.
Les muses sont des abeilles volages;
Leur goût voltige, il fuit les longs ouvrages,
Et, ne prenant que la fleur d'un sujet,
Vole bientôt sur un nouvel objet.
Dans vos leçons j'ai puisé ces maximes :
Puissent vos lois se lire dans mes rimes!
Si, trop sincere, en traçant ces portraits
J'ai dévoilé les mysteres secrets,
L'art des parloirs, la science des grilles,
Les graves riens, les mystiques vétilles,
Votre enjoûment me passera ces traits;
Votre raison, exempte de foiblesses,
Sait vous sauver ces fades petitesses;

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